Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)
Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)
Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)
Livre électronique417 pages5 heures

Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

« L’un des meilleurs thrillers que j’ai lus cette année. »
--Critiques de livres et de films (re Tous les moyens nécessaires)

Dans LE SENS DES VALEURS (L’Entraînement de Luke Stone —Volume 5), un thriller d’action audacieux rédigé par l’auteur à succès Jack Mars, l’ancien agent des forces d’élite Delta, Luke Stone, 29 ans, et l’équipe d’intervention spéciale, sont envoyés en mission lorsqu’une adolescente est enlevée et vendue dans la résidence privée d’un milliardaire en Amérique du Sud. Une mission impossible de sauvetage est assignée à Luke, qui se retrouve seul face à une armée.

Et pour aggraver encore la situation, il découvre que derrière tout ça, se cache quelque chose de bien plus important encore, qui pourrait remonter jusqu’aux échelons les plus hauts du gouvernement et risquer de provoquer une crise qui pourrait mettre en péril la sécurité nationale.

LE SENS DES VALEURS est un thriller militaire à part entière et une fois que vous l’aurez pris en main, vous aurez du mal à le lâcher. C’est un récit rempli d’action qui vous fera tourner les pages jusqu’à des heures tardives de la nuit. Précurseur de la très populaire SÉRIE THRILLER LUKE STONE, cette série nous ramène au moment où tout a commencé, une série captivante rédigée par l’auteur à succès Jack Mars, qualifié ‘l’un des meilleurs auteurs de thrillers’ sur le marché.

« Ce qui se fait de mieux en thriller. »
--Midwest Book Review (re Tous les moyens nécessaires)

La série thriller à succès LUKE STONE (7 volumes) par Jack Mars, est également disponible. Cette série a débuté par Tous les moyens nécessaires (volume 1), disponible gratuitement au téléchargement, avec plus de 800 critiques à cinq étoiles !
LangueFrançais
ÉditeurJack Mars
Date de sortie9 juil. 2021
ISBN9781094345772
Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)

En savoir plus sur Jack Mars

Auteurs associés

Lié à Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)

Livres électroniques liés

Thrillers pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Sens des Valeurs (L’Entraînement de Luke Stone, tome 5) - Jack Mars

    cover.jpg

    LE SENS DES VALEURS

    (L'ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE — TOME 5)

    J A C K   M A R S

    Jack Mars

    Jack Mars est actuellement l’auteur best-seller aux USA de la série de thrillers LUKE STONE, qui contient sept volumes. Il a également écrit la nouvelle série de préquels L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE contenant trois volumes (pour l’instant), ainsi que la série de thrillers d’espionnage L’AGENT ZÉRO comprenant sept volumes (pour l’instant).

    Jack adore avoir votre avis, donc n’hésitez pas à vous rendre sur www.jackmarsauthor.com afin d’ajouter votre mail à la liste pour recevoir un livre offert, ainsi que des invitations à des concours gratuits. Suivez l’auteur sur Facebook et Twitter pour rester en contact !

    Copyright © 2021 par Jack Mars. Tous droits réservés. À l’exclusion de ce qui est autorisé par l’U.S. Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous toute forme que ce soit ou par aucun moyen, ni conservée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre numérique est prévu uniquement pour votre plaisir personnel. Ce livre numérique ne peut pas être revendu ou offert à d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec quelqu’un d’autre, veuillez acheter un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou qu’il n’a pas été acheté uniquement pour votre propre usage, alors veuillez le rendre et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organismes, lieux, événements et incidents sont tous le produit de l’imagination de l’auteur et sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, n’est que pure coïncidence. Image de couverture : Copyright Getmilitaryphotos, utilisée sous licence à partir de Shutterstock.com.

