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Au-delà du crépuscule
Au-delà du crépuscule
Au-delà du crépuscule
Livre électronique330 pages5 heures

Au-delà du crépuscule

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À propos de ce livre électronique

Grace Hastings travaille à plein temps dans un restaurant du Texas, aux États-Unis. Sa vie suit son cours: chauffage en panne, téléphone qui ne marche pas, difficultés à payer son loyer et prêt universitaire à rembourser. Tout change soudainement lorsque son chemin croise celui de l'homme le plus brillant de l'immobilier de Houston: James Stratton. Cet entrepreneur séduisant partage son temps entre des femmes magnifiques, des voyages dans le monde entier et des signatures de chèques exorbitants. Leur rencontre allumera une flamme difficile à éteindre et verra naitre un sentiment qu'ils ne voudront nommer et auquel ils refuseront de se soumettre.

LangueFrançais
Date de sortie15 avr. 2019
ISBN9781386095286
Au-delà du crépuscule

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    Aperçu du livre

    Au-delà du crépuscule - Kristel Ralston

    A ma Sookie chérie, la meilleure shih-tzu du monde, qui m’accompagne dans mon écriture, tous les matins, quand je donne vie à mes personnages.

    SOMMAIRE

    CHAPITRE 1

    CHAPITRE 2

    CHAPITRE 3

    CHAPITRE 4

    CHAPITRE 5

    CHAPITRE 6

    CHAPITRE 7

    CHAPITRE 8

    CHAPITRE 9

    CHAPITRE 10

    CHAPITRE 11

    CHAPITRE 12

    CHAPITRE 13

    CHAPITRE 14

    CHAPITRE 15

    A Propos de l’auteure

    CHAPITRE 1

    Elle avait horriblement mal aux pieds et ses yeux se fermaient tous seuls. Sa voisine qui souffrait d’arthrite, Rose Hogan, lui avait demandé de promener son chien à six heures du matin. Elle n’avait pas pu refuser. C’était grâce à Rose qu’on ne l’avait pas encore expulsée de son appartement pour défaut de paiement du loyer. Elle se sentait coupable de laisser la gentille madame Hogan payer son loyer, mais elle lui disait toujours qu’elle lui rendrait ‘l’argent quand elle le pourrait et qu’elle n’était pas pressée. Pour Grace, qui était orpheline, Rose était la personne qui s’apparentait le plus à un membre de sa famille et elle l’adorait.

    A présent, debout dans la cuisine du Chef Bertinni, un italien insupportable, Grace faisait de son mieux pour ne pas mélanger les commandes entre les tables. Le plus difficile était de supporter les clients snobs qui commandaient des plats dont elle n’avait jamais entendu parler avant de commencer à travailler au « Gourmet », un an plus tôt. Depuis qu’elle travaillait dans ce restaurant, elle avait appris quelques mots d’italien, et elle était devenue capable d’apporter, avec le sourire, un plat de pesto, carbonara ou risotto. Mais quand les clients demandaient un agnolotti del plin, ou un artichokokealla « Giulia », elle se retenait pour ne pas lever les yeux ciel. « Ces snobs ne pourraient pas commander quelque chose de plus simple ? »

    DaMarco, le restaurant où elle travaillait aux côtés de l’arrogant Bertinni, était l’un des plus chers de la route Westheimer de Houston, au Texas. Le salaire n’était pas mauvais et les généreux pourboires qu’elle recevait lui servaient à rembourser son emprunt étudiant. Etant donné le nombre de clients qui se pressaient pour goûter la cuisine de ce vantard de Bertinni, elle avait vite appris à identifier les chefs d’entreprise, les journalistes, les hôteliers, les politiciens et les cheiks. Evidemment, elle savait aussi reconnaitre les épouses des maitresses.

    Aujourd’hui, tout était allé de travers. La jupe blanche de son uniforme était à moitié repassée à cause d’une coupure d’électricité. « Encore un oubli ! » Sa blouse noire était tachée de sauce d’un côté. C’était presque imperceptible, mais si elle pouvait le voir, c’était grave. Elle avait raté le bus car elle était arrivée en retard à l’arrêt. Pour couronner le tout, ses chaussures à talon noires lui faisaient horriblement mal aux pieds. Elle avait l’impression de voir des étoiles à chaque pas dans ses instruments de torture.

