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Responsabilité Première (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6)
Responsabilité Première (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6)
Responsabilité Première (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6)
Livre électronique388 pages5 heures

Responsabilité Première (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6)

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À propos de ce livre électronique

« L’un des meilleurs thrillers que j’ai lus cette année. »
--Critiques de livres et de films (re Tous les moyens nécessaires)

Dans RESPONSABILITÉ PREMIÈRE (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6), un thriller d’action audacieux rédigé par l’auteur à succès Jack Mars, un juge de la Cour Suprême est pris en otage par une organisation terroriste. Une affaire importante étant en cours de jugement, la mort de ce juge pourrait modifier le paysage politique pendant des décennies.

Protégé par une merveille d’ingénierie, aller le récupérer serait mission impossible – une mission que seuls l’ancien agent des forces d’élite Delta, Luke Stone, 29 ans, et l’équipe d’intervention spéciale du FBI, seraient assez fous pour accepter.

Dans ce thriller militaire rempli d’action et de rebondissements, aux enjeux considérables, Luke et son équipe se retrouvent confrontés à une mission particulièrement ardue, peut-être même le plus grand défi qu’ils aient eu à relever jusqu’à présent.

RESPONSABILITÉ PREMIÈRE est un thriller militaire à part entière et une fois que vous l’aurez pris en main, vous aurez du mal à le lâcher. C’est un récit rempli d’action qui vous fera tourner les pages jusqu’à des heures tardives de la nuit. Précurseur de la très populaire SÉRIE THRILLER LUKE STONE, cette série nous ramène au moment où tout a commencé, une série captivante rédigée par l’auteur à succès Jack Mars, qualifié ‘l’un des meilleurs auteurs de thrillers’ sur le marché.

« Ce qui se fait de mieux en thriller. »
--Midwest Book Review (re Tous les moyens nécessaires)

La série thriller à succès LUKE STONE (7 volumes) par Jack Mars, est également disponible. Cette série a débuté par Tous les moyens nécessaires (volume 1), disponible gratuitement au téléchargement, avec plus de 800 critiques à cinq étoiles !
LangueFrançais
ÉditeurJack Mars
Date de sortie1 févr. 2022
ISBN9781094345789
Responsabilité Première (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6)

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    Aperçu du livre

    Responsabilité Première (L’Entraînement de Luke Stone, tome 6) - Jack Mars

    cover.jpg

    RESPONSABILITÉ PREMIÈRE

    (L'ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE — TOME 6)

    J A C K   M A R S

    Jack Mars

    Jack Mars est actuellement l’auteur best-seller aux USA de la série de thrillers LUKE STONE, qui contient sept volumes. Il a également écrit la nouvelle série de préquels L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE contenant six volumes (pour l’instant), ainsi que la série de thrillers d’espionnage L’AGENT ZÉRO comprenant douze volumes (pour l’instant).

    Jack adore avoir votre avis, donc n’hésitez pas à vous rendre sur www.jackmarsauthor.com afin d’ajouter votre mail à la liste pour recevoir un livre offert, ainsi que des invitations à des concours gratuits. Suivez l’auteur sur Facebook et Twitter pour rester en contact !

    Copyright © 2021 par Jack Mars. Tous droits réservés. À l’exclusion de ce qui est autorisé par l’U.S. Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous toute forme que ce soit ou par aucun moyen, ni conservée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre numérique est prévu uniquement pour votre plaisir personnel. Ce livre numérique ne peut pas être revendu ou offert à d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec quelqu’un d’autre, veuillez acheter un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou qu’il n’a pas été acheté uniquement pour votre propre usage, alors veuillez le rendre et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organismes, lieux, événements et incidents sont tous le produit de l’imagination de l’auteur et sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, n’est que pure coïncidence. Image de couverture : Copyright Getmilitaryphotos, utilisée sous licence à partir de Shutterstock.com.

