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L'Ange des Sept Mers - Tome 1: Quand le passé scelle le destin
L'Ange des Sept Mers - Tome 1: Quand le passé scelle le destin
L'Ange des Sept Mers - Tome 1: Quand le passé scelle le destin
Livre électronique248 pages5 heures

L'Ange des Sept Mers - Tome 1: Quand le passé scelle le destin

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À propos de ce livre électronique

France 1720. Le château de Carladès, assailli par une horde de cavaliers sanguinaires, est incendié. La seule rescapée est la petite Émilie. Fille unique du Comte et de la Comtesse de Langeac, elle est recueillie par son oncle, le Vicomte de Fontmarcy, avec qui elle grandira entourée de ses cousins, sans se soucier de son tragique vécu. Des années plus tard, lorsqu’elle fait son arrivée à la cour de Louis XV, sa présence ne fait pas l’unanimité. Rattrapée par son passé, certains sont prêts à la voir disparaître. Poussée à l’exil, Émilie quitte la France à travers les océans, aidée par Armand, le Comte de Montreux et capitaine du navire l’Atlas, en quête d’un nouveau destin. Que lui réservera ce nouvel avenir semé de rencontres inattendues et de défis ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Originaire d'un petit village auvergnat, Sandrine Barbier Lombardy se passionne pour l'écriture dès le collège, période pendant laquelle elle rédige ses premiers récits réservés à ses proches. Grande passionnée d'histoire, c'est bien plus tard qu'elle décide de se lancer dans l'écriture d'une magnifique saga romantique historique, « l'Ange des sept mers ». Grâce à sa richesse d'écriture et sa plume luxuriante, Sandrine nous offre les aventures de personnages aux caractères authentiques, une histoire originale au rythme haletant dont on ne peut se décrocher.


LangueFrançais
Date de sortie12 juil. 2022
ISBN9782384600458
L'Ange des Sept Mers - Tome 1: Quand le passé scelle le destin

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    Aperçu du livre

    L'Ange des Sept Mers - Tome 1 - Sandrine Barbier Lombardy

    Sandrine

    BARBIER LOMBARDY

    Lange des sept mers

    Tome 1

    Quand le passé scelle le destin

    Roman

    De la même auteure

    Une maison oubliée

    Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les

    Éditions La Grande Vague

    Site : www.editions-lagrandevague.fr

    3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

    Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

    ISBN numérique : 978-2-38460-045-8

    Dépôt légal : Mai 2022

    Les Éditions La Grande Vague, 2022

    Préface

    J'avais oublié cette sensation. Écrire est une véritable drogue. Je soupçonne l'écriture de nous libérer de la sérotonine, de l'ocytocine, de la testostérone, de la dopamine, des endorphines. Sincèrement !

    J'ai goûté à la marie-jeanne dans ma jeunesse, comme beaucoup d'autres. Mais elle ne m'a jamais fait autant d'effet que l'écriture. Généralement, le seul art qui me permet de modifier mon état psychique est la musique, elle m'apaise et me rassure. Là, je reprends donc mon récit après six années de tiroir et c'est juste excitant, ça provoque du plaisir, de la joie, et mon état d'esprit est totalement modifié en ce moment, comme hypnotisé. Vous savez, ces instants où vous avez l'impression d'être déconnecté de la réalité ? D'être « à l'ouest », mais juste parce qu’une chose, une puissance mystérieuse vous envoûte si paisiblement.

    28 mai 2019, vingt-deux heures, les enfants sont couchés, mon mari fait une rare soirée entre hommes au chalet d’un ami. Je profite de cet ultime instant solitaire pour reprendre ma plume. Et que d'émotions quand mes pensées s'échappent sur des souvenirs et des personnes qui m'ont tant inspiré, tant appris, tant donné ! Merci mon grand frère Jean-Michel (mon deuxième papa de cœur). Dans ta « chambre du fond » de notre vieille maison de bourg, cette pièce jamais chauffée et humide qui faisait si peur à tous les enfants de la famille, moi j’ai découvert de véritables trésors.

