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Vampire Solitaire - tome 2: Ensorcelée
Vampire Solitaire - tome 2: Ensorcelée
Vampire Solitaire - tome 2: Ensorcelée
Livre électronique377 pages5 heures

Vampire Solitaire - tome 2: Ensorcelée

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À propos de ce livre électronique

Anna et Nick aimeraient oublier le passé et prendre un nouveau départ à deux, mais Anna est bien vite rattrapée par ses instincts...

Anna Andolini a cru pouvoir mener une existence paisible auprès de Nick Castle, vivre le parfait amour sans être empoisonnée par ses crimes passés, où le poids de la mort et de la culpabilité étaient omniprésents. Elle voulait se détourner du monde qui fut le sien pendant des siècles jusqu’à oublier sa véritable nature.
Mais c’est impossible.
Anna est un vampire.
Elle est le vampire.

Suivez les mésaventures d'Anna et Nick, une vampire et un humain, dans cette saga fantastique envoûtante et pleine de romance !

EXTRAIT

Les talons de ma sœur claquèrent le sol rocailleux.
Le bruit créa l’équivalent d’un séisme dans ma tête, tant les éléments extérieurs étaient perturbants pour moi. Mais ce fut les hurlements dans la cellule non loin de moi qui me saisirent sur place. Je reconnus les beuglements de Louis Le Blanc, le tout premier vampire, et créateur du Conseil des vampires : gouvernement qui régit les lois et qui surtout s’assure qu’elles soient respectées grâce à leur armée de guerriers de l’ombre.
Leur légitimité autrefois évidente n’était plus si certaine aujourd’hui.
Jean Le Blanc, le fils de Louis, était celui à vouloir renverser le Conseil afin de prendre le pouvoir. Pour cela, il décida d’utiliser la force.
Emprisonner son père fut la première étape.
Moi, j’étais là uniquement, pour assouvir la vengeance de ma sœur aînée, qui, de ce que j’avais compris, avait une liaison avec Jean.
Ma sœur…
Sylvia.
Je l’avais cru morte.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - À propos du tome 1

L'histoire est originale et plaisante, la romance mignonne, je l'ai lu très rapidement. J'espère que la suite arrivera rapidement !! - Milkyway87, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Priscilla Llorca, née le 15 Décembre 1989, à Toulon, écrit depuis l’âge de 15 ans : « Au départ, il s’agissait seulement de fan-fiction. Je reprenais des épisodes de mes séries préférées pour donner les fins que je souhaitais avoir. Puis un jour, j’ai eu un déclic : écrire ma propre histoire, mon propre roman, avec mes personnages. Et Vampire Solitaire est né… »
LangueFrançais
Date de sortie31 mai 2019
ISBN9782374642468
Vampire Solitaire - tome 2: Ensorcelée

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    Aperçu du livre

    Vampire Solitaire - tome 2 - Priscilla Llorca

    cover.jpg

    Vampire Solitaire

    Tome 2 : Ensorcelée

    Priscilla LLORCA

    A mes parents qui m’ont offert

     le plus beau cadeau d’une vie,

    Mon héroïne, mon modèle,

    mon pilier… ma sœur.

    Je vous aime.

    « Les bons amis t’aident à retrouver

    des choses importantes lorsque

    tu les as perdues ; ton sourire,

    ton espoir et ton courage »

    Doe Zantamata

    Prologue

    Anna

    Enchainée.

    Ensanglantée.

    Mutilée, j’étais suspendue par les poignets à plusieurs centimètres du sol. J’étais maintenue par des chaînes en argent qui me rongeaient la chaire.

    Volontairement, Sylvia, ma sœur que je pensais décédée, avait mis des lampes UV de partout dans cette salle de torture. Les rayons me dévoraient la peau petit bout par petit bout.

