Adélaïde de Clermont-Tonnerre LES JOURS HEUREUX

Les jours heureux ne sont pas forcément ceux qu’on croit. Que connaît-on de ses parents, combien même les aimerait-on à la folie? Le jeune Oscar doit apprendre à s’affranchir des deux soleils éblouissants qui hantent son ciel, de l’amour de ces deux modèles, scénaristes de cinéma brillants et reconnus, mais porteurs de secrets. Malgré le talent de vivre, la générosité et l’exigence dont Édouard et Laure l’ont abreuvé, il doit apprendre à écrire lui-même le scénario de sa vie. La question de l’écriture scénaristique – métaphore de l’écriture de nos vies – est au cœur de ce roman ample et finement construit. Interrogations existentielles, équation du bonheur, quelque chose de fitzgéraldien émane de ce récit où des personnalités publiques pétries de talent ont autant de difficultés à vivre, sinon plus, que les autres. Et pourtant, la félicité est à portée de main, pourvu que l’on tue les pères, les mères et les chimères. Sans oublier une certaine amante russe énigmatique et touchante. Amours compliquées, femmes fortes et créatives, tsunamis politico-médiatiques comme l’affaire MeToo – les blessures infligées aux femmes ont un « pouvoir de contamination qui engendre une destruction dans la durée » –, regard lucide sur le pouvoir funeste des réseaux sociaux où « chacun de nous peut devenir, sans le savoir, le pion d’un combat dont nous ignorons tout, orchestré par une puissance étrangère ou occulte », ces Jours heureux nous parlent aussi de notre époque. Un roman ambitieux, élégant et grisant.

LE LIVRE

LES JOURS HEUREUX

ADÉLAÏDE DE CLERMONTTONNERRE

480 P., 22 €. COPYRIGHT GRASSET. EN LIBRAIRIES LE 5 MAI.

Tout a commencé le jour où j’ai appris que ma mère était condamnée. C’est paradoxal, entendons-nous, de commencer par la fin, mais c’est ainsi que les choses se sont passées. Les médecins nous ont prévenus séparément. Ma mère d’abord, le matin du 4 février. Ils l’ont cueillie au réveil. Elle était