    Grace avait besoin d’un bon massage et de congés payés. Elle sourit. Elle ne pouvait pas se le permettre, mais rêver ne coûte rien. Au moins, personne ne pouvait lui reprocher le temps qu’elle passait à essayer de voir les choses du bon côté.

    Depuis qu’elle avait terminé ses études, elle n’avait pas pu exercer son métier d’économiste, malgré son diplôme et les efforts qu’elle avait investi pour y parvenir. A peine avait-elle posé un pied hors de l’université, elle avait dû travailler pour rembourser son prêt.

    En plus, la crise n’était pas un moment où elle pouvait se permettre de faire la fine bouche si elle ne voulait pas se retrouver à la rue. Elle avait donc été obligée d’accepter de travailler chez DaMarco, un restaurant réputé, pour ne pas se voir traînée en justice pour défaut de paiement. Elle aimait sa liberté et ses petites économies.

    —Tu as entendu, Hastings ? —demanda Pietro Bertinni, les yeux écarquillés. Son regard couleur charbon était intimidant.

    —Oui —répondit-elle en mode automatique, alors qu’elle n’avait pas entendu le moindre mot. Si elle disait non, il allait encore la réprimander pour son manque de responsabilité et de concentration. Elle n’avait pas envie d’empirer encore sa journée. Elle voulait juste terminer de travailler et rentrer chez elle pour enlever ses chaussures.

    —Bon. Maintenant, fais-voir ton plus beau sourire pour la table huit. Les commentaires de demain en dépendent.

    —Ne t’inquiète pas, Pietro !

    —Chef Bertinni —corrigea-t-il du ton hautain d’un cuisinier décoré de trois étoiles au guide Michelin et de nombreux prix professionnels.

    —Chef Bertinni —répéta-t-elle en imitant la voix de Pietro.

    —Va-s’y, va-s’y —il la chassa avec de grands gestes— et n’oublie pas le vin rouge.

    —Ils ont déjà commandé ? —demanda-t-elle, incrédule. « Pourquoi moi, s’ils ont déjà demandé un autre serveur ? Ils ne vont pas me donner de pourboire. »

    —Ils n’ont pas besoin de commander, ma petite, je sais ce que le monsieur commande toujours. On me paye aussi pour connaitre les goûts de mes clients les plus exclusifs sans aller les déranger avec des questions stupides.

    Grace s’occupait déjà de six tables. Elle ne se souvenait pas d’avoir déjà vu l’homme qui la regarda, une fois qu’elle sortit de la cuisine encombrée. Elle avança avec la plus grande efficacité possible, en tenant deux verres de vin, deux entrées de branzino carpaccio, pignons de pin et foie gras et de san daniele prosciutto, au chutney de figue. Elle essaya de cacher un bâillement en observant un peu plus son client. « Un nouveau visage, c’est sûr ». Peut-être qu’il avait changé de table ? D’habitude, les clients demandaient toujours la même table. « J’aurais dû mieux écouter Bertinni », pensa-t-elle en arrivant à destination.

    —Bonsoir, je m’appelle Grace, c’est un plaisir de vous servir. Voici vos entrées. —Elle déposa les assiettes sur la table, sans faire attention à la blonde qui ressemblait à un personnage de dessin animé, tant elle était belle. Elle ne remarqua pas non plus vraiment son compagnon—. Vos verres de vin— ajouta-t-elle avec entrain. Elle posa un verre avec précautions.

    En levant le visage pour leur sourire et s’éclipser en attendant que Bertinni prépare les plats, l’oxygène sembla reculer dans sa gorge. L’homme en face d’elle était extrêmement beau et il respirait la virilité, ainsi que le pouvoir. « Qui peut-il être ? »

    —D’abord, ma chère, nous ne t’avons pas demandé ton nom —dit la blonde, dédaigneuse, soudain et retenant Grace malgré son intention de s’en aller—. Les serveurs ne donnent pas leur nom aux clients, c’est d’un mauvais goût. —Grace rassembla son courage quand la blonde la regarda avec ses yeux de gazelle et la scanna de haut en bas tout en continuant—. Je crois que nous allons devoir parler à Giulio, parce que ce genre de choses ne peut pas se produire dans son restaurant d’élite.

