Au château de la Respelière
La jeune fille déclina, doucement mais fermement, l’offre du garde-chasse. Elle dit qu’elle ne souhaitait pas se marier et qu’il ne fallait pas qu’il refuse l’opportunité qui lui était faite de « s’élever » puisque tel avait toujours été son désir. Certes, Michel était un beau garçon gentil, aux grandes qualités, et qui ferait sûrement un excellent mari. Mais non, décidément non, cela ne suffisait pas pour qu’elle franchisse le pas.
Le garde-chasse partit alors un jour à l’aube, en catimini, n’ayant pas le courage de faire ses adieux à celle dont il était tombé amoureux au premier regard et qui venait de lui briser le cœur.
Le château fut bien triste. On regretta Michel. Même Frédéric, pour qui le garde-chasse avait de gentilles attentions. Comme s’il avait deviné les raisons de son départ, le garçon se montra encore plus froid à l’égard de Marceline, qu’il jugea sans doute responsable. Puis ce fut le marquis qui s’absenta trois semaines, invité à une quinzaine de kilomètres de là à une des dernières grandes chasses de la saison. « Dommage, observa Lucienne, alors qu’il commençait à se montrer un peu plus jovial… »
Il revint, sans crier gare, au début d’avril, alors qu’on regrettait presque ses enjambées sonores et ses claquements de portes. Marceline le trouva devant le seuil de sa chambre, un énorme bouquet de pivoines à la main, l’air emprunté comme un tout jeune homme.
– Je les ai cueillies chez mon hôtesse, dit-il en baissant les yeux. Elles sont pour vous…
Interloquée, elle répondit que ce ne serait pas convenable, qu’il
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