Chasse au congre à Lannilis: Enquête sur un crime parfait
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À propos de ce livre électronique
Inspecteur principal de son état, fin limier de la Crim’ parisienne, Olivier Savignac retrouve la Pointe de Bretagne pour une semaine de vacances bien méritée, ainsi qu’un couple d’amis et le commissaire brestois en exercice, Marc Simonet. Il est sur le point d’embarquer pour Ouessant lorsque ce dernier le rappelle en urgence. Motif ? La mer vient de rejeter le cadavre d’une jeune fille sur la plage de Tréompan. Le légiste est formel : il s’agit d’un meurtre. Pour Simonet, l’aubaine d’avoir le célèbre inspecteur sous la main est trop belle. La saison estivale approche, le coin est touristique et une telle publicité ferait très mauvais effet…
Savignac va élucider cette affaire en deux coups de cuiller à pot. L’ennui, c’est qu’au fur et à mesure, l’enquête se révèle plus complexe qu’elle n’en a l’air. Tous les suspects possèdent un alibi en béton armé.
Pourquoi ce meurtre d’une sauvagerie inouïe ? Et pour quel mobile ? Il faudra toute la perspicacité d’Olivier Savignac pour trouver la clé de l’énigme...
C'est dans la région touristique de la Pointe de Bretagne que Jean-Jacques Gourvenec installe une intrigue bien ficelée !
EXTRAIT
De plus en plus épaté, Massart resta silencieux quelques secondes, puis tenta une boutade :
— …Et l’assassin s’appelle ?
Savignac émit un rire enjoué, abandonna son rocher et lui tapa sur l’épaule.
— Pour ça, fit-il, il faudra encore patienter, inspec teur Massart ! Je doute que le poisson se laisse ferrer aussi facilement ! Mais comme nous sommes de fins pêcheurs dans notre catégorie, il finira par mordre à l’hameçon, tu peux me croire !
Devant tant d’assurance et l’avalanche de renseignements obtenus, le brestois ne douta pas du dénouement rapide de cette sombre affaire. Seulement, c’était un peu plus compliqué que ça en avait l’air…
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Éditions Bargain, le succès du polar breton. - Ouest France
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Jacques Gourvenec est né à Brest en 1956. Graphiste-illustrateur professionnel, aquarelliste et photographe amateur, il fut longtemps éloigné de son Finistère natal, terre d’authenticité et de légendes à laquelle il voue une passion sans limite et où il puise son inspiration. De retour au pays, il a définitivement jeté l’ancre près de Brest, et publie ici son premier roman policier.
À PROPOS DE L'ÉDITEUR
"Depuis sa création en 1996, pas moins de 3 millions d'exemplaires des 420 titres de la collection « Enquêtes et suspense » ont été vendus. [...] À chaque fois, la géographie est détaillée à l'extrême, et les lecteurs, qu'ils soient résidents ou de passage, peuvent voir évoluer les personnages dans les criques qu'ils fréquentent." - Clémentine Goldszal, M le Mag, août 2023
En savoir plus sur Jean Jacques Gourvenec
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Avis sur Chasse au congre à Lannilis
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Aperçu du livre
Chasse au congre à Lannilis - Jean-Jacques Gourvenec
Cet ouvrage de pure fiction n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Les événements relatés ainsi que les propos, les sentiments et les comportements des divers protagonistes n’ont aucun lien, ni de près, ni de loin, avec la réalité, et ont été imaginés de toutes pièces pour les besoins de l’intrigue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé serait pure coïncidence.
AVERTISSEMENT
Si les lieux choisis pour ce roman sont rigoureusement authentiques, les faits rapportés et les personnages décrits ne sont que pure fiction. Toute similitude ou homonymie avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que simple coïncidence.
L’auteur
REMERCIEMENTS
J’exprime ma plus sincère gratitude à tous ceux qui m’ont soutenu et encouragé tout au long de l’élaboration de ce roman. Ils se reconnaîtront ici et je leur adresse ma plus profonde considération.
