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Les yeux que l'on ferme voient encore
Les yeux que l'on ferme voient encore
Les yeux que l'on ferme voient encore
Livre électronique184 pages2 heuresChromosomes XY

Les yeux que l'on ferme voient encore

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À propos de ce livre électronique

Romane enchaîne les relations avec les hommes. Qui plus est, pour la plupart, il s'agit d'hommes mariés ou déjà en couple qui ne souhaitent pas s'engager. C'est connu, les filles sans père sont des filles perdues... Pour apaiser le feu de ses blessures, elle joue du violon : un talent laissé en héritage.

Un jour, alors qu'elle regarde un film au cinéma, elle reconnaît le violon familial disparu, après la Seconde Guerre mondiale, lors du décès de son grand-père. Hors de tout doute, c'est lui! Elle s'envole donc pour Paris afin de retrouver l'instrument. Et l'aventure commence... Une aventure qui chamboulera sa vie et celle de toutes les personnes qu'elle croisera sur son chemin.

Les yeux que l'on ferme voient encore, qui est le premier tome de la dilogie Chromosomes XY, est une histoire troublante, captivante et touchante, mais surtout, remplie d'espoir sur la quête de l'amour du père délicieusement écrite par Chantal Tessier, une écrivaine déjà reconnue pour son style d'écriture riche et texturé.
LangueFrançais
ÉditeurChantal Tessier Entreprises Inc
Date de sortie16 nov. 2020
ISBN9782924830086
Les yeux que l'on ferme voient encore
Auteur

Chantal Tessier

Diplômée d’un baccalauréat en communication, Chantal Tessier cumule plus de 16 ans d’expérience dans des postes de direction. En 2009, à la suite d’un douloureux CRASH de vie, elle entreprend un voyage dans les déserts de l'Arizona où elle décide de tout quitter d'un seul coup pour se lancer dans une longue quête qui bouleverse tous les aspects de son existence : la quête du vrai soi. À la suite de la publication de son premier livre La quête : celle qui danse avec le sable, qui raconte justement cette aventure initiatique incroyable, Chantal réduit ses activités professionnelles à l'écriture. Artisane de l’émotion, Chantal se spécialise dans les différentes quêtes de l'être humain et touche ses lecteurs avec son style d’écriture unique et reconnu.

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    Aperçu du livre

    Les yeux que l'on ferme voient encore - Chantal Tessier

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    Les yeux

    que l’on ferme

    voient encore

    Éditeur : Les éditions Inspirantia,

    une filiale de Chantal Tessier Entreprises inc.

    Tél. : 438 494-7144

    Courriel : info@inspirantia.com

    Site Internet : www.inspirantia.com

    ISBN papier : 978-2-924830-06-2

    ISBN ePDF : 978-2-924830-07-9

    ISBN ePub : 978-2-924830-08-6

    Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020

    Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Canada, 2020

    © 2020 par Les éditions Inspirantia,

    une filiale de Chantal Tessier Entreprises inc.

    Tous droits réservés pour tous les pays et toutes les langues.

    Responsabilité

    L’autrice et l’éditeur ne revendiquent ni ne garantissent l’exactitude, le caractère applicable et approprié ou l’exhaustivité du contenu de ce livre. Ils déclinent toute responsabilité, expresse ou implicite, quelle qu’elle soit.

    Chantal Tessier

    Les yeux

    que l’on ferme

    voient encore

    Ouvrage de la même autrice
    La quête : celle qui danse avec le sable (2019)
    www.chantaltessier.com

    Il est des personnes qui nous sont interdites à jamais

    parce que, en fonction de notre histoire,

    elles nous sont devenues incompatibles.

    – Dr Marc Pistorio, psychologue

    Au commencement était le vide

    Par un triste et pluvieux soir de la fin du mois de septembre, le vent souffle abondamment emportant avec lui des objets et des débris désormais dénaturés de leur habitat. Dans un vétuste appartement de la rue Laurier, à Montréal, des murs en stuc beige sont soudainement devenus témoins du pire ravage de leur histoire. Entre leurs espaces empreints du vide de l’âme écorchée de leur résidente, Romane, ils s’attristent du sort de celle-ci qui, visiblement, se dirige tout droit vers une mort certaine.