    LIVRES DE JACK MARS

    SÉRIE DE THRILLERS LUKE STONE

    TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume #1)

    PRESTATION DE SERMENT (Volume #2)

    SALLE DE CRISE (Volume #3)

    LUTTER CONTRE TOUT ENNEMI (Volume #4)

    PRÉSIDENT ÉLU (Volume #5)

    NOTRE HONNEUR SACRÉ (Volume #6)

    UNE MAISON DIVISÉE (Volume #7)

    L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE

    CIBLE PRINCIPALE (Tome #1)

    DIRECTIVE PRINCIPALE (Tome #2)

    MENACE PRINCIPALE (Tome #3)

    GLOIRE PRINCIPALE (Tome #4)

    UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO

    L’AGENT ZÉRO (Volume #1)

    LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)

    LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)

    LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)

    LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)

    LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)

    L’ASSASSIN ZÉRO (Volume #7)

    LE LEURRE ZÉRO (Volume #8)

    UNE NOUVELLE DE L’AGENT ZÉRO

    TABLE DES MATIÈRES

    CHAPITRE UN

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT-ET-UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE-ET-UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE TRENTE-TROIS

    CHAPITRE TRENTE-QUATRE

    CHAPITRE TRENTE-CINQ

    CHAPITRE TRENTE-SIX

    CHAPITRE TRENTE-SEPT

    CHAPITRE TRENTE-HUIT

    CHAPITRE TRENTE-NEUF

    CHAPITRE QUARANTE

    CHAPITRE QUARANTE-ET-UN

    CHAPITRE QUARANTE-DEUX

    CHAPITRE QUARANTE-TROIS

    CHAPITRE QUARANTE-QUATRE

    CHAPITRE QUARANTE-CINQ

    CHAPITRE QUARANTE-SIX

    CHAPITRE QUARANTE-SEPT

    CHAPITRE QUARANTE-HUIT

    CHAPITRE UN

    24 mars 2006

    12 h 05 Heure de l'Est{1}

    Wrightsville Beach

    Caroline du Nord

    Charlotte était ivre sur la plage.

    Elle avait seize ans et s'était éclipsée de chez sa mère pour venir à cette fête. Un plan intelligent et audacieux vue sa mise en œuvre, dont le déroulement était le suivant :

    Elle avait dit à sa mère et à Jeff, le petit ami de sa mère, qu'elle était fatiguée et se coucherait tôt. Elle s'était inventée une évaluation pour le lendemain. Demain, vendredi, jour de classe. Une évaluation d'Histoire Contemporaine. Une matière ardue.

    Il n'y avait bien évidemment aucune évaluation.

    Sa mère se levait et partait tôt au travail. Jeff était riche, semblait ne jamais travailler et ne se levait jamais avant midi. Quand Charlotte s'était esquivée, ils regardaient tous les deux un film dans la salle télé, comme souvent.

    Charlotte verrouilla la poignée de porte de sa chambre et referma derrière elle en pénétrant dans le hall. Elle avait planqué son sac contenant ses vêtements spécial fiesta dans le garage. Elle se faufila discrètement devant la salle télé, passa devant la buanderie jusqu'au garage silencieux abritant trois véhicules. Si jamais ils la chopaient, elle portait un pantalon de survêtement et un T-shirt Hello Kitty — elle allait se coucher mais était descendue à la buanderie chercher des chaussettes manquantes. Et devinez quoi ? Elle s'était enfermée à l'extérieur de sa chambre !

    Mais elle n'en était pas là. Au lieu de cela, elle traversa le garage.

    La Volvo blanche de sa mère était là. Le cabriolet BMW de Jeff et sa vieille Hudson des années 40 également. Jeff devenait fou dès qu'on touchait à cette voiture. Il la conduisait une fois par an pour l'exhiber.

    Charlotte prit son sac et se dirigea vers la porte latérale du garage. Son cœur manqua un battement. Elle avait déjà fait le mur à plusieurs reprises mais était toujours nerveuse. Une allée en pierre flanquée de buissons donnait sur l'avant de la maison. Sa mère ne mettait jamais l'alarme avant de se coucher. Souvent, elle oubliait même de la brancher.

    Charlotte prit une grande inspiration, franchit la porte, referma soigneusement derrière elle et se retrouva devant la villa. Son amie Taylor l'attendait trois rues plus loin. La fête avait lieu dans la villa de Taylor, sur la plage. Taylor, dix-huit ans, avait obtenu son diplôme l'année dernière. Les parents de Taylor étaient aux Bahamas.

