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Chaud comme la braise
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Chaud comme la braise
Livre électronique330 pages4 heures

Chaud comme la braise

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À propos de ce livre électronique

Pour allumer un feu, il faut une étincelle.


Lily et Cade en ont toujours eu une, mais son frère -- le meilleur ami de Cade – a toujours tout fait pour l'étouffer. De plus, Cade est un queutard. Lorsqu'un homme enflamme tant les passions, quelqu'un finit toujours par se brûler. Lily aurait dû retenir la leçon la première fois qu'elle a joué avec le feu, lorsqu'ils se sont enfin envoyés en l'air et qu'il a quitté la ville le lendemain matin.


Pourtant, après toutes ces années, la braise couve toujours...
 

LangueFrançais
Date de sortie10 avr. 2020
Chaud comme la braise

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    Aperçu du livre

    Chaud comme la braise - Jessa James

    http://ksapublishers.com/s/jessafrancais

    1

    Cade

    Cade prenait plaisir à chaque craquement des feuilles sous ses Converse usées, au bout desquelles des paroles de Fall Out Boy, en partie effacées, étaient inscrites de l'écriture penchée d'EJ. « Désolé, mec, dit EJ. J'arrive pas à croire que mon père nous fasse jouer les nounous. Et gratuitement, en plus. »

    Lily lui lança un regard. « Sois pas méchant, dit-elle. Sinon, je le dis à Papa. » Dans ses petites mains de fillette de huit ans, elle serrait sa boîte à lunch Lizzie McGuire où bringuebalaient quelques restes.

    Aiden suivait à côté de Cade pour mettre autant de distance que possible entre Lily et lui. En dernière année d'école primaire, il avait désespérément envie de donner l'impression de faire partie des collégiens, comme Cade et EJ. « Alors, dit Aiden. Elles sont comment, les filles, à Walker ? Canon ?

    — Tu sais ce que ça veut dire, au moins, canon ? demanda EJ à son petit frère. Mais à vrai dire, Cade trouve qu'il y a quelques bombasses, dit EJ en donnant à Cade un coup de coude dans les côtes. Pas vrai ?

    — La ferme, » dit Cade. Il gardait les yeux rivés au sol, une explosion d'or et d'orange sous ses pieds.

    « Quoi ? Je t'ai vu mater la rouquine, là, dans la classe-foyer. » Cade sentait les yeux d'EJ rivés sur lui, mais refusait de lever la tête. « Allez, quoi, on est meilleurs amis depuis l’époque où on portait des couches. Tu crois que je ne m'en rends pas compte ?

    — Pas devant les gamins, » dit Cade de la voix la plus adulte dont il était capable. Heureusement, elle n'est pas partie en vrille cette fois, se dit-il.

    « J'suis pas un gamin ! intervint Aiden. C'est ma dernière année —

    — T'es toujours à l'école primaire, lui rappela EJ. Et t'as besoin qu'on t'accompagne pour rentrer à la maison !

    — C'est ça, marmonna Aiden à voix basse.

    — Bon, si tu ne veux pas parler de ta future femme, pourquoi ne pas parler du voyage scolaire dont nous parlait M. Stroh ? Tu penses que tu vas y aller ? »

    Cade soupira. « J'en sais rien. J'sais pas trop si ma famille d'accueil va signer le papier.

    — Quoi ? Pourquoi pas ? demanda EJ. Ça va être super. Genre, ils te laissent donner à manger à des ours ! Et vu que c'est un safari en bus, on pourrait carrément se faire charger par des rhino—

    — Tu sais comment ils sont, » dit Cade. Il leva les yeux au ciel. « Ils pensent qu'ils peuvent convertir tous les gamins qu'ils accueillent aux Témoins de Jéhovah. Je serai probablement en train de faire du porte-à-porte pendant que vous autres, vous vous ferez tous embrocher par des animaux sauvages ou je sais pas quoi.

    — Ça ressemble à de la maltraitance, mon vieux, dit EJ en faisant une grimace. Tu devrais les balancer aux services sociaux. »

    Cade secoua la tête. « Les Parker, ça va, ils sont juste stricts. Après les Carter, je ne peux pas me plaindre.

    — Ouais, ils étaient dingues, dit EJ. Bon sang, j'arrive pas à croire qu'ils t'enfermaient à clé dans la chambre tous les soirs ! En se disant que t'allais voler leur vaisselle pourrie ou j'sais pas quoi.

