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À cause d’une photo
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Livre électronique233 pages6 heures

À cause d’une photo

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À propos de ce livre électronique

Pour Anna Siniro, il ne faisait aucun doute que le décès de son amie Juliette était un acte de suicide. Cependant, lorsqu'elle réexamine les rapports d'autopsie d'autres jeunes femmes, elle se rend compte de similitudes inquiétantes. L'enquête est alors prise en charge par le capitaine T. J. Chang, le conduisant sur un chemin qu'il n'avait pas anticipé : celui d'un tueur en série.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Sylvie Mariage écrit pour donner voix à un désir profondément enfoui en elle depuis toujours, entravé par un sentiment d'illégitimité. Avec la publication de son premier livre, elle se lance dans un long voyage à travers l'univers de la créativité.
LangueFrançais
Date de sortie14 mars 2024
ISBN9791042222628
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    Aperçu du livre

    À cause d’une photo - Sylvie Mariage

    1

    Dimanche 13 novembre

    Le docteur Anna Siniro, assise derrière son bureau, replaça maladroitement une mèche rebelle de ses cheveux auburn derrière son oreille. Elle releva lentement la tête du document qu’elle lisait, referma le dossier et le posa au-dessus d’autres dossiers éparpillés sur le bureau. Son visage était marqué par la fatigue. Elle laissa échapper un soupir tout en se frottant le front, faisant de petits cercles avec ses doigts, un geste qu’elle faisait machinalement à chaque fois que quelque chose la tourmente. Comme si, ce simple geste pouvait tout effacer ou trouver une réponse aux questions qu’elle ne cessait de se poser depuis qu’elle avait ressorti le dossier d’autopsie de Juliette, son amie.

    Elle se leva brusquement et frénétiquement d’une main tremblante, Anna rassembla les dossiers étalés en pile qu’elle glissa dans sa mallette. Elle était lasse, fatiguée et une douleur persistante dans le cou lui rappelait qu’il était temps de rentrer chez elle. Finir tôt n’était pas une habitude, mais ce soir, elle ressentait le besoin de se glisser dans un bain chaud, après tout n’étions-nous pas dimanche. Rentrer tôt n’était pas un luxe dont elle devait se priver. Anna savait qu’elle n’avait pas le droit de sortir les dossiers d’autopsie du centre médico-légal où elle travaillait. C’est pourquoi elle avait fait de simples tirages d’imprimante toutefois, cela restait illégal. En tant que chef du service médico-légal, elle en prendrait l’entière responsabilité et accepterait les conséquences si cela devait être nécessaire. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait besoin de consulter ces dossiers, encore une fois, avant de prendre une décision qui allait changer sa vie à jamais en était-elle persuadée.

    Anna travaillait comme médecin légiste dans une clinique privée depuis dix ans. Elle n’avait été nommée directeur du service que depuis quelques mois et elle avait pris à cœur ses nouvelles responsabilités. Dans son métier, quelle que soit l’autopsie à pratiquer ou le médecin la pratiquant, aucun doute n’était permis. Tous actes ou toutes analyses devaient être vérifiés et revérifiés, chaque mot devait être bien approprié et la conclusion irréprochable. Le service fonctionne de cette façon depuis longtemps et pourtant ce soir elle doutait. Bien que la conclusion d’un suicide ne fasse aucun doute et que les coïncidences pouvaient exister, elle ne cessait de se demander s’ils n’avaient pas commis une énorme erreur.

    Lorsqu’on lui avait proposé de rejoindre ce service il y a dix ans, Anna était la seule femme. Elle avait dû faire ses armes et démontrer ce qu’elle valait aux yeux de ses confrères et supérieurs. Son assiduité et son professionnalisme dans le travail avaient fait d’elle un allié indispensable, elle avait gravi les échelons jusqu’à sa nomination de chef, il y a tout juste quatre mois. Anna est une battante et elle démontre chaque jour sa détermination et sa volonté à réussir dans ses nouvelles fonctions.

