Qu’avait dit Benoît, déjà ? Ah oui ! Qu’il voulait faire une pause !
– Une pause ? C’est comme ça que tu veux célébrer nos dix ans de vie commune ?
– Je sais pas ! J’ai besoin de réfléchir !
– Eh bien réfléchis ! J’avais claqué la porte. C’était quoi ce cinéma ? La crise de la quarantaine ? Il voulait changer de boulot, nos amis l’ennuyaient, notre couple…
Oui, c’est vrai, ce n’était plus une passion dévorante mais on s’entendait vraiment bien. On était à l’écoute l’un de l’autre, toujours attentionnés, complices. C’est important la complicité, non ? Dans la rue, j’ai appelé Agathe :
– Ma biche ! Ta maison serait libre ?
– Tu veux y aller quand ?
– Tout de suite !
– Ah ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Agathe, soudain inquiète.
– Rien. C’est Benoît… Il veut faire une pause.
– Il a rencontré quelqu’un ?
– Non, même pas. Enfin j’ai pas demandé…
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– Je pensais aller à la campagne, réfléchir.
– Pourquoi ce n’est pas lui qui part ?
– Je sais pas. J’aurais trop peur qu’il ne revienne pas !
– Ecoute, la maison est libre. Vas-y. Je vais prévenir Blaise. Il allumera le chauffage avant ton arrivée.
– OK. Je prendrai un train demain.
– Et ce soir ?
– Je vais voir. De toute façon je ne peux pas partir comme ça. Je n’ai même pas de quoi me changer.
– OK. Dis-moi à quelle heure tu arrives. Blaise pourra venir te chercher à la gare.
– Merci, Agathe. Agathe m’avait toujours soutenue. On s’était connues au collège. Et si on s’était perdues de vue après le lycée, on s’était retrouvées il y a cinq ans, notre amitié intacte.
Je suis rentrée à la maison.
Benoît devait être dans la chambre. Je me suis couchée sur le canapé du salon. Le lendemain, il est parti au travail. Il a laissé un mot : Et moi, alors