    — Le fait d'être enfermé à clé, c'était pas le plus grave. C'était le fait d'oublier complètement de nous filer à tous à bouffer qui craignait. Bon, ça n'arrivait pas tout le temps, mais tout de même…

    — J'en sais rien, mec, faire du porte-à-porte, ça n'a pas l'air d'être beaucoup mieux. J'espère que tu auras bientôt une famille correcte.

    — Franchement, je me contenterais de rester quelque part plus d'un an. Alors il faut que je me comporte le mieux possible. Pour faire en sorte que les Parker pensent que je suis un enfant sage et tout. »

    EJ éclata de rire. « Je te souhaite bonne chance. »

    Le groupe tourna sur Fairgrounds Road et Lily poussa un cri aigu lorsque la caserne des pompiers fut en vue. « Est-ce qu'on va pouvoir monter dans le camion ? demanda-t-elle.

    — Ne sois pas idiote, dit EJ. Tu sais ce que dit Papa.

    — C'est pas un jouet, dit Lily avec un soupir.

    — Ouais. Mais tu sais quoi ? Papa m'a dit qu'il avait une surprise pour nous tous. » EJ adressa à Lily un bref sourire qu'il pensait, Cade le savait, que personne n'aurait remarqué. EJ faisait toujours comme si sa petite sœur l'agaçait, mais l'amour qu'il avait pour elle pointait toujours le bout de son nez.

    « C'est vrai ?

    — Ouais. Mais seulement si je lui dis que vous avez tous les deux été sages sur le chemin du retour. »

    Cade regarda l'homme gigantesque sortir de derrière le camion étincelant. « M. Hammond, dit-il avec un hochement de tête. Merci de m'avoir laissé venir, moi aussi.

    — De rien, Cade. Tu sais que tu es comme un autre fils pour moi. » M. Hammond retira une paire de gants et les fourra dans une poche cargo. Il ébouriffa les cheveux de Cade. Cade sentit qu'il se hérissait involontairement. Il lui avait fallu des années pour cesser de reculer chaque fois que M. Hammond faisait ça.

    « Tout ça, c'est votre couvée, Hammond ? demanda l'un des pompiers les plus récemment arrivés. Vous n'avez pas chômé, pas vrai ? »

    M. Hammond éclata de rire. « Si on veut. »

    Cade salua d'un signe de tête la brigade qui l'avait vu grandir au fil des ans. On aurait dit une petite famille à part entière, bien qu'ils ne fussent pas liés par le sang. Peut-être que c'est censé se passer comme ça en famille d'accueil, se dit-il. Mais jusque là, pour lui, ça n’avait pas vraiment été le cas.

    « Comment ça se passe, le CE2, ma fleur ? » demanda M. Hammond tandis que Lily serrait fort dans ses bras la jambe de son père.

    « C'est épuisant, dit-elle. On est censés apprendre par cœur un nouvel emploi du temps toutes les semaines. Genre, à quoi ça sert ? Quand est-ce que ça nous servira ?

    — Qu'est-ce que tu en penses, Aiden ? Tu es d'accord ? » demanda M. Hammond en serrant les épaules minces d'Aiden.

    Aiden renifla. « C'est pas épuisant, c'est trop facile. J'aurais dû sauter une classe.

    — Méfie-toi de ce que tu souhaites, dit M. Hammond. Le collège, c'est pas du gâteau. Pas vrai, EJ ? Plus de pause, pas de cour de récréation —

    — Ouais, mais la nourriture est vachement meilleure. Et il y a des distributeurs.

    — S'il y a des distributeurs, alors … » M. Hammond rit et serra EJ dans ses bras.

    Cade éprouva cette pointe de jalousie familière en regardant son ami étreindre son père. Tout est tellement facile pour lui, et il ne s'en rend même pas compte, se dit Cade. EJ a tout, une famille parfaite et tout le tintouin.

    « Alors, c'est quoi, la surprise ? demanda Aiden.

    — T'es impatient, pas vrai ? Venez devant avec moi et je vais vous montrer. »

    Ils filèrent à sa suite tandis que M. Hammond tournait à l'angle en direction du petit coin de verdure parfaitement entretenu dehors.

