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Moi, femme infidèle
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Livre électronique207 pages2 heures

Moi, femme infidèle

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À propos de ce livre électronique

Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de moi une bourgeoise coincée : une mère bardée de principes, une éducation castratrice au possible, une certaine aisance matérielle masquant un schisme au sein du couple parental et plus tard, un mari dictateur, y compris au lit. Mais le sort en décida autrement : le cocktail explosa, laissant l’anorexique que je devins au milieu d’un tas de décombres…
LangueFrançais
Date de sortie10 janv. 2012
ISBN9782312006130
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    Moi, femme infidèle - Véronique Brésil

    cover.jpg

    Moi,

    femme infidèle

    Véronique Brésil

    Moi,

    femme infidèle

    LES ÉDITIONS DU NET

    70, quai Dion Bouton – 92800 Puteaux

    © Les éditions du net, 2012

    ISBN : 978-2-312-00613-0

    Il faut être infidèle aux autres parfois

    pour ne pas l’être à soi-même.

    Benoîte Groult

    Les vaisseaux du cœur

    Chapitre 1

     « Tu pues. »

    Elle avait démissionné.

    La femme de ménage avait pris la porte.

    Ma mère n’avait plus qu’à en chercher une autre, une de plus.

    « Tu pues. »

    Ce n’est pas poli.

    Il paraît que ça ne se dit pas.

    N’empêche qu’elle sentait vraiment mauvais.

    Et une quarantaine d’années plus tard, je ne regrette toujours pas de le lui avoir dit.

    Cette fois encore, moi, Sophie, 5 ans, je passais pour une enfant difficile.

    Chapitre 2

    Vlan !

    La gifle vola.

    Ma joue rougit.

    Une forme blanche s’en détacha.

    Une forme composée de cinq bâtonnets.

    La main maternelle venait de frapper.

    Une main championne du travail qui venait, à cette occasion encore, de renforcer sa renommée.

    Ce jour-là, ma mère était entrée dans ma chambre pour me raconter une histoire. Je redoutais plus que tout ses incursions dans mes appartements. Elle n’avait pas encore franchi le seuil que déjà, je voyais sa bouche s’ouvrir et devinais le flot de reproches qui ne manquerait pas de s’en échapper. Cela me contrariait d’autant plus que je me savais l’unique destinataire. Aujourd’hui cependant semblait jour de trêve. Méfions-nous toutefois du feu qui dort…

    Elle avait pris place sur mon lit de 90, en position assise, tandis que son intenable progéniture, moi, sautait dans tous les sens et rebondissait aux quatre coins de la pièce. Je crois bien que mes procréateurs m’avaient montée sur ressorts.

    Tout à coup, coupure de courant. Zébulon perdit toute forme d’énergie. Ainsi me surnommait mon père lorsqu’il n’en pouvait plus de me sentir gigoter en permanence. Il aurait perçu le moindre de mes mouvements les yeux fermés et les oreilles bouchées.

    À peine eu-je le tonus nécessaire pour rejoindre les jupons de ma maman, m’asseoir à ses côtés et écouter dans le calme le plus olympien le dénouement du récit. C’est du moins ce qu’imaginait la lectrice, soulagée de dominer enfin la situation.

    Au lieu de cela, je m’adonnais à mon vice le plus cher : la dévisager de la tête aux pieds. Ma mère portait une jupe fuchsia et beige à carreaux ainsi qu’une blouse unie de couleur fuchsia elle aussi. Pas une seule faute de goût dans cet assortiment. Une blouse, sans manche aucune. L’occasion rêvée de voir comment c’était là-dessous. Curieuse et avide, je renversai la tête en arrière, fascinée par l’aisselle droite maternelle.

    Je pressentais bien qu’on allait me rappeler à l’ordre sous peu. Chaque seconde valait donc de l’or. J’écarquillai les yeux, transportée et paralysée par la vision d’un univers inconnu et – du moins pouvais-je le supputer –, intouchable. Par chance, l’environnement resta tel quel. Elle demeurait assise, les bras légèrement écartés du buste, poursuivant sa lecture comme si de rien n’était et tournant à intervalles réguliers les pages de l’album qu’elle tenait entre ses mains. Je me risquai à un coup d’œil à peine plus appuyé.

