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Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs 2: Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs, #2
Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs 2: Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs, #2
Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs 2: Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs, #2
Livre électronique181 pages2 heures

Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs 2: Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs, #2

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À propos de ce livre électronique

Et si... Un célèbre magasin de vente en ligne livrait ses colis dans d'autres dimensions? Le job de livreur serait nettement plus intéressant, non? Et si on poussait le recyclage jusqu'à l'extrême? Au détour de ce recueil, vous rencontrerez aussi une chamane italienne traditionnelle, un tokolosh farceur d'Afrique du Sud, Une version cyberpunk d'Anansi l'Araignée et le Grand Serpent de l'Oural. Chacune de ces nouvelles est parue auparavant dans une revue ou un recueil.

LangueFrançais
Date de sortie25 sept. 2022
ISBN9798215843055
Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs 2: Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs, #2

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    Contes de la Terre, de la mer et d'ailleurs 2 - Alex Evans

    Contes de la Terre, de la mer et d’ailleurs

    Alex Evans

    www.romansdefantasy.com

    Alex Evans-2022- © Tous droits réservés

    Table des matières

    Le Tokolosh

    Une langue morte

    Recyclage

    Frontière

    La Trace du Grand Serpent

    Le Fichier Calebasse

    Une Journée ordinaire

    Du Même auteur

    Berserkers (extrait)

    Vous trouverez rassemblée ici, une série de nouvelles parues au fil des années dans divers recueils et magazines.

    Le Tokolosh

    La voix paresseuse et sensuelle du saxophone flottait dans la pièce comme les ondes d’un rêve. Msizi s’installa devant l’ordinateur et tapa le nom de son site favori : megaporn.co.za. Il avait toute la soirée. Sa femme venait de partir prendre son service, prête à entamer une dure nuit au Zebra Safari Lodge. La saison touristique battait son plein à Hluhluwe, drainant des milliers de visiteurs avides de visiter le Kruger Park.

    L’ordinateur était vieux et lent. La chaleur n’améliorait pas ses performances. En attendant la connexion, il ferma les yeux et se concentra sur la musique. Ah, le jazz, il n’y avait que ça de vrai ! Quel dommage d’avoir à se séparer de la chaîne hi-fi.

    Par-dessus les notes cuivrées, il perçut un bruit discordant. Puis un hurlement perçant lui parvint à travers les barreaux de la fenêtre. Il baissa le son : oui, quelqu’un tambourinait à la porte. Il hésita un instant, saisit son revolver dans le tiroir de la table de nuit, l’arma et se dirigea vers l’entrée.

    — Qui est-ce ?

    — C’est moi, c’est Gugu ! Ouvre vite ! J’ai peur !

    Il déverrouilla les trois serrures et tira le battant, pour recevoir en pleine poitrine les formes appétissantes de sa fiancée. Elle leva vers lui des yeux baignés de larmes :

    — Msizi, protège-moi !

    Il referma rapidement la porte et demanda :

    — Qu’est-ce qui se passe ?

    — Il y a un tokolosh qui me poursuit !

    Il eut un recul involontaire :

    — Un tokolosh ?! Où ça ?

    — Depuis trois jours, il vient me voir tous les soirs quand je suis au lit ! Il me fait des avances ! Il m’explique toutes les horreurs qu’il veut me faire ! Il est hideux...

    Elle éclata en sanglots hystériques. Msizi alla ranger son arme, le ventre serré de trouille. Les tokoloshes, c’était une chose sérieuse. Tout le monde savait qu’il ne fallait pas se mêler de leurs affaires et surtout ne pas toucher à ce qu’ils convoitaient.

    — T’en a parlé à ton père ?

    Les yeux de la jeune fille se dilatèrent :

    — Oui. Il a dit que comme tu vas être mon mari, c’est à toi de régler le problème.

    — Hein ? Mais ce n’est pas... Rentre chez toi.

    — Non ! Le tokolosh va m’attendre dans ma chambre ! Je ne peux pas dormir ici ?