I
Olivier Savignac tourna le dos à la brise printanière chahutée de tourbillons pour tenter d’allumer sa cigarette. L’air tiède de ce début mai parfumait l’après-midi de puissants effluves marins. Puis il se retourna lentement, libéra une volute de fumée qui se dilua aussitôt dans l’azur. Il se rendit compte, une fois de plus, que, décidément, il fumait trop. Le métier, sans doute, mais aussi…
Il croisa les bras sur la longue barre métallique et observa les navires gris de la Marine Nationale, accolés, immobiles sous le pont de Recouvrance, curieux couples hérissés d’antennes, veillés par l’imposante forteresse gardant l’entrée du port militaire. La Penfeld, à cet endroit, se jetait dans la rade de Brest, mêlait ses eaux calmes aux flots plus turbulents de la grande bleue.
Savignac aimait cette ville, sans s’expliquer vraiment pourquoi. Elle avait la réputation tenace d’être grise, exposée à tous les vents, plus que souvent rincée par la pluie, triste et monotone avec ses rues perpendiculaires et ses aspects austères.
Il estimait ces on-dit parfaitement ridicules, sans véritable fondement et n’en avait que faire. Les idées préconçues et lui ne faisaient pas bon ménage…
Au contraire, il lui avait trouvé une âme forte de générations d’histoires à raconter, une personnalité attachante. Cette cité bretonne possédait du caractère, revendiquait une identité particulière indiciblement réconfortante, présentait de nombreux atouts. En outre, sa situation ouverte sur un magnifique plan d’eau était un régal pour les yeux, constituait une véritable aubaine pour les amateurs de voile et autres sports nautiques, population dynamique, du reste de plus en plus nombreuse et passionnée.
Il avait découvert Brest et le Nord-Finistère quelques années auparavant, répondant à l’invitation d’un ami propriétaire d’une maison typique tout en granite, superbement nichée entre dunes et littoral, près de Plouguerneau. De cet endroit privilégié, la vue imprenable sur la mer et les pointes déchiquetées était un spectacle savoureux, semblant sortir tout droit d’une carte postale. Moins d’une semaine de séjour avait suffi pour le faire tomber sous le charme de cette région des Abers, ce pays léonard qu’il trouvait somptueux, fascinant, quel que soit le temps. Et il prenait plaisir à retrouver ces paysages dès que l’occasion se présentait, à tel point que retourner sur Paris l’agaçait à chaque fois un peu plus…
Peu après le drame qui avait bouleversé sa vie, deux ans auparavant, il avait bien failli céder à l’envie de tout plaquer pour venir s’installer dans la ville du
Ponant, mais avait finalement renoncé. Sa carrière à Paris, il faut dire, l’avait au fil du temps mené à dénouer certaines affaires très complexes grâce à son opiniâtreté et son impressionnant pouvoir de déduction, là où d’autres de ses collègues s’étaient cassé les dents. Il était conscient que ses supérieurs de la Police Criminelle appréciaient hautement ses compétences affûtées d’inspecteur principal.
D’ailleurs, on lui confiait toujours les enquêtes les plus tordues. La rançon du succès, en quelque sorte. En haut lieu, on avait su le dissuader de quitter la Crim’ parisienne pour partir s’enterrer au fond d’une province certes attirante mais, en comparaison avec d’autres, relativement peu touchée par les affaires de mœurs. Il s’ennuierait ferme et regretterait rapidement sa décision. On lui avait fait comprendre qu’il valait bien plus que de rester planté dans un bureau, de se morfondre à pianoter sur un clavier d’ordinateur, en comptant les jours après les jours, attendant avec impatience de se retrouver enfin sur le terrain, sa véritable vocation, et d’avoir à résoudre une hypothétique affaire à la hauteur de ses compétences.
Bref, on avait besoin de lui à Paris.
Seulement voilà. Un horrible accident lui avait enlevé sa femme et son fils de huit ans, et le traumatisme était irréversible. En une fraction de seconde, il avait perdu ce qui lui était le plus cher, et la cicatrice ne se refermait pas. Un chauffard provoquant une sortie de route, un mur en béton percuté de plein fouet… et puis l’horreur. Deux ans déjà… Des circonstances mal établies, un délit de fuite, des témoignages nébuleux, bien que peu nombreux. Un immense échec dans sa carrière de flic. Intolérable… Affaire non classée, de toute façon…
Un gouffre sans fond dans sa vie déchirée. Et surtout, un assassin en liberté…
Isabelle était merveilleuse.
Son petit Alexandre aurait dû avoir dix ans maintenant… Il ne lui restait d’eux que de précieuses photos, et tant de souvenirs…
Il vivait avec cela, et c’était à la limite du supportable. Il aurait voulu changer de vie radicalement, vivre sur une autre planète.
