Début de la troisième partie
Avec le respect qui s'impose (et les genoux qui tremblent), j'ai attendu que le moine Shi Yan Zi réagisse à ma question de savoir si je pouvais apprendre les arts martiaux ici (au temple Shaolin), le temps ne voulait tout simplement pas passer.
Puis sa main a saisi mon bras, il a palpé les muscles, puis ceux des épaules, du torse et enfin des jambes. L'exercice était assez "brutal", j'ai remarqué qu'il comprenait son travail, la douleur continuait à me parcourir les membres. Il semblait cibler des points d'acupuncture, il voulait sans doute tester mon physique et mon endurance.
Après ce qui m'a semblé être une éternité, il s'est redressé et m'a regardé profondément dans les yeux. Il n'a pas bougé d'un pouce, d'autres minutes ont passé, j'avais l'impression de palper mes pensées.
Au bout d'une éternité, il m'a fait un signe de tête, un "hou" a franchi ses lèvres, il m'a fait signe de le suivre. Je traversai des cours intérieures, des portes de temples, des bâtiments, des cloîtres, des chambres et des pièces annexes, passai devant des statues et des stèles, montai et descendis en trottinant derrière lui avec mon sac à dos.
Lorsque nous sommes finalement arrivés devant une simple porte en bois, le moine l'a ouverte et m'a fait signe d'entrer. La chambre était simple et spartiate, il n'y avait pas de verre dans les fenêtres, les meubles étaient en bois cloué, la porte n'était composée que de deux lattes transversales et de planches clouées dessus, le soleil passait partout, on pouvait certes fermer à clé, mais avec une énorme clé.
Le lit était également fait maison, cela sautait aux yeux. Et bien qu'il fasse déjà sensiblement plus chaud dans les montagnes (en avril), le chauffage faisait clairement défaut, la chambre était glaciale.
Des poids taillés dans la pierre étaient disposés partout, des grands et des petits, des poulies fixées au plafond, certainement pour la musculation, le moine ressemblait en effet à une armoire murale ambulante. La situation rappelait en quelque sorte les bandes dessinées américaines "Les Pierrafeu", mais à y regarder de plus près, l'aménagement était très simple.
En guise de sièges, il n'y avait que deux tabourets (également faits maison) sans dossier, dont l'un a été poussé vers moi par mon nouvel ami, qui m'a fait signe de m'asseoir.
Le moine a préparé du thé, du Woo Long, un délice inoubliable dont je ne me lasse toujours pas. Comme il n'y avait qu'un seul lit dans la grande pièce, Shi Yan Zi s'est mis en quête d'un autre matelas, qu'il m'a offert.
Tout avait l'air vieux et abîmé, mais le soir tombait, j'étais fatigué, je ne comprenais pas grand-chose, alors mieux valait s'arranger. Les draps étaient fins, la lumière était une ampoule solitaire sans abat-jour.
Le temple Shaolin est situé très haut dans les montagnes sacrées Song Shan, c'est ici qu'il fait vraiment froid la nuit, c'est pourquoi les moines n'enlèvent leurs vêtements que pour se laver, sinon ils restent entièrement habillés jour et nuit, dans leurs chambres, dans les bâtiments religieux, partout.
Lorsque j'ai rêvé du temple Shaolin, je m'étais imaginé tout autre chose, plus glamour, plus sublime, plus soigné aussi. Certainement pas des logements qui seraient utilisés chez nous pour les animaux, sans vitre dans les fenêtres, sans chauffage, sans aucun confort.
Vous découvrirez la suite des événements dans l'un de mes prochains articles.
Le chemin est le but !
Celui qui prend sa pensée au sérieux, qui est libéré de tout désir de plaisir, qui se tient au-delà du bien et du mal, se tient également au-delà de toute inquiétude.
- Bouddha - nom d'honneur de Siddharta Gautama - 560 à 480 avant l'an zéro



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