Un amour inconditionnel

Je venais juste de m’installer dans le canapé quand je reconnus le bruit de ses talons dans le couloir. La clé tourna dans la serrure. Clémence était de retour.

Je connaissais ses habitudes par cœur. D’abord, déposer ses clés de voiture dans la jolie coupelle en bois sur le meuble de l’entrée. Puis se débarrasser de son sac à main (qu’elle accroche au portemanteau) et de ses talons hauts (qu’elle laisse traîner dans le couloir).

Détacher enfin ses cheveux noirs et les ébouriffer de la main en traversant le salon de sa démarche chaloupée. Pour finir : s’avachir dans le sofa cinq minutes, tête en arrière et paupières fermées, silencieuse.

Lorsque j’avais rencontré Clémence, je sortais d’une histoire compliquée. J’étais complètement paumé et malheureux. Je n’avais plus d’appétit. Je ne voulais plus sortir. A l’époque, je partageais la vie de Léa, une jolie blonde très douce qui cuisinait merveilleusement. Un jour, elle m’avait annoncé qu’elle partait vivre à l’autre bout du monde. Seule. J’en étais resté stupéfait. Tout allait bien entre nous, alors je ne comprenais pas comment elle pouvait me faire une chose pareille ! Bien sûr, j’avais fait tout mon possible pour tenter de la faire changer d’avis, redoublant d’attention, de tendresse, de caresses. Et un matin, me réveillant entre ses bras, j’avais même cru être parvenu à mes fins. Mais je me trompais. Elle m’assurait être très triste, que j’allais beaucoup lui manquer, et tout un tas de phrases censées me faire du bien, que je n’avais écoutées que d’une oreille. Mais sa décision était prise, elle partait. Elle me demandait de la comprendre, de se mettre à sa place. Je ne comprenais qu’une chose : elle m’abandonnait.

Un jour, alors qu’elle emballait soigneusement ses affaires dans des cartons, indifférente au fait que je boudais depuis une semaine et ne sortais pratiquement plus du bureau dans lequel je dormais dorénavant, j’avais pété les plombs. Je m’étais barré. Qu’elle aille se faire