    Il y a deux semaines, on avait déposé sur son bureau une photographie avec une petite note épinglée dessus et qui disait « trouvé dans le parking B »… C’était une photo typique du visage de la personne qu’on prenait avant de pratiquer l’autopsie. C’était surtout le visage d’une jeune femme qui avait gardé un visage enfantin. Anna se souvient avoir eu un vertige en voyant la photo ainsi étalée sur son bureau, le malaise l’avait submergée parce que ce visage lui rappelait tellement celui de Juliette… Une telle ressemblance qu’elle en était perturbante. D’ailleurs il avait fallu à Anna plusieurs minutes d’observation pour être sûr que ce n’était pas son amie décédée sur le cliché. Et afin de lever le doute qu’elle s’était créé, Anna avait recherché dans les archives le dossier correspondant à la photo pour être certain que tout cela n’était pas une macabre plaisanterie.

    Sauf, que la photo faisait bien partie d’un dossier et qu’elle correspondait bien à une jeune femme décédée. Une jeune femme morte par overdose, elle n’avait que dix-neuf ans, le même âge que Juliette, elle aussi morte par overdose.

    En lisant le rapport d’autopsie de cette femme, elle trouva des similitudes avec celui de Juliette. Anna avait donc consulté le dossier de son amie afin de les comparer… Depuis, le doute ne la quittait plus. Devait-elle en parler ? Prévenir sa hiérarchie ? La prendrait-on  pour une folle ? L’aurait-on accusé de surmenage dû à ses nouvelles responsabilités ? Il était vrai que depuis quelques semaines, elle ne comptait plus les heures supplémentaires et ne refuserait pas quelques jours de congés. Que devait-elle faire ? Pourtant habituée à découvrir les horreurs de la vie, une vive angoisse l’avait saisie. Elle manquait d’air et une sensation d’oppression s’empara d’elle dans cette grande pièce blanche. Elle se sentait seule et perdue. Et pourtant, cette pièce, elle l’avait décorée avec goût, choisi un mobilier en chêne noir, avait accroché aux murs quelques tableaux de jeunes peintres inconnus parce qu’elle n’aimait afficher ses diplômes et autres prix qu’elle avait gagné, étalant ainsi une gloire qui n’en était pas une. Anna adorait cette pièce, mais ce soir, elle lui paraissait sans âme…

    Elle retira sa blouse blanche qu’elle laissa pendre sur le fauteuil du bureau et enfila son manteau qu’elle prit sur le portique près de l’entrée. Anna regarda encore une fois sans véritablement les voir les toiles posées sur le mur, elle ferma son attaché-case et le fit glisser à son bras. Elle regrettait à cet instant d’avoir privilégié son métier à sa vie personnelle. Chez elle, il n’y avait pas de mari qui l’attendait, pas d’enfant, ni même un animal domestique. À l’aube de ses quarante ans, même si son travail la passionne autant que le premier jour, elle allait rentrer chez elle, dans son appartement, seule comme tous les soirs. Perdue dans ses pensées, lasse et résignée, serrant fortement son attaché-case sous son bras, craignant peut-être qu’il ne s’envole, elle ferma la porte de son bureau à clé. Elle glissa la clé dans sa poche lorsqu’une voix grave derrière elle  la fit sursauter.

    Samuel Berton,  était un des veilleurs de nuit de la clinique depuis  environ quinze ans, c'était un homme grand et charpenté d’un mètre quatre-vingt-quinze. Tous les soirs où elle était de service, il accompagnait le docteur Siniro jusqu’à sa voiture au parking souterrain. Bien qu’elle ne pense pas être en réel danger, elle appréciait sa présence et se sentait rassurée. Elle avait appris à connaître ce gaillard au grand cœur et parfois, enviait la vie de l’épouse de Sam, marié depuis plus de trente ans et papa de sept merveilleuses filles. Comme sa vie aurait été différente si elle s’était accordée du temps.