Il soupira, respira profondément et ferma les yeux. Une semaine de vacances commençait et il se dit qu’il ne fallait pas la gâcher par de telles pensées. Mais, malgré ses efforts, il ne pouvait pas les chasser de son esprit meurtri. Elles lui pourrissaient la vie bien assez souvent comme ça, bien plus qu’il ne l’aurait voulu. C’était ainsi. Il avait fait des choix et n’était pas le seul au monde à avoir des problèmes.
Et puis, à trente-sept ans, il se disait que tout espoir n’était pas perdu. Peut-être qu’un jour…
Les cris pointus d’une escadrille de mouettes le sortirent de ses réflexions. D’un claquement de doigt, il catapulta son mégot dans le vide et le regarda virevolter jusqu’à la surface de l’eau du port militaire. Il se remit à marcher vers Recouvrance, se mêla aux passants. La circulation brestoise, à cette heure, s’écoulait paisiblement sur le pont levant.
Arrivé à sa hauteur, un bus bruyant, blanc et jaune, déplaça une onde de chaleur à l’odeur de gazole. Il rejoignit sa voiture garée à quelques dizaines de mètres de la célèbre tour Tanguy, éternelle et impassible sentinelle surveillant l’étroit bras de mer.
* * *
Vanessa Tillieux interrompit un moment la joyeuse conversation qu’elle tenait avec un jeune homme accoudé au bar pour aller servir des clients nouvellement attablés dans la salle. Bien qu’elle ne fût employée comme serveuse que depuis moins de trois mois et qu’elle n’eût jamais exercé ce métier auparavant, elle s’y était mise très rapidement et satisfaisait pleinement le patron du Congre
, un petit bistrot de campagne situé aux portes de Lannilis. La Petite, comme la surnommait Yves Quintrec, se débrouillait remarquablement, était jolie et souriante. De plus, depuis son arrivée, la clientèle s’était diversifiée. Des adolescents, attirés par le charme de la jeune fille, se mêlaient désormais aux traditionnels petits vieux et habitués du pays. Cela réjouissait Quintrec qui, grâce à sa nouvelle recrue, voyait du même coup le chiffre d’affaire, de son bar-tabac augmenter sensiblement.
Après avoir fait son travail et échangé quelques amabilités avec les nouveaux consommateurs, elle revint se poster derrière le bar de sa démarche souple et gracieuse, en face du jeune homme. A chaque fois qu’elle se déplaçait, il ne pouvait s’empêcher de la dévorer du regard, irrésistiblement attiré par sa taille mince, ses jambes mises en valeur par une jupe courte soulignant sa gracilité, toutefois sans indécence. Elle avait vingt-deux ans comme lui, et il se disait depuis plusieurs semaines qu’il devait tenter sa chance. Même s’il essuyait un revers, au moins il ne pourrait pas se reprocher de n’avoir rien décidé, histoire d’en avoir le cœur net. Il désirait vraiment la séduire, mais ne savait pas trop comment s’engager. En comparaison, les autres filles de son entourage lui paraissaient fades. Il se demandait si, cette fois, il n’était pas tout simplement tombé vraiment fou amoureux. En tout cas, la jeune fille monopolisait ses pensées en permanence, et il avait cru remarquer, à plusieurs reprises, un certain nombre de signes semblant prouver que, lui non plus, ne la laissait pas indifférente.
Il vissa littéralement son regard enflammé dans les yeux verts de Vanessa Tillieux et afficha un large sourire, cette fois bien décidé à dévoiler ses sentiments.
— Heu… dis-moi, Vanessa… hésita-t-il, tu es libre ce soir ? On pourrait se voir après ton travail et… pour quoi pas, aller danser ? C’est vendredi, et je connais les endroits les plus sympas pour se détendre. Avant ça, je t’invite au resto, et c’est moi qui régale, bien sûr !
