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Pleure pas Noëlla: Roman psychologique
Pleure pas Noëlla: Roman psychologique
Pleure pas Noëlla: Roman psychologique
Livre électronique132 pages1 heure

Pleure pas Noëlla: Roman psychologique

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À propos de ce livre électronique

Entrez dans l’histoire d’une adolescente qui a grandi trop tôt et qui se bat pour se faire sa place

Pour comprendre pourquoi Noëlla, âgée de seize ans, accouche en prison d’une petite fille prématurée, il faut refaire le chemin à l’envers, et pas à pas, suivre son destin.

Aux côtés d'un père trop faible et d'une mère alcoolique, violente et manipulatrice, Noëlla vit une enfance malheureuse.
Entre humiliations et manque d'amour, c'est le destin tragique d'une adolescente qui a eu le malheur de naître au mauvais endroit, au mauvais moment.

L'auteur dénonce sans jugement les acteurs de sa vie, les personnes aveugles et sourdes qui ont croisé sa route : voisins, professeurs... des adultes responsables qui auraient pu, à un moment donné, intervenir et peut-être changer le destin de Noëlla.

C'est une histoire contemporaine, bouleversante, comme il s'en passe sûrement tous les jours sous nos fenêtres.

EXTRAIT

Son sac sur le dos, le nez au vent et la tête dans le vague, Noëlla faisait de l’auto-stop sur le bord de la route. Elle n’avait aucune destination précise, tout ce qu’elle voulait, c’était prendre suffisamment de distance pour que sa bourrelle ne puisse plus l’atteindre. Des paroles lointaines lui parvenaient en échos. « … Sèche tes larmes, lève-toi, et existe… »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Didier Hermand est un écrivain français. Il compte aujourd'hui beaucoup de livres à son actif, notamment Embrasse les vivants pour moi, T’inquiète pas, papa (Le secret de Marine) ou encore Le marionnettiste. Pleure pas Noëlla est son deuxième roman.
LangueFrançais
Date de sortie24 févr. 2016
ISBN9782511040515
Pleure pas Noëlla: Roman psychologique

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    Aperçu du livre

    Pleure pas Noëlla - Didier Hermand

    grotesque…

    1

    Quinze ans plus tôt : Septembre 1959…

    — Vous ne devriez pas fumer autant, Lucie, ce n’est pas bon pour le bébé…

    — Je fais ce que je veux ! On est en république ! Je suis libre de faire ce que je veux et c’est pas toi qui m’en empêcheras, vieille bique ! Occupe-toi de ta soupe et fiche-moi la paix ! Tu t’imagines que t’as des droits sur moi parce que ton connard de fils m’a mise en cloque ?

    — Le médecin a dit que fumer n’était pas raisonnable dans votre état…

    — Et qu’est-ce que ça peut te foutre ce qui est bon ou pas pour moi ? Depuis quand tu te préoccupes de ma santé ?

    — Vous êtes injuste Lucie…

    — C’est ça ! Tu te fous pas mal de ma santé ! Ce qui te tourmente c’est le polichinelle que j’ai dans le ventre ! De moi t’en as rien à branler vieille chouette ! Je suis même certaine que si je clameçais à l’accouchement, ça t’arrangerait !

    — Mon Dieu ! Ne dites pas une chose pareille !

    Atterrée, Madeleine quitta la pièce en se signant la poitrine par deux fois, elle était choquée, très sincèrement et très profondément choquée ; une telle conversation n’aurait jamais pu se produire de son temps.

    Elle avait eu vingt ans en 1915 et les jeunes filles, à cette époque, recevaient une éducation stricte qui n’autorisait pas le moindre écart de langage. Les demoiselles ne fumaient pas et ne tutoyaient personne. Elle était donc incapable de tutoyer qui que ce soit en dehors de son fils Gregor.

    Lucie et lui s’étaient installés chez elle juste après leur mariage, et depuis, Madeleine vivait un cauchemar sordide.

