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Un désir politiquement incorrect
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Livre électronique160 pages2 heures

Un désir politiquement incorrect

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À propos de ce livre électronique

Au pays des Droits de l’Homme, Cécile n’a pas le droit à la procréation médicalement assistée, réservée uniquement aux couples hétérosexuels.
A regret, elle contourne la loi et choisit l’aide de deux pays voisins qui ont étendu ce droit aux femmes célibataires et aux couples homosexuels.

Son histoire ponctuée de retours dans l’enfance et son projet mûrement réfléchi de quadragénaire célibataire nous emmène vers le chemin de la tolérance.
Ce roman contemporain illustre l’aspiration à la maternité et la complexité de la concrétisation sans conjoint, contrecarrée par une société parfois prisonnière de ses dogmes.
Cécile ne parvient plus à taire son plus grand rêve éthiquement et politiquement incorrect. Elle marche avec opiniâtreté vers cet accomplissement sans perdre de temps car l’horloge biologique tourne, avec toute sa sincérité et sa volonté d’entrer en équilibre avec elle-même pour accueillir le fruit de ses entrailles.

Malgré elle, Cécile amènera Boris, son ami homosexuel, vers une réflexion à laquelle il ne s’était jamais préparé et qui aura un impact salvateur dans la souffrance masquée de son âme bienveillante. Il mettra dorénavant toute sa fougue à agir plutôt qu’à s’apitoyer pour amener les blessés de l’âme tombés au plus bas vers un autre destin. C’est en aidant les autres, qu’il se sauvera lui-même d’une addiction.

Mutuellement, ils s’aideront à grandir et à se réconcilier avec leur passé pour mieux entrer dans l’avenir.
« Issus chacun d’une union d’un point de vue sociologique, normale, il leur avait pourtant manqué à eux aussi un peu de sécurité affective, un peu de ce bras pour les entourer dans les moments difficiles de leur vie.
N’étaient-ils pas bien placés pour comprendre qu’il n’existait pas de modèles familiaux, de parents exemplaires ou de perfection éducative pour un enfant mais la volonté de la perpétuation d’un soi plus heureux ?
Etait-ce condamnable de vouloir offrir le bonheur qu’elle n’avait pas eu à l’enfant issu de sa chair? »

LangueFrançais
Date de sortie14 mai 2017
ISBN9781370270842
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    Aperçu du livre

    Un désir politiquement incorrect - Karine Levésier

    Ile de Ré, octobre 2012 - Une demande particulière

    A 40 ans, envahie par ce désir de maternité et harcelée plus que jamais par son horloge biologique, la résolution de Cécile était de tourner la page avec promptitude et de fermer le livre de sa vie d’éternelle adolescente. Enfin grandir. Ne plus vivre uniquement pour soi. Cloîtrée, au fin fond de son île rhétaise, elle prit son vélo et pédala avec élan vers La Couarde, dans les venelles étroites parées de roses trémières derrière lesquelles s’imposaient des maisons blanches serrées aux volets gris et verts. Elle trouva refuge sur la première plage qu’elle croisa et posa son vélo sur les petites dunes de sable aux herbes sauvagement jaunies. En fin d’après-midi, elle alla dompter les vagues de l’océan au goût de sel, allongée sur sa planche. Après cette détente marine, elle partit pour pénétrer dans l’univers fermement fermé des Portes-en-Ré pour boire un verre où elle retrouva Boris, son meilleur ami, qui l’attendait et qui les ramena ensuite en voiture, elle et son vélo. Sur le chemin du retour, ils s’arrêtèrent pour parler avec cette peintre trop humble de Bois-Plage, à qui Boris avait jadis acheté deux tableaux de la mer et qui refusait de signer ses toiles car elle assurait que sa signature se logeait dans sa peinture. La regarder peindre de mémoire la mer dans son atelier et faire le tour de ses nouvelles œuvres en trompe-l’œil faisait partie des petits plaisirs de Boris. Grâce à cette artiste anonyme, il avait fait entrer l’océan dans son salon parisien.

    Puis Cécile eut envie de faire la queue pour une glace maison à La Martinière, à La Flotte en Ré. Elle flâna avec lui, sa glace citron vert basilic à la main, dans l’intimité du vieux port éclairé par les étoiles. Ils s’installèrent sur un banc face aux bateaux de plaisance. Elle n’osa pas lancer le sujet quelque peu délicat. Après de multiples tentatives depuis l’arrivée de Boris, elle récidiva à maintes reprises, mais à nouveau, son discours changea de direction. Sa pudicité la faisait tergiverser.