    Ma curiosité de petite fille était trop intense. Cela a commencé vers mes onze ans. Profitant des absences de papa au jardin et maman occupée par son repassage, j'osais enfin franchir le pas. Mon premier souvenir est ton costume gris précieusement rangé dans l'armoire. Cet habit que j’hésitais à effleurer, moi l’enfant de la Dass, petite chose insignifiante que le destin avait fait grandir au sein de ce foyer, moi la pièce rapportée qui n’avait aucune légitimité et se retenait d’agir : j’ai osé poser mes petits doigts dessus. Et c’est en le poussant sur le côté, que j'ai découvert le premier trésor, un vieux tourne-disque et des 33 et 45 tours, principalement de variétés françaises datant des années 60 et 70, Gilbert Bécaud, Brassens, Brel, Mireille Mathieu, Adamo, Alamo, Anthony, Barbara.... Grâce à tous ces vinyles, tu m'as permis de découvrir Brassens (sacrée curiosité pour une gamine de onze ans !). J’ai fait tourner L’Auvergnat, un 33 Tours où figuraient les plus belles chansons du grand Brassens et sur lequel j’ai découvert Les Sabots d'Hélène. Si fière de ma trouvaille, j'ai demandé à maman si je pouvais l'emmener au collège pour le présenter en cours d'instruction musicale. Je crois par ailleurs que ma professeure doit encore être en possession du précieux 33 Tours de Brassens qu'elle idolâtrait.

    Maman savait, me laisser faire. Il n'y avait pas d'interdit à fouiller dans tes affaires tant que je les rangeais et que je les respectais. C'était « maman d'amour » quoi ! Celle qui savait tout. Celle qui savait que fatalement, le fait de me laisser cette liberté, m’octroyait une certaine légitimité dans la famille Barbier. Car en découvrant tes centres d'intérêt et en les appréciant, je devenais bel et bien ta petite sœur, presque une vraie Barbier.

    La découverte du deuxième trésor fut elle, complètement permise et même encouragée par maman. En 4e, je devais faire un exposé sur un roi, soi-disant le plus creux de l'histoire des Bourbons. Grâce à ta bibliothèque luxuriante, garnie de plusieurs exemplaires de la revue Historia et autres romans de Castelot, et Decaux entre autres, si précieusement conservés, j'ai pris goût à la lecture, à la soif de culture, à l'envie d'apprendre. Mais à ma manière, selon mes envies. Ce qui m'a d'ailleurs fait décrocher la meilleure note de ma classe avec l’exposé sur le plus méconnu des rois de France, à savoir Louis XV. Depuis, je me suis passionnée pour ce roi, pour son enfance si difficile mais néanmoins sauvée par sa maman Ventadour.

    Cela fait des années que je travaille sur « L’ange des sept mers ». Une idée qui a mis du temps à se concrétiser, le récit à se dessiner, le scénario à s'établir. Dix ans de réflexion et dix ans d'écriture, c'est à peu près ce que ce roman a exigé entre trois grossesses et mon rôle de maman. Le vouloir parfait, à la hauteur de tes exigences, vouloir t'honorer, devenir vraiment ta sœur, devenir une fierté de la famille Barbier.

    Jean-Michel mon frère, Maman, vous me manquez. Je vous aime si fort ! Vous avez su me donner tant d'amour malgré mon sang qui n'est pas le vôtre. Vous avez tous deux contribué grandement à l'adulte que je suis devenue. Merci infiniment. Une pensée forte pour mon papa, qui lui, est encore de ce monde et m'a donné tout autant d'amour avec d'autres sources d'inspiration.

    À mon mari et mes enfants,

    à Blandine, une petite fille courageuse et remarquable. 

    Aux sinistrés d’Haïti.»

    « Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ;

    elles le submergent quelquefois,

    mais sans elles il ne pourrait voguer.»

    Voltaire

    Prologue

    Depuis son enfance, ce cauchemar revenait chaque nuit pour Émilie. En songe, une douce musique familière se mettait curieusement à résonner à ses oreilles. Des flammes montaient autour d’une petite boîte ouverte, elle entendait une femme l’appeler comme un écho lointain perdu dans le passé. Elle entendait la voix d’un jeune garçon lui dire de s’approcher de lui. Elle se voyait dans une pièce qui lui paraissait légèrement familière. Les rideaux enflammés s’effritaient sur les murs, les vitres semblaient fondre, les lustres dégringolaient, les boiseries se carbonisaient comme du charbon ardent, une chaleur insoutenable lui envahissait le corps jusqu’aux os, elle avait du mal à respirer, criait en pleurant « maman, maman ». La musique devenait plus forte, le feu plus intense et la sueur et ses larmes finissaient toujours par la réveiller.