    Grace compte mentalement jusqu’à trois. « C’est une cliente. Pense à ton pourboire ».

    —Je suis désolée, madame...

    —Mademoiselle ! —corrigea-t-elle, indignée.

    « Comme si j’étais sensée connaitre son statut. Je ne l’ai jamais vue de ma vie », pensa Grace. Elle décida de conserver son sourire et de s’échapper dès qu’elle le pourrait.

    —Mademoiselle —reprit-elle.

    —Laisse-la, Georgette —dit la voix grave et sensuelle de l’homme assis à côté de la blonde, qui avait observé la scène—. Ne vous inquiétez pas, Grace. —La blonde le fusilla du regard, mais il l’ignora et poursuivit—. Georgie est parfois un peu pointilleuse sur l’étiquette. Comme vous avez eu l’amabilité de vous présenter, je ne peux pas être moins courtois. Je suis James Stratton —ajouta-t-il et Grace retint de justesse ses genoux de flancher quand il sourit. « Un sourire qui en a fait succomber plus d’une à ses charmes », pensa-t-elle.

    —Enchantée, monsieur. —Elle inclina légèrement la tête comme elle le faisait avec tous les clients. Puis, elle se tourna vers l’odieuse blonde—. Mademoiselle. —Elle avait envie de lui tirer la langue, mais elle se retint, car elle devait penser à ce que les journaux du lendemain allaient dire du restaurant. « Pietro et ses idioties », pensa-t-elle—. Si vous avez besoin de quelque chose, je reste à votre disposition.

    Sur ces mots, elle fuit de la table.

    James était allé dans le restaurant parce que son amante avait insisté. Il ne voulait de sa compagnie que dans son lit, mais Georgette Spalden avait envie de se faire voir à son bras partout où elle le pouvait. Devant DaMarco, quelques paparazzis les avaient pris en photo et elle en avait profité pour se coller à lui comme une sangsue. Il la supportait uniquement pour sa beauté du visage comme du corps. Deux tables plus loin, les seuls sujets de conversations perceptibles concernaient des intentions de séduction ou de voyages.

    Quand la serveuse était venue les servir, il avait été frappé par ses beaux yeux bleus en amande. En parlant, ses lèvres sensuelles l’avaient captivé. Le plus drôle, c’est que malgré sa fatigue évidente, elle était superbe. Georgette n’avait évidemment pas perdu une occasion de la rabaisser et de l’humilier pour montrer qu’il lui appartenait. Son amante se trompait gravement, car il n’appartenait à personne.

    Le problème quand on passait trop de temps avec la même femme, c’est qu’elle finissait par croire qu’elle le connaissait et qu’elle essayait de défendre une relation qui n’existait pas. « Ce soir, je vais le dire à Georgette ». De toute façon, Nicholas Spalden allait signer le contrat le lendemain selon les conditions qui intéressaient James. Sa fille, Georgie, s’était jetée sur lui et il avait accepté sa proposition comme si elle faisait partie de la négociation. « Simple pragmatisme », avait-il pensé.

    —Pourquoi tu l’as regardée comme si tu avais envie de la déshabiller ? —demanda la blonde en boudant.

    —Je n’ai rien fait de tel, Georgie. Je n’aime pas la possessivité. Tu le sais. Maintenant, mange ton entrée, s’il te plait —demanda-t-il en feignant l’indifférence. Il but une gorgée de vin et observa discrètement Grace essayer de lisser sa jupe. « Aucune imperfection possible, alors qu’on voit tout de suite ses belles jambes, à travers les collants de son uniforme », remarqua James.

    —Oh James, tu le fais en ce moment même. Tu n’as déjà plus envie de moi ? —Elle se pencha en avant pour lui donner une jolie vue sur ses seins, généreux, dont il était déjà lassé. Il n’était pas naturellement cruel, mais ce genre de scène le mettait dans de mauvaises dispositions.