    « Des cerfs-volants ! » s'exclama Lily. Sur la pelouse se trouvaient quatre triangles de tissu coloré. « Celui-ci est à moi, dit-elle en venant se planter d'un air triomphant à côté du jouet rose à l'effigie de Mon Petit Poney.

    — Un peu, que c'est le tien, dit Aiden. Celui-ci est à moi. » Il s'agenouilla à côté du tissu représentant les Tortues Ninja.

    « Spiderman ? » demanda EJ à Cade. Cade hocha aussitôt la tête. Sois reconnaissant de ce que tu as, se dit-il. Mais il éprouva une autre pointe d'envie en regardant EJ prendre le cerf-volant Batman et l'admirer. Est-ce que mon meilleur ami ne devrait pas savoir que Batman est mon super-héros préféré ?

    « Tout va bien, Cade ? Celui-ci est pour toi, » dit M. Hammond. Cade s'aperçut qu'il ne s'était pas précipité pour réclamer son cerf-volant comme les autres.

    « Vous … vous en êtes sûr ? » demanda-t-il. Évidemment, imbécile. Sinon, pourquoi est-ce qu'il y aurait quatre cerfs-volants ?

    « Bien sûr que je suis sérieux ! Vas-y, » dit M. Hammond.

    Un large sourire s'étala sur le visage de Cade et il fila en direction du cerf-volant. Il est plutôt chouette, se dit-il en l'admirant.

    « Putain, le tien est vraiment en forme de chauve-souris— commença EJ.

    — EJ, surveille ton langage.

    — Désolé. Punaise.

    — Merci, Monsieur — » commença Cade, mais sa bouche se ferma brusquement lorsqu'il vit son père biologique de l'autre côté de la rue. Son enthousiasme pour le cerf-volant fut momentanément oublié.

    Peut-être que je peux enfin rentrer chez moi.

    « Papa ! Hé, Papa ! Regarde ce que M. Hammond — »

    Son père rejoignit le groupe avant que Cade n'ait pu terminer, mais M. Hammond s'interposa entre eux.

    « Bill, tu ne peux pas rester là, » dit M. Hammond à voix basse. « Tu sais que tu n'as pas le droit de voir Cade, et je ne veux pas d'ennuis. Surtout pas ici.

    — Tu n'as pas le droit de me dire ce que je dois faire, » dit-il d'une voix pâteuse. Cade sentait l'odeur du whisky à presque deux mètres de distance. Il eut le cœur lourd. « Tu n'as pas le droit de me dire que je ne peux pas voir mon propre fils ! Cade, viens ici —

    — Reste là, Cade, » dit M. Hammond. Cade n'aurait pas pu bouger même s'il l'avait voulu. « Bill, il faut que tu rentres chez toi pour dessoûler. Est-ce que tu as besoin que je t'appelle un taxi ?

    — J'ai pas besoin de ta putain de charité. Cade, sa—sa putain de mère s'est encore tirée en plein milieu de la nuit. Foutue salope—

    — Il faut que tu t'en ailles immédiatement.

    — Hammond ? Vous avez besoin d'aide ? lança l'un des pompiers depuis le trottoir.

    — Qu'est-ce que tu en dis ? demanda M. Hammond au père de Cade.

    — Ah, laisse tomber, dit le père de Cade. Vous avez qu'à retourner jouer à Captain America ou j'sais pas quoi. »

    Il commença à s'éloigner d'un pas trébuchant, mais Cade était abasourdi. Maman est partie ?

    « Allez, viens, Cade, dit son père en se retournant à nouveau.

    — Les enfants, rentrez tous à l'intérieur, » dit M. Hammond. EJ, Aiden et Lily filèrent en direction de la caserne, mais Cade était déchiré.

    Il faut que je l'aide à retrouver Maman…

    Son père bondit dans sa direction, mais M. Hammond le retint fermement. « Je vais devoir appeler la police si tu ne — »

    Tout à coup, le père de Cade plongea en avant et s'arracha à son étreinte. Il souleva brusquement Cade, et le cerf-volant se déchira entre eux. La puanteur de l'alcool le submergea. « Tout va bien, fiston. Je suis là, marmonna son père. On va aller à Santa Monica. La… la plage. Ça a l'air chouette, hein ? »

    La Californie ? Un éclair de panique le traversa. Hors de question qu'il quitte les Hammond. Ne plus jamais revoir EJ—

    « Non ! » hurla Cade. Son cri jaillit du plus profond de lui.

