Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Find Me: Found la duologie, #2
Find Me: Found la duologie, #2
Find Me: Found la duologie, #2
Livre électronique432 pages5 heures

Find Me: Found la duologie, #2

Évaluation : 4.5 sur 5 étoiles

4.5/5

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

La conclusion de Found, l'histoire de Gwen et JC en deux tomes, suite de Free Me, par Laureline Paige, auteure de best-sellers au classement du New York Times.

Je suis venue au Sky Launch pour tout recommencer, loin des horreurs de mon passé. Les circonstances qui m'ont amenée ici n'étaient pas idéales, mais je me suis liée d'amitié avec Alayna et Hudson Pierce, et ma famille a guéri comme je ne l'aurais jamais cru possible. Avec eux dans mon entourage proche, je ne me suis jamais sentie plus en confiance. 


Mais pour tout recommencer à zéro, il faut savoir lâcher prise. 


Et il y a certaines choses que je ne veux pas abandonner - JC, par exemple, l'homme qui m'a appris à me libérer. L'homme que je n'étais pas censée aimer.

 

L'homme que je ne veux pas perdre. 


Je suis en sécurité dans ma vie désormais. Les menaces du passé sont devenues moins inquiétantes et je me retrouve face à un choix : tourner la page ou me raccrocher à l'espoir que JC m'aime suffisamment pour venir me retrouver.

LangueFrançais
Date de sortie20 juil. 2020
ISBN9781942835875
Find Me: Found la duologie, #2
Auteur

Laurelin Paige

Laurelin Paige is the New York Times and USA Today bestselling author of the Fixed Trilogy. She's a sucker for a good romance and gets giddy anytime there's kissing, much to the embarrassment of her three daughters.

Auteurs associés

Lié à Find Me

Titres dans cette série (2)

Voir plus

Livres électroniques liés

Romance contemporaine pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Find Me

Évaluation : 4.25 sur 5 étoiles
4.5/5

12 notations0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Find Me - Laurelin Paige

    Un

    — Le test d’aujourd’hui était négatif, déclara Laynie lorsque j’entrai dans le bureau, sans autre forme de salutation. Je ne vais jamais tomber enceinte, Gwen.

    Je laissai tomber mon sac sur le canapé et me mordis l’intérieur de la joue pour ne pas rire avant de répondre :

    — Tu plaisantes, n’est-ce pas ?

    — Non. Il y avait un gros signe moins en gras. Ce qui signifie : négatif. Pas enceinte. Pas de bébé. Infertile. Rien ne pousse dans ce sol-là.

    Incapable de me retenir, j’éclatai de rire.

    — Ça fait seulement deux mois que tu as commencé à essayer. Ce n’est même pas assez long pour que le Depo ait entièrement évacué ton organisme, tu sais ? As-tu seulement eu tes règles ?

    Alayna, Laynie pour les intimes, s’était mariée en avril à Hudson Pierce, l’un des hommes de moins de trente ans les plus riches du pays et propriétaire du Sky Launch, le club où nous travaillions ensemble en tant que co-gérantes. J’ignorais qu’elle voulait des enfants pendant tout le temps qu’ils avaient été fiancés, mais dès l’instant où elle était rentrée de sa lune de miel, elle s’était lancée dans des projets de famille. La caractéristique la plus notable de Laynie, techniquement ma patronne, était sa capacité à se concentrer attentivement sur un projet jusqu’à ce qu’il soit terminé. En d’autres termes, elle était un peu obsessionnelle.

    En fait, c’était formidable quand il s’agissait de travailler. Elle pensait toujours à tout, ne ratait aucun détail. Son cerveau fonctionnait en surrégime, et même si elle parlait sans cesse boulot, sa passion et ses idées créatives faisaient en sorte que l’on ne s’en lasse jamais.

    Une partenaire bourreau de travail, c’était l’idéal pour moi. Outre ma famille et mon amitié avec Laynie, mon métier était tout ce que j’avais pour occuper mon temps. Enfin, en quelque sorte. Et comme elle avait d’autres centres d’intérêt, de même que les deux autres personnes importantes dans ma vie – ma sœur Norma et mon frère Ben –, je passais beaucoup de temps concentrée sur mon travail, ce qui contribuait certainement à mon sentiment de solitude.

    Mais maintenant, Laynie était obsédée par la perspective d’avoir un bébé.

