Pas seulement pour le meilleur

On avait attaché une casserole au pare-chocs de la voiture dans laquelle les jeunes mariés venaient de s’installer. Si bien que, lorsqu’ils démarrèrent, le tintamarre fit s’esclaffer les nombreux invités qui étaient demeurés devant le restaurant.

Cécile riait en regardant le bel homme qui se tenait près d’elle et lui serrait la main.

– Nous y aurons droit aussi, chérie ! s’exclama-t-il en haussant les épaules. Les farceurs ne manquent pas, hélas !

– Ah ! comme j’aimerais que nous nous mariions en toute simplicité entre deux témoins ! répliqua-t-elle.

– Ce ne sera pas possible… Mes parents ont trop de relations qu’ils comptent bien inviter. C’est une façon comme une autre de rendre des politesses.

– Oui, évidemment.

Elle qui était née Cécile Durand se faisait mal à l’idée de s’appeler bientôt madame Gaël de Plouernec, craignant surtout qu’on lui en fasse le reproche un jour ou l’autre… Mais elle aimait ce grand garçon souriant à l’allure de jeune premier. N’était-ce pas tout ce qui comptait? Pourtant, la jeune fille esquissa une moue boudeuse qui amusa beaucoup son fiancé.

– Viens… Mes parents ont fait installer dans notre parc une immense tente qui servira de salle de danse. N’oublie pas que nous sommes des cousins du marié.

Sans façon à présent, car il faisait un temps splendide, bien que la nuit fût sur le point de tomber, les invités s’en allèrent à pied, à travers le village, jusqu’au magnifique château qui le dominait et lui avait donné son nom. Monsieur de Plouernec dirigeait une vaste entreprise où la plupart des villageois étaient embauchés.

Cécile savait que Gaël s’était longuement disputé avec ses parents à son sujet, bien que le jeune homme ne lui en ait jamais parlé. Madame de Plouernec avait d’autres ambitions pour son fils.

– Cécile n’est pas plus belle qu’Élisabeth Marnhac, pour ne citer qu’elle. Qu’avais-tu besoin de t’amouracher de cette petite qui n’a même pas le mérite de faire de grandes études !

– Elle sera pharmacienne ! s’était exclamé Gaël.

– Et tu vois ta femme tenir l’officine du village ? Vraiment, mon pauvre ami !

Monsieur de Plouernec, qui avait du bon sens, avait dû remettre sa femme à sa place, ce dont, depuis, elle lui tenait rigueur.

– Épouse cette jeune fille, mon garçon, avait-il dit à son fils. Moi, je la trouve très bien.

Ils s’étaient donc fiancés dans la plus stricte intimité, selon les vœux de la mère de Gaël qui espérait toujours qu’un revirement séparerait les jeunes gens.

Cécile sentait la sourde hostilité que sa future belle-mère nourrissait à son égard. Elle se tourna vers Gaël et lui