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Les Flammes Furieuses - Livre Élémentaire III
Les Flammes Furieuses - Livre Élémentaire III
Les Flammes Furieuses - Livre Élémentaire III
Livre électronique404 pages6 heures

Les Flammes Furieuses - Livre Élémentaire III

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À propos de ce livre électronique

Devon Sanders, un détective privé réputé pour son efficacité et sa discrétion, est déterminé à découvrir les secrets de l’université paranormale de Quintessence. Alors que la vérité sur son propre passé éclate, il comprend que certains secrets ne devraient jamais être révélés.

Quand une étrange maladie se propage dans l’école, les preuves s’accumulent contre une personne que Devon n’aurait jamais soupçonnée. Avec la menace qui pèse sur l’université et ses étudiants, le moment est peut-être venu pour Quintessence de redéfinir les règles qui régissent la communauté. Afin de sauver les étudiants, Devon devra se lancer dans une course contre la montre pour vaincre un ennemi aussi insaisissable… qu’une ombre.

Plongez au cœur de la magie élémentaire.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie21 juin 2016
ISBN9781507145241
Les Flammes Furieuses - Livre Élémentaire III

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    Aperçu du livre

    Les Flammes Furieuses - Livre Élémentaire III - Rain Oxford

    Sommaire

    Sommaire

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Épilogue

    Chapitre 1

    Le 28 août, 23 heures

    Les lampes du plafond clignotaient de manière presque synchronisée avec les pas de l’officier de police. Les couloirs étaient divisés par des portes de sécurité qui ne pouvaient être déverrouillées que depuis le bureau principal. Je dissimulai à peine mon apathie. N’importe quel sorcier aurait pu désactiver et mettre hors service l’intégralité du système de sécurité en seulement quelques secondes.

    L’officier ouvrit une dernière porte, qui révéla cette fois huit cellules alignées de part et d’autre du couloir, toutes délimitées par des barreaux, et au fond, par un mur de béton. Elles ressemblaient à n’importe quelle cellule ; chacune contenait un matelas fin, des toilettes simples et un lavabo. L’officier sortit son trousseau de clés, déverrouilla la porte de la cellule la plus proche et recula en la maintenant ouverte.

    — C’est la meilleure que vous ayez ?

    — Oui Monsieur.

    Je soupirai et pénétrai dans la cellule. Je me retournai à moins de trente centimètres de la porte et observai le gardien qui la verrouilla hâtivement avant de retirer la clé. Il redoutait manifestement que je change d’avis et que je cesse de coopérer. Il recula et je passai les mains à travers les barreaux, en appuyant mes avant-bras sur la barre horizontale.

    — Je suis désolé, s’excusa-t-il.

    — Vous ne faites que votre devoir.

    Juste avant qu’il ne parte, je laissai mon pouvoir parcourir les barreaux, visualisai la serrure, et imaginai le verrou céder. La porte s’ouvrit de quelques centimètres, avant de buter contre ma main. L’officier l’entendit, se retourna et me lança un regard noir forcé. J’éclatai de rire.

    — Je plaisante. Je ne sortirai pas de ma cage.

    Je tirai la porte pour la refermer et elle cliqua en se verrouillant automatiquement.

    Il partit sans rien ajouter. La seule autre personne présente était un homme dans la cellule face à la mienne. L’odeur nauséabonde d’alcool et de vomi qui émanait de lui ainsi que le fait qu’il était couché, immobile dans son lit me permirent de deviner que c’était un alcoolique. Mais dès que nous fûmes seuls, il se redressa et s’assit. Ses yeux bruns étaient brillants et des restes de nourriture, de la salive et de l’alcool étaient collés dans sa barbe sombre.

    — T’es là pour quoi ?

    — Le meurtre de mon ex-femme.

    *      *      *

    Le 25 août

    Un coup sonore me fit bondir hors de mon lit et je m’empressai d’attraper la batte que je gardais appuyée contre ma table de chevet, avant de reconnaître la silhouette qui bougeait au pied de mon lit. La lampe s’alluma et m’aveugla à moitié en illuminant l’obscurité que me garantissaient mes rideaux occultants.

    — Amélia, qu’est-ce que tu fais dans ma chambre ? demandai-je en abaissant la batte.