    Pourtant ces deux-là se connaissaient par cœur. Enfin presque. Leurs quatorze années de connivence avaient brisé tous les tabous. Un éventuel refus ne la perturbait pas, simplement elle éprouvait une sorte de malaise à le solliciter dans un contexte loin de la bien-pensance. C’était un peu comme si, par impécuniosité, elle avait dû demander à son père d’acquitter son loyer. A son insu, sa dignité était en jeu. A tort, elle pensait qu’elle en était arrivée à devoir quémander ce service, par échec. Ce n’était ni de l’orgueil ni de la timidité, juste de la gêne face à l’atypie de la demande. On pouvait se permettre une telle sollicitation uniquement dans les pièces de théâtre de boulevard. Comme par exemple, dans la pièce, A vies contraires.

    Elle essaya encore et encore, mais à chaque fois, elle balbutiait. Les mots se barraient la route pour ne pas laisser sortir les phrases. Face à son embarras, Boris la prit par l’épaule et chercha à comprendre l’origine de son trouble.

    Tu as une proposition malhonnête à me faire? demanda-t-il.

    Cette réplique mal venue la découragea encore davantage. Bien sûr, ce n’était pas malhonnête, c’était juste peu conventionnel. Elle ne savait pas par où commencer. En fait, il lui manquait juste cette petite phrase d’introduction. Tel était l’obstacle, trouver cette transition naturelle comme au journal télévisé entre les exploits sportifs et l’actualité peu réjouissante. Elle reporta la difficulté au lendemain. La nuit allait lui porter conseil et l’envahir de cran et de courage salvateur.

    Au petit matin, elle réalisa qu’elle avait assez perdu de temps comme ça. Dans deux jours, Boris allait repartir vers la capitale. Libérée par une nuit blanche de réflexion et de conditionnement psychologique, elle planifia pour le soir, un dîner avec lui au restaurant Les Tilleuls, sur la place de La Noue. Elle misait sur ce lieu convivial et atypique, propice à un peu de désinvolture si précieuse parfois pour réussir à entrer dans le vif du sujet.

    Le travail qui l’attendait, s’impatientait sur son bureau. Elle s’échina dans la rédaction de ces quelques lignes qu’elle devait faxer avant 16H00. Le sujet était aussi motivant qu’une déclaration fiscale à remplir. Et à l’évidence, ses neurones allaient se tourner les pouces. Elle devait écrire les textes de la présentatrice de Télé-super achat pour les enregistrements des émissions de la semaine prochaine. D’ordinaire, ce n’était pas si compliqué de séduire la ménagère de moins de cinquante ans et de lui faire sortir sa carte bancaire pour lui vendre de l’illusion par un texte accrocheur. De coutume, les arguments commerciaux ne lui manquaient pas pour flagorner les produits antirides miraculeux, les compléments alimentaires pour fondre comme neige au soleil ou les appareils ménagers révolutionnaires mais là, devant ces œufs ornementaux en porcelaine, elle souffrait cruellement d’un manque d’inspiration. Comment accrocher les téléspectatrices? Plus que d’habitude, elle devait user de superlatifs hypocrites et cela la contrariait profondément. Ces prestations de télétravail étaient ponctuelles et alimentaires. A l’instar des âmes écolos, elle avait toujours fui à des kilomètres, les objets inutiles et les activités commerciales mais comme souvent, à 40 ans, les idéaux s’envolent au profit de la résignation de vivre en phase avec la société. Elle rédigea un écrit commercial comme la consigne le précisait « suffisamment persuasif pour que les 3000 œufs soient écoulés après chaque passage télévisé ».

    A la vue de la photo de ses œufs, elle mesurait toute la justesse et la véracité de l’adage être riche de ce qu’on n’a pas!

    Elle se laissa guider par la caricature commerciale télévisée, incompatible avec l’objectivité.

    Ces 6 œufs décoratifs en véritable porcelaine sérigraphiée et dorés à la main, aux motifs inspirés de l’Art chinois, combleront les collectionneurs qui seront enchantés de posséder ces objets devenus presque introuvables dans le commerce. Posés sur leur pied, ils s’ouvrent par charnière en métal délicatement ciselée et se referment sur un bijou, une clé ou un souvenir qu’ils protègent précieusement. Aujourd’hui, nous vous les proposons à 50% de réduction, soit 29,90€.

    Elle se persuadait que ses phrases prononcées par une ravissante présentatrice au brushing irréprochable et aux dents blanches bien alignées, prendraient toute leur ampleur auprès des téléspectatrices convaincues de faire l’affaire du siècle ; ou d’amatrices d’art kitsch ; ou de consommatrices souffrant de bibelotmania aigüe ou de la Too much touch déco.

    Dans la foulée, elle écrivit les autres textes pour l’avaleur de taches, les mocassins daim noir et beige avec semelle compensée antichoc, la tunique aux épaules dévorées, le kit Belle et jeune éternellement, les capsules Perdre ses kilos en chemin…Que des biens de consommation qu’elle abhorrait! C’était une tâche ingrate mais ces recettes plumitives lui offraient un peu plus d’insouciance à vider son porte-monnaie.