    Les vampires craignaient le soleil. Même si l’on pouvait se déplacer selon notre volonté, il n’était pas très agréable à supporter. Ses rayons provoquaient une chaleur intense, insupportable en quelques minutes seulement. C’est pourquoi l’on ne sortait quasiment jamais sans une paire de lunettes de soleil. Le simple fait d’ouvrir les yeux était dérangeant.

    Malheureusement, à cet instant précis, même mes rétines étaient douloureuses. Je n’arrivais quasiment plus à garder les yeux ouverts. Ma peau commençait, quant à elle, à former des bulles et à rougir.

    Dégoulinante de sueur et affamée, j’avais la sensation de dessécher. Ma bouche était devenue pâteuse. Tous mes muscles étaient ankylosés. C’est à peine si j’arrivais à me mouvoir.

    — Bonsoir Anna.

    La voix de ma sœur raisonna dans la cellule plongée sous terre.

    Je ne fus guère surprise de l’entendre, étant donné qu’elle était la seule à me rendre visite.

    Enfin, elle et Lucius.

    Lucius était un sorcier.

    Longtemps, je crus qu’ils étaient un mythe.

    Mais après tout, si les vampires existaient, pourquoi pas les sorciers ? Au fil des siècles, j’avais découvert de nombreuses autres races, plus dangereuses les unes que les autres.

    La différence avec les sorciers était qu’ils étaient plus dissimulables. Ils ne portaient aucune odeur, aucune emprunt perceptible ou effluve qui les distinguait des autres. Ce qui n’était par exemple pas le cas des loups-garous.

    Immortels, les sorciers étaient ce qui se rapprochaient le plus de l’humain. Ils n’avaient pas besoin de sang ou n’avaient pas d’instinct animal qui pouvait les anéantir et leur faire oublier qu’ils étaient. Ils ne se transformaient pas. Ils étaient parfaitement identiques aux hommes.

    Les talons de ma sœur claquèrent le sol rocailleux.

    Le bruit créa l’équivalent d’un séisme dans ma tête, tant les éléments extérieurs étaient perturbants pour moi. Mais ce fut les hurlements dans la cellule non loin de moi qui me saisirent sur place. Je reconnus les beuglements de Louis Le Blanc, le tout premier vampire, et créateur du Conseil des vampires : gouvernement qui régit les lois et qui surtout s’assure qu’elles soient respectées grâce à leur armée de guerriers de l’ombre.

    Leur légitimité autrefois évidente n’était plus si certaine aujourd’hui.

    Jean Le Blanc, le fils de Louis, était celui à vouloir renverser le Conseil afin de prendre le pouvoir. Pour cela, il décida d’utiliser la force.

    Emprisonner son père fut la première étape.

    Moi, j’étais là uniquement, pour assouvir la vengeance de ma sœur aînée, qui, de ce que j’avais compris, avait une liaison avec Jean.

    Ma sœur…

    Sylvia.

    Je l’avais cru morte.

    Je m’étais persuadée de ce fait, pensant que c’était le temps qui avait conduit à sa disparition. La réalité était tout autre. J’étais responsable du meurtre de mes parents, de ma sœur, de mon petit-frère et de mon beau-frère. Ma seule certitude était que l’unique survivante de cette soirée fut ma nièce, Melinda.

    Cette pensée me serra le cœur.

    Ma nièce avait dû me mépriser tout au long de sa vie, sachant que j’étais coupable de l’assassinat de tous ceux qu’elle aimait.

    Ma sœur avait-elle profité d’elle jusqu’à la fin ou s’était-elle détournée dès l’instant où elle fut transformée ?

    — Tu as une mine affreuse, se moqua ma sœur.

    Malgré mes yeux clos, je sentais Sylvia tourner autour de moi et me guetter longuement tel un vautour prêt à attaquer sa proie.

    L’enfermement, je l’avais connu.

    La différence avec celui-ci était qu’elle ne me laissait pas une seule seconde de répit. Elle voulait me faire souffrir, autant physiquement que moralement. Les rayons UV en étaient la preuve. Au plus les heures s’écoulaient, au plus ils consumaient ma chair. C’était comme brûler sur un buché mais de façon beaucoup plus lente et douloureuse.