    Mon cœur battait la chamade, mais l’expression désolée de la fæ semblait trop sincère pour mériter ma colère. Il était impossible de l’imaginer se comporter de façon vindicative ou volontairement insultante.

    — Je suis désolée, s’excusa-t-elle en désignant l’assiette et la tasse de café qu’elle tenait, je voulais juste t’apporter ton petit-déjeuner.

    La jeune femme avait les cheveux roux, les yeux verts, pesait environ cinquante kilos pour un mètre soixante-deux et représentait la beauté celtique à son paroxysme. Les chatons imprimés sur son t-shirt trop grand et les cœurs sur son bas de pyjama bleu layette étaient loin de lui donner un air farouche. Après avoir vécu deux mois avec elle, j’étais convaincu qu’elle était la femme la plus docile, la plus courtoise et la plus désintéressée au monde.

    Je jetai la batte sous mon lit et pris le café qu’elle me tendait.

    — Ne t’imagine pas que je suis nerveux, je n’ai simplement pas l’habitude d’avoir des gens chez moi, expliquai-je en espérant l’apaiser.

    Plus de trois mois et je n’ai toujours pas l’habitude. Mais il était vrai que même Regina avait rarement été présente à la maison lors de notre courte cohabitation.

    — Que me vaut l’honneur ?

    Elle afficha un sourire hésitant.

    — Rien de particulier ; je me suis dit que ce serait sympa.

    Je pris une gorgée de café, lentement, en l’observant par-dessus le rebord de ma tasse. Elle tripotait l’assiette d’œufs, de bacon et de pain grillé qu’elle avait dans les mains et elle détournait le regard. La nervosité assombrissait ses yeux vert vif. Je posai mon café sur ma table de nuit et pris l’assiette.

    — Je vais aller chercher du beurre pour…

    — Je m’en occupe ! m’interrompit-elle en se précipitant vers la porte.

    — Attend, lui ordonnai-je.

    Elle m’obéit en évitant tout contact visuel.

    — Pourquoi ne veux-tu pas que je voie ma cuisine ?

    Elle avala sa salive avec difficulté.

    — Ta cuisine ? Quelle cuisine ?

    — Je vois que Darwin t’a appris à mentir.

    — Je sais mentir. Darwin va tout nettoyer. Il a promis. Il a simplement… eu faim la nuit dernière… ou quelque chose dans le genre. Vraiment, ce n’est rien.

    — Vraiment ? Parce que mon café a exactement le même goût que celui du diner au bout de la rue.

    Elle ouvrit la bouche, prête à s’excuser.

    — Je ne suis pas fâché, lui dis-je en lui tapotant l’épaule, est-ce que je me suis déjà fâché contre toi ?

    Je posai l’assiette au pied du lit et ouvris la porte.

    — Oui, la semaine dernière, quand Darwin me montrait comment faire des bombes à eau.

    — Oui, bon, je me suis fâché, mais c’est seulement parce qu’il les lançait par la fenêtre sur des passants.

    En prononçant ces derniers mots, je tournai au coin du couloir et me figea en voyant ma cuisine. Darwin était assis par terre avec deux ordinateurs portables, un nombre impressionnant de câbles et un sac de popcorn. J’aurais pu pardonner le fait que des céréales recouvraient le sol et les surfaces, je me fichais même de constater que chaque tiroir, armoire et appareil était ouvert, et le poulet vivant qui se baignait dans l’évier qui débordait n’était qu’un détail.

    Mais chaque centimètre carré de chaque surface de la cuisine avait pris une teinte oscillant entre le rose pétant et le rose layette en passant par toutes les nuances qui les séparaient.

    *      *      *

    Le 15 mai

    J’avais accepté d’aider Darwin à apprendre à utiliser la magie ou à se transformer, car l’alternative était inacceptable. Hunt avait beau ne pas vouloir le renvoyer, le conseil insisterait et nous rendrait à tous la vie impossible. Cependant, je n’avais jamais accepté de le lui annoncer.

    Je me rendis jusqu’à ma nouvelle chambre aussi lentement que possible, en espérant qu’il soit déjà parti quand j’arriverais. Les améliorations qui avaient été faites aux résidences étaient des changements typiques d’étudiants, malgré le fait que les professeurs y vivaient aussi.