    Mon Dieu, je ne savais rien à rien sur les bébés. Ou la grossesse. Ou le mariage. Pas plus que je ne comprenais que l’on puisse être amoureux et engagé envers une personne au point de vouloir procréer avec elle. D’ailleurs, ces discussions en boucle sur le même sujet finissaient par me donner l’impression d’être plus seule que jamais. Et elle n’était même pas encore enceinte. Qu’est-ce que ce serait quand elle aurait réellement un autre humain à sa charge ?

    — Je n’ai pas encore eu mes règles, répondit Laynie alors que je me dirigeais vers mon bureau, perpendiculaire au sien. Ce qui fait que c’est encore plus difficile de deviner à quel moment je suis censée faire le test. Mais j’ai eu tous les symptômes de l’ovulation il y a deux semaines : l’augmentation de la température, le changement du liquide cervical et la fermeté. Ce qui signifie que mes règles auraient dû commencer aujourd’hui. Comme elles ne sont pas là, il est possible que je sois enceinte et que le test ne l’ait tout simplement pas encore perçu, non ?

    — Tu ne me poses pas vraiment cette question à moi, j’espère ?

    Je m’effondrai sur ma chaise et me connectai à mon ordinateur tout en parlant.

    — Parce que tu sais que je n’ai aucune connaissance sur tout ce qui touche à la conception.

    — Je viens de te faire un résumé. Je devrais avoir mes règles. Je ne les ai pas. Le test est négatif. Pourtant, toutes ces contradictions… Je pourrais être enceinte. Pas vrai ?

    — On dirait que tu as répondu à la question par toi-même.

    Je sentais bien qu’elle était sur le point de protester et je m’empressai d’ajouter avant qu’elle ne reprenne la parole :

    — Ma vieille, tu es toute seule dans cette histoire. Je ne peux te donner aucune idée ni opinion. Maintenant, si tu as envie de trier les CV pour le nouveau chef-cuisinier, là, j’aurai beaucoup de choses à dire.

    Elle ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. Quand elle recommença, ce fut pour répondre :

    — Je suis obsédée, c’est ça ?

    Je levai le pouce et l’index avec quelques centimètres d’écart.

    — Un peu.

    Elle grommela, laissant retomber son front sur son bureau.

    — Oh, mais il ne faut pas t’en vouloir. Je sais que c’est frustrant. Tu as décidé que tu voulais quelque chose, et maintenant tu ne penses à rien d’autre.

    Bon Dieu, je connaissais ce genre d’état. Mais je savais aussi que la vie pouvait continuer en attendant. Même lorsque l’attente était interminable.

    Au moins, elle n’avait pas à attendre seule.

    Je m’empêchai d’aller plus loin sur ce terrain, craignant de ne pas pouvoir retenir des paroles amères alors que je n’avais rien contre elle.

    — Ça va prendre du temps. Le médecin n’a pas dit qu’il pourrait s’écouler un an avant le redémarrage de ton système reproducteur ?

    La tête toujours baissée, elle laissa échapper un autre gémissement étouffé avec un sanglot exagéré.

    — Je ne dis pas que ça prendra aussi longtemps. Seulement tu dois être… patiente.

    Plus facile à dire qu’à faire. Je le savais.

    — En attendant, continue d’essayer. Amusez-vous autant que possible. Après tout, vous êtes de jeunes mariés.

    Elle se redressa brusquement, ses cheveux bruns volant dans le mouvement.

    — Oh, crois-moi, on essaie. Tout. Le. Temps.

    Elle remua ses sourcils et son intonation soudain optimiste suggéra qu’elle allait se lancer dans un récit gênant de sa vie sexuelle incroyablement abondante.

    Depuis peu, ses histoires avaient commencé à provoquer une vague d’envie qui brûlait dans tout mon être. C’était redoutable, mais je refusais de le lui faire savoir. Au début, elles avaient réveillé en moi des souvenirs vivaces de l’homme que j’attendais, de ce que nous faisions, lui et moi, chaque fois que nous étions ensemble. J’avais aimé ces souvenirs. Ils me donnaient quelque chose à quoi me raccrocher. Quelque chose à espérer.

    Maintenant, ils ne faisaient que me rappeler ce dont j’étais privée.

    J’esquissai néanmoins un sourire encourageant, préférant encore ses allusions croustillantes à ses projets de bébé.

    — S’il te plaît, Laynie. Ne me fais pas croire que vous le faites plus qu’avant, quand vous n’essayiez pas encore. Vous avez tous les deux des pulsions sexuelles insatiables.