    CHAPITRE 1

    Un léger vent d’ouest poussait péniblement les quelques nuages encore visibles sur la plaine. Après l’orage de la veille, la nature s’était reverdie. Dans les vallons, de légers voiles de brume s’envolaient au-dessus de longs cours d’eau gris, tels des fantômes rejoignant le ciel.

    Le premier coq du village annonçait fièrement le lever du jour, juste avant que le clocher de l’église sonne sept coups, faisant s’envoler les pigeons ayant élu domicile en son sein.

    Il avait tellement plu, qu’à une cinquantaine de kilomètre à l’ouest, la source de la Dordogne serpentait violemment entre les bois et les champs.

    Au milieu des monts du Cantal, culminant à plus de huit cents mètres en surplomb du village de Severac-sur-Cère, se dressait le château. On pouvait y accéder depuis le village voisin situé à environ trois kilomètres plus bas, par un chemin traversant de gigantesques prairies entretenues par un cheptel de salers. L’entrée de la cour était gardée par deux majestueux chênes qui devaient avoir vu passer bon nombre de pèlerins, et dont la coiffe, jaunissant timidement, annonçait la fin de l’été. Les premiers rayons du soleil frappèrent une grande fenêtre à l’étage de la bâtisse.

    En ce mois de septembre 1730, il était sept heures et Émilie s’était déjà levée avec l’idée merveilleuse de passer la journée en compagnie de son cousin Sébastien, le vicomte de Fontmarcy. Elle était restée la plus grande partie de la matinée à fouiller son armoire à la recherche de sa plus belle toilette. Une bonne dizaine de robes et jupons en tout genre habillaient son lit de manière clownesque.

    Quand elle eut sorti sa dernière tenue, elle se jeta sur son lit, se lamentant sur son sort. Elle prit une mèche de ses cheveux châtains dans ses doigts et la tournicota comme si cela allait lui donner la solution à son problème. Au milieu de ces tissus colorés, elle ressemblait à une poupée de porcelaine : ses grands yeux pers regardaient dans le vide tandis que ses doigts longs et fins glissaient et glissaient de nouveau dans sa chevelure épaisse et ondulée.

    Elle pinça sa fine bouche en cœur pour mieux réfléchir. Elle devait faire bonne impression devant Sébastien. Elle devait paraître adulte et instruite. Il n’aimerait sans doute pas qu’elle porte une robe qui lui donne l’air d’être une fille volage. La robe vert amande à dentelle rose ! C’était certainement celle-là qui la mettrait le plus en valeur.

    Émilie inspecta ses robes une à une pour enfin trouver son bonheur.

    Elle s’assit sur le rebord de la fenêtre pour guetter l’arrivée imminente de son cousin. Elle avait attendu ce jour comme une enfant à qui l'on promet des confiseries s’il se tient sage.

    Son regard se posa sur les deux vieux chênes à l’entrée de la cour principale. Tout en contemplant ces deux ancêtres végétaux, elle perdit son regard dans ses souvenirs ; ceux des jours où elle était encore heureuse, lorsque son cousin était auprès d’elle pour la protéger des sarcasmes de sa tante et de sa cousine.

    Il était parti pendant cinq ans. Cinq longues années à l’abbaye de Brantôme. Devenu séminariste en vue d’être prêtre, Sébastien était enfin de retour à la maison. Cette maison, si froide et si vide sans lui, avait perdu toute sa gaieté d’autrefois. Il avait le don de mettre tout son entourage de bonne humeur et il était grand temps que le maître des lieux fasse son retour.

    Émilie s’apprêtait à s’habiller lorsque sa tante la coupa net dans son élan.