    Étant donné que le but ultime de Logan Hunt quand il avait créé cette école avait été de rendre la vie des êtres paranormaux meilleure et d’améliorer leurs relations, les étudiants ne cohabitaient entre paranormaux du même type que s’ils étaient mariés ou de la même famille. C’était pour cette raison que je m’étais retrouvé avec mes deux colocataires actuels. Traditionnellement, les chambres étaient partagées entre un sorcier, un changeur et un fæ, mais il arrivait parfois qu’un sorcier se retrouve avec un autre colocataire de son genre, car ceux-ci étaient plus nombreux que les autres paranormaux à Quintessence. Cependant, depuis qu’une partie des étudiants avait quitté l’école à cause de l’arrivée des vampires, les chambres étaient partagées entre un sorcier, un changeur et un fæ ou un vampire. Cette idée avait été la nôtre.

    Nous avions également conçu le nouveau bâtiment de façon à ce qu’il comporte moins d’étages que le précédent, car nous ne pouvions pas y mettre d’ascenseur. Bien que les chambres soient agencées de la même manière que les anciennes, nous autorisions maintenant les étudiants à changer la couleur de leurs murs à condition qu’ils les repeignent en blanc à la fin du semestre.

    Je m’arrêtai devant ma chambre et appuyai la tête contre la porte. Hunt et Maseré m’avaient confié la tâche d’annoncer à Darwin qu’il devait apprendre à se transformer ou à utiliser la magie. Je savais qu’il ne comprendrait pas. Résigné, j’ouvris la porte. Darwin était en train de prendre des notes dans un carnet à son bureau alors que Henry rangeait ses livres dans un sac.

    Mon jeune colocataire me sourit.

    — Regarde-moi ça, mec ! J’ai préparé un itinéraire pour mon voyage à Sydney. Je vais prendre des photos et Henry va les dessiner à la rentrée.

    — Tu devrais peut-être attendre un peu avant de mettre ta combinaison de surf dans ta valise.

    — J’avais pas prévu d’en prendre une. Ils ont des pages nudistes.

    — Alors tu ferais mieux de faire très attention à ce que tu prends en photo, l’avertit Henry.

    — En fait, tu ne vas pas pouvoir partir en vacances cet été.

    Quand je lui annonçai la situation et que je lui expliquai que le conseil mettait la pression sur Hunt, Henry dut le retenir. Il nous fallut une heure entière pour le calmer suffisamment pour pouvoir établir un plan.

    Darwin définissait les régressés comme des personnes qui ne pouvaient pas s’intégrer dans la communauté paranormale ou humaine, et cette définition l’englobait lui aussi, car il ne pouvait toucher personne. Pour le conseil, en revanche, il s’agissait de personnes nées de parents paranormaux, qui ne parvenaient pas à contrôler leurs pouvoirs. Afin de pouvoir poursuivre ses études à Quintessence, Darwin devait se débarrasser de cette étiquette.

    — Tu n’es pas vraiment un régressé selon leurs règles, donc ça ne devrait pas être trop compliqué, expliquai-je quand il s’assit enfin.

    Henry se tenait devant la porte afin de l’empêcher de se lancer à la poursuite du conseil des sorciers.

    — Tu as transformé tes ongles en griffes deux fois.

    — C’était… des circonstances exceptionnelles, et ça ne s’est produit que quand nos vies étaient menacées.

    — Et ton pouvoir de changer les couleurs ?

    Il rougit de honte.

    — C’est un pouvoir que j’ai hérité de ma mère. C’est censé servir à camoufler ; elle peut faire changer les couleurs et les textures d’objets pour dissimuler le repaire de sa tribu. Et même ça je n’arrive pas à le faire comme il faut ; quand j’essaie, on dirait qu’un arc-en-ciel a vomi partout. Et je ne le contrôle pas. La couleur qui apparaît est entièrement déterminée par mon humeur.

    — Au moins, c’est un début. Tu vas t’entraîner autant que possible cet été. Ton père et Hunt ont déjà discuté et Maseré a accepté que tu passes l’été avec moi. Je ne vais pas te forcer, mais prépare-toi au verdict de Hunt si tu choisis de refuser.

    Il resta silencieux quelques instants.