    Elle sourit.

    — C’est Hudson. Ça n’en finit jamais avec lui. Ce matin, il m’a réveillée avant cinq heures, et il était encore à moitié nu quand son chauffeur a sonné à huit heures moins le quart. L’endurance légendaire des Pierce, crois-moi…

    — Non, non. Je peux à peine le regarder avec tout ce que je sais, maintenant.

    — Je dis juste qu’on pourrait sûrement t’arranger le coup avec un cousin ou quelqu’un d’autre.

    Elle m’adressa un clin d’œil. Ce fut mon tour de gémir.

    — Pitié, pas ça.

    Quant à l’endurance des Pierce, j’avais l’impression qu’il s’agissait surtout de l’endurance personnelle de Hudson. J’avais un Pierce pour amant, et on ne pouvait certainement pas dire qu’il durait aussi longtemps. Cela dit, c’était peut-être simplement à cause de leur différence d’âge.

    De toute façon, je ne risquais pas d’évoquer avec qui que ce soit ce petit extra, surtout pas avec ma collègue. C’était gênant et mal – à bien des égards, pas seulement à cause des années de différence entre lui et moi. J’étais sûre que Laynie et moi étions suffisamment proches pour qu’elle ne me juge pas et ne me fasse pas de leçon de morale, mais tout de même. Je me sentais coupable. C’était bien normal. Je ressentais chaque sentiment négatif, depuis la honte jusqu’au dégoût en passant par le remords.

    Laynie me disait que j’étais ridicule. Elle avait déjà décidé que je ne pouvais pas passer ma vie à attendre qu’un homme qui avait visiblement disparu refasse surface. Et peut-être qu’une partie de moi était d’accord. C’était peut-être pour ça que j’avais laissé cet autre Pierce faire son chemin dans ma vie. Dans mon lit.

    Mais je ne l’avais pas laissé accéder à mon cœur, car malgré le temps qui s’était écoulé, mon cœur appartenait à quelqu’un d’autre.

    — Bon, d’accord, pas de rencard avec un gars de la famille de Hudson. Mais dès que tu changes d’avis, je te présente quelqu’un. Préviens-moi quand tu seras prête.

    Tout en mâchonnant ma lèvre inférieure, je lâchai un « Hmm » évasif. Je faisais mine d’être absorbée par ce qui était sur mon écran. Dieu merci, elle ne pouvait pas le voir de là où elle était assise, sinon elle se rendrait compte que je fixais le bureau de l’ordinateur. Non que je ne veuille absolument pas discuter de ce sujet, mais je ne savais pas quoi lui dire d’autre. « Ne t’embête pas, je suis un cas désespéré » ne ferait que la pousser à me convaincre du contraire. Et je ne voulais pas être convaincue. Parce que je ne serais jamais prête, je le savais.

    — À ton service, ajouta-t-elle.

    Je sentis encore son regard pendant quelques secondes avant d’entendre le cliquetis de ses doigts sur son clavier. C’était sincèrement attentionné de sa part d’essayer comme elle le faisait. J’avais encore du mal à savoir comment me comporter avec les gens qui se souciaient de moi, à l’exception de Norma et Ben. Des gens comme Alayna, Hudson, Boyd – le petit ami de Norma – et Éric, le fiancé de mon frère. Il n’y avait pas si longtemps encore, j’étais fermée à tout le monde, repliée sur moi-même, refusant de lâcher prise ou de laisser entrer les autres, et c’était parfois gênant de répondre à toutes ces attentions. C’était stupide, sans doute. Après tout, ce n’était pas comme si j’étais devenue capitaine d’une équipe de pom-pom-girl en matière de vie sociale, ni rien d’aussi exubérant. Mais j’avais clairement changé. Et je devais m’y habituer.

    Heureusement, Alayna n’insista pas. Ce qui signifiait qu’elle avait lâché l’affaire pour le moment et que je pouvais reporter mon attention sur le travail.

