Embrasse-moi encore

Par Jessa James

Depuis plus de cinq ans, Lucy Rivers a coupé tous les ponts avec sa famille.

Le cœur brisé à la mort de sa mère, elle a été incapable de pardonner la trahison de son père, remarié si rapidement après cet événement tragique qui secoua leurs vies. Mais pire encore, ce remariage a mis un terme brutal à la relation naissante qu’elle entretenait avec son petit ami du lycée, Cole Kent, qui devint son nouveau demi-frère. Lucy a décidé de changer de vie et laissé sa famille derrière elle.

Cole cependant, incapable de l’oublier, a retourné Ciel et terre pour essayer de la retrouver. Juste quand il pensait jeter définitivement l’éponge, le destin le fait la croiser sur une appli de rencontre sur laquelle il s’était inscrit à contre-cœur.

Cole pourra-t-il faire en sorte que Lucy lui redonne sa confiance ? Lucy sera-t-elle capable de pardonner à son père avant qu’il ne soit trop tard ?

• Langue: Français
• Éditeur: KSA Publishing Consultants, Inc.
• Date de sortie: 14 mai 2020

Aperçu du livre

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1

Cole

« Tu plaisantes Jacob ? Tu vas vraiment laisser Callie lancer une appli de rencontre ? Eh bah mon gars, ta réputation d’être un acteur sérieux dans le monde des nouvelles technologies va en prendre un sacré coup ! »

Je ne pouvais pas m’empêcher de rire devant les tentatives désespérées du pauvre Jack d’attirer l’attention de Callie. Il lui aurait donné la lune s’il avait pu. Il était indéniable qu’elle était très intelligente et que ses réparties étaient toujours très à propos, mais cette idée par contre, me semblait un peu excessive. D’un autre côté, Callie était la seule femme que j’aie jamais rencontré qui programmait mieux que moi et qui avait même l’outrecuidance de me battre aux échecs, à chaque fois. Enfin, il y avait eu une autre personne qui en était capable, mais elle ne faisait désormais plus partie de ma vie. Pourtant, même cinq ans après, mon seul véritable amour, Lucy, parvenait toujours à s’immiscer dans mes pensées aux moments les plus inattendus.

Je secouai la tête et essayai de me concentrer sur la conversation. Peut-être Callie avait-elle imaginé un autre angle d’attaque pour cette appli de rencontre, un qui ne soit pas déjà usé jusqu’à la corde. Jacob me fit un sourire penaud et haussa les épaules.

« Ha, ha, Cole ! répondit sarcastiquement Callie, alors qu’elle apportait un pichet de bière et trois shots de tequila sur la table. On fête ça les gars ? C’est la meilleure idée que nous ayons jamais eue à mettre en production ! »

Nous nous étions rencontrés à UCLA, lors de la première réunion de la Tech Society. Nous étions tous serrés autour d’une table à admirer les nouveaux gadgets que nous venions de recevoir et prêts à commencer notre première année d’université. Nous discutions de leurs défauts et de toutes les petites améliorations à y apporter aussi sérieusement que si le sort du monde en dépendait, et c’est alors que Callie rentra dans la pièce.

Mesurant un mètre quatre-vingt, blonde aux yeux bleus, toute en jambes, elle était la perfection incarnée. Notre première pensée fut qu’elle s’était trompée de salle. Mais il s’est avéré qu’elle était tout aussi brillante et intello que nous et même plus encore dans certains domaines. Callie méritait vraiment le terme de « génie ». Elle faisait tout à une vitesse incroyable : elle pensait vite, buvait vite et pouvait résoudre quasiment n’importe quel problème mathématique en quelques instants.

Mais bien qu’il soit indéniable que Callie fut incroyablement attirante, mon cœur appartenait déjà à une autre. Nous avons donc développé tous les trois une amitié forte qui commença dès le début de notre vie étudiante et perdurait encore aujourd’hui.

Callie ingurgita son shot de tequila et nous fit signe de l’imiter. Le liquide incendia mon œsophage alors qu’il descendait vers mon estomac et je ne pus m’empêcher de faire la grimace. Je n’avais jamais vraiment apprécié cet alcool, j’étais plutôt du genre whisky. Je secouai la tête une nouvelle fois et me ressaisis.