    Entre les cris de Coco, le perroquet, qui s’amuse à divertir les clients de l’animalerie située juste en dessous de son logement, dans la pénombre, Romane pousse elle-même un funeste gémissement en sentant cette queue, dure comme une batte de baseball, pénétrer agilement la peau rose et fragile de son anus. Dans son lit, à genoux, le cul surélevé et la figure étouffée dans son oreiller, dévoilant sa plus profonde vulnérabilité, elle demeure immobile alors que Nicolas continue son œuvre.

    Pendant des nuits, en se masturbant, la jeune femme avait désiré cette queue, certes, mais ne l’avait pas imaginée aussi dépourvue d’altruisme. Même s’il ne s’agissait là que d’une vague aspiration, l’acte visant son bas-ventre, devait, bien sûr, lui procurer du plaisir, mais surtout, avec tendresse et délicatesse, devait constituer la déclaration officielle et irréfutable d’un amour véritable. Cet amour absolu et immortel dont elle rêve lorsqu’elle verse une larme à la fin du film The Gost.

    En vérité, au-delà de la fiction, Romane sait très bien qu’elle ne peut se permettre d’entretenir ce genre d’illusions, car, vraisemblablement, elle n’a toujours été qu’une vulgaire maîtresse, qu’une sale piqueuse de maris, qu’une immorale briseuse de familles. Dans les foyers ravagés par l’infidélité des époux, elle a toujours été celle que tout le monde a blasphémée, châtiée et crucifiée au gré des discussions enflammées. Dans vingt ans, elle sera celle dont on parlera encore lors des séances de psychothérapie des enfants, devenus grands, lesquels, autrefois, ont été fécondés par la queue de ces mêmes époux qui, un certain soir, ont pris leur pied dans le sexe d’autres femmes, devenues mères.

    Dans ces mêmes séances de psychothérapie, à leur tour, ces mères seront celles qui, depuis l’enfance de leur progéniture, porteront le blâme d’avoir été incapables de faire cesser les élans libertins de leur mari malade. Toutefois, contrairement aux maîtresses, dont l’identité a été cruellement révélée au grand jour, elles ont été celles qui, malgré moult échecs, ont été embrassées, encouragées puis séchées de leurs larmes par les membres de leur tribu.

    Malgré les calomnies qui peuvent parfois pleuvoir sur la tête des unes et des autres, sans contredit, ignorées des plus grands courants humains, ni les unes ni les autres ne peuvent rien contre le saccage du désamour.

    Tel est leur destin.

    Pendant que Romane sent le rapide va-et-vient de la cravache entre ses cuisses, elle pense à sa mère, Fedora, qui, dès son jeune âge, lui a mille fois répété à quel point les hommes, âge, carrure et statut social confondus, peuvent être des salauds et des briseurs d’existence. Entre deux cuillères de gruau minute, l’enfant qu’elle était l’a crue et, en ce moment précis, alors qu’elle sent le souffle court de Nicolas dans son cou, elle a encore tendance à la croire.

    Selon l’histoire racontée par Fedora, Michel, le géniteur de Romane, était visiblement le plus beau mâle qu’ait porté la petite communauté du quartier Saint-Henri, à Montréal, et, de toute évidence, savait plaire aux femmes qu’il croisait sur son chemin. Blondes, brunes ou rousses, toutes se pâmaient devant son épaisse chevelure noire et ses favoris trimés à la Elvis Presley. Pour attirer son attention, toutes prenaient plaisir, l’air coquin, à délier deux ou trois boutons de leur chemisier ou à remonter leur jupe au-dessus du genou. Confiantes de réussir leur mission de séduction, à moins d’être une guenuche, toutes avaient la certitude d’accueillir la main velue du charmeur dans leur petite culotte de dentelles rouges.