    Ma sœur fit glisser les chaines.

    Je ne pus contenir ma chute et je frappai le sol avec violence.

    Mes os fragilisés ne purent le supporter et je les sentis se briser sous mon poids.

    — Sais-tu quel jour nous sommes ?

    — Il aurait fallu que tu investisses dans un calendrier au lieu de tes lames pour une meilleure commodité, rétorquai-je sur le ton de l’humour. A moins que tu veuilles me l’inscrire directement sur la peau et cocher les jours un par un au couteau ?

    — C’est une idée, me souffla-t-elle. Relève-toi !

    — Je ne peux pas, répliquai-je.

    La mâchoire serrée, je tentai de feindre l’indifférence, mais je commençai déjà à saturer. Mes barrières mentales fortifiaient par mes années d’enfermement étaient faites de foin à côté de ce que Sylvia et surtout Lucius me faisaient.

    — Nous sommes le 1er Janvier, m’annonça-t-elle.

    Mon cœur se fissura à cette annonce.

    J’avais imaginé passer noël et le jour de l’an auprès de Nick, Emma et mes amis. Dire que ça faisait déjà quinze jours que j’étais ici. -

    — Melinda est née le 1er Janvier, me souvins-je en levant les yeux dans la direction de ma sœur.

    Ma rétine eut beau me brûler, je voulais voir sa réaction à l’annonce du prénom de sa fille. Aussitôt, son visage se métamorphosa, la rancœur dans ses yeux, déjà palpable, était d’autant plus tangible.

    — Ne prononce pas son nom, m’ordonna ma sœur en m’attrapant par la nuque. Je te l’interdis, c’est clair ! Tu as perdu ce droit le jour où tu as assassiné toute sa famille !

    ****

    Nick

    00h01

    Les voix s’élevèrent dans le Manoir.

    L’annonce de cette nouvelle année s’exprima dans des explosions de joies dont je fus étranger. Comment me réjouir de cette célébration ? Je voulais célébrer ce jour auprès de ma fille et de la femme que j’aimais.

    Au lieu de cela, je me retrouvais dans un pays étranger dont j’ignorai tout, la France, entouré de vampire, dans un manoir gigantesque. Bien sûr, j’avais ma fille et c’était mon cadeau. Seulement, à cette heure, elle dormait déjà. Et même si j’étais chanceux de pouvoir compter sur mes amis, Nina, Logan, Tom et Ilena, ils ne pouvaient combler ce vide que l’absence d’Anna avait laissé derrière elle.

    Ne pouvant supporter la vision de ces gens heureux, je décidai de sortir. Mon paquet de cigarette à la main, je pris une cigarette et m’exilai sur la terrasse pour être au calme.

    Leur bonheur faisait écho à ma triste réalité.

    Je suis seul.

    Je m’étais reconstruit auprès d’Anna et sans elle j’étais de nouveau démuni, sans le moindre engouement. Comment trouver l’envie de vivre alors qu’elle m’avait été arrachée ? Et le pire était que je les avais laissé faire. J’aurai dû me battre, tenter de la convaincre.

    Les yeux rivés sur le ciel, je regardais cette immensité d’étoiles, dévorant toutes les constellations dont je me souvenais. Je pouvais passer des heures à observer le ciel sans me lasser. Il y avait une forme d’unicité chaque nuit. C’était comme s’abreuver d’un spectacle éternel, qui faisait prendre conscience de l’immensité de notre univers.

    Mon père m’avait dit un jour que son frère, dont je ne connaissais rien était un véritable féru d’astronomie. Un passionné. Souvent, lorsque je levais les yeux au ciel, je songeais à lui et à mon père. A me demander comment était leur enfance ? Comment ils avaient vécu ? S’ils étaient heureux ?