    Consciente que cela risquait de lui coûter une nuit qui supposait une chance de plus de tomber enceinte de l’un des jeunes entrepreneurs les plus convoités du Texas, Georgette cessa d’insister. « Ce soir, je tomberai enceinte de James Stratton. Un peu plus de fortune personnelle ne peut pas me faire de mal. »

    —Pardon, mon amour —murmura-t-elle. Elle prit une bouchée de foie gras et le dégusta, tout en enlevant discrètement une chaussure à talon sous la table. D’un mouvement agile, elle le posa entre les jambes de James—. Mmm... —elle savoura le mets en le regardant dans les yeux—, je suis sûre qu’il n’a pas aussi bon goût que toi.

    Le fait que Georgette n’ait aucun sujet de conversation ne signifiait pas qu’une caresse aussi osée, en présence de toute la haute société de Houston, ne l’excitait pas. Il n’était pas hypocrite. Bizarrement, il ne réagit pas comme d’habitude avec elle. Délicatement, James lui caressa doucement le pied, puis l’éloigna.

    —Je voudrais dîner maintenant —dit-il simplement. Puis, il prit une fourchette et commença à déguster son entrée hors de prix.

    Georgette, agacée, commença à se sentir jalouse quand elle vit que le regard de James semblait se dévier vers un point derrière elle. « Encore cette fichue serveuse ? Personne ne se moque d’une Spalden ». Elle savait, en outre, que son père n’avait pas encore signé le contrat qui intéressait tant James. Ce n’était pas agréable de se savoir utilisée de cette façon, mais peu importe. James serait le père de son enfant. Elle n’était pas stupide, elle savait qu’il la larguerait bientôt. Avant, elle voulait obtenir de lui ce qu’aucune femme n’avait réussi jusqu’ici : devenir la mère de son enfant. Pour atteindre son but, elle était prête à se mesurer à tous les obstacles sur son chemin. Elle sourit avec malice.

    La fameuse table huit se donnait en spectacle, remarqua Grace en le regardant de loin. Heureusement que la position de la table les cachait aux yeux du reste de la salle, sauf ceux du serveur assigné. Grace. « Pas de bol », pensa-t-elle. Elle aurait aimé donné une bonne leçon à cette femme pour la façon dont elle l’avait traitée. « Pour qui se prenait-elle ? »

    Si elle parvenait à rembourser rapidement son emprunt, elle n’aurait pas besoin de supporter tous ces snobs qui venaient manger au restaurant midi et soir. Heureusement qu’ils n’étaient pas tous comme cette Georgette. Il manquait à Grace quelques milliers de dollars pour combler sa dette, c’est pour cela qu’elle ne quittait pas le restaurant.

    Elle trouva dommage que cet homme si beau se limite au schéma typique du type qui ne cherchait qu’un coup d’un soir, même avec une femme aussi pénible que la blonde à sa table. Comme si ses pensées l’avaient invoqué, il leva le visage et leurs regards se croisèrent pendant un bref instant. Elle sentit des frissons parcourir sa peau. « Bon sang ! Je n’avais jamais ressenti ça ».

    Grace fit un énorme effort mental et se souvint d’avoir entendu des informations associées au nom de Stratton. Des parents qui ne s’entendaient pas, des batailles juridiques pour la garde de leur fils unique et héritier. Des renvois de l’école. Une entreprise estimée à plus d’un million de dollars et un énorme point faible pour les belles femmes. « Comme cette Georgette ».

    En la voyant s’approcher de la table pour prendre sa commande, il avait dû remarquer qu’elle était peu élégante comparée avec les tops models qui posaient dans les magazines à côté de lui. Elle n’était personne. Grace Hastings. Un mètre soixante-huit à peine. Elle se hissait sur des talons pour aller travailler. Des cheveux acajou ondulés qui descendaient jusqu’au milieu de son dos, mais qu’elle attachait toujours en une queue de cheval impeccable. Des yeux bleus et des cils épais dont elle ne pouvait pas se plaindre car elle n’avait pas besoin de les rehausser de maquillage comme la plupart des femmes. Son corps, enfin. « Si seulement, je pouvais être plus fine... », se lamentait-elle souvent devant le miroir.