    Il sentit le poing de son père contre sa mâchoire, mais la stupéfaction atténuait la douleur. Quelque part au loin, il entendait M. Hammond et les autres pompiers qui éloignaient son père de là.

    Cade se tourna vers la caserne des pompiers. Sa tête résonnait de cris et des menaces avinées de son père.

    « Tu saignes ! » dit Lily lorsqu'il entra en catastrophe dans la caserne.

    Cade était incapable de parler. Les larmes qui coulaient sur son visage l'aveuglaient, et les sanglots lui remplissaient sa gorge.

    « Ne pleure pas, » dit Lily. Il sentit sa main chaude se refermer sur la sienne.

    La honte l'envahit, bien qu'il n'eût pas su dire pourquoi. Il lui tint la main et pleura.

    2

    Cade

    « Hé, t'as répondu quoi à la question vingt-deux ? demanda EJ.

    — T'essaies encore de copier sur moi ? demanda Cade en riant.

    — J'essaie de vérifier, mec, c'est tout, dit EJ. Ils ne nous avaient pas dit que la formation pour être recrue exigeait autant de devoirs. J'aurais dû faire joueur de football ou de base-ball professionnel, ou un truc dans le genre.

    — Ouais, c'est tout à fait réaliste, » dit Cade. Il termina le reste du quiz. EJ tendit sa bière par-dessus la vieille table éraflée de la caserne, et ils trinquèrent. « À une journée de formation en plus dans les pattes.

    — Quoi ? J'aurais pu y arriver. Je veux dire, si j'ai été accepté comme pompier—

    — Ouais, je crois qu'il y a un peu de népotisme là-dessous, dit Cade avec un clin d'œil.

    — Parce que mon père est le chef de la brigade ? Non, mon vieux. J’y suis arrivé par pur mérite. Et parce qu'ils avaient vraiment bien besoin d'un petit coup de pouce pour leur calendrier annuel des pompiers sexy.

    — Je ne crois pas que ça existe vraiment à Salem, dit Cade.

    — Pas encore, peut-être, dit EJ d'un ton acerbe.

    — Vous avez terminé ? lança le chef Hammond depuis la porte. C'est à vous de nettoyer la cuisine. »

    EJ poussa un grognement, mais ils se rendirent tous deux dans l’immense cuisine et entreprirent de récurer les casseroles de chili du déjeuner.

    « Alors, c'était comment, ton rencard, hier soir ? » demanda EJ.

    Cade eut un petit sourire. « Un gentleman ne parle jamais de ces choses-là.

    — Je sais bien, mais je parlais de ton rencard à toi. »

    Cade éclata de rire.

    « Je l'ai vue filer en douce de chez nous à l'aube. J'imagine que ce n'était pas une soirée pyjamas innocente avec du pop-corn et des sacs de couchage séparés.

    — On peut faire des tas de trucs avec du pop-corn, répondit-il avec un demi-sourire. Surtout celui au beurre.

    — D'accord, M. le Queutard de Morningside.

    — Ne me balance pas ces surnoms du lycée, dit Cade. On est en 2013, c’est fini le lycée.

    — Enfin, bref, la fille que j'ai vu sortir pieds nus était brune. Qu'est devenue la blonde du début de cette semaine ? Et que sont devenues les chaussures de cette pauvre fille ? »

    Cade haussa les épaules. « Elle a trois colocs. Et probablement d'autres chaussures.

    — Et alors ?

    — Bah, la brune d'hier soir, c'est une des colocs. Donc… Je suppose que je ne reverrai plus la blonde ? »

    EJ poussa un grognement.

    « Hé, je pourrais me tromper. Ça dépend, si elle est du genre à être jalouse ou pas.

    — Laquelle ?

    — Les deux, je suppose.

    — Franchement, je ne sais pas si je devrais être fier ou dégoûté d'avoir un tel queutard pour meilleur ami. Et colocataire.

    — Fier, probablement, » dit Cade. Il s'interrompit et fit semblant de regarder pensivement au loin. « Comment va, euh … Kelsey ?

    — C'est Courtney. Et absolument rien n'a changé de tout le mois. On n'a pas tous une sélection de femmes qui tourne. Certains d'entre nous n'en ont qu'une. Et elle va très bien. Elle fait toujours ce truc, là, le dressage—

    — T'es encore jaloux de ce dresseur de chevaux canon, hein ?