    — Je… J’apprécie ton aide. Je ne pense pas que l’école puisse m’apprendre quoi que ce soit, mais je me plais vraiment ici.

    *      *      *

    Le 25 août

    Je retournai dans ma chambre en silence, attrapai mon téléphone et composai le premier numéro dans mon répertoire. La voix qui me répondit m’était familière, et son soupir l’était encore plus.

    — Qu’est-ce qu’il a encore fait ?

    — Il a rendu ma cuisine rose.

    Silence.

    — Le… heu… Même le réfrigérateur ?

    — Oui. Je n’ai jamais rien vu de plus rose que mon foutu réfrigérateur.

    Un rire moqueur me répondit.

    — Pourtant c’est vous qui lui avez dit qu’il devait s’entraîner.

    — Et c’est pour ça que je suis en train d’étrangler mon téléphone et pas votre fils. Envoyez-moi un peintre. Si la gérante de mon appartement voit ça, on se retrouvera à la rue.

    — Je vais faire mieux. Ma femme et moi pensions venir vous rendre visite. Je déteste passer autant de temps sans voir mon garçon et Anya pourra régler votre problème de couleur.

    Son « garçon » avait vingt-deux ans et allait devenir rouge vif quand il devrait présenter Amélia à sa mère. Malgré le fait que Darwin ne pouvait toucher personne, je savais qu’Anya essayait de le marier. Au moins, ils voulaient ce qu’il y avait de mieux pour leur fils, contrairement aux parents de Henry.

    Je jetai un coup d’œil dans la chambre d’amis, dans laquelle séjournait Amélia. Je n’avais pas pris la peine de la meubler quand je vivais seul, et je ne l’avais donc que récemment équipée du meilleur matelas gonflable disponible au supermarché et d’une table en bois que nous avions assemblée en cinq minutes. Ses valises étaient proprement empilées dans un coin.

    Darwin, en revanche, avait un rythme de sommeil complètement chaotique et il dormait donc sur le canapé. C’était pour cette raison que le salon était rempli de piles de vêtements, de livres et d’appareils électroniques. Apparemment, son désordre se répandait. J’avais découvert une demi-heure seulement après que Darwin était entré dans mon appartement que c’était Henry qui contenait le chaos provoqué par ses habitudes dans notre chambre à l’université. J’étais d’ailleurs très tenté d’appeler le jaguar.

    — Devon ?

    — Oui, désolé, je rêvassais. Vous êtes les bienvenus, je suis sûr que Darwin sera ravi de vous voir.

    — Comment est-ce que ça se passe avec Amélia ?

    — Bien.

    — Vraiment ? Darwin ne lui transmet pas de mauvaises habitudes ?

    — Heu…

    *      *      *

    Le 22 mai

    — Je pensais qu’il y aurait de l’action et tout, râla Darwin.

    Assis dans la chaise de l’autre côté de mon bureau, il laissa tomber sa tête sur la surface en bois ce qui provoqua un bruit sourd. Mon bureau était en bois massif, rien à voir avec les autres trucs bon marché. Je ne fus donc aucunement surpris par le gémissement qui suivit.

    Il s’était écoulé moins d’une semaine depuis que Darwin et moi avions quitté l’école et j’avais déjà envie de le renvoyer à ses parents dans une boîte. Officiellement, c’était mon premier jour de retour au travail et je parcourais un contrat. Comme il n’avait pas pris son ordinateur portable avec lui ce matin-là, Darwin avait piqué une crise quand il avait découvert que mon ordinateur était juste bon à servir de presse-papier. Maseré avait amené ses vêtements, ses livres et de nombreuses caisses d’appareils électroniques. Leur contenu allait des ordinateurs portables aux disques durs spéciaux que, selon Darwin, je devais détruire si la police se présentait. Quand je lui avais demandé quelle portion de tout cela était légale, il avait répondu que cela dépendait des pays.

    — Le travail de détective privé n’est pas toujours palpitant, répondis-je.

    — T’aurais pu me dire ça avant que j’accepte de passer l’été avec toi ! Je pourrais être en Australie en ce moment même.

    — Premièrement, je te l’avais dit. Deuxièmement, tu n’avais pas vraiment le choix. Si tu veux retourner à Quintessence, tu dois pouvoir te transformer ou maîtriser la magie. C’est pas l’hiver en Australie ?