    LIVRES DE JACK MARS

    SÉRIE DE THRILLERS LUKE STONE

    TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume #1)

    PRESTATION DE SERMENT (Volume #2)

    SALLE DE CRISE (Volume #3)

    LUTTER CONTRE TOUT ENNEMI (Volume #4)

    PRÉSIDENT ÉLU (Volume #5)

    NOTRE HONNEUR SACRÉ (Volume #6)

    UNE MAISON DIVISÉE (Volume #7)

    L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE

    CIBLE PRINCIPALE (Tome #1)

    DIRECTIVE PRINCIPALE (Tome #2)

    MENACE PRINCIPALE (Tome #3)

    GLOIRE PRINCIPALE (Tome #4)

    LE SENS DES VALEURS (Tome #5)

    RESPONSABILITÉ PREMIÈRE (Tome #6)

    UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO

    L’AGENT ZÉRO (Volume #1)

    LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)

    LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)

    LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)

    LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)

    LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)

    L’ASSASSIN ZÉRO (Volume #7)

    LE LEURRE ZÉRO (Volume #8)

    LA POURSUITE ZÉRO (Volume #9)

    LA VENGEANCE ZÉRO (Volume #10)

    LE ZÉRO ZÉRO (Volume #11)

    LE ZÉRO ABSOLU (Volume #12)

    UNE NOUVELLE DE L’AGENT ZÉRO

    SOMMAIRE

    CHAPITRE UN

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT-ET-UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE-ET-UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE TRENTE-TROIS

    CHAPITRE TRENTE-QUATRE

    CHAPITRE TRENTE-CINQ

    CHAPITRE TRENTE-SIX

    CHAPITRE TRENTE-SEPT

    CHAPITRE TRENTE-HUIT

    CHAPITRE UN

    21 septembre 2006

    08h15 Heure d’été de l’Europe centrale (02h15 Heure de l’Est)

    La Cañada Real

    Coslada, Madrid

    Espagne

    — Où est-il maintenant ? demanda Jaafar Idrissi.

    Les deux hommes avancèrent ensemble le long des ruelles sombres, entre les habitations délabrées en bois et en ciment du plus grand bidonville d’Europe. C’était une matinée froide et le ciel était couvert. Un frisson parcourut le dos de Jaafar malgré sa veste coupe-vent et le pull qu’il portait en dessous.

    Il avait plu la nuit précédente, et des flaques fétides d’eau brune stagnaient dans la terre crevassée du sentier. Ces personnes ne disposaient ni d’électricité ni d’eau courante dans leurs maisons. Les deux hommes traversaient cet enfer non pas parce qu’ils vivaient là, mais parce que c’était l’endroit idéal pour parler sans craindre d’être écoutés. Les habitants d’ici étaient trop désespérés pour se soucier des conversations d’autrui. Et la police prenait rarement la peine de se frayer un chemin dans ce dédale de désespoir.

    Un peu plus loin devant, un groupe d’enfants jouait sur trois toboggans de fortune. Les toboggans étaient faits de ce qui semblait être de gros tuyaux de plastique PVC, coupés en deux dans le sens de la longueur. Les tuyaux étaient appuyés contre un monticule de terre et de déchets. Au sommet se trouvait un tas de pneus de voiture et de camion mis au rebut que les enfants escaladaient afin de se glisser dans l’embouchure de chaque tube. En bas, il y avait un monticule de sable qui a été déposé par camion. Le sable s’était transformé en épaisse boue jaune à cause de la pluie.

    Ce terrain de jeu, c’était une honte. Les choses de cette nature, à seulement une vingtaine de kilomètres du centre de Madrid, la ville la plus riche du pays, cette plaque tournante mondiale des médias, de la mode, de l’éducation, du divertissement, du sport et de la politique, avaient tendance à provoquer la colère de Jaafar.

    C’était si dur que ça ? Serait-ce un challenge insurmontable de donner aux enfants des pauvres et des méprisés quelque chose qui en vaille la peine ? Ce bidonville, cette colonie dite « illégale », abritait des milliers de Tsiganes roms et de nouveaux immigrés marocains « les misérables d’Espagne ». Et cela se voyait.