« A dieu vat ! » pensa Nicolas Broënnec qui venait de se jeter à l’eau en prononçant son invitation d’une seule traite et dont le cœur battait à tout rompre, tant il était angoissé par la réponse. « Si elle refuse, je dormirai mal cette nuit… et les suivantes, voilà tout ! »
La jeune fille ne parut pas offensée de l’avance mais accusa tout de même un peu le coup, dans un accès de soudaine timidité qu’il ne lui connaissait pas. Son visage se para d’une moue qui la rendit encore plus désirable. Elle se tritura un ongle et lâcha, hésitante, les joues à peine plus roses :
— C’est que… ce n’est pas possible, Nico… Ce soir… comment… je ne peux pas, tu comprends ? J’ai prévu autre chose et…
Le jeune homme esquissa une grimace de désappointement. Ainsi qu’il le redoutait, c’était raté. Elle s’aperçut de sa contrariété et s’en trouva gênée. L’effet de surprise passé, elle allait ouvrir la bouche pour s’expliquer davantage, lorsque la voix grave d’Yves Quintrec intervint à point nommé, mettant fin à cette situation embarrassante :
— Tiens, Vanessa… tu peux venir de ce côté un moment ?
Un petit groupe s’était constitué au point presse et tabac et Yves Quintrec demandait de l’aide, afin d’éviter aux clients une trop longue attente à la caisse. Soucieuse de bien faire son travail, elle s’exécuta promptement.
Nicolas ne savait pas s’il devait ou non être soulagé de cet appel providentiel. Il se persuada que, par son refus légèrement bafouillé, la jeune fille lui signifiait qu’elle avait déjà une relation amoureuse qu’elle n’avait jamais osé lui avouer ouvertement.
Un rival ! En fait, ça n’avait rien d’étonnant ! Une si jolie fille, intelligente de surcroît, ne pouvait pas rester très longtemps seule ! Qu’il était idiot d’avoir pu croire l’inverse !
Il se trompait.
Se mordant la lèvre inférieure, en proie à un pénible conflit intérieur, il contempla celle qui venait de lui échapper et soupira, jugeant s’y être pris comme un pied. Resté seul, il se sentit parfaitement ridicule, en profita pour finir son verre et se dirigea vers la sortie du Congre, l’air dépité.
— A plus tard, Vanessa ; à bientôt, monsieur Quintrec. Au revoir, m’sieurs-dames, lança-t-il d’une voix lasse, fouillant dans les poches de son blouson sans rien y chercher, pour se donner une contenance.
— Nico ?
Il se retourna, la main sur le poussoir de la porte vitrée.
— Ce soir, c’est impossible. Mais demain, je finis à seize heures. Viens me chercher !
Ces quelques mots d’une importance capitale explosèrent dans sa tête, lui firent l’effet d’un coup de fouet. Il ne les attendait plus. Visiblement fou de joie, spontanément métamorphosé, il retrouva une mine réjouie, lui sourit, porta instinctivement la main à ses lèvres et, d’un geste élégant, lui adressa un baiser tendre et discret, accompagné d’un petit clin d’œil complice.
* * *
Vanessa Tillieux acheva son service au Congre à dix-huit heures. Cinq minutes de marche seulement séparaient le bar de son domicile, un petit appartement meublé qu’Yves Quintrec lui avait déniché à l’étage d’une maison ancienne près du centre-bourg de Lannilis, au creux d’une rue calme, et où elle se trouvait parfaitement à son aise, bien que ce logement fût rustique et ne possédât que trois pièces.
Communicative, la jeune fille s’était rapidement liée d’amitié avec la vieille dame du rez-de-chaussée, Jeanne Kervern, une sympathique veuve octogénaire recroquevillée par les années, à qui elle rendait régulièrement service en rentrant du travail, lorsque le besoin se faisait sentir. De temps en temps, en récompense, Vanessa trouvait devant la porte de la vieille femme soit une salade, un pot de confiture, des œufs soit encore des gourmandises diverses qui lui étaient destinés. Il n’y avait pas d’autres locataires. Ce soir, des pommes l’attendaient dans un panier d’osier. Elle s’en saisit et, le sourire aux lèvres, grimpa le vieil escalier de bois grinçant. Elle la remercierait le lendemain de ce nouveau petit cadeau, car le temps pressait.
Elle devait se rendre à Brest pour y dîner en compagnie de Marie-Thérèse, une récente amie de son âge qui demeurait au cœur du quartier Saint-Martin, à deux pas de la grande rue Jean-Jaurès.
Diserte, Jeanne Kervern parlait beaucoup, trouvait toujours une infinité de choses à raconter, le plus souvent des banalités comme, seules, les personnes âgées savent en user pour juguler leur solitude. Mais Vanessa, ce soir, ne pouvait pas se permettre de perdre une heure à écouter avec complaisance ses histoires à rallonges et ses bavardages.
