Claudine quitta, le sourire aux lèvres, l’office notarial où elle travaillait comme clerc. Chez elle, elle avala les trois étages sans ascenseur et inséra fébrilement sa clé dans la serrure.
Sa sœur Emilie, avec qui elle partageait son logement, était à son ordinateur, assise à une table qui occupait une grande partie de l’unique pièce, près de deux lits jumeaux.
– Laisse tomber tes jeux en ligne et écoute-moi, sœurette. J’ai enfin trouvé mon pigeon ! Emilie leva lentement la tête vers elle.
– Répète un peu ?
– J’ai trouvé mon pigeon ! Il s’appelle Patrick ! Dans quelque temps je pourrai abandonner mon boulot de gratte-papier ! Et toi tu pourras lâcher ton job ! Elle laissa tomber son sac par terre puis vint s’asseoir sur l’un des lits.
– On pourra enfin s’offrir, toutes les deux, autre chose que cette studette où l’on étouffe.
– Je t’écoute. Claudine ne se fit pas prier. Son patron l’avait chargée de s’occuper d’un client qui avait hérité d’une tante, seul parent qui lui restait. Les biens se résumaient à quelques milliers d’euros et à une maison en Normandie. Il comptait la vendre. Claudine avait sauté sur cette occasion de séduire l’héritier. Son cabinet, lui avait-elle dit, pouvait s’occuper de vendre son bien. S’il le voulait, elle se chargerait de l’estimer. Elle était jolie, le savait, et s’était employée à lui faire croire, en minaudant un peu, qu’il ne lui était pas indifférent. L’héritier, tombé sous le charme de cette jeune clerc de notaire, lui avait alors proposé de lui faire visiter la maison le samedi suivant, si elle le désirait. Pour Claudine, la première marche avait été franchie avec succès. Et elle allait faire en sorte qu’il en soit de même pour les suivantes. Ils avaient convenu qu’il viendrait la prendre ce samedi-là au bas de son immeuble.
– Et voilà, sœurette !