    — Il est à Barcelone, répondit le jeune homme qui marchait aux côtés de Jaafar. Il loge à l’Hôtel Arts.

    Jaafar haussa les épaules.

    — Et en quoi cela devrait m’intéresser ?

    Jaafar avait 41 ans. Trois ans auparavant, il avait été l’initiateur, et le principal planificateur, d’une idée tellement scandaleuse que lui-même n’y croyait pas au début. L’idée était de placer des bombes dans des sacs à dos dans les trains de banlieue à destination de la gare d’Atocha, la gare centrale de Madrid. Ce fut un succès qui dépassa toutes les attentes. Les attaques, en mars 2004, avaient fait 194 morts et plus de 2 000 blessés. Cela avait semé la terreur dans tout le pays, et dans toute l’Europe.

    Quatre des participants à l’attaque s’étaient suicidés alors que la police se rapprochait d’eux. Deux d’entre eux étaient les seuls à être au courant de l’implication de Jaafar. Vingt-et-un autres hommes avaient fini en prison, probablement pour le reste de leurs vies.

    Jaafar avait rêvé de l’évènement. Il l’avait planifié l’évènement. Et quand vint le moment de boire la coupe empoisonnée à la suite de l’évènement, Allah lui-même retira la coupe des lèvres de Jaafar...

    Et le laissa libre de recommencer.

    Jaafar secoua la tête, incrédule. Il faisait partie des Bénis, et même maintenant, il restait caché aux yeux de l’ennemi. Il semblait être un ancien détenu vieillissant, un homme qui avait passé 13 années dans des prisons espagnoles infectes pour trafic de haschich en provenance du Maroc.

    Il avait l’air d’un rebut, un homme qui vivait dans un appartement avec deux chambres au 18ème étage d’un gratte-ciel, un parmi tant d’autres dans le défilé sans fin de gratte-ciel identiques. Il semblait partager ce minuscule appartement avec sa mère, sa jeune épouse, leur fils en bas âge, et sa nièce de neuf ans, la fille de sa sœur, droguée et prostituée.

    En fait, tout cela était bien vrai. Son existence semblait anonyme, inutile, un autre immigrant appauvri de plus qui avait fait de la prison, et qui en était ressorti plus âgé, mais pas plus sage – l’énergie de sa jeunesse dissipée et ses perspectives d’avenir assombries.

    C’était lui, et en même temps ce n’était plus lui. Il avait orchestré la plus grande attaque terroriste de ces dernières décennies, et n’avait pas été attrapé ni même suspecté. Des centaines d’hommes avaient été convoqués afin d’être interrogés. Mais pas Jaafar. Il était trop vieux. La prison l’avait brisé. Il ne pouvait pas être impliqué.

    Un miracle s’était produit. Un message d’Allah avait été envoyé et avait été reçu. Tu as été choisi.

    Il s’arrêta de marcher pendant un instant et regarda le jeune homme. En quelque sorte, cet homme était aussi un messager. Il apportait un message différent, mais qui pouvait aussi venir d’Allah. Jaafar était très sensible à cette éventualité.

    Les hôtels, les maisons d’hôtes, les restaurants et les tavernes étaient pourvus d’employés marocains, dans tout le pays. Ils étaient très attentifs. Ils voyaient et entendaient des choses, et certaines de ces choses trouvaient leur chemin jusqu’à Jaafar Idrissi.

    — L’homme veut aller dans les montagnes, dans le val d’Aran. Ses grands-parents sont nés dans un petit village là-bas.

    L’homme en question, c’était Richard Sebastian-Vilar, un juge de la Cour suprême des États-Unis. Il avait voyagé en France et était entré en Espagne. Le transfert formel d’un détail de la sécurité à un autre, du français à l’espagnol, avait fait la une de la télévision nationale.