    Mon père n’appréciait guère parler du passé ou peut-être n’avais-je jamais osé le questionner par crainte. Je savais seulement qu’il fut compliqué et douloureux. Je craignais qu’un questionnement à ce sujet ravive des souvenirs pénibles. Mais la réalité était que je ne connaissais que le père. Je ne connaissais pas l’enfant, l’adolescent, ou même l’homme qui fut construit par cette enfance douloureuse. Et pourtant, j’étais admiratif, depuis toujours. Malgré toutes ces failles, il fut le modèle de père que j’avais gardé en mémoire. Celui que je voulais être pour ma fille.

    Des détonations retentirent dans les jardins, me faisant d’abord bondir. Puis les bombes illuminèrent le ciel et je fus émerveillé par la splendeur du feu d’artifice. Caruso de Pavarotti s’éleva. Les couleurs, les formes se mélangèrent pour offrir un spectacle époustouflant.

    Depuis toujours, les feux d’artifice faisaient naître une certaine nostalgie. Maintenant il me conduisait à me questionner sur mes propres choix de vie.

    Je fus plongé dans cet univers contre mon bon vouloir.

    Ce fut le meurtre de Sarah, mon premier amour et la mère de ma fille, tué par un vampire, qui me conduisit à m’intéresser à ce monde. Je m’étais perdu pendant deux longues années, durant lesquels je m’étais détourné de tout ce qui me caractérisait : ma famille, mes amis et surtout ma fille.

    Quand j’eus décidé de reprendre ma vie en main, j’eus la surprise de découvrir une nouvelle arrivée : une jolie brune, dotée d’une longue chevelure, d’un regard émeraude époustouflant avec un sourire discret et de formes voluptueuses.

    Elle fut la seule femme à avoir éveillé mon intérêt.

    En perdant Sarah, j’étais persuadé que je ne rencontrerai jamais personne et que je ne pourrai pas refaire ma vie avec une autre.

    C’était avant de rencontrer Anna.

    D’une beauté dévastatrice, elle m’avait fait éprouver un désir incomparable à tout autre, animal et charnel. Elle possédait une force et une fragilité telle que j’eus l’envie de la chérir, de la protéger de ses tourments et de la faire mienne.

    Quelle fut ma surprise quand j’eus appris que cette femme en mal de vivre avait en réalité un passé de meurtrière sanguinaire et que les fantômes de centaines d’hommes et de femmes venaient la hanter durant chaque instant de sa vie. Évidemment, ma première réaction ne fut pas très bonne. Je lui en avais voulu de m’avoir menti et de m’avoir caché la vérité à son sujet. Mais surtout je fus terrorisé par elle. Jusqu’à ce qu’elle m’avoue son amour. Dès ce moment, tout avait changé.

    J’avais pris conscience que je ne pouvais vivre sans elle.

    Malheureusement, tout se précipita très rapidement et je fus plongé avec Anna dans une spirale infernale. Rattrapée par son passé et en danger, Anna n’eut d’autres choix que de se réfugier dans son clan. C’est là qu’elle apprit que sa sœur aînée était toujours vivante et qu’elle fut celle à avoir tué toute sa famille.

    Aujourd’hui, je me retrouvais dans la Manoir Le Blanc, situé dans la ville de Cassis en France, tristement seul à songer à la femme que j’aimais qui était en train de subir mainte et mainte souffrance.

    — Tu veux un verre de champagne ? M’interpela Nina, venue s’asseoir à ma droite. C’est quand même un jour de fêtes, il faut le célébrer dans les règles de l’Art.

    Nina eut beau jouer la carte de la bonne humeur pour me redonner le sourire, elle était en réalité autant en souffrance que je ne pouvais l’être, voire plus. Anna et elle avaient partagé des siècles d’existence l’une auprès de l’autre. Au point de devenir inséparables.

    — J’aurai peut-être dû prendre une bouteille, dit-elle avec une pointe d’humour. Ça nous ferait probablement un bien fou.

    — Tu devrais t’amuser avec Logan plutôt que rester avec l’homme le plus déprimant de la soirée.

