La ferme de la Grand’Bête
Elise était pourtant certaine que c’était ici. Elle a dû se tromper. Retrouver ce village perdu dans le Berry n’a pas été compliqué, mais la petite maison aux murs blancs décrépis et aux volets bleus, croulant sous la vigne vierge et le chèvrefeuille, c’est une autre histoire. La jeune femme est persuadée d’avoir reconnu le vieux chêne au bord de l’étang, près du chemin cahoteux. Problème : il n’y a pas de maison à côté. Seulement des ronces et des orties, rien d’autre.
C’est pourtant là, il y a environ une semaine, qu’elle a failli écraser un chat. Du moins le croyait-elle jusqu’à maintenant. Ce jour-là, elle venait visiter un corps de ferme dont elle compte faire l’acquisition pour y installer des chambres d’hôtes. Venue d’une ville du Nord à la frontière belge, elle a longtemps cherché l’endroit idéal sur Internet qui regorge d’annonces immobilières, mais rien ne lui convenait jusqu’à ce qu’elle tombe sur cette vieille ferme du xviiie siècle, entourée de six hectares de terrain, avec de magnifiques dépendances. Et pour un prix défiant toute concurrence.
Bien sûr, il y a des travaux, mais elle a de la gueule cette grande bâtisse ! Aujourd’hui, alors qu’elle revient pour une contre-visite avant de signer le compromis, elle aurait bien voulu aller prendre des nouvelles de la vieille femme chez qui le chat a couru se réfugier après qu’elle l’a heurté. Un magnifique chat noir avec de longs poils et des yeux comme deux émeraudes.
Heureusement qu’elle ne roulait pas trop vite sur le chemin. Elise coupe le contact et sourit. On lui a toujours dit qu’un chat noir qui traverse devant vous est un signe de malheur. Elle n’est pas superstitieuse et elle adore les chats.
Grâce à celui-ci, elle a rencontré Louise, une vieille dame charmante qui vit seule dans cette maison, sans aucun confort, hors du temps. Elle a passé à ses côtés un moment agréable.
C’est le Berry, et il a bien du charme et du mystère. C’est vraiment l’endroit idéal pour installer des chambres d’hôtes, cultiver des légumes et