    La véritable nature de cet homme, naïve et insouciante, Fedora l’a découverte beaucoup plus tard. En fait, elle l’a découverte beaucoup trop tard puisqu’elle était déjà enceinte de Romane. À 19 ans, à l’instar des adolescentes en mal de sensations vertigineuses, elle a vraiment cru être spéciale à ses yeux. Seulement, à quelques promesses près, comme toutes les autres déclassées, elle s’est, elle aussi, fait prendre le cœur dans les rouages de son jeu destructeur et fatal.

    Faible et lâche, afin d’éviter le déshonneur de sa famille, Michel a exigé de Fedora qu’elle se fasse avorter, mais en vain. Quelques mois plus tard, le jour de l’accouchement, il a brillé par son absence. Néanmoins, le lendemain, porté par de pâles remords, il s’est rendu à l’hôpital, mais au moment où son pied a touché le sol de l’entrée principale du bâtiment, impassible, il a tourné les talons pour ne plus jamais revenir emportant avec lui l’amour dorénavant défendu des siens.

    Fedora ne s’en ai jamais remise. Romane non plus.

    À 18 ans, à la demande intempestive de sa mère, Romane a été contrainte de rencontrer Michel et sa famille. Rongée par l’amertume et la rage, Fedora, qui a alors failli mourir d’un infarctus, s’est brutalement sentie pressée par l’urgence de réparer la relation inexistante entre sa fille et son père. Pilant sur son orgueil, elle a convoqué les membres de la belle-famille à rencontrer la chair de leur chair. Quelques personnes se sont présentées, mais le principal attendu, fidèle à lui-même, ne s’est jamais pointé au rendez-vous.

    Peut-être seule la grand-mère, qui, autrefois, avait encouragé son fils à ne plus fréquenter Fedora puisqu’elle était tombée enceinte avant le mariage, semblait être éprise d’une piquante curiosité envers l’œuvre en grandeur nature de la semence de son garçon, mais, franchement, elle se préoccupait bien plus des raisons qui avaient motivé son ex-bru à communiquer avec elle par téléphone.

    Ce jour-là, froidement, la mère et la fille ont appris que Michel avait eu un fils avec la femme qu’il avait épousée peu de temps après sa rupture avec Fedora. Sèchement, elles ont compris qu’il était heureux et bien nanti puisqu’il avait hérité de l’entreprise en réfrigération de son beau-père. D’une insistance maintenue, elles ont surtout été sommées de ne pas tenter de le retrouver. Comme une lionne qui flaire le danger près de ses petits, la grand-mère a été on ne peut plus claire : elle n’allait pas se gêner pour massacrer sur son passage toutes les personnes qui allaient oser faire du tort à son rejeton.

    – Malgré tout, ma petite fille, je dois bien admettre que tu as des airs de famille. Je reconnais bien le fessier des Régimbald! Tu as les mêmes grosses hanches que toutes mes filles.

    – Excusez-moi, Madame, je ne suis pas une Régimbald, mais une Valenta! Comme vous dites, j’ai peut-être de grosses fesses, mais, au moins, j’ai le cœur à la bonne place!

    Sur ses quelques mots empreints du venin de la tourmente, Romane a pirouetté les talons pour disparaître définitivement du paysage familial où elle avait été contrainte d’entrer. Dorénavant, elle allait consacrer son existence à ignorer les racines de son arbre généalogique patriarcal. Après tout, elle avait maintenant l’âge de faire ce qu’elle voulait et d’assumer ses propres choix.

    Du haut de ses 18 ans, parce qu’elle était une fille très intelligente et débrouillarde, Romane ne semblait pas vraiment touchée par ce deuxième rejet de la figure paternelle. De toute façon, cette figure n’avait jamais fait partie de sa vie, alors elle se demandait bien comment elle pourrait s’attacher à un homme qu’elle ne connaissait même pas.

    Mais parce qu’elle était aussi une fille hypersensible et altruiste, Romane s’est avérée être beaucoup plus ébranlée qu’elle ne le laissait paraître. Qu’elle le veuille ou non, le sang de son géniteur coule dans ses veines et ce sang est à l’origine d’une partie de son code génétique. Qui plus est, mise à part une vieille photo de Michel de la grosseur d’une clémentine qu’elle cache dans son coffret à souvenirs, ce sang est tout ce qui lui reste de lui.