    — Heu...

    Il réfléchit rapidement. Il n’avait pas encore osé annoncer à Mbali, son épouse, qu’il allait se marier une deuxième fois, mais elle ne rentrerait du travail qu’au matin. Alors, il pouvait effectivement se permettre de laisser Gugu passer la nuit chez lui, en attendant de trouver une solution.

    — Bon, tu peux dormir sur le sofa.

    — Le sofa ?! Mais il n’est pas surélevé par des briques ! Et si le tokolosh me suit ici ?

    Msizi soupira :

    — T’as raison, t’as qu’à prendre le lit.

    — Merci, t’es un amour ! Tu verras, je serai la meilleure des épouses !

    Dès qu’il fut débarrassé de sa présence, il alla à la cuisine se verser un autre verre de whisky. Il sortit de sa boite le muti protecteur que mère lui avait donné des années auparavant et le suspendit au-dessus de la porte. Légèrement rassuré, il se rassit devant l’ordinateur.

    Un tokolosh ! Comment avait-il pu se fourrer dans une situation pareille ? Mais d’un autre côté, il aurait dû s’y attendre : une jolie fille, à la virginité prouvée, ça ne pouvait qu’attirer les convoitises. Les tokoloshes, étaient grands amateurs de sexe, tout le monde savait ça en Afrique du Sud...

    Où trouver une solution ? Il fallait sans doute consulter un sangoma qui allait lui demander la peau des fesses. Cela demandait une sérieuse discussion avec son futur beau-père. D’abord, il ne lui avait pas encore officiellement remis sa fille. Alors, c’était encore son problème. Il se devait au moins de payer la moitié de l’exorcisme ! Ou alors, qu’il lui rende une partie de la dot... C’est là que Msizi se rappela que le vieux avait déjà dépensé les sept cents rands pour s’acheter un dentier neuf. Il ne risquait pas de revoir la couleur de son argent.

    Il lui fallait de l’aide et autant de conseils qu’on voudrait bien lui donner. Demain, il demanderait à Piet, mais ce soir... Il alla sur bestanswer.co.za, son chat favori et se concentra : il fallait qu’il expose la situation le plus clairement possible. Après quelques minutes de réflexion, il tapa :

    Bonjour, j’ai besoin de conseils d’urgence. Je me propose d’épouser ma deuxième femme et je suis tombé d’accord avec son père sur une dot de sept cent rands et ma chaine hi-fi. Mais ma fiancée est arrivée chez moi cette nuit en disant qu’elle est harcelée par un tokolosh qui veut la violer. Son père lui a dit que c’était mon problème, vu que je vais être son mari. J’ai du la laisser dormir dans mon lit, bien surélevé par des briques. Elle est vraiment très jolie, alors que ma première épouse est stérile et a perdu la moitié de ses dents. Je n’ai pas très envie de dépenser une fortune en exorcisme. Je ne peux pas récupérer ma dot, car mon futur beau-père a déjà dépensé l’argent. Je n’ai pas non plus envie de me disputer avec lui, car il a une grande famille avec des cousins haut placés. Que puis-je faire ?

    La première réponse tomba quelques minutes plus tard :

    Tu la rends à son père et tu lui dis de garder l’argent. Pas la peine de se mettre dans la merde jusqu’au cou pour une fille, même si elle est jolie.

    La suivante fut plus élaborée :

    Voilà une question complexe. En ma qualité d’apprenti-sangoma, je dirais qu’il est important de déterminer exactement pourquoi ce tokolosh a choisi ta fiancée. Il faut également vérifier que son lit soit suffisamment surélevé : comme chacun sait, ces petites créatures ont des pénis de près de deux mètres et elles peuvent les faire ramper comme des serpents, jusqu’aux orifices de cette jeune fille pendant son sommeil. Peut-être est-ce déjà fait. Aussi, il te faut vérifier d’urgence si elle est toujours vierge et pas enceinte.