    Laissant échapper une longue expiration, j’ouvris le dossier partagé sur mon ordinateur intitulé Restaurant. J’étais surtout responsable des opérations et Laynie du marketing et des ressources humaines, mais nous avions constaté que nos meilleures idées, les plus innovantes, nous venaient quand nous travaillions ensemble. Ainsi, même si elle était présente le jour et moi la nuit, nous faisions en sorte que nos horaires se chevauchent plusieurs fois par semaine afin de pouvoir collaborer et prendre des nouvelles. Vendredi soir, nous gérions le club ensemble. Sa présence n’était pas nécessaire – nous avions plus qu’assez de managers qualifiés pour couvrir tous les services sans qu’elle ait à se bloquer en début de week-end – mais elle affirmait qu’elle aimait garder le contact avec ce qui faisait prospérer le club. Franchement, j’étais surprise que Hudson la laisse travailler quand il n’était pas au bureau. Il était aussi obsessionnel du contrôle qu’elle l’était dans d’autres domaines. Malgré tout, ces deux-là fonctionnaient très bien. Parfaitement, même.

    J’ignorais comment, mais quoi qu’il en soit, j’étais contente que nous assurions certains services ensemble, toutes les deux. En plus d’être une bonne amie, c’était une formidable femme d’affaires. Elle travaillait au Sky Launch depuis plusieurs années, mais elle n’en avait pris la direction qu’au même moment que moi. J’avais été impressionnée dès le premier jour par ses projets d’expansion pour la discothèque, y compris ses idées pour mettre en valeur le meilleur atout du club, les bulles privées du premier étage qui surplombaient la piste de danse. Nous nous étions concentrées sur l’organisation de fêtes de moindre envergure, en partenariat avec diverses entreprises locales, et nous avions lancé une campagne de promotion à l’échelle de la ville par l’intermédiaire d’une des meilleures agences de pub de New York.

    Récemment, nous avions planché sur son idée d’avoir un restaurant sur place en journée. Le dernier club où j’avais travaillé, L’Étage 88, avait un modèle similaire, offrant des services de jour comme de nuit, et nous l’avions adapté au Sky Launch. Actuellement, nous étions à la recherche de chefs-cuisiniers.

    — Tu as confirmé auprès de Fuschia MacDonahough pour demain ? demandai-je en consultant notre liste de choses à faire.

    Depuis plusieurs mois, nous nous retrouvions tous les jeudis pour dîner au loft où elle vivait avec Hudson. C’était l’occasion de passer du temps dans un environnement non professionnel, même si au cours des deux dernières semaines, nous avions ajouté un peu de travail à la routine en faisant venir, chaque semaine, un chef différent sur notre liste de recrues potentielles, qui nous préparait le repas en guise d’entretien de recrutement, nous permettant ainsi de tester sa cuisine.

    Ce rendez-vous régulier avait renforcé notre amitié. Norma, ma sœur, nous rejoignait parfois, et de temps en temps Ben et Éric aussi. Nous étions devenus une famille, en quelque sorte, des morceaux de personnes brisées qui se réunissaient comme une couverture en patchwork. C’était une soirée que j’attendais avec autant d’impatience que je redoutais la solitude du mercredi soir qui la précédait.

    — Oui. La semaine prochaine, nous avons confirmé Jordan Chase.

    — Après, nous devrons prendre une décision.

    Son front se plissa et je priai pour qu’elle ne se dirige pas là où je pressentais qu’elle allait.

    — Jordan Chase, répéta-t-elle. Ça pourrait être ce fameux JC.

    Et voilà, c’était reparti.

    JC.

    — JC n’était pas cuisinier.

    — Tu en es sûre ?

    — Oui. J’en suis sûre.

    Et le C représentait probablement un deuxième prénom, certainement pas son patronyme. Parmi les rares choses qu’il m’avait dites, l’une était son nom de famille : Bruzzo. J’avais gardé cette information pour moi, comme la plupart de ce qu’il m’avait confié la dernière fois que je l’avais vu.

    — Son prénom pourrait toujours être Jordan.

    Cette bonne vieille Laynie. Toujours avec ses obsessions.

    — Ça me plaît, ça sonne bien.

    Si j’en avais la force, je la laisserais parler sans réagir.

    Mais je n’avais aucune force en ce qui concernait JC, et Alayna le savait. Je pivotai mon siège vers elle et lui lançai un regard noir.

    Les yeux dans le vague, elle ne perçut pas mon coup d’œil.

    — Gwen et Jordan. Jordan et Gwen. J’aime bien. C’est vraiment accrocheur.

    Enfin, elle leva la tête vers moi.

    — Quoi ?

    — Il y a une minute, tu voulais m’arranger le coup avec quelqu’un, et maintenant tu parles de JC. Tu veux que je sois avec lui ou pas ?