    Ironiquement, sa tante accentua sa demande :

    Sans attendre que sa servante lui vienne en aide, elle enfila son jupon et sa robe immédiatement, attacha ses cheveux avec une simple épingle puis commença à courir dans le couloir. Mais elle freina son élan à l’arrivée de la première marche de l’escalier.

    Émilie eut un frisson qui lui glaça le dos. Elle espérait tellement le retour de Sébastien. Elle eut tant de mal à retenir ses sanglots qu’elle prononça d’une voix tremblante et hésitante :

    À cette annonce, Émilie fut persuadée que sa tante et sa cousine lui avaient dissimulé volontairement cette lettre.

    Quelle garce ! pensa Émilie. Elle détestait Solange, plus encore que Solange la méprisait. Lorsque Sébastien serait là, il calmerait bien vite les hardiesses de sa sœur.

    Madame de Fontmarcy, le regard grave et les traits crispés, se replongea dans son ouvrage de point de croix. Ses longs doigts flétris passaient l’aiguille à une allure constante, sans même que le reste de son corps ne bouge. Ce geste mécanique était certainement acquis après de longues heures à broder sans personne avec qui converser. Cette tante par alliance n’avait rien en commun avec la beauté d’Émilie, et la vicomtesse de Fontmarcy ne faisait rien pour atténuer ses défauts : ses cheveux bruns grisonnants tirés en chignon strict et ses petites lunettes qui semblaient ne jamais avoir été décrochées de son court nez crochu, lui donnaient un côté machiavélique. Ses sourcils fins, souvent froncés, traçaient une ride verticale très marquée au-dessus de l’arête du nez. Exclusivement noires, depuis le décès du vicomte de Fontmarcy, ses tenues laissaient toujours apparaître un cou raviné, vide de toute frivolité. C’était certainement la partie de son corps la plus laide. Et le fait de ne pas la dissimuler montrait le caractère acariâtre de cette femme bilieuse et vaincue par les années de deuil. On lui aurait donné aisément dix ou onze ans de plus alors qu’elle n’était âgée que de quarante-huit ans.

    ***

    Avant le déjeuner. Émilie avait l’habitude de se retirer dans le petit salon de rez-de-chaussée. Celui-ci jouxtait la salle à manger située dans le prolongement du couloir qui accédait aux cuisines.

    Le château de Severac n’était certes pas des plus nobles et n’héritait pas d’une histoire stupéfiante, mais il avait le mérite d’être confortable et pratique. Il était dans la famille des Fontmarcy depuis presque un siècle. Ses fondations avaient beau dater du VIe siècle, on ne lui reconnaissait pas la force d’une forteresse du Moyen Âge. Il avait été redessiné à la fin du XVIIe siècle à la demande du grand-père maternel d’Émilie, le vicomte de Fontmarcy. Le château n’ayant plus d’intérêt stratégique puisqu’il était devenu une demeure d’habitation, et le vieil homme étant de santé fragile, il avait fait supprimer la grande tour carrée à gauche pour la remplacer par une aile destinée aux écuries. À l’opposé, il avait conservé le donjon rond en l’aménageant de manière à ce qu’il serve d’escalier pour le personnel et l’avait fait coiffer d’un toit de lauzes bleues, se mariant parfaitement avec le reste de la bâtisse. La grande pièce principale du rez-de-chaussée avait été réorganisée afin d’offrir à son propriétaire les commodités nécessaires sur un seul étage. On pouvait alors entrer dans la demeure et trouver à gauche le cabinet du maître des lieux qui donnait sur la cour arrière grâce à une large porte-fenêtre. Dans le hall d’entrée, en face de la porte, l’escalier de bois donnait sur les chambres, à droite un long couloir allait jusqu’aux cuisines et rejoignait la tour des domestiques en desservant une première grande pièce : la salle à manger, puis le petit salon et la bibliothèque qu’Émilie affectionnait tant.

    Après sa lecture quotidienne, venait le temps pour Émilie de déjeuner et de se retirer dans sa chambre jusqu’à quinze heures. Cependant ce jour-là, en début d’après-midi, alors que sa tante s’était assoupie sur le sofa du petit salon, elle décida de sortir s’aérer. Elle avait besoin de rêvasser au calme, sous un vieux chêne protecteur au bord de l’eau ou dans un champ ; selon l’humeur.