    Sam adorait parler de sa famille et Anna ne se lassait jamais des histoires que lui racontait ce papa poule, seul représentant mâle de la famille. Anna se sentait si petite à ses côtés, ne mesurant à peine plus d’un mètre soixante et ne dépassant pas cinquante kilos, elle avait des difficultés à suivre le rythme des pas du gardien. Trois de ses filles avaient déjà quitté la maison familiale pour faire leur étude, l’une était même infirmière dans cet hôpital. Il avait peur de l’avenir, lui dit-il, puisque la maison semblait déjà vide. Cet homme se faisait nostalgique de quand elles étaient petites et qu’elles attendaient son retour le matin agglutinées autour de la table du petit-déj.

    Le rire de Sam suffisait à lui remonter le moral et elle rit à son tour. Sam avait toujours travaillé de nuit pour être présent le jour pour ses filles mais les filles grandies, il voulait reprendre le service de jour et Anna savait qu’il lui manquerait le soir lorsqu’elle quittera la clinique, inconsciemment sa présence la rassurait. Sam continue de meubler la conversation jusqu’à la voiture d’Anna. Elle sortit les clés de son sac à main et déverrouilla la portière de sa mini Cooper rouge pour s’installer au volant. Elle lança son habituel « au revoir et merci » et quitta le parking sachant que Sam attendrait qu’il ne voie plus les phares de sa voiture avant de rejoindre le poste de garde.

    La nuit était fraîche, la ville s’était parée de ses lumières artificielles, les boutiques avaient tiré leurs rideaux de fers, les restaurants et les bars se vidaient et se remplissaient aux rythmes des clients. La demi-heure qui séparait la clinique de chez elle lui parut des heures. L’immeuble, où elle résidait, se situait en dehors du centre-ville dans un quartier calme et sécurisant. Situées au dernier étage, les fenêtres de son appartement se tournaient vers le parc municipal où Anna avait l’habitude d’y faire son jogging. Elle chercha dans la boîte à gants un bipeur et l’avait actionné pour ouvrir le portail menant au garage de l’immeuble. Elle se gara à un emplacement libre et se dirigea directement vers la loge du gardien pour lui souhaiter le bonsoir. Mohammed, le gardien était arrivé en France il y a plus de quarante ans, mais son français était toujours approximatif et difficile à comprendre. C’était certainement l’homme le plus gentil et disponible qu’Anna connaisse. Toujours prêt à rendre service, quels que soient l’heure et le jour. Son épouse Fatima et lui travaillaient pour la même société depuis plus de trente-cinq ans sans jamais avoir été malades ou absents. Il n’avait eu qu’un fils devenu grand désormais et qui vivait loin de chez eux. Ils aimaient surtout veiller sur le bien-être et le bonheur des occupants de l’immeuble et Anna leur en était toujours reconnaissante.

    Une porte à ouverture automatique lui permit d’entrer dans le hall en longeant un couloir, puis se dirigea vers l’ascenseur. C’était un immeuble moderne et très sécurisé, cela avait tout de suite plu à la jeune femme. Se sentir en sécurité était essentiel dans la vie, surtout lorsqu’on était une femme célibataire qui vivait seule. L’immeuble comportait cinq étages de deux appartements et au sixième Anna avait acheté les deux appartements pour n’en faire qu’un. Seul l’accès au sixième étage, celui d’Anna, était sécurisé par un code à six chiffres, car les portes s’ouvraient directement sur un hall. Si on voulait monter chez elle, on devait impérativement l’avertir au moyen de l’interphone ou alors connaître le code. Seules sa mère et sa femme de ménage le connaissaient et Momo avait une clé de secours, mais le vieux monsieur ne s’en était jamais servi.