    — Pas jaloux. Seulement… tu sais. Inquiet pour la sécurité de Courtney.

    — T'as peur qu'elle glisse et tombe sur sa queue ? Ça arrive. Ça arrive à beaucoup de filles que je rencontre, en réalité.

    — Elle n'est pas comme ça, dit EJ en lui décochant un regard noir.

    — J'en sais rien, mec. Quand on est tous allés au bar le week-end, dernier, elle était vraiment tactile. Avec, genre, tous les mecs présents.

    — Elle vient du Sud, c'est tout. Ils sont tous comme ça là-bas. »

    Cade hocha la tête et récura la casserole. Il n'avait pas envie de dire quoi, mais il ne pouvait pas oublier le nombre de fois où Courtney lui avait touché la bite à travers son jean sous le bar. Et quand ses mains ne se baladaient pas partout sur lui, elle le regardait fixement, et le message était clair. Je suis à toi si tu veux de moi. Cade n'était pas assez bête pour dire quoi que ce fût ouvertement à EJ. Ils en étaient déjà passé par là. Tout ce qu'il récolterait, ce seraient des reproches pour quelque chose qu'il n'avait jamais fait. Boucle-la, c'est tout, se dit-il.

    « Voilà une vision qui me plaît. Des hommes dans la cuisine. » Cade se retourna en entendant la voix de Lily et lui adressa un sourire.

    « Salut, Lily, dit Cade.

    — Salut. EJ, est-ce que tu as une minute ? Je voulais te parler de ces bourses pour la faculté d'état de l'Oregon pour lesquelles tu as dit que je devrais postuler… »

    Tandis que Lily bombardait EJ de questions sur les candidatures, Cade lui lançait des coups d'œil à la dérobée.

    Bon sang, elle s'est vraiment épanouie cette année, se dit-il. Bombasse certifiée. Sa jupe courte et ses Keds blanches étaient la combinaison parfaite pour mettre ses longues jambes en valeur.

    Cade éprouva une soudaine douleur dans le bras. « Hé, mec, dit-il. Ça fait mal.

    — C'est ma sœur, mon vieux, » dit EJ. Son ton était espiègle, mais avait une tonalité sous-jacente qui disait à Cade d'arrêter son cirque.

    Lily rougit et regarda ses pieds.

    « Ah, je ne devrais même pas me donner cette peine, dit EJ. Lily est trop intelligente pour craquer pour toi de toute façon, espèce d'enfoiré. Elle se réserve pour son futur mari. Pas vrai, Lil ?

    — Euh, non, dit Lily. Vous êtes bizarres, tous les deux. Enfin, bref. Vous avez vu Papa ?

    — Probablement dans son bureau, » dit EJ.

    Cade fit de son mieux pour ne pas la regarder fixement tandis qu'elle s'éloignait, d'autant que les yeux d'EJ étaient rivés sur lui. EJ le frappa à nouveau, plus fort cette fois. « Pourquoi est-ce que tu n'essaierais pas de penser à cette brune ? Tu sais, celle avec laquelle tu as vraiment une chance — et avec qui tu peux t'envoyer en l'air sans risque de te faire tuer pour ça ?

    — Avant toute chose, je te ferai savoir que toutes les femmes me trouvent irrésistible. »

    EJ gloussa tandis qu'ils essoraient les torchons et les jetaient dans le bac à linge sale.

    3

    Lily

    Debout sur le parking de son café préféré, Lily laissait la pluie emporter ses larmes.

    Son ancien café préféré, se rappela-t-elle. C'était là que Tim l'avait emmenée pour leur premier rendez-vous. Et à présent, tout ça, c'est terminé. Qui sort avec quelqu'un pendant trois ans et le largue ensuite comme ça ?

    Elle se mit à chercher ses clés, qui tintaient au fond de son sac.

    « Connard, » dit-elle tout haut.

    Lily ne pouvait s'empêcher de se repasser leur dernière conversation. Lorsqu'ils avaient commencé à sortir ensemble en première année, Tim lui avait dit que ça ne le dérangeait pas du tout qu'elle soit vierge.

    « Je trouve ça chouette ! » lui avait-il dit.

    Cependant, au cours de ces trois dernières années, elle avait commencé à se dire qu'il était plus enthousiaste à l'idée de lui faire « sauter le capuchon » comme il le disait, qu'impressionné par sa moralité et ses valeurs.