    —Bonjour, ma puce ! —salua Callum Vaughn en s’approchant d’elle et en interrompant les comparaisons qui tournaient dans sa tête.

    C’était Callum qui lui avait trouvé son emploi dans le restaurant. Ils étaient allés à l’université ensemble. Par contre, Cal, comme tout le monde l’appelait, avait commencé à travailler pour l’entreprise de sa famille qui exportait des produits laitiers en Europe. Elle se sentait redevable envers Cal.

    Il lui avait d’abord proposé de travailler pour lui, mais il avait dû partir à Singapour pendant sept mois et la proposition ne s’était pas concrétisée. En discutant, il avait parlé de son amitié avec Giulio DaMarco et c’est comme ça qu’il lui avait décroché un entretien, simple formalité, et elle avait commencé à travailler comme serveuse.

    —Oh Cal. Ça me fait plaisir de te voir !

    —J’étais à l’étage, je suis sur le point de partir —il la regarda fixement—. Tu as l’air fatiguée, ma belle. Tu devrais te reposer. Tu veux que je parle à Giulio pour qu’il réduise tes horaires ? —demanda-t-il en la regardant avec ses beaux yeux bleus.

    Elle ne pouvait pas diminuer ses horaires, car cela signifierait une diminution de son salaire. En outre, elle n’avait pas envie d’avoir un traitement de faveur. Elle avait des valeurs d’équité et de justice. Callum en avait déjà assez fait pour elle.

    —C’est juste qu’aujourd’hui je me suis levée plus tôt que d’habitude. C’est tout. Pas besoin de parler avec Giulio, Cal, merci. Par contre, comment va la jolie demoiselle que je n’ai pas vue depuis longtemps ? —demanda-t-elle quand la petite sœur de Cal, Fiorella, apparut à ses côtés.

    —Quel plaisir de te voir, Grace —dit la jeune femme aux cheveux dorés qui devait avoir environ vingt ans. Tout juste six ans de moins qu’elle.

    —Tu es superbe, Fiorella. C’est de famille, on dirait.

    La jeune femme éclata de rire.

    —Bon, on va te laisser travailler, Grace —dit Cal—. Il faut qu’on rentre, Fio. Grace tu viendras nous voir un de ces jours. Tu sais que notre famille t’adore.

    —Je... Oui. Avec plaisir —accepta-t-elle avec joie. Elle appréciait beaucoup la famille Vaughn. Ils représentaient l’image idéale de la famille unie qui s’aimait. Quand ils étaient encore camarades de classe, elle était souvent allée réviser chez Cal et ils passaient toujours un bon moment ensemble. Elle l’appréciait beaucoup, et elle n’avait jamais senti qu’il la regardait différemment à cause de son condition sociale très différente de la leur. Il ne l’avait jamais méprisée.

    —Super. On se voit bientôt, Grace.

    —D’accord.

    Ils se dirent au revoir avec une embrassade chaleureuse.

    Depuis la table huit, une paire d’yeux verts ne perdit pas une miette de la scène. James connaissait Callum et ils étaient du même genre : des magnats playboys. Il ne savait pas pourquoi, mais le voir s’approcher de la jeune serveuse le dérangea. Ce n’était pas un sentiment agréable.

    ***

    —Je peux vous apporter les plats ? —demanda Grace en s’approchant de la table, après avoir remarqué que les assiettes étaient vides.

    Etrangement, la blonde lui sourit et sembla presque sincère. Presque.

    —Non, ma chère. Apporte-nous encore du vin rouge, s’il te plait —répondit-elle d’une voix mielleuse.

    Grace avait assez d’expérience de vie pour comprendre que la cliente blonde avait quelque chose derrière la tête. « Je ne sais pas quoi... Peut-être que c’est la fatigue qui commence à stimuler son sixième sens », pensa-t-elle.

    —Et pour vous, monsieur Stratton ?

    James s’apprêtait à dire qu’elle n’était pas obligée de s’adresser à lui de façon aussi formelle, mais il se ravisa pour éviter une autre crise de Georgette.

