Départ pour Addis-Abeba
Recroquevillée dans son canapé, seul meuble de son appartement vide, Hélène faisait défiler les dernières semaines. En quelques jours seulement, elle venait de perdre tout ce en quoi elle croyait – et qu’elle pensait éternel.
La pluie tombait sur les carreaux. Au-dehors, les bruits de la rue lui parvenaient en écho, comme étouffés. Hélène n’avait plus la force de sortir, de se doucher, de s’habiller. Un comble pour la belle journaliste qui passait, tous les deux mois, trois semaines en reportage dans un pays oublié des cartes et des dieux. A chaque retour, elle écrivait des articles qu’elle vendait aux quelques médias avec lesquels elle travaillait.
Cette vie à la fois sédentaire et nomade lui plaisait d’autant plus qu’elle savait pouvoir compter sur le plus solide et tendre des ancrages : son mari.
Tous deux menaient une vie heureuse, rythmée d’adieux et de retrouvailles, dont l’équilibre la comblait.
Ils s’étaient rencontrés au lycée et elle n’avait jamais connu que lui. Il était enjôleur, beau comme un astre, rassurant, drôle, protecteur. L’homme idéal, son ciel et sa terre, ses racines et son air.
Jusqu’à ce jour fatidique… quelques semaines plus tôt, où elle était rentrée sans s’annoncer, pensant lui faire une surprise. Sur le pas de la porte, elle avait eu un pressentiment. Mais, terrassée par la fatigue des semaines éprouvantes qu’elle venait de passer au Zimbabwe, elle n’y avait pas prêté attention.
L’appartement était plongé dans la pénombre. En s’avançant dans le couloir, elle avait entendu des bruits équivoques. La suite, elle l’avait vécue dans un brouillard opaque, comme si sa vie était devenue un mauvais film. Quand elle avait enfin poussé la porte de sa chambre, elle avait trouvé son mari au lit avec… sa sœur cadette.
Elle avait hurlé de douleur et s’était réfugiée, en larmes, chez
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