Je devais avoir l’air sceptique, mais je n’arrivais pas à en voir l’intérêt. Certes les sites et les applis de rencontre semblaient être un secteur juteux, mais ne faisaient-ils pas déjà tous la même chose ? Le monde avait-il vraiment besoin d’une appli de rencontre supplémentaire ?

« Sérieusement les gars, je sais que le marché semble déjà être complétement saturé, mais j’ai fait des recherches. Chaque site dispose d’un angle d’attaque précis, que ce soit la compatibilité, les hobbies, le style de vie et même les animaux de compagnie. Mais aucun ne vous donne la chance de voir la totalité des possibilités d’un coup, quand vous êtes à la recherche de « la bonne personne ». Je veux dire, quand tu rencontres quelqu’un dans un bar, tu ne commences pas par vérifier tes points communs avec elle. Tu te fies à ton attirance, tu cherches à savoir si la personne te fait rire, si elle te donne des petits frissons, ce genre de choses tu vois ? »

Je voyais plus ou moins où elle voulait en venir. Je n’avais jamais eu besoin de savoir à l’avance si j’avais des points communs avec une fille pour aller la draguer. C’était à ça que servaient les premiers rendez-vous après tout. Il fallait qu’il y ait une attirance instinctive initiale.

« Je crois que je comprends où tu veux en venir, mais je croyais justement que l’intérêt des sites de rencontre était justement d’accélérer le processus de sélection pour trouver directement quelqu’un avec qui tu es plus susceptible de t’entendre, non ? » demandais-je en commençant sérieusement à éprouver de l’intérêt pour son idée, mais bien résolu à jouer les avocats du diable pendant quelques minutes encore.

« Pour certaines personnes, c’est vrai, le temps est un facteur crucial, ceux qui sont déjà dans la vie active par exemple, mais les étudiants, eux, ont le temps. Pensez à la façon dont Facebook a débuté. C’était un outil pour retrouver les gens sur le campus. » continua Callie.

Jake hocha la tête. « Et avouons-le, beaucoup d’entre nous n’ont pas le courage d’avouer leur attirance. » ajouta-t-il.

Je m’étranglai presque avec ma bière en l’entendant dire ça, ses yeux de chien battu posés sur le visage de la femme dont il était secrètement amoureux. Si ses paroles n’avaient pas été si proches de la vérité, j’aurais éclaté de rire.

« Exactement ! Regarde-nous, tous des geeks. Aucun de nous n’a jamais eu le courage de déclarer sa flamme à qui que ce soit et pourtant on est loin d’être les pires dans le genre. Cole Kent ici présent est même plutôt sexy ! plaisanta Callie.

— J’invite des filles à sortir, parfois… C’est seulement que je ne recherche personne pour le moment. Vous deux, par contre, vous pourriez faire quelques efforts. Aucun de vous deux n’a la malédiction de porter des lunettes en cul de bouteille et vous n’avez pas non plus de tics nerveux, les taquinai-je à mon tour.

— On sait, répondit Callie en levant les yeux au ciel. Tu es tombé amoureux quand t’avais quoi, cinq ans et c’est fini pour toujours… »

Je soupirai et essayai de ne pas croiser son regard, attendant qu’elle change de sujet.

« Au bout d’un moment, il va bien falloir te résoudre à abandonner tes excursions du week-end à travers tout le pays pour la retrouver et te décider à aller de l’avant. Et quand ce sera fait mon gars, tu seras ravi de voir qu’il existe une appli de rencontre qui te permettra de trouver enfin la fille idéale pour toi ! »

Je savais au fond de moi, que Callie ne me disait pas ça méchamment et qu’elle avait probablement raison, mais c’était tout de même douloureux à entendre. Pourtant, je ne pouvais pas abandonner, pas encore du moins. J’avais passé les cinq dernières années à chercher ma demi-sœur absolument partout, souvent accompagné de mon beau-père, Tom. Et j’avais l’impression, à chaque fois que je sortais, de me faire un torticolis à essayer de repérer son visage dans la foule.

Elle avait été ma meilleure amie depuis aussi loin que je m’en souvienne et nos mères étaient amies depuis le lycée. Nous avions grandi ensemble, le café que partageaient nos mères le matin se transformaient en rendez-vous de jeux pour nous et nous étions vite devenus inséparables.