    — Je ne veux rien de spécial. Enfin, je veux que tu sois heureuse. Et d’après ce que tu as dit sur ce type, je pense qu’il te rend heureuse. Alors, j’aimerais qu’il revienne de l’endroit où il a disparu et qu’il réussisse cet exploit.

    Moi aussi.

    Cependant, je ne voulais pas emprunter ce chemin-là ce soir. Je hochai la tête, espérant qu’elle saisirait le message, et je me retournai vers mon écran.

    Manque de bol.

    — Mais s’il ne revenait pas…

    — Alors, tu penses que je devrais continuer à vivre. Je sais, je sais.

    Elle me l’avait dit bien assez souvent pour que je connaisse sa position à ce sujet.

    Toutefois, elle me surprit en disant :

    — Je suis tiraillée, Gwen. Il a l’air formidable. Parfait pour toi. Et après tout ce que Hudson et moi avons vécu, je crois que l’amour est capable de surmonter des obstacles inouïs.

    C’était un beau sentiment. Je voulais le croire aussi.

    — Mais notre seul obstacle, c’est qu’il n’est pas là.

    Enfin, en plus du fait qu’il s’était marié avec quelqu’un d’autre à Las Vegas, trop ivre pour savoir ce qu’il faisait. C’était encore un détail que j’avais omis de raconter à Alayna.

    — Exactement. Il devrait être ici. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Tu dois donc décider combien de temps tu vas l’attendre. Quelle durée de ta vie vaut la peine d’être mise entre parenthèses pendant que tu attends qu’il se pointe ? Et s’il ne revient jamais ?

    C’était la question que je me posais tous les jours.

    La vraie réponse : je serais perdue. J’étais perdue. Grâce à lui, j’étais ouverte, plus détendue et plus proche du bonheur que je ne l’avais été pendant toute ma vie. Mais une partie de moi – celle qui croyait à l’amour pour toujours, aux doux baisers et au romantisme – était perdue.

    Honnêtement, je n’étais pas certaine de l’avoir jamais complètement trouvée. Je l’avais entrevue, cependant. J’avais vu des bribes de moi-même qui m’avaient laissé entendre que j’avais un potentiel de bonheur. Si tel était le cas, je savais sans l’ombre d’un doute que je ne me trouverais jamais vraiment sans lui. Sans JC.

    Mais Alayna avait raison. Combien de temps pouvais-je attendre avant de faire semblant, au moins, de continuer ?

    — Je ne sais pas, dis-je avec franchise.

    Laynie garda le silence pendant un moment. J’entendais les rouages tourner dans sa tête.

    — Je te comprends, dit-elle enfin. Sincèrement. J’ai perdu tant de temps avec des relations moins prometteuses que la vôtre, et j’ai géré ça de manière bien moins saine que toi, puisque tu te contentes sagement de te retirer temporairement du marché. Mais Lauren, ma psy préférée, disait que parfois, on n’est même plus intéressé par ce que l’on recherche. Seulement, on a pris l’habitude de se concentrer là-dessus.

    Était-ce ce que JC était devenu pour moi ? Une simple habitude ?

    Je ne voulais pas y penser. Pourtant, s’il m’avait appris quelque chose, c’était justement que vivre dans le passé revenait à ne pas vivre du tout.

    Je n’avais jamais eu de problèmes de dépendance, pourtant en ce moment, j’avais l’impression d’avoir une idée de ce qu’Alayna avait dû traverser en affrontant ses tendances obsessionnelles par rapport aux hommes. Combien cela avait dû être difficile d’essayer enfin d’» arrêter ». C’était la raison pour laquelle mon père n’avait jamais pu abandonner la bouteille et s’était tourné vers l’héroïne – parce qu’il était infiniment difficile de renoncer à ce pour quoi l’on vivait.

    De la même manière, il m’était presque impossible d’envisager d’abandonner JC, même s’il n’était devenu qu’un souvenir.

    Et avec cette clarté, je prenais conscience que c’était exactement ce que je devais faire : l’abandonner. Parce que je ne voulais pas ressembler à mon père.

    Laynie avait raison. Je devais m’inscrire aux JC Anonymes. Je devais arrêter. Avec hésitation, je lui demandai :

    — Et d’après ce docteur Lauren, quel est le meilleur moyen d’arrêter ?

    — Eh bien…

    Elle était tout aussi hésitante dans sa réponse, trop consciente de la difficulté que cela représentait pour moi, ne serait-ce que de penser à arrêter.