    « Sophie arrête. »

    Le ton n’autorisait aucune réplique. Visiblement, j’avais dépassé les bornes. Ma mère n’aimait pas être examinée sous toutes ses coutures, surtout dans ce qu’elle considérait comme ses parties les plus intimes. En effet, sous les aisselles poussent des poils. Et les poils, ça sent le caractère sexuel secondaire à trois kilomètres. Les poils, ça annonce le sexe, avec ses folies, ses mystères, ses furies et ses délices. L’indécence même !

    Aussi mettait-elle un point d’honneur à éliminer toute apparition de kératine dans les endroits suspects au moyen d’une crème dépilatoire blanche – qui sentait mauvais elle aussi – qu’elle laissait agir localement quelques minutes avant de passer une raclette en plastique et de tout faire disparaître, transformant ainsi son corps de gloire en une enveloppe aseptisée, sans odeur et sans saveur, dépourvue de toute phéromone. Une enveloppe qui n’attirait même plus les mâles…Toutefois, avec le temps – la nature finissant par reprendre ses droits –, de jeunes poils parvenaient tout de même à remplacer leurs ancêtres disparus. Et c’est ce qui me captivait cet après-midi-là. La taille des nouveaux-nés ne dépassait pas deux à trois millimètres de longueur. Ils semblaient fort vigoureux, bien plus épais que des cheveux en tout cas et implantés tout droit dans le même sens. Fascinant.

    « Une dernière fois, arrête ! »

    Quel mal y a-t-il à regarder ?

    Et la gifle avait volé.

    La mère aurait pourtant dû savoir que son corps déjà formé préfigurait celui de sa fille quelques années plus tard. Ce que j’observais avec tant d’insistance n’était ni plus ni moins que le miroir de mon propre futur. Et ce que je découvris ce jour-là, ce fut une femme – en l’occurrence ma maman –, fâchée et irritée à propos de sa féminité.

    Elle était pourtant très belle ma mère. Élégante et bien proportionnée tel un modèle extrait d’un magazine. Paraissant plus jeune que son âge. Un air candide et naïf se dégageait de son visage. Sa silhouette nue respirait l’harmonie et invitait à la danse. Je l’avais aperçue en tenue d’Ève, une fois, une seule. Je m’en souviendrai à perpétuité.

    Été 68. Une maison ancestrale transmise de mère en fille. Un paradis pour la dizaine d’enfants à qui on fichait la paix. Une bénédiction pour les parents qui s’autorisaient enfin à lâcher prise.

    La bâtisse présentait très bien, genre petit castel à trois étages surmonté d’une toiture en ardoise et flanqué d’une tour abritant un escalier en colimaçon, le tout érigé au beau milieu d’un parc paysager d’environ un hectare. En revanche, l’intérieur n’offrait guère de confort mais cela, seuls les adultes l’avaient décrété.

    Pas d’eau courante. Les habitants devaient se contenter d’un système de récupération d’eau de pluie. Une pompe actionnée avec de l’huile de coude alimentait chaque poste d’eau. Eau froide exclusivement. Sauf la cuisine qui bénéficiait d’un unique chauffe-eau disposé au-dessus de l’évier. Pour la toilette, cela n’avait rien d’une sinécure. Il convenait de monter depuis le rez-de-chaussée des brocs pleins d’eau chaude et de les déverser à chaque étage dans des cuvettes en porcelaine disposées sur les plateaux en marbre des tables de toilette. Bien entendu pas de baignoire. Le rêve !

    Et pour couronner le tout, un seul WC, non raccordé au tout-à-l’égout. Une vaste fosse septique creusée sous l’esplanade accueillait depuis des lustres les immondices familiaux. Dans la grande pièce où trônait le siège, on avait entreposé des transats en toile. Par groupes de trois ou quatre, les enfants dépliaient les engins articulés autour du sanitaire et tandis que l’un d’eux se sacrifiait pour occuper la place de choix, ses acolytes se vautraient pendant des heures dans les relax. Le rituel exigeait de passer en revue le maximum d’histoires limite cochonnes et de ricaner à qui mieux mieux.

    À intervalles réguliers les parents, pliés en deux et n’en pouvant plus, exigeaient la libération immédiate des lieux. Mais nous, les vauriens, faisions les deux huit et prenions bien soin de fermer la porte à double tour. Pour une fois, nous faisions la loi bien que cette époque bénie ne fût pas encore celle de l’enfant-roi.