    Dans le hall trônait une commode difforme qui datait d’un autre siècle et une patère accrochée au mur dans un style contemporain. Anna se débarrassa de ses chaussures et son manteau puis ouvrit une porte coulissante, pénétrant alors dans un salon gigantesque. D’un geste habituel, elle ôta son blazer noir qu’elle jeta sur le dossier d’un des canapés, fit glisser la fermeture de sa jupe noire également qui tomba à ses pieds, l’enjamba pour se libérer, déboutonna sa chemise de soie azur, dévoilant des dessous sexy en dentelles blancs. Elle se laissa tomber sur un autre canapé gris qui formait, avec son jumeau, un L, autour d’une petite table, installée sur un tapis du même gris que les sofas. Des rayonnages de livres s'étalent le long des murs et une grande baie vitrée, dévoilant un ciel étincelant de mille étoiles, s'étend sur toute la longueur d’un mur de l’appartement. Pour profiter de cette vue, elle avait fait installer un vitrage fait d’un matériel spécial, un peu comme les vitres sans tain, qui permettait de voir à l’extérieur en cachant l’intérieur des regards indiscrets.  Même si on pouvait apercevoir un fin filet de lumière, aucune silhouette ne pouvait être vue. Et si une telle installation avait eu pour but de privilégier la vue et de laisser la baie sans rideaux, Anna en avait fait son poste d’observation favori, espionnant à son gré et sans gêne son voisinage, un plaisir coupable qu’elle se permettait parfois.

    Sur la droite de l’appartement se trouvait une grande cuisine ouverte, des meubles gris et blanc s’accordaient à merveille au style de la maison. Anna ne s’en servait pratiquement jamais, la cuisine n’étant pas un de ses atouts. Une ouverture en arcade donnait sur le second appartement qu’Anna avait fait aménager en trois chambres, deux pièces d’eau et un dressing. Il fut un temps où elle avait gardé espoir de voir toutes les chambres occupées par une ribambelle d’enfants et même si l’appartement était trop grand pour elle, Anna ne regrettait pas un instant cet achat et ne désirait pas vivre ailleurs. Bien qu’elle soit originaire de Normandie où elle avait vécu toute son enfance, Anna avait fait ses études de médecine dans la Capitale. À cette époque, elle vivait avec Ronald Corbeau dans un tout petit appartement proche de l’hôpital où elle était interne. Ils s’étaient fiancés avant même la fin de leurs études. Ronald avait trouvé un travail dans un petit cabinet comme dentiste et Anna poursuivait ses études en chirurgie. Ils étaient jeunes, heureux et amoureux. Anna se voyait déjà mariée, mère de deux ou trois enfants et vieillir auprès de lui. Pour elle, Ronald était tout. À la fin de ses études, lorsqu’on lui avait proposé ce poste de médecin légiste pour la clinique privée Marie Curie, Ronald avait vu alors l’occasion de changer de vie. La perspective d’avoir un enfant et une demande en mariage en bonne et due forme avait convaincu Anna d’accepter l’offre.

    Quelques semaines plus tard, elle était partie prendre ses nouvelles fonctions tandis que Ronald devait la rejoindre une fois ses parts de cabinet médical vendues. La clinique lui allouait un petit meublé en attendant qu'ils trouvent un nid douillet. Ce nid, elle pensait l’avoir trouvé dans ces deux appartements dès qu’elle y avait mis les pieds. Anna s’était portée garante pour l’achat, y laissant toutes ses économies et un crédit qu’elle remboursait encore dix ans plus tard. Ronald lui promettait de l’aider financièrement dès qu’il serait là. Mais finalement, la venue du bel étalon n’eut jamais lieu. Anna avait appris plus tard qu’il n’avait jamais eu l’intention de venir la rejoindre. Leur histoire d’amour n’avait été qu’une tromperie grotesque. Elle était seule et endettée, mais pas vaincue. Pour oublier d’avoir été naïve et aller de l’avant, elle s’était investie dans son nouveau travail, acceptant toutes gardes et heures supplémentaires pour gonfler son salaire. Après cinq ans de galère, elle avait repris enfin une vie dite « normale ». Elle se fit ce jour-là bêtement la promesse de ne plus jamais tomber amoureuse, aujourd’hui dix ans plus tard, elle le regrettait amèrement. Elle n’aurait jamais dû laisser cette rage envers un homme qui ne le méritait pas lui dicter un avenir qu’elle ne désirait pas. Il avait eu une emprise inconsciente et involontaire sur sa vie et avait détruit tout espoir de fonder une famille. Deux ans après leur rupture, elle avait appris que Ronald s’était marié avec une de ses clientes et que malheureusement son épouse et lui s’étaient tués dans un accident d’avion. Quel gâchis !