    — Elle suggère de fixer une date. Une date à laquelle on prévoit de cesser d’attendre, ou dans mon cas, d’être obsédée, puis à cette date, on arrête. Comme un travail. Pose ton préavis aujourd’hui et sache que c’est tout le temps qu’il te reste avant de continuer.

    — Alors, je devrais choisir une date pour passer à autre chose et oublier JC ? Ça me semble un peu simpliste, non ?

    — Un peu, mais ça marche.

    Elle réfléchit une seconde puis se corrigea :

    — Ou du moins, ça aide. Rien ne marche vraiment, sauf la persévérance.

    Je pinçai les lèvres en songeant à ce qu’elle avait dit. Ce serait facile d’appliquer ces mêmes mots à mes raisons de ne pas baisser les bras avec JC. Si je croyais vraiment que nous pouvions être ensemble, je ne devais pas abandonner.

    Mais cela faisait presque un an qu’il m’avait quittée. Près de douze mois depuis qu’il m’avait avoué qu’il était le témoin-clé d’un meurtre. Qu’il devait être mis sous protection jusqu’au procès. Je n’avais aucun moyen de savoir quand le procès se terminerait, et à ce moment-là, c’était lui qui devait venir me trouver. Ce qui pourrait s’avérer difficile, étant donné que j’avais tourné le dos à tout ce qui constituait mon ancienne vie, pour les besoins de ma propre sécurité. En l’occurrence contre mon père.

    J’avais confiance, il saurait me retrouver. Mais me chercherait-il seulement ? Certes, j’avais toujours des sentiments pour lui, mais quand j’y pensais avec logique, c’était ridicule. Parce qu’au cours des sept mois avant son départ, notre relation n’avait véritablement duré que deux semaines. Quatre-vingt-quinze pour cent du temps, ce n’était que sexuel. Alors, qu’est-ce que j’attendais vraiment ? Un homme qui m’avait ouvertement aimée l’espace de… quoi ? Un jour et demi ? Bien sûr, il y avait le sexe. Incroyablement bon, je dois dire.

    Mais ce n’était pas suffisant pour justifier un passage à vide aussi long.

    Et s’il m’aimait vraiment comme il le prétendait, j’étais persuadée qu’il dirait la même chose.

    Il n’y avait qu’une seule mesure intelligente à prendre.

    Je baissai les yeux sur le clavier, où mes doigts tapotaient distraitement les deux mêmes lettres : J et C.

    Non, je ne pouvais pas vivre comme ça éternellement.

    Posant les mains sur mes genoux, je me redressai dans mon fauteuil.

    — Le 4.

    J’étais restée silencieuse assez longtemps pour qu’il faille un moment à Laynie avant de comprendre ce que je voulais dire.

    — Le 4 juillet ?

    Je déglutis.

    — Oui. Le jour de l’Indépendance. Ça me paraît une journée idéale pour tourner la page.

    Elle hocha la tête, la mine sombre, ses yeux à la fois compatissants et pleins d’espoir.

    — Ça me semble parfait, déclara-t-elle. Une super fête. On sera tous sur le bateau de Hudson pour la soirée. On regardera les feux d’artifice et tout le monde pensera que c’est à l’occasion de cette grande fête patriotique, mais toutes les deux, nous saurons que ce n’est que pour toi.

    L’année passée, j’avais contemplé les feux d’artifice toute seule. JC manquait à chaque fibre de mon être. Pourtant, la fête de cette année s’annonçait encore plus solitaire.

    — Parfait, décrétai-je.

    Je m’attendais à sentir un poids me quitter, mais au lieu de ça, cette décision me suffoquait. J’avais l’impression que quelque chose en moi se contractait et se relâchait, rendant ma respiration difficile. Comme si mes poumons étaient remplis de sable et que mon cœur, qui avait réussi à s’ouvrir, commençait à se refermer.

    Deux

    Le premier coup est brutal, rapide. Par-derrière.

    Je laisse échapper un son guttural, haletant, à mi-chemin entre le grognement et le soupir. Ça, me dis-je. Combien de temps ai-je attendu ça ? C’est infiniment plus merveilleux que dans mes souvenirs.