    Malgré sa bonne volonté, elle ne parvenait pas à créer un lien avec sa belle-fille. Quoi qu’elle fît, et quoi qu’elle dît, elle se heurtait systématiquement aux aigreurs de sa bru. Une question la taraudait : « comment une harpie comme elle avait pu séduire son garçon ? »

    Gregor était un homme courtois et un peu timide, il faisait de la photographie, il aimait la poésie et la peinture. Il peignait. Enfin, il peignait avant de rencontrer Lucie ; après la dernière crise de jalousie de la belle, il abandonna son chevalet.

    — T’en as pas marre de barbouiller ? Tu passes plus de temps sur tes maudits tableaux qu’avec moi ! Qu’est-ce que tu peux être chiant ! Si tu continues, je fous tout au feu !

    Il se rabattit alors sur son appareil-photo et Lucie devint son principal modèle… pour un temps. Au début, elle se prenait au jeu, ça l’amusait de jouer les stars, puis peu à peu, même ça, elle ne le supporta plus.

    — Arrête de me faire chier avec ton appareil ! T’es toujours là à me coller et à me tourner autour ! Tu vois pas que j’suis même pas coiffée ?

    — Tu es très jolie comme ça, j’aime bien quand tu es naturelle…

    — Fais pas chier j’te dis, ou tu risques de retrouver ton truc à la poubelle ! Quand je te dis non, c’est non !

    Gregor était patient. Il lui trouvait des circonstances atténuantes. Il pensait fermement qu’avec le temps les choses s’arrangeraient. Lucie n’avait pas été élevée par ses parents. Très jeune, elle fut placée dans un foyer.

    Elle n’était pas orpheline, mais sa mère la battait et son père, abruti par l’alcool, était incapable de réagir.

    Son plus jeune frère était décédé dans des circonstances obscures. Une enquête fut ouverte. Eu égard à leurs incompétences et aux mauvais traitements infligés à leurs six enfants ; les parents furent déchus de leurs droits parentaux et la fratrie fut séparée et placée dans des maisons différentes. La Protection de l’Enfance plaça Lucie dans un centre où elle vécut toute son adolescence séparée de ses frères et sœurs. Depuis son plus jeune âge, elle subissait les tourments que lui infligeait sa mère, mais l’enfant qu’elle était ne pouvait pas comprendre qu’on l’arrachât des bras de sa maman. Une immense détresse emplit son cœur à tout jamais.

    Non, vraiment, jusqu’à présent la vie n’avait pas été rose pour elle, elle n’avait jamais connu les joies simples de la vie familiale.

    Aujourd’hui, elle émergeait tout juste de cet environnement semi-carcéral, où là encore, la loi du plus fort était souveraine.

    Gregor, séduit par sa beauté, lui pardonnait tout. Il l’aimait et voulait lui donner tout ce que la destinée ne lui avait pas apporté. Il était persuadé que Lucie avait un bon fond et qu’avec de la patience et de la persévérance, il finirait par l’apprivoiser.

    Elle était vulgaire et agressive, elle n’avait aucune finesse d’esprit et une façon déplorable de s’habiller et de se maquiller. Ses bijoux étaient clinquants et de très mauvais goût. Quand elle fumait, elle expulsait des volutes opaques par les narines et recrachait les résidus de tabac qui restaient collés sur ses lèvres trop peintes. Ses cheveux blonds – qu’elle crêpait et laquait copieusement – lui faisaient un casque figé sur la tête.

    Gregor regardait au-delà des apparences. Il voyait en elle une femme superbe qui ne demandait qu’à progresser et qui, en comblant ses lacunes petit à petit, finirait tôt ou tard par dévoiler sa brillante personnalité.

    Dans son empressement à vouloir la sortir du foyer, il l’avait épousée avant d’avoir eu le temps de bien la connaître. Il ne s’était pas non plus accordé le temps nécessaire pour trouver un logement. Jusqu’à présent, il vivait chez ses parents et n’avait travaillé que pour satisfaire ses loisirs. Sa pension déduite, son argent de poche passait dans les toiles et le développement de ses photos. Il avait pris le temps de faire deux fois le tour de France en touriste et n’avait pour ainsi dire jamais épargné le moindre sou. Ses parents, pris de court, n’avaient pas trouvé d’autre solution que d’héberger le jeune couple.