    Désormais, Vilar séjournait dans le célèbre hôtel Ritz-Carlton de Barcelone, l’Hôtel Arts. Il y avait des croyants qui travaillaient dans cet hôtel et qui avaient accès aux chambres. Il était facile d’installer des systèmes d’écoute – seules les grandes suites réservées aux princes arabes, aux PDG d’entreprise milliardaires, et aux chefs d’État étaient hors de portée.

    Mais pour un juge ? Il n’y avait pas de grande suite pour un juge.

    — Oui, dit Jaafar. Très touchant. Les Pyrénées sont magnifiques à cette période de l’année. D’après ce qu’on dit. 

    Jaafar n’avait jamais mis les pieds dans les Pyrénées. Il avait passé toute sa vie à vivre dans des environnements plus lugubres les uns que les autres. Quand il était jeune, il considérait ses conditions de vie comme une punition. Mais il n’avait pas compris ce qu’Allah avait prévu pour lui. Les jeunes sont connus pour être aveugles, et il ne faisait pas exception à la règle...

    — Il veut aller là-bas tout seul. Il ne veut pas que les membres de sa sécurité submergent les villageois, ou qu’ils entachent son retour sur la terre de ses ancêtres.

    Jaafar hocha la tête.

    — Ah.

    — Oui.

    — Combien d’hommes sont disponibles ? demanda Jaafar.

    — Au moins dix, répondit le jeune homme. Peut-être quinze.

    — Quinze martyrs qui sont prêts à donner leurs vies ?

    — Si nécessaire. Quelques-uns de ces hommes font partie des meilleurs que nous ayons.

    Jaafar réfléchit un instant. Les meilleurs que nous ayons.

    C’est qui nous ? Les groupes de croyants en Europe luttaient pour leur survie et pour trouver des ressources, ils étaient traqués par des gouvernements individuels et par la police internationale, et menaient toujours des opérations à succès. Ensuite, les lointains dirigeants revendiquaient ces activités comme étant les leurs.

    — Et la cible reste à l’hôtel ?

    C’était un changement subtil de vocabulaire. Pour Jaafar, ce Vilar était passé d’un homme ordinaire à une cible.

      — Oui. Il va partir pour les Pyrénées demain dans l’après-midi. Son itinéraire indique qu’il y restera deux jours, il reviendra à Barcelone pour une nuit puis il s’envolera pour Madrid. Deux jours à Madrid, puis retour aux États-Unis.

    — Il fait donc une visite éclair, remarqua Jaafar. Il y a tellement de belles choses à voir en Espagne. Pourquoi est-il si pressé ?

    — Il doit être de retour à temps pour un vote important, expliqua le jeune homme.

    Jaafar acquiesça.

    — Bien sûr.

    — Le village est isolé, continua le jeune homme. C’est là-bas qu’il sera le plus vulnérable. C’est proche de la frontière avec la France, et dans les montagnes, la frontière est poreuse. Les anciens tunnels de siège sont toujours là mais cachés – nous en connaissons beaucoup et avons déjà déplacé des hommes par ce biais. La cible logera dans une petite pension avec une sécurité limitée.

    Jaafar leva un doigt.

    — Préparez-vous comme si ça allait arriver. S’il va dans les montagnes avec un gros contingent, annulez l’opération. Nous ne pouvons pas nous permettre une fusillade publique avec les forces de sécurité. Surtout pas maintenant, pas avec ce qui se prépare. Mais s’il part avec un petit groupe, ou tout seul...

    Le jeune homme fixa Jaafar. Derrière lui, une vieille femme portant un voile marron miteux sortit d’un cabanon en parpaing surbaissé, et jeta une casserole d’eau sur le sol boueux.

    — Enlevez-le.

    CHAPITRE DEUX

    11h20 Heure d’été de l’Europe centrale (05h20 Heure de l’Est)

    Alpes de Berchtesgaden

    40 km de Salzbourg

    Autriche

    — Combien de secondes ? demanda Ed Newsam.

