Les héritiers de Val-Vert

10 – RÉSUMÉ: Depuis sa fenêtre, Désirée Fortune observe la nuit. Elle a du mal à dormir. Elle pense à Sylvain, à cette Nadège aussi qui depuis huit jours loge à l’unique auberge du village. Et si Sylvain tombait amoureux de la jeune journaliste ? Un pincement de jalousie lui serre le cœur. Bien que née Fortune, elle ne possède pas un sou! Et Désirée, elle semble l’être si peu… Depuis la mort de Paul Font-Blanche, son beau-père, elle vit désormais hébergée par son petit frère, enfin son demi-frère. Tous deux sont nés de la même mère, mais pas du même père. Désirée avait sept ans à la naissance de René qu’elle a couvé comme une mère à la mort de Clarisse. Si seulement la vie pouvait une fois lui sourire… Elle aimerait tant partager sa vie avec Sylvain. (Voir Veillées n^os 3517 et suivants.)

Patrick était bouleversé. Il avait appris le matin même que Cécilia Florus était revenue dans la région et qu’elle avait loué de nouveau la maison de Mathilde Seigle, au Plannet. Il se tourmentait. Pourquoi agissait-elle ainsi, après toutes ces années ? Cela ressemblait à une provocation et cette idée le mettait en colère. La colère, ça masquait au moins l’ancienne douleur qui remontait à la surface.

Treize ans déjà… ils étaient jeunes, ils s’aimaient. Elle pensait à l’avenir, pas lui. Il n’était pas pressé comme Bernard, son père, qui n’avait pas vingt ans quand il s’était marié, parce que lui, Patrick, était sur le point de naître.

Cécilia avait été déçue par son attitude. Alors elle avait rompu. Elle avait dit : « On arrête tout ! » En somme, il lui avait rendu service, elle avait pu progresser dans sa carrière d’artiste-peintre, et il lui arrivait, après l’une de ses expositions, de lire des articles élogieux dans des magazines spécialisés, qu’il achetait en secret, et dont il se débarrassait avant que son épouse les découvre.

Cécilia avait été invitée à une mondée, cette veillée où l’on triait les noix, jadis, avant l’arrivée des machines modernes qui accomplissaient désormais l’essentiel du travail. À présent, la mondée était surtout un prétexte pour passer un bon moment entre amis et parents.