Elle prit une douche revigorante, se changea et redescendit moins de trois quarts d’heure plus tard, prenant mille précautions pour éviter les gémissements exaspérants de l’escalier. L’opération n’était pas une mince affaire mais, parvenue en bas, elle fut soulagée de constater que la porte ne s’ouvrait pas sur la silhouette voûtée de la bonne dame un peu curieuse.
A cette heure, elle devait probablement préparer son souper et Vanessa se prit à bénir le ciel qu’elle fût un peu dure d’oreille ! De plus, le volume assez haut du téléviseur de Jeanne Kervern lui parvenait, protégeant son escapade.
Elle referma délicatement la lourde porte donnant sur la rue et s’engouffra dans sa voiture garée à quelques pas, hors de vue des fenêtres de la vieille dame.
Plutôt que d’emprunter la D13 conduisant à Brest directement par Bourg-Blanc, elle s’engagea sur la route côtière, en direction de Ploudalmézeau, charmante bourgade du pays léonard. Sachant qu’elle se rendait à Brest en soirée, Yves Quintrec lui avait demandé un service que la jeune fille n’avait pu refuser de lui rendre : un paquet urgent à déposer chez un de ses amis, handicapé, résidant à Plouguin. Il ne pouvait pas s’y rendre lui-même puisqu’attendu ailleurs de façon impérative, juste après la fermeture du Congre. Voyant son embarras, elle avait accepté de bonne grâce, prouvant sa serviabilité, bien que la livraison en question lui imposât un détour sensible pour atteindre sa destination finale. Mais, de son côté, elle avait déjà eu besoin de s’absenter du Congre pendant ses heures de service, et Quintrec n’avait jamais rechigné à le lui accorder, lui payant même ces petites absences. Alors elle estimait que le dépanner en retour, ce soir, n’était que justice, et avait accédé à la demande de son patron sans hésiter une seule seconde.
De plus, elle aimait bien cette route qui longeait les abers, ce qui ne gâchait rien.
Le soleil de la fin d’après-midi, encore généreux, rendait le trajet agréable. Sur le pont enjambant l’aber Benoît, juste avant la petite commune de Tréglonou, elle ralentit l’allure et promena un regard rapide sur la vasière découverte par la marée basse. Il n’était pas rare d’y observer les oiseaux fréquentant ces lieux abandonnés provisoirement par la mer, tels des tadornes, merveilleux canards à tête verte, des guillemots, des fous de Bassan, des pétrels fulmar ou autres cormorans et macareux-moines, en quête de leur nourriture. Ici, une faune volatile incroyablement diversifiée permettait à l’amateur attentif de découvrir ou d’étudier plus professionnellement tout un monde des plus intéressants. Elle se passionnait pour l’ornithologie et se promit d’effectuer, un jour prochain, une randonnée prospective le long de la ria, armée de son appareil photo et d’une paire de jumelles. Originaire de Rennes, elle avait déjà eu l’occasion de profiter de journées entières en forêt de Paimpont, ce qu’il reste de l’antique Brocéliande, et d’en ramener une collection de clichés qu’elle gardait amoureusement dans de luxueux albums soigneusement entretenus.
Un peu plus tard, à Plouguin, après avoir déposé le colis de Quintrec, ce qui ne lui prit pas plus d’une minute, elle repensa à sa conversation avec Nicolas Broënnec et regretta de lui avoir caché la véritable raison de son déplacement de ce soir. Elle s’en voulut qu’il eût pu imaginer qu’il s’agissait de tout autre chose. En fait, l’intervention de son patron ne lui avait pas laissé le temps de s’expliquer. Elle appréciait beaucoup la compagnie de ce garçon avec qui elle engageait des conversations intéressantes sur les sujets les plus divers. De plus, physiquement, il était attirant. Certes, ça n’était pas Apollon, mais il avait un charme indéniable, un peu mystérieux. Et surtout, il savait la faire rire. Elle aimait cela. Il habitait Brest mais passait tous les jours au Congre, et elle ne se cachait pas que cela lui plaisait. Heureusement, tout à l’heure, elle avait su récupérer le coup in extremis et ne douta pas un seul instant que le lendemain, samedi, il serait sans faute au rendez-vous fixé.