    Luke Stone le regarda. Big Ed portait des lunettes qui enveloppaient son visage, un t-shirt noir, orné de lettres blanches qui avaient l’air d’avoir été peintes, sur son torse massif, un short cargo et des bottes de randonnées en maille légère. L’inscription sur son t-shirt indiquait « Black & Proud »{1}. Comme toujours, ses cheveux étaient coupés de près, de façon impeccable. Même lors d’une randonnée en pleine montagne, c’était comme si sa survie dépendait de son apparence parfaite.

    Ils étaient assis au bord d’une falaise, profitant d’une pause après une longue randonnée. Ed venait d’engloutir une banane sur laquelle il avait étalé une tonne de beurre de cacahuètes. Luke buvait du café glacé dans un petit thermos qu’il avait apporté pour la randonnée. Entre deux gorgées, il croquait dans une barre énergétique caoutchouteuse.

    Il se sentait bien – détendu, en paix, peut-être même mieux qu’il ne l’avait été depuis longtemps. C’était agréable de s’absenter du travail pendant un petit moment. De ne rien avoir en tête.

    La journée était lumineuse, avec un ciel bleu à perte de vue. Leurs sacs étaient posés sur le sol, juste derrière eux. À leur gauche, juste au-dessus d’eux, se dressait le large plateau d’un sommet enneigé. Presque directement sous leur pied, mais à bonne distance, un petit village où il y avait une église avec un clocher blanc était niché dans la vallée, parmi des bosquets denses d’arbres.

    Ils avaient quitté l’hôtel de Salzbourg tôt ce matin, peu après six heures. Il leur avait fallu environ une heure pour atteindre le village, où ils avaient garé leur voiture de location. Après ça, il leur avait fallu un peu plus de quatre heures de marche pour atteindre cet endroit. Ils avaient traversé de beaux pâturages alpins verts avec du bétail, et des prairies parsemées de fleurs sauvages jaunes. Puis ils avaient monté une série de virages, de plus en plus hauts. Pendant tout ce temps, la pierre brute et nue de ce pic glacé dominait le panorama.

    C’était magnifique ici. Une vue à couper le souffle.

    — Une petite estimation ? demanda Luke.

    Ed haussa les épaules.

    — D’accord. Mais fais en sorte qu’elle soit bonne.

    — Euh, mon estimation scientifique est que tu veux déclencher à deux ou trois secondes, dès que tu es hors de danger.

    Ed acquiesça. Il prit une gorgée d’eau de sa gourde.

    — C’est ce que j’allais dire.

    — Dès que tu es suffisamment éloigné du bord, continua Luke, c’est probablement mieux d’être trop en avance, plutôt que trop en retard. Une pensée lui vint à l’esprit. Si tu ne t’es pas assez éloigné, j’imagine que le moment où tu le fais n’a plus d’importance.

    Ed rigola.

    — Je suis bien d’accord.

    Ils restèrent assis pendant encore une longue minute, profitant du spectacle qui s’offrait à eux – des vallées et contreforts verdoyants, des falaises rocheuses abruptes, et un sommet enneigé.

    Luke jeta un coup d’œil à sa montre.

    — Alors qu’est-ce que t’en dis ? Tu veux redescendre ?  Nous avons dit aux filles que nous prendrions un déjeuner tardif. Si on se bouge maintenant, on peut encore être à l’heure.

    La femme de Luke, Becca, et la femme d’Ed, Cassandra étaient de retour à Salzbourg avec les enfants. Gunner avait presque 18 mois maintenant, et il grandissait de jour en jour – en particulier sa tête. Luke se demandait parfois comment il faisait pour supporter le poids de cette chose. La fille d’Ed, Jade, un tout petit être de cinq mois, était déjà en train de se transformer en une beauté comme sa mère.