    — La fin de l’hiver, ouais.

    — Tiens, toi qui es intelligent, tu peux relire ce contrat, lui dis-je en faisant glisser le tas de feuilles ainsi qu’un stylo de l’autre côté du bureau.

    Il y jeta un coup d’œil en fronçant les sourcils comme si je lui avais passé un plat de nourriture avariée.

    — Pas question. Je déteste les trucs juridiques. Je te laisse jouer à l’avocat, moi je vais aller à la bibliothèque et pirater le…

    La sonnette retentit et la porte s’ouvrit. Il se retourna pour voir de qui il s’agissait et son visage s’illumina.

    — Amélia !

    Il avait l’air de mourir d’envie de la prendre dans ses bras. Amélia portait une longue robe élégante vert émeraude et des rubans argentés étaient noués autour de sa taille fine. Ses cheveux roux étaient attachés, mais quelques mèches qui s’étaient libérées encadraient son visage. L’homme qui la suivait était grand et svelte et ses longs cheveux brun foncé étaient tressés. Il avait les mêmes yeux d’un vert intense qu’Amélia.

    — Vous devez être Devon, dit-il avec fort accent irlandais.

    Son ton n’était pas chaleureux, sans pour autant être hostile.

    — C’est exact. Je vous présente Darwin Mason.

    — Je suis Sean Bell, dit-il avant d’adresser un hochement de tête courtois à Darwin. La dernière fois que je t’ai vu, tu devais avoir quatre ou cinq ans.

    — Je ne savais pas qu’on s’était rencontrés.

    — Maseré et moi nous sommes rencontrés à Northolt, complètement par hasard. C’est pour cette raison que nous sommes venus vivre ici, à vrai dire.

    Il se tourna vers moi.

    — Que vous a dit Maseré de notre situation, exactement ?

    — Très peu. Il m’a seulement dit que vous aviez besoin d’un garde du corps pour Amélia.

    Sean hocha la tête.

    — Gracie, la mère d’Amélia, était humaine. Quand ma tribu a découvert que j’étais avec elle, ils ont juré de la tuer si je ne mettais pas fin à notre relation. Je l’ai fait, mais ils ont continué à la surveiller. Puis Amélia est née. J’ignorais complètement son existence jusqu’au jour où ma tribu s’en est prise à elles. J’ai pu les emmener, mais Gracie était déjà grièvement blessée et elle est décédée avant que je n’aie le temps de la soigner. Amélia et moi sommes partis nous installer à Northolt pour échapper à ma tribu.

    — Ne pouvez-vous pas rejoindre une autre tribu fæ ?

    — Il est vrai que de nombreuses tribus sont installées dans la région, mais il faut y être né ou épouser un des leurs pour en faire partie. Maseré a conclu une alliance avec une de ces tribus en prenant une des leurs pour femme et en ayant un enfant avec elle. Nous sommes devenus amis et nous nous sommes installés ici avec Maseré et sa famille. Comme Maseré s’est beaucoup déplacé après cela, nous avons perdu contact pendant plusieurs années.

    — Donc Amélia et moi, on s’était déjà rencontrés ? demanda Darwin.

    Amélia et Darwin s’observèrent, comme s’ils s’attendaient à ce que des souvenirs resurgissent soudainement.

    — C’est exact, mais pour rester incognito je lui avais teint les cheveux et les yeux et je l’appelais…

    — Amy ! l’interrompit Darwin. Je me souviens. Je suis tombé du pommier de ma mère en essayant de te cueillir une pomme.

    Les yeux d’Amélia s’écarquillèrent.

    — C’était toi le garçon avec les gants qui m’avait attachée à un pommier !

    Darwin rougit et se détourna.

    — Non, ça, c’était le fils du voisin.

    — Alors, quel est votre problème ? demandai-je en essayant de revenir à l’affaire.

    — Il y a trois mois, un ami nous a dit qu’un dénommé Gale pourchassait de puissants paranormaux afin d’acquérir leurs pouvoirs. Comme Amélia était à l’école, je n’étais pas trop inquiet, jusqu’au jour où j’ai voulu rentrer chez moi, mais ma maison avait été détruite. Deux jours plus tard, Logan m’a renvoyé Amélia accompagnée de Rosin, en m’expliquant qu’elle avait été témoin d’un meurtre et que nous devions partir aussi loin que possible. Nous avons contacté Drake, mais comme d’autres meurtres avaient lieu, il n’a pas pu nous aider. Pire, nous avons ensuite appris que Bryson, un de nos amis, avait été tué et que Jake, son fils, avait disparu. Logan m’a ensuite dit que vous aviez sauvé Jake.