    Pendant les vacances, nous nous retrouvions donc, toutes générations confondues et dans l’euphorie la plus totale, dans ce lieu magique comme l’avaient fait nos aînés plusieurs dizaines d’années auparavant.

    Seule petite ombre au tableau : le coucher.

    Certes la maison comportait de nombreuses pièces mais pas assez toutefois pour que chaque famille puisse s’étaler à sa guise. Aussi les chambrées du second étage étaient-elles réservées aux plus grands enfants – la fête quoi – tandis que les juniors dont je faisais partie passaient la nuit en compagnie de leurs parents, au pied de leur lit. Pas top pour les enfants. Pas génial non plus pour les parents.

    À cette heure tardive ma sœur et moi reposions, allongées dans les lits de camp dressés à notre intention, juste à côté de la couche conjugale. Par la fenêtre équipée de volets à manivelle encore ouverts, nous devinions, derrière le rideau d’arbres délimitant le parc, les ultimes rayons du soleil qui rougeoyaient l’horizon.

    Nous n’avions aucune intention de fermer les yeux d’autant plus qu’à travers le plafond qui tremblait, nous percevions très nettement les mouvements de nos grandes cousines hilares dont le couvre-feu n’avait pas encore été déclaré. Cela nous incita à la débauche du style sauter sur les lits – pourquoi se priver d’une valeur sûre ? – et rire un peu trop fort.

    Pendant que nous passions de l’idée à l’acte, ma mère faisait ses ablutions dans le cabinet de toilette qui jouxtait l’immense chambre. La porte fermée à clef s’ouvrit d’un coup, laissant apparaître une beauté fatale. Hypnotisée, je la vis approcher. Je remarquais aussitôt un triangle sombre et insoupçonné jusqu’alors à la naissance de ses cuisses. Plus haut, deux poitrines – c’était mon expression favorite d’autant que je la savais incorrecte – se détachaient de son buste. Les mamelons fermes portaient à leur extrémité une auréole plus foncée, surmontée chacune d’un petit bouton saillant. L’ensemble frisait la perfection.

    « Ça suffit maintenant. Au lit ! »

    Terminée l’apparition. Et pour toujours.

    D’une phrase, d’une simple phrase, ma mère venait de marier nudité et colère, ligotant ainsi ma féminité à venir.

    Quel cadeau pour les générations futures.

    Merci maman…

    Chapitre 3

    – Han, han…

    – Aaaaaie, aaaaaie !

    – Han, han, …, …, han, han…

    Il m’avait déflorée quarante-huit heures auparavant.

    Une douleur fugace.

    Un éclair intense.

    Puis plus rien.

    C’était fait.

    « Nous l’appellerons Jean » avait-il décrété.

    Jean, ça a l’air de quoi ? De rien du tout. Pas de consistance. Trop court et trop mou. L’arrivée avant le départ. Fini avant d’avoir commencé. En outre, deux de mes oncles directs, côté maternel, se prénommaient déjà de la sorte et je n’avais aucune intention de me fondre dans la lignée familiale au risque d’étouffer ma créativité. Je n’aspirais qu’à innover, à tracer moi-même ma voie dans une jungle à défricher, me doutant bien que celle-ci serait semée d’embûches car non conforme à mon éducation et qu’il me faudrait casser pas mal de repères et déblayer le tout avant de commencer à y voir clair.

    J’aurais largement préféré Maxime. Un prénom qui ennoblit celui qui le porte autant que celui qui le prononce. Grandiose et doux à la fois. La puissance sans la prétention. Avec une pointe de sensualité. Mmmm. Juste ce que je cherchais chez un homme. Juste ce qui manquait à mon homme.

    Mais lui ne voulait pas en entendre parler. Car Maxime, ça signifie « le plus grand ». Or le plus grand, c’était lui, le futur père, et personne d’autre. Le morveux n’allait pas lui voler la vedette.

    L’affaire fut close, définitivement. Maxime ne vit jamais le jour. Ni Jean d’ailleurs.

    De façon curieuse, je m’imaginai enceinte dès notre premier rapport en dépit de ce que j’avais étudié en long en large et en travers au cours de mes études d’infirmière. Toutefois et bien avant d’avoir décroché mon diplôme, je connaissais dans le détail la ronde des cycles lunaires.