    — Probablement, concéda-t-elle. Mais je ne suis pas non plus de très bonne compagnie.

    Nous nous assîmes l’un en face de l’autre.

    — Anna me manque, déclara Nina avant de boire une première gorgée de champagne.

    — A moi aussi, dis-je profondément malheureux. Penses-tu que sa sœur puisse se montrer… clémente ? Osai-je espérer.

    — Les vampires sont très excessifs, déclara-t-elle tristement. Quand on aime c’est dans la démesure, mais notre haine est dans la même outrance.

    — Elle reste sa sœur.

    — La sœur qui a tué toute sa famille, me rappela-t-elle. L’atout d’Anna est son âme. D’une certaine manière, ça l’humanise et c’est peut-être son seul moyen de l’atteindre et de l’émouvoir. Malheureusement, nous n’avons pas la moindre garantie.

    J’acquiesçai tristement avant de lever les yeux au ciel pour voir exploser le bouquet final. Le cœur serré, les yeux embués de larmes, je tentai de contenir mon émoi. Consciente de mon trouble, Nina enroula son bras autour de ma nuque et m’attira contre son épaule.

    — Nous allons la retrouver, m’assura-t-elle.

    — Elle ne veut pas me répondre. J’essaie depuis des jours de lui parler, mais elle a totalement fermé son esprit. Je ne l’entends plus, me peinai-je. Est-ce que tu crois qu’elle m’entend ?

    — J’en suis sûre, me confirma-t-elle. Continue de t’adresser à elle, même si tu n’as pas de réponse, dis-lui que tu penses à elle, qu’elle te manque. Grâce à toi, elle pourra surmonter tout cela.

    — Pourquoi ne répond-elle pas ?

    — Elle veut te préserver de ce qu’elle subit.

    Chapitre 1

    Anna

    Traînée sur le sol, les bras ballants, je me laissais totalement faire.

    Après des jours, maintenue à plusieurs mètres du sol tous mes muscles étaient ankylosés.

    Jetée sans ménagement dans ma cellule, le claquement de la porte raisonna au point de faire hurler mes tympans. J’étais tellement épuisée que je ne pouvais même rabattre mes mains sur mes oreilles pour atténuer le bruit.

    Ma cellule rocailleuse, non loin différente de celle dans laquelle j’avais séjourné des durant, était froide et humide.

    Étendue sur le sol, je m’allongeais sur le dos et gardais les yeux clos.

    Aussitôt, le visage de Nick apparut dans mon esprit. Je me souvenais de chaque détail : son regard océan, son sourire ravageur, sa chevelure brune dans laquelle j’aimais plonger mes doigts. Même sa voix me manquait. Lucius avait mis des barrières psychiques pour fermer notre imprégnation et m’empêcher de l’entendre.

    Il y a quelqu’un ? S’exclama une voix d’homme dans une cellule à ma gauche.

    Mes yeux furent attirés par cette voix comme un aimant.

    Je me tournai sur le flanc.

    Est-ce que je suis en train de perdre la tête ?

    — J’entends des voix, dis-je dans un murmure.

    Non, je suis bien là, m’assura-t-il.

    Tentant de me mettre à quatre pattes, je m’avançai vers le trou béant permettant de créer un moyen de communication entre nos deux cellules. Je me penchai et vis la forme de son visage.

    Légèrement éclairé par une lumière, je ne pus voir que sa mâchoire et sa barbe épaisse couleur grisâtre.

    Bonjour, souffla-t-il avec un sourire enthousiaste.

    — Bonjour, dis-je stupéfaite.

    Comment vous vous appelez ?

    — Anna… Anna Andolini.

    Gelo, murmura-t-il d’une voix enrouée.

    Emue d’entendre l’émotion dans la voix de cet inconnu, je tendis douloureusement ma main à travers ce trou pour poser mes doigts sur son poignet.

    Depuis combien de temps cet homme était-il enfermé ?