    Ce petit voyage était l’idée de Don Morris. Les gouvernements des États-Unis et de l’Autriche organisaient une formation coopérative en matière de renseignement, financée par les contribuables de chaque pays. Certaines personnes de leur pays sont venues aux États-Unis pour visiter les services de police et de renseignement du pays. Certaines personnes de chez nous sont venues ici pour faire la même chose. Ça n’avait pas grand-chose d’intéressant. Beaucoup de poignées de main et de sourires, suivis par des hochements de tête en affichant l’air le plus sérieux possible, pendant que l’on attend que les traducteurs aient fini d’interpréter ce qui vient d’être dit.

    Luke et Ed étaient ambassadeurs auprès du BVT autrichien de l’équipe d’intervention spéciale du FBI. Luke n’essayait même pas de prononcer les mots allemands représentés par l’acronyme BVT. Ed avait essayé pendant un moment, puis il avait abandonné. Cassandra, qui avait vécu une partie de son enfance en Allemagne car son père était stationné là-bas en tant que marine américain, arrivait facilement à les prononcer, et n’avait pas l’air de comprendre pourquoi c’était si difficile pour les autres.

    Quoi qu’il en soit, leur présence ici était une récompense pour avoir été de bons garçons, et cela leur donnait la possibilité d’emmener leurs femmes et leurs enfants faire une petite escapade. Ils étaient encore à Salzbourg pour quelques jours, puis ils devaient se rendre à Vienne.

    Luke se leva. Il fourra son thermos dans une poche sous son sac. Il glissa l’emballage de sa barre énergétique dans l’une des poches zippées de son short cargo. Il vérifia une dernière fois son sac, puis le mit sur ses épaules.

    Ed faisait la même chose.

    Luke regarda le vaste espace vide devant lui. Il fit un signe de la tête en direction du panorama.

    — Qu’est-ce que t’en penses ?

    Ed haussa les épaules.

    — Je suis père maintenant, donc il serait irresponsable et imprudent de mourir juste pour un petit frisson. Tu vois ce que je veux dire ? 

    Luke hocha la tête.

    — Ouais.

    Il prit une profonde inspiration. Il était presque prêt à y aller. Cela ne servait à rien de trop y réfléchir. Il y avait deux choses à faire.

    1. Sauter le plus loin possible.

    2. Tirer sur la poignée. 

    C’était tout l’enjeu. Se concentrer sur les deux choses, mais une à la fois.

    Lui et Ed se tenaient debout, face à face à des centaines de mètres au-dessus du sol. Derrière Ed, Luke voyait la montagne escarpée en saillie. Une forte brise soufflait du sommet. 

    — On se voit en bas.

    Ed sourit.

    — Je serais juste derrière toi. Ne meurs pas imbécile.

    Luke sourit à son tour.

    — Toi-même.

    Il se tenait environ à 5 mètres du bord de la falaise. Il se mit à courir, droit vers le vide, comme un gamin courant sur un quai avant de se jeter dans un lac. Il atteignit le bord, planta son pied droit dans le sol et s’élança de toutes ses forces, sautant le plus loin possible dans le vide.

    Il était lancé, et instantanément il tomba.

    La montagne avait disparu, et le sol se rapprochait rapidement de lui. La vitesse était vertigineuse, et elle augmentait de seconde en seconde. Entre ses pieds, il n’y avait rien d’autre que du vide. Il semblait tournoyer.

    Il chutait très rapidement. Ses propres réactions semblaient lentes. Le vent sifflait dans ses oreilles. Sa main trouva la corde et tira.

    Une seconde s’écoula, puis une autre. Il sentit, plutôt qu’il ne vit, son parachute voler légèrement derrière et au-dessus de lui. Le parachute s’ouvrit, tirant le haut de son corps vers l’arrière et projetant ses jambes devant lui. Puis, il était en train de voler. Il se dirigea vers l’espace vert à la lisière du village, qui se trouvait maintenant tout près de lui.

    Les alpages défilaient à sa droite et à sa gauche, tandis qu’il descendait toujours plus. L’église blanche était là, ainsi que les maisons bien rangées du village, des gens qui vivaient encore dans une petite communauté perchée dans les montages. Une image du film « La Mélodie du Bonheur » lui traversa l’esprit.