    — Est-ce que Gale vous cherche toujours ?

    Il n’avait plus l’amulette, ce qui voulait dire qu’il n’avait aucune raison de tuer qui que soit. Mais bien sûr, cela n’avait jamais empêché un psychopathe de passer à l’acte.

    — Non, je ne crois pas. Mais j’ai l’impression que mon ancienne tribu est encore plus vindicative que je ne le pensais. Ils ont un nouveau chef et il tient réellement à nous retrouver. Il n’aurait jamais dû découvrir dans quel pays nous nous trouvions, mais le conseil est en train d’établir une liste de tous les fæ présents en Amérique du Nord. Nous nous sommes réfugiés dans une maison dont Drake nous avait parlé, mais ils nous ont retrouvés quelques jours à peine plus tard et nous avons été attaqués à plusieurs reprises.

    — Vous serez en sécurité avec nous, dit Darwin avec enthousiasme.

    Sean n’en avait pas l’air aussi convaincu.

    — J’ai cru comprendre que vous ne vous occupiez normalement pas de ce genre de situation. Plusieurs personnes vous ont recommandé et, d’après Amélia, vous êtes plutôt calme à moins que vos amis ou votre famille soient menacés. C’est ce qu’on considère chez nous comme une vraie force.

    — Je suis sûr que vous propres pouvoirs seraient plus…

    — Amélia possède une rare variation du gène Vouxeng, m’interrompit Sean, elle parvient à prendre le contrôle des émotions et à se nourrir des énergies émotionnelles. Mes parents étaient tous les deux Vouxeng, ce qui explique que mes pouvoirs soient de nature plus normale. Je contrôle les rêves. Ce n’est pas pour rien que je n’étais pas le chef de ma tribu. En dehors de ce pouvoir, je ne suis pas mieux équipé qu’un humain pour faire face à cette situation. Tout ce que j’attends de vous est que vous la protégiez cet été et que vous la gardiez à l’œil à l’université. Une fois de retour à Quintessence, je pourrai compter sur les gardiens de Logan pour la protéger.

    — Et vous-même, vous n’avez pas besoin d’aide ?

    — Seul, je peux me déplacer et les semer. J’ai seulement besoin de savoir Amélia en sécurité.

    Je hochai la tête.

    — Je m’en chargerai.

    — Donc… commença lentement Sean en rougissant légèrement.

    La ressemblance entre lui et sa fille était frappante.

    — Nous n’avons pas autant d’argent que Maseré ou Stephen. Les fæ vivent de ce que la nature leur fournit. J’ai cependant entendu dire qu’il vous fallait une voiture, et je pense pouvoir vous en donner une qui fera l’affaire en échange de votre protection.

    J’ouvris la bouche, prêt à dire que cela n’était pas nécessaire, mais Darwin se racla la gorge et secoua la tête dans le dos de Sean.

    — Quoi ? lui demandai-je silencieusement.

    — Ne refuse jamais un cadeau ou un paiement de la part d’un fæ. Ils respectent un principe d’équilibre, un peu comme le karma, et si tu refuses, ça revient à leur souhaiter du mal. En plus, te donner quelque chose qui a une valeur monétaire est un geste de dernier recours, car cela signifie qu’il n’a rien de personnel qui soit lié à sa lignée qui vaille autant que la vie de sa fille. Donc dans ce cas, refuser voudrait dire que ce qu’il a de mieux à t’offrir ne te suffit pas.

    — Une voiture fera l’affaire, m’empressai-je de répondre.

    *      *      *

    Le 25 août

    — Vous verrez quand vous viendrez nous rendre visite.

    Je savais qu’il avait juste envie de voir son fils. Darwin était suffisamment grand pour vivre seul et il était incroyablement intelligent, mais il était incapable d’indépendance. Il passait des jours entiers à faire des recherches et à écrire, mais oubliait de se nourrir et s’endormait devant son ordinateur comme un enfant. Bien sûr, cela venait sûrement du fait que sa mère était un esprit de la forêt, qui vivait normalement dans une tribu, et son père un changeur loup, habitué à vivre en meute. Darwin n’avait donc jamais appris à être indépendant.