Rassurée, elle essaya de penser à autre chose et, à cet instant précis, ne manqua pas de remarquer la belle 406 coupé bleue qu’elle croisa, immatriculée soixante-quinze, la première voiture qui roulait en sens inverse depuis bon nombre de kilomètres.
Cette départementale vingt-six menant à Brest n’était vraiment pas encombrée à cette période de l’année et permettait une conduite des plus décontractées.
Machinalement, elle jeta un coup d’œil dans son rétroviseur et constata qu’une automobile blanche se trouvait toujours derrière elle, à distance respectable, à peu près trois cents mètres, calquant sa vitesse sur la sienne. Ce véhicule qu’elle identifia comme étant une Fiat Uno la suivait depuis Lannilis et, après son arrêt à Plouguin, certes court, il aurait logiquement dû se retrouver devant. Ce fait étrange éveilla en elle des interrogations. La Fiat la suivait-elle ? Où était-elle passée pendant son arrêt ?
Elle chercha vainement parmi ses connaissances qui du bourg possédait ce genre de voiture. A son départ, elle n’y avait pas vraiment prêté attention mais, maintenant qu’elle approchait de Brest par cet itinéraire détourné, elle se fit un jeu de savoir jusqu’où le mystérieux pilote lui filerait le train. Elle étouffa un rire et, aussitôt, se jugea ridicule d’adopter ce comportement, d’en faire un amusement digne des réactions d’une gamine de sept ans. Après tout, cette route ne lui appartenait pas.
Dix minutes plus tard, elle ralentit à l’approche du giratoire de Kervalguen offrant trois options de direction. En prenant tout de suite à droite, on s’engageait vers Saint-Renan. La route en face menait vers Bohars, celle qu’elle aurait logiquement dû suivre pour rejoindre Saint-Martin par les quartiers de Lambézellec et Kérinou, alors que la dernière proposait l’accès à Gouesnou, agglomération de la banlieue brestoise.
C’est par là qu’elle décida de passer, rallongeant volontairement son parcours, subitement inspirée par l’idée d’obtenir la confirmation qu’elle était bel et bien l’objet d’une filature.
Après avoir parcouru à faible allure un bon kilomètre de virages, elle entama une portion de route offrant plus de visibilité et observa de nouveau son rétroviseur.
La Fiat blanche qu’elle ne souhaitait plus revoir réapparut au bout de quelques secondes.
II
En quittant Brest, Olivier Savignac avait décidé d’aller flâner du côté de Saint-Pabu, une paisible commune implantée à l’embouchure de l’aber Benoît. Il était un peu trop tôt pour qu’il se rende à Plouguerneau, chez les Le Gall qui l’avaient invité à partager cette première soirée, dès qu’ils avaient su son intention de venir passer quelques jours en Bretagne.
Le temps résolument au beau fixe le motivait d’autant plus pour s’offrir une heure de méditation en bord de mer. Arrivé de Paris la veille, cela faisait trop longtemps qu’il se languissait de venir respirer l’air iodé et il comptait bien profiter intensément des moindres moments opportuns pour s’oxygéner au contact de ces décors si sauvages. La météo de ces contrées était si changeante qu’il ne voulait pas laisser passer la plus petite occasion de s’abandonner à une agréable nonchalance.
Et puis, comme remède anti-stress, il ne connaissait rien de mieux qu’un bon bol d’air sur le littoral breton…
Le quai du Stellac’h s’achevait en cul-de-sac au terme d’une courte descente fort accentuée. Arrivé sur la plate-forme bétonnée, il coupa le moteur et quitta prestement son siège. Quelques autres promeneurs s’attardaient sur cet espace plongeant dans l’aber. La basse mer avait laissé échoué une multitude de bateaux multicolores, de toutes tailles, allant de simples annexes à des goémoniers plus imposants. Un superbe voilier blanc en relâche flirtait avec le quai, attendant que la mer revienne entourer ses flancs pour reprendre sa navigation vers quelque rêve inconnu.
En contrebas, sur la jetée inclinée, des pêcheurs au teint hâlé discutaient en breton, pendant que d’autres s’affairaient activement autour d’un caboteur fraîchement repeint avec goût, en orange et vert.
Il respira profondément, se sentit merveilleusement bien dans ce décor paisible noyé d’odeurs multiples, que les relents salés de la mer et des algues dominaient malgré tout. Il appréciait infiniment la
