Pas de prescription
Ils étaient quatre amis du même âge – 10 ans – nés la même année – 1929 –, dans la même ville et dans le même quartier huppé.
Deux filles, Charlotte et Edith, et deux garçons, Oscar et Barnabé.
Leurs parents faisaient partie de la bourgeoisie et se fréquentaient régulièrement.
Edith, la plus jolie des deux filles, une véritable poupée, avait le teint de porcelaine, de longs cheveux dorés et des yeux bleu foncé virant au violet quand quelque chose la contrariait. Elle était aussi la plus candide des quatre. Celle qu’un rien émerveillait, qu’un simple sourire mettait en confiance.
De Charlotte, on disait qu’elle avait du charme. Elle avait des cheveux bruns coupés court avec une grande mèche tombant sur les yeux. Elle passait son temps à emprunter les pantalons de ses frères, ce qui exaspérait sa mère, mais amusait son père. C’était un vrai garçon manqué, rebelle, qui voulait toujours rivaliser dans les jeux d’adresse avec les deux garçons.
Oscar, le plus costaud, était aussi le plus vif. Crinière brune et bouclée, yeux bruns dont on distinguait à peine la pupille de l’iris, et menton volontaire : le portrait craché de son père, une force de la nature qui tenait la pharmacie du centre-ville.
Barnabé, lui, était un rouquin fluet aux joues constellées de taches de son et aux petits yeux bleus, pétillants de malice. Barnabé était de loin le plus intelligent du quatuor.
Chacun d’entre eux se serait fait hacher menu pour les autres, tant leur amitié était solide, presque passionnelle.
Ils vécurent insouciants et heureux comme on peut l’être à cet âge, jusqu’à ce jour de mai 1939.
Ce jour-là, comme tous les jours, ils avaient quitté l’école ensemble en se séparant au fur et à mesure qu’ils parvenaient devant leur maison. Edith, qui habitait le plus loin, faisait toujours les derniers mètres seule. Comme d’habitude, avant
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