Le mystère Adelina

Adeline n’avait pas versé une larme. Elle avait couru, seule sur la route brillante de givre, en pleine nuit, pour rejoindre la maison de ses parents à deux kilomètres de là. De toute façon elle ne pouvait rien faire d’autre : la voiture avait brûlé comme une torche, les trois corps devaient être calcinés. Rien d’autre à faire, juste courir jusqu’à la maison pour appeler les secours. Son portable était resté dans la voiture. Seules ses jambes avaient couru. Son cerveau, lui, était totalement hors circuit. Ce qu’on appelle l’état de choc. La sidération. Les émotions, les pensées, les larmes sont bloquées à l’intérieur de soi, tout au fond, comme gelées.

Elle avait atteint la maison. Une fois à l’intérieur, elle était restée de longues secondes plantée au milieu du salon, haletante et effarée. Et c’est là que l’idée lui était venue, d’un seul coup. Cette idée folle : elle allait faire revivre Lina. La ressusciter. Se faire passer pour sa sœur qui venait de mourir.

Elle s’était ruée dans la salle de bains et, dans la précipitation, elle s’était coupé les cheveux au carré. Ensuite, elle les avait teints en châtain clair. Tout cela à la hâte, dans une sorte d’urgence fébrile, irréfléchie.

Quarante minutes plus tard, elle appelait Police secours.

– Venez vite… il y a eu un accident…

Les larmes avaient jailli à ce moment-là. Convulsives et intarissables comme un torrent.

– Mes parents et ma sœur Adeline sont morts dans un accident de voiture, sur la route de Grenoble…

C’est en s’entendant prononcer cette phrase terrible que la réalité de la situation lui avait sauté au visage.

A 22 ans elle était soudain orpheline de père et de mère, et comme