Un "espace de la mémoire"
En haut de la maison, il y avait une petite pièce, c'est là qu'elle gardait tous les souvenirs de son fils décédé. Toutes ses lettres, ses vêtements et ses chaussures, sa collection de musique, ses voitures miniatures, des photos de lui, du petit garçon à l'homme adulte, toutes les choses qui lui avaient appartenu autrefois.
C'était sa chambre, il aimait regarder par la petite fenêtre, dehors, dans le jardin avec les nombreux arbres.
Chaque fois qu'elle montait ici, elle pensait à son "petit garçon", aux nombreuses histoires, aux grandes expériences, elle le voyait en pensée assis à la table, le sol rempli de jouets, quand elle était dans cette chambre, il lui semblait qu'il était encore en vie.
Deux ans s'étaient écoulés depuis l'accident. Juste devant la porte de la maison, une voiture a pris le virage, son fils s'apprêtait à partir à vélo, un grand bruit, beaucoup de sang, l'ambulance est arrivée rapidement, la mort a été plus rapide. Le conducteur n'était pas responsable, c'était juste un concours de circonstances malheureuses qui avait conduit à la collision.
Les images de ce jour-là s'étaient immédiatement gravées en elle, chaque fois qu'elle se réveillait depuis, le même film démarrait dans sa tête, elle revoyait l'accident encore et encore. Jour après jour, son ego la torturait avec ce terrible événement passé.
Lorsqu'elle était particulièrement triste, elle montait dans son ancienne chambre, arrangeait son lit, aérait la pièce, ajustait ses vêtements, réorganisait ses affaires. Quand elle avait fini, elle s'asseyait à la table et regardait par la fenêtre, toute absorbée par ses pensées.
La douleur était forte et ne s'arrêtait pas, quoi qu'elle fasse, pourquoi seulement son fils, comment cela a-t-il pu arriver ?
Sa famille faisait tout son possible pour la distraire, la réconforter, mais personne ne pouvait l'aider, elle ne voulait pas non plus d'aide, elle voulait juste "être avec son fils". Et c'est dans sa chambre qu'elle se sentait le plus proche de lui.
Un léger courant d'air passait par la fenêtre lorsque son regard se posa sur les livres de son fils. Un exemplaire particulièrement coloré lui a sauté aux yeux, pourquoi n'avait-elle jamais remarqué ce livre auparavant ? "Bouddha" était écrit au dos du livre, elle s'assit à nouveau à la table et commença à le feuilleter. Elle était chrétienne, le bouddhisme ne lui disait rien, mais comme c'était un livre de son fils, elle a continué à lire.
Alors qu'elle se plongeait dans l'enseignement du prince indien, elle sentit une vague de chaleur monter en elle, une forme de paix se répandit en elle. Comment cela pouvait-il se produire, se demanda-t-elle en elle-même. Mais elle continua à regarder page après page, le temps passa, il fit rapidement nuit, elle dut allumer la lumière. Son mari et sa fille rentrèrent à la maison et l'appelèrent. Elle ferma le livre et descendit l'escalier jusqu'au salon, mais elle garda le volume fermement entre ses mains. Chaque jour, elle lisait ce livre, la philosophie de Bouddha lui apportait beaucoup de réconfort, elle retrouvait la sécurité qu'elle avait perdue.
Puis vint le jour où elle ne se rendit plus dans la "salle du souvenir". Elle avait connu "l'illumination".
IL Y A UN LIVRE QUE BEAUCOUP DE CEUX QUI LE CONNAISSENT PAR CŒUR NE CONNAISSENT PAS
- MARIE VON EBNER-ESCHENBACH - ÉCRIVAINE AUTRICHIENNE - 1830 À 1916
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