    A en juger par son apparence, il était clair que son enfermement ne datait pas derrière. Malgré cela, je n’arrivais pas à déterminer ses traits dans la pénombre.

    Je suis désolé, s’excusa-t-il. C’est juste que… je suis ici depuis de nombreuses années.

    — Ne soyez pas désolé, lui assurai-je.

    Prise d’un élan de réconfort, je resserrai mon étreinte sur ses doigts.

    Je connaissais la solitude.

    Elle savait rendre fou n’importe qui. Mais surtout, elle ravivait nos souvenirs les plus sombres. Plongé dans l’obscurité, il ne restait plus rien que les regrets, les remords et les souvenirs d’une vie que l’on ne retrouvera probablement jamais. En étant enfermé nuit et jour, l’on finissait rapidement par se retrouver dans un étau, un abysse, où l’on s’enterrait sans aucun espoir de survie ou de libération.

    — Je ne sais pas si vous le savez, mais c’est le jour de l’an aujourd’hui, lui avouai-je avec douceur.

    De quelle année ?

    — 2018.

    Mon Dieu, déjà ? Ça fait tant d’années que je suis enfermé ? Se questionna-t-il.

    — Depuis combien de temps êtes-vous enfermé ? Osai-je demander.

    1918. Étonnant comme les siècles s’écoulent rapidement, dit-il avec une profonde tristesse.

    Sur le point de lui répondre, je sentis soudainement le prénom de Nick dans mon esprit. Mon cœur se serra et mes larmes commencèrent à me brûler la rétine.

    — Nick, susurrai-je.

    Comment se faisait-il que je puisse l’entendre ?

    Lucius m’en avait empêché jusque-là ?

    Je ne sais pas si tu arrives à m’entendre. Peu importe. Ce que je sais, c’est que je continuerai jusqu’à ce que tu finisses par me répondre.

    Mes premières larmes coulèrent le long de mes joues.

    Ilena a emmené Emma faire du poney aujourd’hui, commença-t-il. Je crois qu’elle vient de vivre le plus beau moment de toute sa vie. Elle n’a pas arrêté de courir de partout et surtout maintenant elle souhaite avoir son propre poney, ce qui risque d’être un peu compliqué vu ma place dans le salon. (L’entendre rire me conduisit à faire de même). C’est savoureux de l’entendre ainsi. Dernièrement, elle passait plus de temps à te réclamer qu’à vraiment s’amuser. Tu lui manques énormément, comme à moi. (Il prit une profonde inspiration). Je ne sais pas encore comment, mais je sais que tu finiras par revenir auprès de nous. Je t’aime

    Sa voix se perdit quand la porte grinça.

    ****

    Nick

    Convié à la salle du Conseil pour une assemblée exceptionnelle, je fus profondément étonné d’être encore considéré en dépit de l’absence d’Anna. Les humains n’étaient guères estimés dans le monde des vampires. Nous n’étions rien d’autre que de la nourriture D’ailleurs au vu des regards inquisiteurs autour de moi, il était clair que ma présence n’était que très moyennement appréciée.

    Intégré ce clan pour un homme dans ma condition était un véritable privilège et surtout une marque de considération. Des liens d’amitié s’étaient tissés, notamment avec Ilena pour qui j’avais une affection profonde. Cette dernière respecta mon souhait de tout savoir sur les recherches pour retrouver Anna et Louis.

    Les guerriers de l’ombre munis de leur épée, hache ou pistolet mitrailleur ne m’aidèrent pas à me détendre. Constamment plongés dans leur tenue, de combat, noire et recouverts de leur manteau de cuir les rendait tellement plus menaçant.

    Aux ordres de Marcus, Général des guerriers de l’ombre, ils étaient tout aussi dangereux les uns que les autres.

    Guère à l’aise et quelque peu nerveux, je bougeai sans relâche sur ma chaise tandis que je regardai les vampires un à un. Certains visages m’étaient familiers, d’autres l’étaient beaucoup moins.