    Dans la demi-heure qui suivit, une avalanche de réponses variées s’abattit sur l’écran :

    Elle a vu le tokolosh ? Mais il ne faut jamais en parler, sinon, il se venge ! Débarrasse-toi le plus vite possible de cette fille, il va lui rendre la vie impossible et à toi aussi !

    Elle dort chez toi? Maintenant, tu vas être obligé de l'épouser, mon vieux! Peut-être qu'elle fréquentait le tokolosh avant de te rencontrer ! Peut-être qu'elle est enceinte et avait juste besoin d'un mari pour couvrir l'affaire! Hé, je suis sûr que son paternel était au courant!

    Non, sérieusement, tu la crois ?

    Tire-toi tant qu’il en est temps.

    Tu devrais savoir qu’une bonne femme, c’est plus de problèmes qu’il n’en faut. Alors deux...

    Va voir le sangoma Zonke Ntuli à Durban, il va t’arranger ça en deux secondes.

    Ce ne peut-être qu’en punition de tes péchés ! Va voir le père Jabu Mlothshwa, il priera pour toi et tu seras purifié.

    Hé, arrête de polluer le forum avec tes conneries. Les tokoloshes, ça n'existe pas.

    T'as besoin d'un psy!

    C'est peut-être toi qui a besoin d'un désenvoûtement ?

    Msizi éteignit son ordinateur avec un soupir. Comme d’habitude, vous demandez à trente personnes et vous avez trente réponses. Mais un tokolosh... Il n'y avait jamais eu affaire. Il en avait beaucoup entendu parler, bien sûr. Son collègue, Dumisani, était parfois possédé par une de ces créatures vicieuses qui lui faisait battre sa femme comme plâtre. Il avait consulté plusieurs sangomas, sans effet. Son épouse était partie, et il n’avait pas réussi à la remplacer. Hluhluwe était une petite ville. Tout se savait très vite, aucune famille n’avait envie de se lier à un possédé. Ah, il aurait dû suivre son cousin Bekha à Capetown, quinze ans auparavant. La grande ville, la belle vie... et il aurait pu écouter du jazz live tous les soirs. Mais il avait eu la trouille. Quel idiot ! Et maintenant, il se retrouvait coincé dans un job de comptable ennuyeux, dans une petite ville de province, avec une femme laide, stérile et acariâtre. Son seul avantage était qu'elle gagnait bien sa vie comme gouvernante dans le même hôtel que lui. Et juste quand il allait avoir une épouse digne de ce nom, celle-ci se retrouvait hantée... Il n'avait vraiment pas de bol avec les femmes. Quelqu'un lui avait peut-être jeté un sort ? Un frisson involontaire le parcourut. Il y avait eu cette fille à laquelle il avait promis de l'épouser. Une Venda. Tous des sorciers, ceux-là... Rien à faire, il allait falloir prendre ses économies et aller voir un sangoma.

    Le réveil sonna à cinq heures, comme il l'avait réglé. Le soleil matinal filtrait à travers les branches du bougainvillier, devant la fenêtre. Dehors, résonnait le concert d’oiseaux habituel. Quelques voitures parcouraient déjà les rues. Msizi s’étira péniblement. Il avait mal au dos. Il avait mal dormi, bien sur. Avant de se coucher, il avait aspergé le sol de la chambre d'un fond de bouteille d'eau bénite que l'une de ses tantes lui avait rapporté des années auparavant. Après, il était longtemps resté sans bouger, attentif à tous les bruits de la nuit, essayant de ne pas réveiller Gugu qui elle, s’était endormie comme un bébé. Son petit corps chaud roulé en boule lui arracha un soupir. Sa peau évoquait celle d’un fruit mûr. Un fruit bien jûteux. Elle exhalait une odeur sucrée... il adorait son parfum... Une vraie friandise. Avec un autre soupir, il entreprit de secouer sa fiancée. Elle finit par ouvrir des yeux ensommeillés:

    — Humm...