Mais notre amitié fut mise à mal quand les désastres s’abattirent sur nos vies comme des vagues tempétueuses. Comme si l’adolescence n’était pas déjà suffisamment difficile à traverser. Nous avions dû faire face à la mort, à la trahison puis à un mariage qu’aucun de nous n’aurait pu imaginer possible.

Lucy quitta la maison peu de temps après que ma mère et son père nous aient annoncés qu’ils allaient se marier. Mon père biologique avait quitté ma mère quand je n’étais qu’un enfant et nous n’avions plus de nouvelles de lui depuis bien longtemps. Nous étions mieux sans lui, mais son départ avait été très douloureux. Lucy avait toujours été là pour moi pendant cette période, elle m’avait laissé pleurer sur son épaule, m’avait aidé à rester motivé à l’école et s’était assurée que mes notes ne s’effondrent pas. J’avais essayé de faire la même chose pour elle quand on diagnostiqua un cancer à sa mère. Ces instants avaient été les plus douloureux de toutes nos vies, nous étions tellement proches, nous faisions tout ensemble et partagions tant d’amour entre nos deux familles. Joanna, la mère de Lucy, avait fait promette à ma mère ainsi qu’à Tom de tout faire pour garder nos deux familles unies. Ils avaient essayé de respecter son désir et cela leur avait coûté Lucy. Elle n’avait jamais pu accepter que son père passe à autre chose si facilement et que ma mère puisse ainsi trahir sa meilleure amie.

J’avais essayé de toutes mes forces de la raisonner, mais ça n’avait fait que me rendre coupable à ses yeux. Elle ne voulait rien entendre. Puis un jour, elle avait fini par partir et je perdis ma meilleure amie et la fille la plus merveilleuse au monde. Sachant tous les kilomètres que nous avions parcouru Tom et moi pour essayer de la retrouver sur tous les campus du pays, je devais me ranger à l’avis de Callie, il était fort probable que je ne la reverrais jamais.

Et même si je la revoyais, il y restait toujours le problème qu’elle était désormais ma demi-sœur. Nous n’étions en rien reliés par le sang, mais la plupart des gens désapprouveraient notre relation, et elle aussi probablement. Peut-être n’avait-elle jamais partagé les sentiments que je ressentais pour elle de toute façon. De mon côté, j’avais toujours secrètement espéré que notre amitié pourrait évoluer en quelque chose de plus fort, mais des obstacles divers semblaient toujours se dresser entre nous.

« La Terre à Cole ? Y a quelqu’un ? Désolée poussin, je ne voulais pas être cruelle, » dit Callie en me touchant gentiment le bras, ses ongles étaient comme toujours, parfaitement manucurés et vernis d’un rouge écarlate brillant qui scintillait sous la lumière. Ce petit détail m’amusait toujours, car à part ça, elle ne portait jamais aucun maquillage, seulement ses ongles de tigresse qui cliquetaient de manière sonore quand elle tapait sur son clavier à une vitesse record.

« Non, tu as raison. Je dois passer à autre chose. Pourquoi m’avez-vous fait venir ici d’ailleurs ? Vous ne me racontez pas tout ce qui se passe à Glitch d’habitude. Il est clair que vous ne voulez pas de mon avis, quant à savoir si les idées qui germent dans votre cerveau sont bonnes ou pas. »

Un sourire mielleux s’élargit sur le visage lunaire de Jake. « Eh bien pour tout te dire, nous nous demandions si tu n’aurais pas un peu de temps à consacrer au codage de l’appli ? Je suis complètement submergé par les mises à jour des jeux et Callie est à fond sur son étrange jeu de recettes girly et son appli sur les coupons de réduction, en plus de tout le reste dont elle doit s’occuper, » admit Jake.

Ils me confiaient souvent du codage à faire quand ils étaient débordés. Et je devais bien admettre que je leur en étais reconnaissant. Ils me payaient bien et grâce à cela, j’avais réussi à terminer l’université et une année en fac de droit sans aucun prêt étudiant à rembourser. Sachant que ma famille ne roulait pas sur l’or, c’était inespéré.

« Ne t’avise pas de critiquer les applications les plus rentables que nous ayons sorties, Jake. » Callie essaya de paraître offensée, mais ne réussit qu’à sourire aussi bêtement que lui.

Ils attendirent ma réponse en me fixant intensément. Ils semblaient vraiment enthousiasmés par