    La guerre contre Jean était imminente.

    La tension, même pour moi, était palpable.

    Aucun ne savait quand elle débutera. Mais tous étaient prêts à y faire face. Sauf nous, humains. Notre armement n’était d’aucune utilité contre ses créatures. Et surtout, nous n’étions définitivement pas prêts à les affronter. Nous prospérions dans la méconnaissance d’une menace à venir et cela me retournait l’estomac de me dire que notre ignorance pouvait conduire à la mort de tant d’individus.

    Jean n’avait qu’un but : réduire l’homme à l’esclavage et faire de notre monde le sien. Son mépris pour notre race le conduirait aux pires monstruosités, juste pour s’autoproclamer Dieu.

    Un vampire fit son entrée.

    Dernier arrivé, dans le but d’être observé de chacun, il se présenta devant tout le monde avec tant d’arrogance.

    Jared.

    Il m’adressa comme à l’accoutumée un regard glacial avant de prendre volontairement place face à moi. Si ses yeux pouvaient tuer, je serais probablement mort à cet instant. Serrant les dents, je me tendis à sa vue. Étrange comme une simple présence pouvait rendre un moment dès plus désagréable.

    L’avantage, c’était que le sentiment était partagé.

    Certainement parce qu’il représentait le passé d’Anna et qu’un lien subsistait entre eux, malgré toutes ces années écoulées.

    Jared était son premier amour. L’homme qu’elle avait épousé. Le seul et unique qu’elle avait aimé lorsqu’elle était humaine. J’avais toujours eu cette peur qu’Anna soit toujours amoureuse de lui et qu’elle finisse par le choisir. Et même si sans lui, je n’aurai jamais pu rencontrer Anna, je ne pouvais m’empêcher d’avoir de l’aversion à son égard.

    Le voir me retournait l’estomac et éveillait mes plus bas instincts. J’avais l’envie de lui coller mon poing dans la figure pour lui ôter son arrogance naturelle qui m’insupportait.

    Je le voyais comme l’être qui lui avait causé toutes ses souffrances. Sans cette transformation non désirée, Anna n’aurait jamais eu à se transformer en monstre sanguinaire. Elle aurait continué à vivre une existence paisible auprès de sa famille.

    Mais tu ne l’aurais jamais rencontré !

    Souvent je m’étais demandée quel genre de femmes elle était avant de devenir vampire. De ce qu’elle m’avait raconté, elle avait eu une enfance heureuse, avec des parents bienveillants et très affectueux, même si elle était plutôt de nature solitaire.

    Malheureusement je n’aurai jamais le plaisir de rencontrer cette femme qu’il avait anéantie. Était-elle plus enthousiaste ? Plus souriante ? Plus heureuse ? Plus insouciante ?

    La femme que je connaissais était centrée sur ses souffrances et bien qu’elle s’efforçait de faire bonne figure face à Emma et moi, je savais que derrière son sourire de façade elle gardait toujours en elle cette part de remord et de regret.

    Je levai mes yeux vers Ilena qui continuait de faire les cent pas.

    Son visage sans émotion dégageait une froideur et une rage qui faisait frémir et imposer le silence de l’ensemble de l’assemblée face à elle. Ses traits étaient durs. Elle était constamment transformée. Ses prunelles étaient d’un noir corbeau tandis que ses veines rougeâtres tout autour de ses yeux la rendaient plus menaçantes.

    Je connaissais l’Ilena douce, agréable, amusante et chaleureuse.

    Je découvrais une Ilena colérique, blessée, dangereuse et surtout intraitable. Même son mari Tom, qui représentait tout pour elle, n’arrivait pas à l’atteindre. Ce ne fut pas faute d’essayer. Tom essayait chaque jour, mais Ilena s’était retranchée sur elle-même.

    Elle était inatteignable.