    —La même chose, merci —répondit-il un peu plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.

    Grace pensa que si elle s’achetait une robe rose pâle comme celle que portait la blonde, elle ne pourrait pas manger pendant deux mois. « Un jour, je pourrai m’acheter tout ce que je souhaite et rembourser madame Hogan pour sa générosité ». Cette pensée l’aida à garder son sourire pour la table huit.

    Pietro ne la crut pas quand elle lui rapporta que les clients ne voulaient rien manger d’autre, mais qu’ils voulaient seulement du vin. Il l’accusa de les avoir mal servis et il s’apprêta à aller les voir personnellement. Heureusement, une poêle d’asperges menaçait de brûler dans de l’huile d’olive et attira son attention et elle s’enfuit avec ses deux verres de vin.

    Elle n’aurait pas su dire si elle s’était endormie debout, ou si ses mains l’avaient trahie, ou si ce fut un signe du destin qui lui fit trébucher contre quelque chose à côté du pied de la table. La moitié du verre se renversa sur Georgette et sa robe hors de prix. Horrifiée, Grace attrapa la serviette sur la table et essaya de la nettoyer.

    —Idiote ! Regarde ce que tu as fait ! —s’exclama la jeune femme sur un ton indigné. Elle se leva et tout le restaurant se fit silencieux.

    —Georgette, du calme, ce n’est pas si grave. Reviens t’asseoir —demanda James entre ses dents. Il détestait les scènes publiques. Il n’avait pas envie d’être la risée des autres chefs d’entreprise, ni des journalistes.

    —Pardon, excusez-moi, je ne sais pas ce qu’il s’est passé... —commença Grace, inquiète, les mains tremblantes.

    Tous les regards étaient tournés vers elle. Elle pria pour que Pietro n’ait rien entendu. Pour la première fois de sa vie, elle s’aperçu que le silence avait un son.

    —Bien sûr que si, je vais t’expliquer. Tu es une incompétente qui essaye de faire amie-amie avec les clients, tu n’as pas la moindre éducation. Je veux voir le gérant immédiatement —ordonna Georgette de sa voix stridente.

    « Nooon », gémit intérieurement Grace.

    —Georgette —dit James d’un ton acéré pour essayer de la calmer et de la faire taire, mais la blonde était déterminée à mener son idée à bien et elle ne lui prêta pas attention. Il serrait les poings sur la table pour contenir son envie d’attraper sa compagne scandalisée par le bras et de la jeter hors de sa vie pour mettre immédiatement fin à deux mois de relation qui lui semblaient très longs.

    —Tu veux que je me calme ? —demanda Georgette d’une voix suraigüe.

    Grace les regardait en continuant de serrer la serviette entre ses mains. Elle était paniquée, mais elle ne voulait pas donner à la blonde le plaisir de la voir dans la panade.

    James grommela un « oui » à voix basse. On aurait dit que le mot lui brûlait la langue.

    —Parfait —dit Georgie en baissant d’un ton, puis en se rasseyant. Les discussions dans la salle du restaurant reprirent peu à peu—. Je ne dirai plus rien si tu fais quelque chose pour moi, mon amour —dit-elle en lui faisant les yeux doux.

    —Je n’aime pas le chantage.

    —Ce n’est pas du chantage, juste un petit caprice.

    —Je n’ai pas non plus envie de céder à un caprice quelconque.

    Apparemment, quelqu’un était allé raconter le scandale qui venait d’avoir lieu. Du coin de l’œil, Grace vit Pietro avancer vers elle. « Non, non, pitié, retourne dans la cuisine », supplia-t-elle en silence.

    —Seulement au lit ? —demanda-t-elle de telle sorte que Grace, qui essayait de s’enfuir, l’entendit clairement—. Je te rappelle que mon père m’adore et il n’a toujours pas signé le contrat avec toi. C’est demain, c’est ça ? —demanda-t-elle en sachant pertinemment la réponse.

    A cet instant, James sentit monter le mépris en lui.