    Quelques habitants se tenaient près d’une petite clôture blanche, en train de discuter. Ils se tournèrent pour le regarder arriver. Il atterrit délicatement sur le sol, un impact léger, un bel atterrissage, puis il se mit à courir à travers l’herbe, son parachute flottant légèrement derrière lui.

    Il s’arrêta, et se retourna pour regarder son parachute rouge, blanc et bleu se poser tranquillement sur le sol.

    — Oh, purée, dit-il. Il pouvait sentir son cœur battre rapidement, juste un peu.

    Il leva les yeux vers les montagnes pour voir comment Ed s’en sortait, ou s’il s’était même lancé. Aucun souci de ce côté-là. Il s’était lancé. Son parachute était rouge, noir et vert, un spectacle incroyable, le drapeau panafricain flottant sur un ciel bleu pâle, les montagnes enneigées en toile de fond. Il descendit, empruntant presque le même chemin que celui que Luke avait pris quelques secondes auparavant.

    L’instant d’après, Ed touchait le sol, atterrissant avec une grâce de ballerine, étonnante pour un homme de son gabarit. Il fit quelques pas de courses et s’arrêta. Il leva les bras en signe de victoire, tout sourire. Son parachute flottait derrière lui.

    — On est des bêtes ! s’exclama-t-il.

    Luke secoua la tête en rigolant.

    — T’as faim mec ?

    — Je suis affamé.

    Ils étaient partis de cet endroit quatre heures plus tôt. Ils étaient redescendus en moins de deux minutes. C’était une excellente façon de commencer la journée.

    — Allons rejoindre les filles, dit Luke.

    CHAPITRE TROIS

    06h45 Heure de l’Est

    Aéroport international Hartsfield-Jackson d’Atlanta

    Comtés de Fulton et Clayton, Géorgie

    — Mohamed, ça va?

    L’homme qui parlait était à la droite de Mohamed, juste derrière lui. C’était un jeune homme grand et fort, un volontaire comme tous les autres. Mohamed sentait sa présence derrière lui. Il n’arrivait pas à se souvenir du nom du gars, juste que c’était un pompier de New York.

    Mohamed était entouré de gars comme lui. Les dos larges des deux gars qui se tenaient devant lui indiquaient à Mohamed tout ce qu’il avait besoin de savoir sur ces gars. Il y avait une équipe de tournage de trois hommes de l’une des chaînes de New York quelque part devant eux.

    Ils remontaient la rampe mobile en groupe. Ils venaient de décoller d’un vol Delta Airlines de l’aéroport de LaGuardia. Delta avait clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas de soldats de l’État de Géorgie sur la rampe. C’était un danger pour la sécurité des personnes débarquant de l’avion. Les flics attendaient probablement à la porte d’embarquement. Tout cela deviendrait encore plus clair dans une minute environ.

    Mohamed hocha la tête.

    — Ouais, je vais bien.

    Il était loin d’aller bien. Il avait l’impression d’être sur le point de s’évanouir. Il avait du mal à respirer tandis qu’il montait la rampe. Il n’était pas fait pour ça. Sa mère lui avait dit qu’il était fou en levant les mains au ciel de désespoir.  Sa femme avait pleuré lorsqu’il était parti. Il avait 32 ans, et un fils de deux ans.

    Son père l’avait pris à part dans le couloir de l’appartement de ses parents à Jackson Heights.

    — Tu ne dois rien à personne. Ce n’est pas pour ça que nous sommes venus ici. Nous sommes venus dans ce pays pour avoir la paix.

    En regardant son père, Mohamed pouvait voir l’homme qu’il serait un jour. Son père était petit et maigre, et commençait à se voûter. Le peu de cheveux qu’il lui restait, réuni au-dessus de ses oreilles et sur le sommet de son crâne, était blanc. Ses lunettes étaient épaisses, avec une ligne bifocale au milieu de chaque verre. Sa peau était très bronzée, une sorte de couleur crème foncée, et son visage était ridé.