    Dès le retrait du membre procréateur, une kyrielle de prénoms se mit à fleurir dans mon esprit. Rien que des prénoms féminins : Caroline, Joséphine, Maroussia, Héloïse, Hermine, Sylviane, Laetitia, Blandine… Je n’aurai jamais assez d’une seule vie pour enfanter toutes ces filles. Seul représentant de la gente masculine, Maxime avait trouvé grâce à mes yeux mais d’un simple revers de manche, mon prince charmant venait de tout envoyer balader. J’avalai la couleuvre. D’autres suivraient, nombreuses.

    Han, han, …, …, han, han…

    Pendant deux jours, il s’évertua à me faire décoller.

    Sans préambule, il se jeta sur mon petit bouton de rose, vierge et fragile. Il le décalotta, le comprima avec force entre pouce et index et frotta les muqueuses sensibles l’une contre l’autre tout en maintenant sa prise. Mille épines transpercèrent ma chair. De peur de le décevoir je retins un cri de douleur mais pas le rictus qui aussitôt, me défigura. Jamais je n’aurais soupçonné cet élément de mon corps comme pouvant me procurer des sensations si… cuisantes. De la torture à l’état pur. Absorbé par le processus, il ne remarqua rien de mes réflexes et poursuivit son jeu, augmentant la pression peu à peu. Bientôt, je pousserais mon premier soupir. Ce serait le signal du départ. Il serait alors grand temps de passer à la vitesse supérieure : le coït.

    Mais le gémissement tardait. Il amplifia le mouvement, resserrant sa pince et agitant le malheureux appendice de haut en bas. Je me lâchai enfin et beuglai. Ce n’étaient plus mille aiguillons qui me poinçonnaient mais dix mille. Il avait troqué ses doigts contre une famille de hérissons chauffés à blanc. Pas étonnant. Il a toujours raccourci ses ongles de façon très personnelle. Tic, tac, toc. Trois coups de ciseaux, nets. Trois pans coupés. Deux pointes par ongle. Cinq ongles par main. Dix doigts en tout. Vingt ans après, la technique demeure…

    Étonné, il leva le visage et aperçut le reflet de son alter ego. Il comprit alors à ma frimousse que ses initiatives n’avaient pas produit l’effet escompté. Le protocole ne pouvant être remis en cause, il incrimina la fille tout en gardant ses réflexions par devers lui. Je n’avais rien d’une clitoridienne. Il me surprendrait par l’autre extrémité. Tous les chemins mènent à Rome. À voix haute, il annonça qu’il allait changer de tactique et entrer dans le vif du sujet.

    Par chance, je me calmai dès qu’il m’envahit. Ma respiration devint audible, mon souffle parut s’accélérer ce qui acheva de le rassurer. Il sentait son désir croître et le réfrénait tout en guettant du coin de l’œil la moindre de mes palpitations.

    Rien.

    Il poursuivit alors ses gesticulations, alternant les va-et-vient saccadés et les phases plus pondérées.

    Toujours rien.

    Il se souvint alors qu’il disposait de mains et moi de seins. Sans lâcher le pied, il attrapa l’extrémité des fruits de ma passion et leur infligea le même traitement qu’à ma petite protubérance quelques instants auparavant. Avec la bouche en prime. Et trente-deux dents…

    Ce fut de trop.

    Mon corps s’arc-bouta et ma tête vint cogner contre le mur porteur de la chambre. Je sentis ma boîte crânienne éclater et… cela me fit un bien fou. Le volcan qui bouillonnait en moi, cette énergie qui ne demandait qu’à jaillir et qui cherchait vaille que vaille une issue, n’importe laquelle, avait enfin trouvé une échappatoire. La pression retomba, du moins en partie. Je venais de découvrir une clef de mon corps et n’hésiterai pas à m’en servir à nouveau en cas d’extrême urgence.

    Lorsqu’il reprit sa danse de sauvage, je me rapprochai de la cloison pour anticiper la prochaine réplique. Celle-ci ne tarda pas. La tension grimpa à nouveau, en flèche, odieuse, irrésistible, l’inévitable éjaculation survint, je frappai à nouveau mon crâne contre le parpaing, en toute conscience cette fois-ci, ne sachant plus si ma tête allait détruire le mur ou l’inverse, usant de toutes mes forces au risque de provoquer un gonflement de mon cerveau et

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