Sur le théâtre du crime
Eloïse gara sa moto devant la barrière de bois vermoulu.
Puis elle ôta son casque et sa longue chevelure rousse dévala en boucles naturelles jusqu’à la ceinture de son jean maculé de la boue du chemin d’accès.
La pluie s’était arrêtée juste au moment où elle traversait le petit village d’Andernay, dans la Meuse, pour emprunter une route sinueuse et si peu fréquentée que de l’herbe poussait au milieu. Elle connaissait de réputation la maison qu’elle venait expertiser.
Dans les années 1970, elle avait été le théâtre d’un abominable fait divers. Toute une famille y avait été massacrée. On n’avait retrouvé ni le coupable ni les armes du crime.
Le père, Robert Lebourg, Marthe, la mère, et les quatre enfants : Serge, 14 ans, Yvonne, 12 ans, Thomas, 8 ans et Jocelyne 5 ans, avaient été découverts morts par le facteur. C’était le mardi 4 janvier 1972. La veille, à cause de la neige, le courrier n’avait pas pu être distribué. Même s’il en restait encore sur les routes, le préposé avait décidé de faire sa tournée, péniblement, à vélo. Il était très consciencieux et serviable, Martin Pivert.
Tout le monde l’appréciait.
A 86 ans, il se souvenait de ce funeste jour comme si c’était hier. Ça lui avait paru bizarre que la porte soit ouverte, mais il avait pensé que, peut-être, quelqu’un était sorti chercher du bois et reviendrait les bras chargés. Il avait les pieds gelés et était pressé de se réchauffer devant un bon café avec un petit verre de gnole. Il avait frappé avec insistance à la porte entrebâillée.
Personne n’avait répondu.
Il était un peu plus de 10 heures. Marthe aurait dû être occupée à éplucher les légumes pour le repas de midi. Le facteur s’était alors dit qu’une bête avait vêlé et que le couple se trouvait dans l’étable. D’ailleurs, il y avait de l’agitation là-bas, les vaches meuglaient bizarrement.
Il avait alors traversé la cour et quand il était entré dans l’étable, il
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