    Anna se leva, se dirigea vers la cuisine, ouvrit le réfrigérateur et resta à contempler avec dégoût un reste de pizza toute sèche et un morceau de fromage tout aussi sec. Heureusement, il restait deux bouteilles de vin blanc, elle en saisit une. En claquant la porte du frigo, elle lut sur un post-it « faire les courses », il datait déjà de plusieurs jours. Elle sortit d’un tiroir un tire-bouchon, ouvrit la bouteille et se versa un verre qu’elle prit sur le rebord de l'évier. À travers les vitres sans tain, elle vit son reflet. Anna était une belle femme aux formes agréables, un peu mince selon ses propres critères, mais très convoitée et souvent courtisée. Anna aimait séduire, adorait qu’on la désire… En ville, il y avait plusieurs bars pour célibataire où elle allait prendre un verre les soirs de déprime et presque à chaque fois, elle ne ressortait pas seule. Elle sourit en pensant à sa dernière rencontre, un trentenaire qui exerçait le métier de dentiste, quelle ironie ! Le monsieur enchanté, lui avait donné son numéro de téléphone lui faisant promettre de le rappeler, mais, Anna ne le rappela pas, elle ne le faisait jamais. Elle désirait, juste un instant, oublier qui elle était, se mettre dans la peau d’une autre pendant quelques heures avant de retourner dans la réalité de sa vie et se maudire de son comportement.

    Le verre à la main, elle se dirigea directement à la salle de bain privative de sa chambre où elle fit couler un bain. Elle retira ses dessous et laissa apparaître une nudité parfaite, elle s'admirait devant la glace, excepté ses seins qu’elle trouvait trop petits, elle se trouvait bien faite et encore séduisante. La nudité n’avait jamais été un complexe pour Anna et elle aimait se balader le soir nue dans son appartement. La sonnerie de son téléphone portable vibra dans une autre pièce, traversant l’appartement, elle le récupéra dans la poche de son manteau, instinctivement elle prit soin de verrouiller la porte intermédiaire avant de décrocher.

    Tout en écoutant sa mère se lamenter de sa journée interminable, Anna retourna à la salle de bain et récupéra son verre de vin et tout en le sirotant, elle se laissa tomber sur le canapé.

    Depuis le décès de son père il y a trois ans, sa mère l’appelait chaque soir. Elle lui parlait surtout d’elle et de ses longues journées seules et si Anna ne lui parlait jamais de son travail, sa mère ne lui demandait jamais comment la sienne s'était déroulée. Elle ne demandait pas non plus comment elle allait, elle. Anna adorait sa mère, mais elle aurait aimé qu’elle lui pose la question au moins une fois. Après avoir écouté, comme une fille bien élevée, le monologue de sa mère, elle lui souhaita une bonne nuit, lui promettant comme chaque soir de lui rendre visite très prochainement. Elle en était à son deuxième verre de vin quand elle entra dans la baignoire, l’eau se répandit sur le carrelage de faux marbre blanc. C’était chaud et réconfortant. Sentant

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