Route de l’amour
Il y a un peu plus d’un an, par un beau matin d’été, je me suis réveillée avec l’impression que je n’étais pas à ma place. J’étais allongée auprès de mon homme que j’avais épousé vingt-cinq ans plus tôt. Le radioréveil a sonné, je lui ai coupé le sifflet d’une main agacée. Je me suis redressée sur un coude pour regarder celui qui dormait à poings fermés auprès de moi, sur ce nouveau matelas commandé en ligne et que nous avions reçu la veille. Et c’est là que j’ai eu le sentiment de ne pas être à ma place. C’est difficile de s’habituer à un nouveau matelas. J’avais le dos en miettes. J’ai toujours détesté les couchages trop durs, ceux qui, sur le papier, annoncent qu’ils vous procureront un sommeil réparateur.
Mon œil ! Mais il aimait cela, lui.
– Tu verras, tu t’habitueras ma chérie.
Sauf que je ne me suis pas habituée.
Ce fichu matelas a été le déclencheur de ce que Laurent, mon mari, a très vite appelé avec une agaçante désinvolture : « La crise que tous les couples traversent un jour ou l’autre. »
Chaque nuit, pendant que je me retournais dans le lit, maudissant le matelas, je dressais mentalement la liste de ce que j’avais choisi, en dehors des rideaux et des plaids du canapé.
Eh bien, à part cela et quelques cadres suspendus aux murs, il n’y avait rien. C’était toujours lui qui avait eu le dernier mot. Même dans le choix de la maison que nous avions achetée. Même pour ma voiture. Mais il avait été tellement habile que je ne m’étais aperçue de rien. Et peut-être que lui non plus.
Un autre matin, une semaine après le début de ma prise de conscience, j’ai pris ce que je considère comme étant la première vraie décision de ma vie de couple.
J’ai fait reprendre le matelas et réinstaller l’ancien. Il ne fallait pas traîner ! Je n’avais que quinze jours pour le faire, le matelas était à l’essai. Satisfait ou remboursé.
Je revois encore
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