    Nous sommes toujours entièrement habillés. Nous avions trop envie l’un de l’autre, nous étions trop impatients. J’ai réussi à baisser mon pantalon et ma culotte sur mes cuisses avant qu’il ne me retourne, me penchant sur la table de la cuisine. Je ne l’ai même pas vu sortir son sexe, mais j’ai senti son érection contre moi. J’ai senti son gland entre mes cuisses.

    Et puis, ça. La poussée cruelle et délicieuse qui me fend en deux, sépare ce que j’étais sans lui de ce que je suis, à présent, tellement proche de lui. Il est fait pour être ici. En moi. Épais, chaud, dur comme l’acier. Solide. Une ancre. Quelque chose à quoi me raccrocher, que j’essaie de garder au plus profond de mon être.

    Mais ensuite, il se met à bouger sans me laisser le temps de m’ajuster, se retirant et revenant à l’assaut, sans relâche, tel un marteau-piqueur avec sa force et sa vitesse. La boule de désir au creux de mon ventre s’étire et se resserre comme un élastique, si tendue que j’ai conscience que, lorsqu’elle éclatera, je serai transpercée comme par le caillou d’une fronde. Ses mains glissent sous mon haut et remontent mon soutien-gorge, libérant mes seins. Il s’en empare et les pétrit de ses doigts fermes.

    Je passe la main entre mes jambes pour frotter mon clitoris. À ce rythme, il ne va pas tarder et je veux l’accompagner. Oh, mon Dieu, oui ! Avec un doigt sur mon renflement nerveux et ce point précis qu’il atteint.

    — C’est bon ? demande-t-il. J’y suis, là ?

    — Hmm, hmm, dis-je distraitement.

    Il connaît mon corps. Il ne devrait pas avoir à le demander.

    Nos cuisses claquent ensemble et son jean me frotte la peau. Mais ça me plaît. Beaucoup. Autant que la douleur légère du rebord de la table contre la chair de ma taille.

    — Je suis épais, Gwen ? Tu aimes ça ?

    — Oui, oui. J’adore ça !

    Tu es toujours aussi bon, JC.

    Mon orgasme approche, maintenant. J’augmente la pression sur mon clitoris, j’y suis presque… presque. Les bords de ma vision sont flous et mes orteils se soulèvent, les muscles de mes mollets se contractent. Je me prépare pour l’extase, consciente qu’il n’en est pas loin, lui non plus. Je dois faire vite si je veux jouir en même temps que lui. Je dois…

    Une vive douleur me traversa la poitrine, me faisant dévier de ma trajectoire vers l’orgasme et mettant brutalement fin à mon fantasme.

    — Aïe ! me récriai-je.

    Au même moment, l’orgasme de Chandler déferla, et comme d’habitude, il accompagna son plaisir de ses deux mots préférés au monde :

    — Putain, oui. Oui. Oui. Putain, oui. Oui.

    Il a dix-neuf ans, me rappelai-je. Si tu te tapes un gamin, tu ne peux pas t’attendre à des miracles. Heureusement, l’expression bruyante de son plaisir avait masqué mon propre grognement de déception après cet orgasme raté et le souvenir de JC aussitôt dissipé.

    Chandler termina et s’effondra dans mon dos.

    Bon sang, parfois il était tellement étouffant. Au sens propre comme au figuré.

    — Euh, je peux me lever ? demandai-je aussi gentiment que possible, au comble de la frustration sexuelle.

    — Oui, oui. Pardon.

    Dès que Chandler se fut retiré, je remontai mon pantalon. J’ajustai mon soutien-gorge avant de me tourner vers lui.

    En général, j’essayais de ne pas établir de contact visuel, pendant ou après nos ébats. Pendant, c’était trop difficile d’imaginer qu’il était vraiment JC. Et si je le regardais après, j’étais écrasée par la culpabilité d’avoir fait semblant qu’il était quelqu’un d’autre.

    Mon Dieu, j’étais une affreuse personne.

    Cette fois, je croisai son regard sans le vouloir. J’avais onze ans de plus que lui, mais son visage était si juvénile que j’avais parfois l’impression que vingt années nous séparaient. Surtout quand ses traits affichaient les effets d’une baise rapide, chaque muscle détendu, un sourire maladroit et béat aux lèvres.

    — Waouh, c’était bien. Tellement bon.

    Il disait toujours la même chose après-coup.

    — C’était bon pour toi aussi ?

    Non. Tu m’as pincé le mamelon, tu as gâché mon fantasme de JC et tu n’as pas réussi à me faire jouir.

    Au lieu de ça, j’optai pour un mensonge.

