ON L’AVAIT pourtant prévenu
Le détective privé était bredouille. Comment avait-il pu en arriver là ? Et maintenant, il allait devoir affronter son client, un gros bonnet de la finance.
Le détective entra dans le bureau de Julien, très gêné, et déclina son invitation à s’asseoir. – Je crains que cela ne soit inutile, car je n’ai absolument rien à vous rapporter. Il expliqua au banquier qui l’avait engagé pour suivre Coralie, sa femme, comment, durant une semaine, celle-ci avait réussi à déjouer sa filature. – Elle vous a repéré, c’est ça? Il répondit par la négative, lui assurant que son agence était rompue depuis de longues années à ce genre de mission, ce quienavaitfaitl’unedesplussérieuses sur la place de Paris. Il avança toutefois l’idée que Coralie avait sans doute envisagé l’éventualité d’être surveillée. Il n’avait jamais vu quelqu’un changer de moyen de transport en si peu de temps. Quand il parvenait à la suivre jusque dans le métro, elle attrapait un taxi sitôt sortie, et s’il réussissait à en trouver un, elle quittait le sien et sautait dans un bus avant qu’il ait eu le temps de régler la course. Il avoua être vraiment navré, et Julien put constater que c’était sincère, car de la sueur perlait à son front, signe que l’enquêteur se sentait mortifié par cet échec. Il refusa le reliquat de ses honoraires et s’éclipsa en renouvelant ses excuses, après lui avoir indiqué le nom d’un confrère qui aurait peut-être plus de chance que lui. Mais Julien déclara vouloir à présent s’en occuper seul. Une fois son visiteur parti, le banquier se replongea dans ses papiers, pensif. Comment allait-il pouvoir confondre sa femme, qui le trompait, il en était persuadé, alors qu’il était cloué toute la journée à son bureau ? Ses amis et son frère l’avaient exhorté à ne pas épouser Coralie, de vingt-cinq ans sa cadette, qui, à leurs yeux, n’était qu’une sale petite