    — Je pensais que nous étions venus pour la liberté, répondit Mohamed.

    Son père hocha la tête.

    — C’est le cas. 

    Mohamed haussa les épaules.

    — Alors c’est pour ça que je me bats.

    Se battre ?  Mohamed ne s’était jamais battu de sa vie. Sa famille avait quitté l’Égypte alors qu’il était encore un enfant. Sa petite stature l’empêchait de se battre contre les enfants américains énergiques et violents de son école. Ils le laissaient tranquille à poursuivre ses études. Ils ne lui accordaient même pas leur mépris.

    Il avait une aptitude pour l’informatique. Il était allé au City College avec une bourse complète, et était devenu programmeur. Il gagnait bien sa vie maintenant, il avait acheté une maison dans la banlieue de Long Island, non loin de chez ses parents, et était en train de se construire une vie pour lui et sa famille. C’était tout ce qu’il avait toujours voulu.

    Il faisait régulièrement le trajet entre New York et Los Angeles. L’entreprise payait pour qu’il prenne un vol direct de JFK à LAX, c’est comme ça que ça se passait normalement. Mais certains États instituaient des restrictions de voyage pour les personnes originaires d’Afrique du Nord. Des personnes comme Mohamed. Et des groupes de défense des libertés civiles avaient lancé des appels à volontaires pour contester les restrictions ... alors...

    Le voilà maintenant, essayant de reprendre son souffle tandis qu’il montait la rampe vers la salle d’embarquement. Il ressentait des picotements dans tout son corps. Son visage semblait engourdi. Les policiers de Géorgie avaient le manifeste des passagers, alors bien sûr, ils savaient qu’il était en train de monter la rampe.

    Ils savaient probablement exactement à quoi il ressemblait. Même si ce n’était pas le cas, cela n’avait aucune importance. Combien d’Égyptiens maigres d’1m67 descendaient de cet avion ? Et combien d’entre eux étaient entourés par des agents de plus d’1m80 qui croyaient sincèrement en la promesse de l’Amérique qui avait attiré ici leurs parents et leurs grands-parents d’Europe ?

    — Tiens-toi prêt, dit le pompier. C’est parti.

    Mohamed jeta un coup d’œil au gars. Il était blanc avec des cheveux blonds très courts. Il portait un jean, des baskets et un T-shirt rouge moulant avec NYFD{2} écrit en blanc sur le torse. Il avait grandi à Breezy Point à Brooklyn. Il avait dit que son père était un policier à la retraite.

    Son grand-père était venu d’Irlande en bateau, sans chaussures, et avait passé sa vie à travailler dans divers centres de détention en tant que gardien de prison. C’était incroyable que Mohamed soit capable de se rappeler presque entièrement de l’histoire de ce gars, mais était incapable de se souvenir de son nom.

    Le gars regarda Mohamed et sourit. C’était un sourire sincère. Ses yeux bleus se plissèrent. Ils ressemblaient aux yeux d’un aigle, ou d’un autre oiseau de proie.

    Il appréciait.

    Il tapa Mohamed sur l’épaule. Le poids et la puissance de la main de cet homme étaient terrifiants à leur manière.

    — Tu as fait ce qu’il fallait faire. Nous sommes avec toi mon frère.

    Mohamed se sentait impuissant, comme s’il se trouvait sur un tapis roulant en direction de la gueule béante d’un requin. Il portait un sac pour ordinateur portable à l’épaule gauche. L’ordinateur qu’il contenait était un vieil ordinateur qu’il n’avait pas utilisé depuis plusieurs années, mais qui traînait toujours chez lui. S’il était abîmé ou perdu, ce ne serait pas très grave. Il avait reformaté le disque dur la nuit dernière, après coup. Il n’y avait aucune donnée à l’intérieur de cet ordinateur que quiconque pourrait regarder.

    Il traînait une valise à roulettes derrière lui. Même s’il pouvait se défendre, il n’arriverait jamais à se défendre. Pas avec toutes

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