    Soudainement des picotements s’éveillèrent dans mon crâne, comme si quelqu’un enfonçait lentement ses doigts sur mes tempes. Cette douleur naissante me fit pousser un soupir plaintif tandis que je tentai de secouer la tête pour l’effacer.

    — Nick ? Se soucia Nina, venue poser sa main sur la mienne. Que se passe-t-il ?

    — Je ne sais pas, répondis-je.

    Des goûtes de sueurs commencèrent à perler mon front tandis que la douleur ne cessait de s’accroître. Tout commença à tourner autour de moi. Ma vue commençait à se troubler. Je repoussai ainsi Nina pour me redresser et tentai de marcher, mais dès l’instant où je fus sur pied, je sentis des clous me pénétrer le crâne. N’en pouvant plus, je manquai de trébucher, quand Nina enroula son bras autour de ma taille pour m’éviter de chuter.

    NICK !

    Le hurlement d’Anna me saisit.

    C’est là que je crus que mon crâne allait exploser.

    — Anna, murmurai-je.

    Tout le monde se figea à l’entente du prénom de ma petite-amie.

    Accroché à Nina, mon crâne supportait cette douleur incontrôlable et les beuglements d’Anna qui me retournèrent le cœur. Je sentais sa douleur, la percevait comme si elle était mienne tout en étant témoin de ce mal que rien ne semblait apaisée.

      Entre émotion et douleur, je dus recouvrir mon front de mes mains pour tenter d’atténuer mon mal. Nina m’enlaça ardemment tandis je fus contraint d’expulser mon mal et laissa mon cri ressortir du tréfonds de mon être.

    — ANNA ?

    Des dizaines d’image traversèrent mon esprit, provenant directement de la mémoire d’Anna. Ce fut des visages d’enfants, de femmes, d’hommes qu’elle avait croisés, torturés, dévorés et sauvagement assassinés. Ce fut un mélange d’hurlement qui se cumula avec celui de ma petite amie. Ces images d’horreurs se cumulèrent avec la réelle douleur physique qu’Anna était en train de subir.

    Pris de spasme, je m’écroulais au sol tandis que je plaquais mes mains sur mes tempes pour faire cesser notre imprégnation. Ne contrôlant strictement rien, je fus incapable de contenir mes gémissements tandis que mon crâne était dévoré par une force incontrôlable.

    — Nick, regarde-moi, s’exclama Ilena venue s’agenouiller à mes côtés.

    Tenu par Nina et Ilena, elles n’étaient plus qu’une voix mélangée avec celle de toutes les victimes d’Anna. Je n’étais pas un spectateur. Je me retrouvais acteur dans son passé au point d’être à sa place. Je ne voyais pas à travers mes yeux, je voyais à travers les siens. Je les entendais gémir, pleurer, implorer, subir et mourir sous l’assaut de ses crocs. 

    Puis vint le silence.

    Tout s’arrêta subitement.

    La douleur disparut, tout comme la voix d’Anna.

    Je ne la sentais plus.

    A bout de souffle, j’étais de nouveau au beau milieu de la salle du Conseil, allongé sur le sol, la tête sur le point d’exploser.

    Des goûtes de sang s’écoulèrent de mes narines pour finir leur descente sur le sol.

    Troublé, je levais les yeux vers Nina qui s’était mise à ma hauteur. Des doigts fins sur mon épaule et je vis Ilena. Cette dernière me tendit la main et m’aida à me relever. Croisant son regard azur pour la première fois depuis des jours.

    — Que s’est-il passé ? Me demanda Ilena d’une voix doucereuse.

    — Je… je me suis retrouvé dans… la tête d’Anna.

    D’un regard, Ilena intima à tout de s’en aller, à l’exception de Nina, Jared, Tom et le Conseil.

    — Elle se fait torturer, commençai-je. C’était comme si son esprit m’était totalement ouvert, mais… elle souffrait. Elle n’arrivait pas à contrôler le phénomène. J’ai… ressenti toute sa douleur et… j’ai vu… tant de… (Je dus m’asseoir en me remémorant le visage

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