    Elle posa son ouvrage ennuyeux de broderie, prit sa capeline blanche et commença à descendre les escaliers sur la pointe des pieds. Elle ne voulait surtout pas réveiller sa tante qui avait l’habitude de s’assoupir dans le petit salon. Émilie prenait donc grand soin à ne pas faire de bruit. Cependant, même si elle connaissait l’endroit exact où la latte de l’escalier grinçait, elle ne put empêcher son pied de s’y poser. Un grincement long et bruyant mit sa tante en alerte.

    La vieille femme ouvrit un œil et grommela :

    Aussitôt sa tante rendormie, Émilie ouvrit la porte et se jeta dehors. Elle avala une grande bouffée d’air avant de s’engager sur le chemin qui longeait le château jusqu’au village pour aller s’installer à l’ombre des châtaigniers de monsieur Gaumont. 

    Le chemin s’ouvrait sur un grand pré entouré de petits bois de châtaigniers. Émilie aimait tout particulièrement cet endroit. Assise là, elle pouvait observer les formes des nuages. Il n’y avait rien de plus relaxant pour elle qu’un ciel légèrement voilé. Elle s’assit contre le poteau de bois du portail, quitta ses bottillons, défroissa sa robe et posa sa tête sur ses bras croisés en arrière. Tout en rêvant de ses jeux d’enfants avec Sébastien, elle s’assoupit.

    Le silence régnait. Elle n’entendait que le gazouillis des oiseaux et le vent dans les branches. Elle s’imagina alors partie à la découverte d’un trésor enfoui au fin fond de la jungle, poursuivie par des brigands, se défendant corps et âme avec son épée, l’instant d’après abandonnée sur une île déserte, rivalisant d’ingéniosité pour survivre. Dans toutes ces situations rocambolesques, Sébastien était de toute façon toujours là pour la défendre et l’aider. Elle le voyait non pas comme le séminariste, mais comme un pieux chevalier. Elle se plaisait à imaginer son Sébastien : arborant un magnifique costume de brocart bleu, dont la veste à boutonnage serré et la chemise blanche à dentelle, mettaient en valeur son large dos et son buste athlétique. Ses yeux noirs et perçants suffisaient à faire fuir les brigands. Dans son souvenir, Sébastien avait un visage plutôt carré dont les contours s’adoucissaient d’ovale au niveau du menton. Les pommettes de ses joues étaient bien remontées et il affichait un sourire toujours assez large pour transmettre la bonne humeur à tous ceux qui l’entouraient.

    Un bruit sourd et régulier se mit à résonner dans sa tête. En songe, elle voyait Sébastien, sur son cheval galopant, se rapprocher d’elle. Seulement, le vacarme du galop sur le chemin se fit de plus en plus clair, plus réaliste, tellement réaliste qu’elle se réveilla en sursautant.

    Un cavalier tira de toutes ses forces sur les rênes afin de freiner son cheval. Celui-ci s’apprêtant à sauter le portail sous lequel Émilie s’était assoupie, se cabra dans un hennissement.

    Le soleil lui éblouissait les yeux, elle ne perçut qu’une étrange et immense silhouette descendre de sa monture. Puis, il se dévoila peu à peu. Elle arriva à distinguer deux grands yeux bleus et un visage fin et élégant. Ses cheveux châtains étaient librement attachés par un ruban noir. Malgré l’absence de perruque, sa veste brodée de fil d’or et sa chemise à la fine dentelle suffisaient à indiquer son origine aristocratique.

    Le gentilhomme s’accroupit près d’Émilie.

    Émilie sonnée, prit un grand moment avant de répondre.

    Le visage grave du cavalier s’illumina très vite avec un sourire de soulagement. Il ne put s’empêcher de rire en voyant la figure rouge de fureur de la jeune fille qu’il avait bien failli envoyer au paradis.

    Émilie se leva, toute déséquilibrée et vexée par l’attitude de cet inconnu. Elle arrangea sa robe en lui adressant :

    Émilie n’osait pas regarder son interlocuteur dans les yeux, gênée par la différence d’âge certaine et par son allure intrépide.

    Elle recherchait ses chaussures pour mieux détourner son regard quand

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