    Gregor disait :

    — Ne t’inquiète pas ma chérie, ce n’est que provisoire, bientôt nous aurons notre petit appartement rien qu’à nous.

    — Pourquoi un petit appartement ? Elle me plaît bien cette maison, on peut rester ici, tes vieux me gênent pas et même encore, ils sont pas éternels !

    Effectivement. Un mois plus tard, Emile, le père de Gregor mourrait en trébuchant dans l’escalier. C’était deux jours après avoir appris la grossesse de Lucie.

    Il ne restait que Madeleine. Au fil du temps elle maigrissait et s’affaiblissait, mais Gregor ne s’en rendait pas compte ; il n’avait d’yeux que pour Lucie. Il se disait qu’au fond, Lucie avait raison ; il valait mieux ne pas quitter la maison, ainsi sa maman ne se retrouvait pas seule.

    Madeleine ne lui faisait aucun reproche au sujet de Lucie. Son fils avait quarante-deux ans et pour ne pas le voir rester vieux garçon, elle admettait son choix. Mieux valait qu’il fût mal marié, que pas marié du tout.

    Aujourd’hui, avec constance, elle tentait d’éduquer sa belle-fille pour assurer le bonheur de son fiston. Il y avait tellement à faire, en aurait-elle la force ? Dieu lui en laisserait-il le temps ? Elle s’accrochait à cet espoir.

    Son mari n’était plus là et en l’absence de Gregor, elle devait affronter seule l’agressivité de la bru rebelle. Rien ne l’avait préparée à cela, mais elle était déterminée à ne pas flancher. Quand une discussion dégénérait et que face à l’outrance des propos de Lucie son visage devenait livide d’effroi, elle s’éclipsait pour ne pas faillir, mais elle revenait en restant fermement sur ses positions. Elle se disait que même si Lucie ne retenait qu’un centième de ce qu’elle essayait de lui inculquer chaque jour, elle ferait toujours un pas en avant et que ce serait au moins ça de gagné.

    Le ventre de Lucie s’arrondissait avec évidence et elle maudissait ce passager clandestin qui la déformait jour après jour.

    — Aaaah ! J’en ai marre, si ça continue je vais ressembler à une baleine ! Si je pouvais me débarrasser de ce fardeau… faudra bien qu’il me lâche un jour ! J’vais pas rester comme ça indéfiniment, en plus ça n’arrête pas de remuer là-dedans, j’en suis malade. Quand est-ce qu’on me l’enlève ?

    — On ne vous l’enlèvera pas, comme vous dites. Enfin Lucie, les sœurs du Bon Pasteur ne vous ont rien appris ? Il sortira de lui-même quand le moment sera venu.

    — Tu divagues espèce de vieille folle ! « Il sortira tout seul ? » et par où veux-tu qu’il sorte ?

    — Mais enfin Lucie, il sortira par où il est entré…

    — Ça va pas ? T’es malade ! Il est jamais entré ! Il est là, et maintenant il est trop gros et j’en veux plus ! J’en ai ras le bol ! Faut me l’enlever !

    Et c’était reparti pour une nouvelle crise.

    Dès que l’occasion se présenta, Madeleine prit Gregor à part pour l’informer du degré d’ignorance de sa femme.

    — Tu te rends compte ? Elle entame son septième mois de grossesse, tu ne crois pas qu’il est temps pour elle d’en savoir un peu plus long sur les choses de … sur les choses de… de la vie ?

    Sa pudeur ancestrale l’empêchait de prononcer le mot « sexe » en présence de son fils. Oser même l’évoquer demandait beaucoup d’efforts. C’était un sujet que l’on s’autorisait à aborder aux grandes occasions ; entre mère et fille la veille du mariage, ou entre père et fils avant le service militaire. En avançant sur ce chapitre avec Gregor, elle se faisait violence mais la nécessité et l’urgence prédominaient et Emile n’était plus là.

    — Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, Gregor, mais je pense que tu aurais pu lui en toucher deux mots avant de… avant de … enfin, avant …tu sais bien ! Cette

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