    Un bip aigu m’indiqua un deuxième appel.

    — J’ai un double appel, on discutera quand vous serez là.

    — D’accord, vers cinq heures, cela vous irait ?

    — Très bien.

    Je raccrochai et répondis au second appel. Le numéro était caché.

    — Allô ?

    Je n’indiquais jamais mon nom au téléphone avant de savoir à qui j’avais affaire.

    — Salut, frérot.

    Marcus.

    — Qu’est-ce qu’il se passe ?

    — Ma copine et moi aimerions essayer de sortir un peu de la ferme ce week-end et on espérait que tu pourrais t’occuper de Joey.

    L’aboiement sonore en fond tomba à pique. Marcus n’avait ni copine ni chien ; c’était un code que nous avions mis en place peu de temps après avoir découvert que les autorités ne pourraient pas le protéger de son père. Ce qu’il essayait en réalité de me dire était que quelqu’un le poursuivait, mais qu’il ignorait de qui il s’agissait.

    — Aucun problème, amène-le ici.

    — En fait, je pensais plutôt le poser chez ta mère en passant. Je me suis dit qu’il pourrait la protéger une fois que ton ex sera partie.

    Merde. Regina était chez ma mère et Marcus courait trop de risques pour s’en occuper. Cependant, il n’avait pas encore prononcé les mots qui indiquaient qu’il avait besoin d’aide, et je savais qu’il n’hésiterait pas à le dire s’il avait besoin de moi. Je jetai un coup d’œil à ma montre. Quinze secondes.

    — Bien sûr, aucun problème. J’irai le chercher et je passerai chez toi arroser les plantes.

    — J’ai mis en place des pièges à insectes. Si tu pouvais…

    Marcus s’occupait de sécurité et possédait des informations confidentielles sur de nombreuses personnes. Si ces informations tombaient entre les mauvaises mains, des gens bien risquaient gros.

    Cinq secondes.

    — Ça marche, j’y vais maintenant. On se voit quand tu seras de retour.

    Nous raccrochâmes tous les deux. Marcus utilisait un logiciel qui lui permettait d’appeler mon portable en brouillant la localisation, puis d’effacer entièrement le numéro une fois l’appel terminé. Malheureusement, il n’était efficace à cent pour cent que pendant trois minutes.

    Je me douchai rapidement, puis m’habillai. Amélia vint me voir alors que je rangeais mon révolver dans son étui.

    — Je dois m’absenter un moment. Surveille Darwin, je ne veux pas qu’il colore ma chambre en rose.

    Elle ferma la porte derrière elle.

    — Il ne lui reste pas beaucoup de temps, murmura-t-elle.

    — Je sais.

    Amélia et moi avions fait tout notre possible, en vain. En fait, Darwin colorait maintenant tout ce qui lui tombait sous la main, sans aucun contrôle, alors qu’il était auparavant capable de contenir son pouvoir.

    La magie fæ de Darwin était liée à la nature, plus particulièrement à la forêt, alors que sa magie de changeur était plutôt une capacité innée. Les enfants changeurs apprenaient à ramper, à parler, à marcher puis à se transformer… Darwin n’avait simplement jamais atteint la dernière phase. Malheureusement, il n’avait jamais été « lié » à la nature non plus. Une grande partie de cela relevait d’une inaptitude acquise. Plus j’essayais de lui enseigner, plus il se braquait. Il était persuadé qu’il en était incapable et ses échecs ne faisaient que renforcer sa certitude.

    Ce qui rendait la tâche encore plus compliquée était qu’il n’arrivait pas à faire taire son esprit suffisamment longtemps pour s’entraîner aux exercices de méditation qu’on m’avait enseignés. J’avais proposé d’essayer d’envahir à nouveau son esprit, mais il avait prétexté que du travail l’attendait sur son ordinateur. Je commençais à penser qu’il avait peur de maîtriser sa magie.