    —Si vous me permettez, le dîner est offert par la maison pour compenser ce terrible accident —osa dire Grace en interrompant la conversation. Elle espérait que cela satisferait l’horrible mégère et que Pietro, voyant que tout était revenu au calme, allait faire demi-tour pour retourner dans sa chère cuisine. Evidemment, le dîner serait décompté de son salaire, mais sa priorité était de garder le chef cuisinier à distance.

    Georgette la regarda avec dédain et s’apprêtait à dire quelque chose quand Pietro Bertinni réalisa la pire crainte de Grace.

    —Bella ! Carissima ! Quelque chose ne va pas ? —s’enquit Pietro en arrivant à la table. Il prit délicatement les mains de Georgette qui se leva pour lui faire la bise. Puis, Pietro se tourna vers James—. Monsieur Stratton ! Quel honneur de vous servir à nouveau. J’espère que mes créations vous ont plu —il sourit en attendant un mot gentil qui soulagerait son inquiétude.

    —Délicieux, comme toujours —répondit James.

    Grace ne put éviter de remarquer les mains masculines et soignées de James Stratton.

    —Mais bien mal servis —se plaignit Georgette en regardant Grace. Celle-ci retint son envie de gifler cette hypocrite. Elle était désormais convaincue d’avoir trébuché sur le pied de la blonde.

    Le terrible cuisinier regarda Grace. Elle était certaine d’avoir l’air sereine. Elle n’allait pas donner à Pietro la chance de dire que Callum avait recommandé une bonne à rien. S’il avait eu le choix, l’italien l’aurait virée dès son troisième jour sous prétexte qu’elle n’arrivait pas à apprendre les noms des plats. Grace n’était pas douée en langues étrangères, mais elle s’était bien débrouillée et l’homme n’avait pas eu d’excuses pour la renvoyer.

    —Ah bon ? —demanda-t-il, étonné en voyant la tache rouge sur la robe rose pâle de Georgette—. Comment une pièce d’Oscar De La Renta a pu s’abimer ? Che orrore, cara !

    —La demoiselle —James regarda Grace avec douceur— a proposé que le dîner soit offert par la maison, Pietro. Merci pour ton attention —continua le chef d’entreprise en se levant, prêt à partir.

    —Pietro, ce genre de personne ne peut pas travailler chez toi ! —s’exclama la femme, soi-disant indignée, d’une voix seulement audible par le petit groupe.

    Grace pâlit. « Cette idiote essaye vraiment de dire ce que je crois ? » L’angoisse s’empara de son corps.

    —ça suffit, Georgette —coupa James, à voix basse ne dissimulant pas sa colère, en la prenant par le bras pour l’entrainer vers la sortie.

    —Si tu ne la fais pas renvoyer, tu peux dire adieu au contrat de cinq cent millions de dollars pour la construction du nouveau lotissement résidentiel de la banlieue de Houston, mon chéri —lui dit-elle à l’oreille dans un murmure—. Mon papa m’adore, n’oublie pas.

    James la regarda, agacé. Il avait de la peine pour la jolie femme qui avait eu la malchance de servir leur table et d’attirer son attention sans le faire exprès. Il devait choisir : ses affaires ou la condescendance.

    Il ne pouvait pas régler tous les problèmes du monde et il avait eu une longue journée.

    —Pietro, malgré le bon repas, ta collaboratrice —il regarda Grace qui se sentit comme si elle recevait une sentence de mort—, a offensé mademoiselle Spalden en gâchant une robe de grand prix. Cela ne serait jamais arrivé ailleurs. —Le sourire de Georgette s’élargissait en voyant son objectif se concrétiser—. Je ne crois pas que cela te plairait si cela se reproduisait avec d’autres clients plus exigeants. Les employés qui causent des désagréments aux clients VIP ne devraient pas être autorisés à garder leurs fonctions et seraient peut-être plus adaptés à une clientèle plus populaire, disons.

    Pour la première fois depuis longtemps, James sentit un poids sur sa conscience à cause de ce qu’il faisait à cette pauvre jeune femme. Elle trouverait facilement un autre emploi de serveuse dans un autre restaurant. Lui, avait un contrat d’une valeur

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