    « J'en ai envie. Quand ce sera le moment, » lui avait-elle dit à de nombreuses reprises.

    Seulement, elle ne savait pas quand, elle voulait en être absolument sûre. Lily savait qu'il n'était ni cool ni sexy d'être vierge, surtout en dernière année de fac.

    Mais elle s'en fichait, et elle pensait que Tim aussi. Jusqu'à ce qu'il la plaque à l'endroit même où avait eu lieu leur premier rendez-vous.

    Désormais, elle avait le cœur brisé.

    « Lily ? » Elle sursauta en entendant cette voix et leva les yeux. Cade se tenait au-dessus d'elle, trempé comme une soupe. « Tout va bien ? »

    Elle renifla.

    « Ça va, » dit-elle. Lily espérait de tout son être paraître seulement trempée et non en train de pleurer.

    Bon sang, t'as l'air pitoyable, se dit-elle.

    « Ça n'a pas l'air d'aller, dit-il.

    — Mon, euh. Mon copain vient de me plaquer, » admit-elle, les yeux baissés.

    Évidemment, il a fallu que je tombe sur Cade, sur qui j'ai le plus gros béguin de tous les temps.

    « Quel imbécile, dit Cade. Viens, monte dans le pick-up. Tu es en train de te tremper, là dehors. »

    Il la prit par le coude et la conduisit en direction de sa Chevrolet bleu pâle d'époque.

    « Tu ne trouves pas tes clés ? » demanda-t-il tandis qu'il allumait le chauffage et se glissait sur la banquette à côté d'elle.

    Elle secoua la tête. « J'en… j'en sais rien…

    — Allons chez moi, dit-il. EJ a un double de tes clés, pas vrai ? Il n'est pas là, mais je suis sûr qu'on va pouvoir les trouver.

    — Oh, euh. D'accord, » acquiesça-t-elle.

    Le trajet jusqu'à l'appartement fut rapide, et fort heureusement, silencieux.

    « Et voilà, » dit Cade tandis qu'ils entraient dans le petit T3. Il sortit un T-shirt et un short, tous deux ornés de l'emblème des Pompiers de Salem, du panier de linge fraîchement lavé posé sur le canapé.

    « Merci, » dit-elle en les prenant avec hésitation.

    Lily se changea dans la salle de bain commune et dut retrousser plusieurs fois le short pour le faire tenir en place.

    « Hé, t'as de l'allure dans mes fringues, » dit Cade avec un clin d'œil lorsqu'elle émergea. Quelque chose dans sa manière de le dire la fit fondre en larme. « Lily, je suis désolé ! dit-il. Je ne voulais pas te faire de peine. »

    Cade se leva d'un bond et la prit dans ses bras. « Est-ce que tu veux en parler ? »

    Il l'attira sur le canapé à côté de lui et poussa le panier à linge de côté. Lily se mit à tripoter son vernis à ongles rose qui s'écaillait.

    « Il… commença-t-elle avec un soupir. J'en sais rien. On est restés trois ans ensemble, tu comprends ? Depuis le début de la première année de fac. Et je pensais—Seigneur, je ne sais pas ce que je pensais. Qu'on allait se marier, et tout ça. Non qu'on en ait parlé ou quoi que ce soit. »

    Elle entendait bien qu'elle racontait n'importe quoi, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher.

    « Et puis il y a eu, je ne sais pas trop. Il y avait des petit trucs. Des problèmes, j'imagine. Des signaux d'alerte, j'en sais rien. »

    Une part d'elle avait envie de lui raconter toute cette histoire de virginité, mais était trop sur ses gardes. Lily mourait d'envie de boire un verre, juste une goutte de courage liquide pour vider complètement son sac.

    Mais qu'est-ce qu'il penserait si je lui demandais tout à coup un verre de vin ? Alors que je porte ses vêtements ?

    « Tu seras mieux sans lui, » dit Cade. Sa voix grave fit irruption dans la lute intérieure de Lily.

    « Tu crois ? » demanda-t-elle. Lily leva les yeux vers lui.

    Les yeux noisette de Cade plongèrent dans les siens. Est-ce qu'il est au courant ? Est-ce qu'il aurait pu deviner pour cette histoire de virginité ?

    « Bien sûr, dit-il. Ce type a l'air d'être un gros naze. Et puis, t'es suffisamment canon pour embarquer tous les mecs que tu veux.

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