    Ignorée de la consanguinité de gauche, jamais n’avait-elle reçu la faveur de croiser le regard de celui qui aurait dû être son protecteur. Indubitablement, la profonde carence non avouée a laissé une marque indélébile sur son cœur d’enfant qui, jusqu’à maintenant, a cherché à la combler au meilleur de lui-même. En revanche, ce regard, l’avait-elle trouvé, à l’aube de son éveil sexuel, dans l’orgasme. Par magie, à ce moment bien précis, elle a compris qu’elle évoquait pour le mâle sexué la personne la plus importante sur la Terre. C’est ainsi qu’elle est devenue, au gré des fellations, accroc à ce regard faussement affectueux et bienveillant.

    Parce que personne ne lui a enseigné à aimer, elle s’est éduquée elle-même à baiser.

    Hors de tout doute, foudroyées par la conjugaison des désordres, les jeunes mères désertées par leur homme demeurent marquées au fer rouge et les petites filles abandonnées par leur père sont perdues à jamais. Tôt ou tard, elles finiront par se torturer elles-mêmes. Comme les chats itinérants qui parcourent les ruelles pour trouver refuge dans un foyer accueillant et aimant, elles passeront leur vie à errer, à chercher l’amour et à le perdre.

    Plus que les bien-aimées de ce monde, qui ont peine à comprendre les ravages de l’indifférence, les mutilées de l’amour, quant à elles, savent que, un jour ou l’autre, les personnes qu’elles aiment finiront par les quitter en arrachant, au passage, un bout de cœur, d’âme ou de peau. Elles savent que celles-ci finiront par détacher leur regard. Ce regard de l’abandon, mi-coupable et mi-soulagé, qui, autrefois, aimant et complice, a maintenant hâte de leur annoncer qu’il va les laisser toutes seules sur le parvis de leur vie.

    Nul besoin de paroles. À lui seul, ce regard dit tout.

    Et malgré la honte des déshonneurs, elles entretiendront toujours l’espoir que ce dernier regard, gravé dans leur mémoire, redevienne aussi complice et aimant qu’avant les adieux. Puis, les couchers de soleil se multiplient et, un jour, elles finiront par comprendre qu’il ne reviendra jamais. Désormais orphelines de l’amour, elles finiront par s’habituer à côtoyer l’immensité du vide.

    Tel est leur destin.

    Après le départ de Michel vers une existence beaucoup plus attrayante et fortunée, incapable de se reconstruire, Fedora, amère et aigrie, s’est réfugiée dans le célibat plat et dur. Fille d’immigrants tchèques indésirables et désavoués de la Seconde Guerre mondiale, l’importée a, dès son jeune âge, arrêté de rêver. Autrefois abandonnée par l’abondance, la sécurité et la prospérité, la fatalité d’une vie sans envergure a fait son nid dans les entrailles de sa légende familiale.

    À 54 ans, alors qu’elle était vendeuse de produits cosmétiques dans une pharmacie, par la plus étonnante des chances, celle-ci a surpris tout son entourage en faisant fortune dans l’industrie. Bien qu’elle ne sut pas très bien lire ni écrire, elle s’était, à raison, risquée à suivre les conseils d’un ami en investissant toutes ses économies dans une entreprise en soins de beauté américaine en pleine expansion. En quelques mois seulement, elle avait quintuplé son salaire, ce qui lui permit de se retirer de façon précoce du marché du travail.

    Confrontés à ce succès inattendu, les membres de sa famille ainsi que ses amis, tels des vautours guettant sournoisement leur proie, se sont tous érigés contre l’injustice. Sous prétexte de loyauté, qui, auparavant, n’avait jamais existé entre eux, ils lui ont solennellement réclamé une part du magot, mais en vain. La future capitaliste n’a jamais cédé à leur chantage. Mais il viendra le jour où, au détour des insouciances, aveuglés par une féroce colère et une soif insatiable de vengeance, ils

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