    — C’était génial.

    Aussitôt, je me sentis coupable d’être malhonnête en plus de tout le reste.

    Affreuse n’était pas un mot assez fort pour décrire ce que j’étais.

    — C’était génial, répéta-t-il en souriant avant de se pencher pour m’embrasser sur la joue.

    Sur ce, il s’éclipsa dans la salle de bain pour aller jeter le préservatif et se nettoyer un peu. Dès qu’il eut refermé la porte, j’essuyai son baiser avec la main. C’était bizarre que ce geste me dérange. Je pouvais le laisser fourrer sa queue entre mes jambes, mais je refusais sa bouche sur ma joue ? Franchement, ça rimait à quoi ?

    Ce problème disparaîtrait peut-être lorsque j’atteindrais ma date butoir pour tourner la page de JC. Quand j’arrêterais d’imaginer que c’était lui à la place de ce garçon.

    À moins que je sois vraiment une garce irrécupérable.

    Je soupirai en rejoignant le réfrigérateur, où j’attrapai une bouteille d’eau. Puis je m’appuyai contre le plan de travail en buvant une longue gorgée, regrettant de ne rien avoir de plus fort. De toute façon, même si c’était le cas, ce ne serait jamais assez fort pour noyer ma culpabilité.

    Le plus pathétique, c’était que je me sentais plus coupable de « tromper » JC que d’utiliser Chandler à des fins purement sexuelles. Cela dit, je ne l’utilisais pas plus qu’il ne m’utilisait, moi. C’était lui qui avait tout amorcé entre nous. Nous nous étions rencontrés lors de la répétition du mariage d’Alayna et Hudson, et il m’avait tout de suite signifié son intérêt.

    Ensuite, pendant la réception de mariage, il ne m’avait pas quittée, insistant à plusieurs reprises avec toute la confiance d’un jeune de dix-neuf ans, BCBG, riche et extrêmement sexy.

    Il était mignon. Charmant. Coquin.

    Et je me sentais seule.

    C’était lors de ce mariage que j’avais été frappée par la certitude que JC ne reviendrait pas. Que tout le monde avait quelqu’un, sauf moi. J’avais commencé à le percevoir en constatant le déséquilibre aux tables de célibataires, pendant la fête, et pour enfoncer le clou, les dieux de la fatalité avaient dirigé le bouquet de Laynie jusque dans mes bras grands ouverts quand elle l’avait jeté. J’étais restée plantée là, avec mes orchidées rouges mouchetées entre les mains pendant plusieurs minutes après que la foule de femmes se fut dispersée. Un embarras profond s’était saisi de moi. Une froideur, aussi. C’était une réalité cruelle à affronter. JC m’avait aidée à sortir de ma coquille émotionnelle, et maintenant je n’en éprouvais que du chagrin. À ce moment-là, ça faisait dix mois que JC m’avait abandonnée. Si j’étais tombée enceinte la dernière fois que nous avions fait l’amour, me disais-je, j’aurais déjà eu mon bébé.

    Dix mois, et pas un mot.

    Et puis, j’avais levé la tête, mes yeux vitreux à cause de ces larmes que je ne versais pas, et il était là, ce gentil gamin qui ne voulait rien d’autre que de m’emmener dans un recoin sombre et reculé du Jardin botanique pour enfoncer sa queue en moi pendant un petit moment. J’avais tout de suite décidé que deux choix s’offraient à moi : je pouvais redevenir la harpie glaciale que j’étais avant JC, ou bien je pouvais utiliser ce qu’il m’avait appris pour essayer d’être plus en phase avec mes besoins.

    Ainsi, j’avais laissé le frère de Hudson, étudiant de première année à la fac, me baiser contre un arbre.

    Nous avions joui tous les deux. Et je m’étais sentie un peu mieux. Autant lui donner mon numéro de téléphone. Autant recommencer, un de ces quatre.

    J’avais été honnête dès le départ.

    — Pas d’attaches. Pas de sentiments. Pas d’engagement.

    C’était l’accord que JC et moi avions conclu, autrefois. Mais avec JC, j’avais su presque immédiatement que cet accord serait impossible.

    Chandler avait accepté mes conditions. Il ne cherchait pas à s’engager sérieusement avec qui que ce soit, sans parler d’une femme plus âgée. Et puis, il couchait avec un tas d’autres filles, la plupart de son âge. Cela dit, il aimait me

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1