    *      *      *

    Le trajet jusqu’à l’appartement de ma mère fut long et je dus mettre de la musique pour me distraire de la fureur qui m’envahissait un peu plus à chaque kilomètre parcouru. Regina était une vipère et elle était capable de déverser son venin dans l’esprit fragile de ma mère. L’infirmière que j’avais engagée était censée la tenir à l’écart.

    Arrivé devant le portail de l’élégant et onéreux quartier fermé, j’étais prêt à me débarrasser de Regina une bonne fois pour toutes. Je garai ma nouvelle Lexus LS 600h L bleue à côté d’une BMW M6 Coupé et résistai à l’envie d’en défoncer le pare-brise. C’était la voiture que je lui avais achetée quand elle s’était plainte que sa BMW précédente était si démodée que c’en était gênant. Elle avait aussi récupéré ma Prius dans le divorce, alors même qu’elle la détestait, simplement parce qu’elle avait tenu à ne rien me laisser et que j’étais trop fatigué pour me battre.

    Financièrement, je m’en sortais bien et je pouvais sans problème me permettre une voiture, mais Regina trouvait toujours des raisons idiotes de me poursuivre en justice et je n’avais donc même pas pris la peine d’en acheter une.

    Ma mère habitait dans un appartement façon cottage au charme désuet, fait de briques rouges et de poutres de bois brun foncé et situé au rez-de-chaussée. Son jardin était impeccablement entretenu et des fleurs de saison y poussaient, qui accentuaient drastiquement les allergies de ma mère. Au lieu d’enlever les fleurs comme je l’avais demandé, on lui donnait des médicaments contre ses allergies et ces derniers diminuaient encore plus sa lucidité. J’avais pensé qu’avoir une infirmière à domicile valait la peine, mais je décidai à ce moment précis d’emmener ma mère ailleurs.

    Je ne pris pas la peine de frapper. La porte verrouillée ne me ralentit pas ; j’étais si remonté que mon pouvoir se déploya et la déverrouilla. Je ne savais même pas que j’en étais capable.

    L’intérieur de la maison ressemblait à l’extérieur, car les appartements étaient remplis de mobilier kitsch et démodé qui sentait le vieux et la poussière. Le salon était sombre et je trouvais le canapé à fleurs et ses fauteuils assortis extrêmement déprimants – à vrai dire, presque autant que les rideaux en dentelle blanche.

    Je tentai de me calmer avant d’entrer dans la salle à manger, mais c’était trop tard. Regina et l’infirmière de ma mère étaient assises à la table, en train de rire et de boire du rhum.

    — Qu’est-ce que tu fous là ? demandai-je à mon ex.

    Elles me regardèrent toutes les deux. Regina fit la moue. Elle n’était pas encore soûle.

    — Tu n’as pas le droit de m’engueuler, Devon, répondit-elle.

    Je jetai un regard noir à Danielle, qui leva les yeux au ciel.

    — Vous n’avez pas le droit d’empêcher Regina de voir sa belle-mère, dit-elle d’un ton supérieur, Maria a honte de la façon dont vous traitez votre femme. Vous devriez arrêter vos enfantillages et retourner vivre chez vous. Vous ne voyez pas que votre pauvre femme mérite mieux qu’une…

    — Vous êtes virée. Sortez d’ici, lui ordonnai-je.

    Je pensai soudain que j’aurais dû emmener Amélia afin qu’elle m’aide à me calmer.

    Danielle retint une exclamation de mépris et fit un signe de la main comme pour chasser mes mots.

    — Vous ne pouvez pas me virer.

    — Je vous ai engagée, je vous ai payée, et maintenant je vous licencie.

    Je n’avais pas besoin de la menacer ; je me retenais déjà d’envahir son esprit et de la faire souffrir.

    Regina lui tapota le bras en lui souriant gentiment.

    — C’est tout lui. Vas-y, prends ton après-midi, tu seras payée bien sûr. On se voit demain.

    Je laissai Danielle s’en aller, car je n’avais aucune intention que ma mère soit encore là le lendemain. Je me tournai vers Regina.

    — Est-ce que tu sais ce qu’est une ordonnance restrictive ? Tu n’as pas le droit…

    Elle tenta de me gifler, mais je lui attrapai le bras. Ses yeux s’écarquillèrent sous le choc quand je me mis à le serrer. Mon pouvoir se déploya à nouveau, un

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