    — Dépêche-toi !

    — Hein... Quoi? Quelle heure est-il ?

    — Cinq heures. Vite, habille-toi. Je ne veux pas qu'on te voie sortir d'ici !

    Elle bâilla :

    — Humm... Mais pourquoi ? On se marie dans deux semaines et...

    — Je ne veux pas que les voisins jasent ! Et si jamais je t'entends raconter que je t'ai déflorée, je te flanque une de ces corrections...

    — Mais non, Msizi, tu es un homme bien, tous le monde sait ça. Je te suis si reconnaissante ! Je peux revenir ce soir ?

    Il secoua frénétiquement la tête :

    — Pas chez moi ! Va dormir chez une de tes amies, une cousine, je sais pas, moi !

    — On pourrait peut-être se marier plus tôt ?

    — Pas question, j'ai pas tout organisé ! Allez, ouste !

    Une fois Gugu partie, Msizi se prit un grand bol de bouillie de maïs, arrosé d'un café fort, se rasa, s'habilla et sortit. Sur le seuil, il croisa sa femme.

    — Tu en as une tête ! Tu es malade?

    — Heu juste un peu d'indigestion...

    — T’as pris de la tisane ?

    — Oui, oui...

    — Je vais en racheter. Ne mange rien de gras, aujourd’hui. Tu sais que ça te rends malade. Et puis j’ai entrevu une émission dans le bar de l’hôtel hier soir : il paraît qu’à nos âges, il faut faire gaffe au cholestérol...

    Son téléphone sonna alors qu'il s’installait devant son bureau:

    — Hé Msizi, comment ça va, depuis le temps?

    Il fit un large sourire. C’était Bekha. Il avait toujours des choses intéressantes à raconter. Ah, Capetown, c’était la vraie vie...

    — Ça va...

    — Tu m'as pas l'air en forme. Tu devrais venir me voir un jour, on s'amusera! Toujours cramponné à ton job dans ce petit hôtel ?

    — Non, dit-il fièrement, je suis au Zebra Safari Lodge, maintenant !

    — Ça paye bien?

    — Pas mal. Je me suis offert un ordi, une chaine hi-fi...

    — Et ta femme?

    Son moral retomba aussitôt :

    — Bien, bien...

    — Bon, ben je suis content pour toi. D’un autre côté, c’est dommage pour moi. Mon comptable m’a escroqué de quatre mille rands, alors j’en cherchais un nouveau qui ne me vole pas. Je sais que je peux compter sur la famille...

    Msizi fit un signe de tête pour saluer son collègue Piet qui venait d’entrer.

    — Bonne chance, Bekha !

    — À plus ! Viens me voir, un de ces jours !

    Il éteignit son téléphone avec un soupir. Piet allumait son ordinateur.

    — Encore un concurrent qui veut te débaucher, je parie!

    — Non, c’est Bekha, un cousin. Il a ouvert une boîte de jazz à Capetown il y a dix ans.

    — Le veinard !

    — Ouais, il n’a pas l’air de s’ennuyer.

    Il baissa la voix :

    — Dis, tu connais un bon sangoma ?

    Les sourcils du jeune homme s’arquèrent :

    — Ouais, c'est quoi ton problème ?

    Msizi hésita un instant.

    — Ma fiancée est hantée par un tokolosh.

    — Argh ! C'est sérieux ! Va voir Elangeni sur Main Road. C'est le meilleur! Même Monsieur Matthews l'avait embauché quand il y avait eu cet esprit frappeur au quatrième, tu te rappelles ?

    — Il doit coûter bonbon !

    — La qualité se paie, mon vieux. Heu... T'es sûr que tu veux épouser cette fille ?

    — J'ai déjà payé la moitié de la dot.

    — À toi de voir. Elangeni va peut-être te demander trois fois ce montant ! Tiens, je vais chercher une carafe d’eau. Tu veux quelque chose ?

    Msizi secoua la tête, accablé. Trois fois la

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