    Vers vingt heures, ils se dirigèrent vers le restaurant où une table les attendait. Cécile aimait y lire les citations sur les petits bouts de papier jaunis punaisés en vrac au mur. Le serveur les dirigea tous deux sous un majestueux parapluie de glycine. Ils s’installèrent et s’imprégnèrent de la quiétude de la nuit tombante. Sur un trapèze de Bashung les berçait, ils admiraient le décor vintage du lieu : les collections d’horloges d’antan, accrochées au mur et les vieux fauteuils de théâtre en velours rouge vermillon passé. L’intuition de Cécile la laissait penser que ce lieu à la décoration anticonformiste où brillait l’art du recyclage du temps favoriserait le lâcher-prise.

    Après le plat principal, Cécile tenta de s’engager sans détour dans le cœur du sujet, mais Boris l’interrompit pour lui demander de regarder les pieds de l’homme de la table voisine. Boris venait de mettre malgré lui, une trêve au sérieux qu’exigeait la demande de Cécile. Une trêve à laquelle il serait pour elle, difficile d’enchaîner sans transition. L’homme aux allures de cadre, vêtu d’un costume gris, d’une chemise blanche à petites rayures fines bleues et d’une cravate rouge à pois noirs avait vraisemblablement coupé le bout de ses deux chaussures en cuir noir de ville à lacets pour laisser la liberté à ses doigts de pied nus. Cela donna évidemment matière à un fou-rire incoercible. Un lieu insolite impliquait des clients insolites. Boris et Cécile évoquèrent alors les raisons possibles à ce style inédit. Des doigts de pied capricieux. Un ami de Jean-Paul Gaultier. Un goût prononcé pour la provocation. L’expérimentation d’un nouveau concept. Une caméra cachée dans le restaurant. Malgré les regards autour de lui, l’homme restait impassible. Cécile commençait à regretter son choix de restaurant. Décidément, elle n’avait pas tout vu. Les imprévus allaient déferler à chacune de ses nouvelles tentatives.

    — Monsieur Bellefeuille! Quelle surprise! s’exclama Boris.

    Boris venait de retrouver son professeur de français de terminale qui était venu se ressourcer sur l’île quelques jours. Ils habitaient tous deux à Paris et il fallait que les retrouvailles aient lieu ici, dans ce petit restaurant, sur cette petite île au large de tout à un moment crucial de discussion possible. Ils échangèrent tous deux pendant que Cécile se consolait avec la bouteille de Châteauneuf-du-Pape. Après vingt-cinq minutes de dialogue, Monsieur Bellefeuille regagna sa table où personne ne l’attendait. Alors que Cécile commençait sa phrase au moment du café, une cliente aussi sphérique qu’hystérique, fit un scandale dans le restaurant pour l’oubli de la chantilly sur sa coupe de glace. Du café-théâtre à l’état pur, on aurait dit la parodie d’une chanteuse d’opéra de très mauvaise humeur.

    Après le dessert et quelques verres descendus, elle fonça dans l’opportunité du silence. Avec allégresse, elle lança :

    Hier, tu sais, je voulais déjà te le demander mais je n’ai pas osé.

    Pas osé! Mais Cécile depuis le temps qu’on se connaît. Ne sois pas ridicule. Tu sais que tu peux tout me demander. A toi, je ne peux rien refuser, voyons! 

    Il venait de prononcer la phrase fatidique de mise en confiance absolue, le champ était libre, les mots n’allaient plus se battre pour dire qu’il lui fallait un géniteur.

    Un procréateur.

    Un co-créateur.

    Un semeur.

    Un distributeur.

    Un homme riche de sa fertilité.

    Un moulin grenu.

    Comme un clic sur la touche « Envoyer/Recevoir » pour envoyer seulement.

    Sans amour.

    Sans sexe.

    Sans désir partagé.

    Juste un ami qui l’aimerait suffisamment pour accomplir un acte de générosité.

    — Boris, je veux faire un bébé toute seule. Pause. Il me faut un géniteur. J’ai pensé à toi en premier.

    Mais je suis gay, Cécile!

    Et alors? Un gay est un géniteur comme un autre.

    Où veux-tu en venir, je ne comprends pas?

    Eh  Bien! Voilà…Après une longue reprise de respiration.

    J’aurais besoin de ton sperme pour faire une insémination. Il n’y a qu’à toi que je peux demander ça…Le regard posé sur son verre presque vide.

    Tu sembles oublier mes défauts, je suis un sexaddict qui a besoin de ses trois relations hebdomadaires minimum, avec des partenaires de passage je suis un écorché vif, un révolté de la vie, un fêtard, je suis toujours à découvert dans tous les sens du terme. Tu me le reproches assez comme ça. 

    Il fit un

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