    Taylor déposerait Charlotte en cours demain matin comme si de rien n'était. Quand Charlotte rentrerait chez elle l'après-midi, elle dirait à Jeff qu'elle s'était encore enfermée accidentellement hors de sa chambre et il ouvrirait la serrure avec un tournevis. Charlotte était un peu bizarre — il lui arrivait parfois de s'enfermer à l'extérieur de sa chambre.

    Désormais sur la plage, elle respirait l'air frais du soir.

    Rob était arrivé un peu en avance, il riait et criait à propos de quelque chose. Les vagues qui déferlaient noyaient ses paroles. Il devait y avoir une tempête en mer, les vagues étaient énormes.

    Derrière eux, toutes les lumières de la demeure de Taylor étaient allumées. L'espace piscine était éclairé. Il n'y avait qu'une dizaine de jeunes à la fête — c'était un soir de semaine, après tout — mais Taylor aimait faire les choses en grand. La musique était à fond. Charlotte ne distinguait plus les chansons mais entendait toujours le grondement des basses.

    Sa tête tournait, en proie à plusieurs sensations. Deux vodka tonics. Taylor avait eu la main lourde. L'air froid — le froid l'enveloppait, maintenant. Elle sortait tout juste du jacuzzi et ne portait qu'un bikini et une serviette autour d'elle. La liberté d'être dehors, la liberté d'avoir une amie comme Taylor, une amie pleine aux as.

    La montée d'adrénaline, la peur au vu des risques encourus pour venir jusqu'ici.

    La déferlante de ... sentiments... peut-être... qu'elle éprouvait pour Rob.

    Les papillons dans le ventre.

    Une nuit de folie.

    – Rob ! s'écria-t-elle, Rob ! Où tu vas ?

    – Viens ! répondit-il.

    Il était grand et blond, un an de plus qu'elle, dans l'équipe de football, maître-nageur l'été. Ses beaux cheveux tombaient devant ses yeux. Mignon, un corps superbe. Bien foutu. C'est ce que tout le monde disait. Rob était musclé. Il n'était pas enveloppé dans une serviette. Il portait juste un short rouge. Il n'avait pas froid ?

    Il faisait sombre ici. Une nuit sans lune. Et il commençait à faire vraiment frisquet. Elle voulait rentrer à l'intérieur. Le sable était froid sous ses pieds. Un frisson la parcourut, sa peau se piqueta de chair de poule.

    – Rob !

    Il était juste en face et elle se cogna contre lui. Il la dépassait de trente centimètres.

    – Salut toi, dit-il.

    – Salut.

    Il fit une drôle de tête, la regarda avec méfiance.

    – Ça va, ma jolie ?

    – J'ai froid. J'ai envie de rentrer.

    – Déjà ? Allez viens. Reste avec moi. Je vais te tenir chaud.

    Il glissa ses bras musclés autour d'elle, elle se laissa faire.

    Les sensations étaient désormais plus fortes que jamais. Elle se pressait contre lui en frissonnant. Soudain, la donne changea.

    Une ombre surgit tout à coup auprès d'eux dans l'obscurité. Non, deux ombres. Rob et elle se retrouvèrent séparés. Elle tomba sur le sable.

    Elle leva les yeux.

    – Rob ?

    Rob était toujours là, campés sur ses deux pieds. Il y avait deux hommes, habillés de pied en cap. Ils portaient des capuches sombres, des masques de ski apparemment.

    L'un d'eux tira Rob par les cheveux. L'autre le frappa. Rob se battit avec eux pendant quelques secondes. Avant de se retrouver lui aussi sur le sable. Les types le tabassaient, lui fichaient des coups de pied.

    Pourquoi ? Pourquoi faisaient-ils ça ?

    – Rob !

    Charlotte se leva d'un bond, jeta sa serviette et courut vers la villa. Elle était là, devant elle, toutes lumières allumées, musique à fond, à portée de main, mais bien trop loin. Elle partit en courant comme une dératée.

    Elle hurlait Au secours ! AU SECOURS !

    Les vagues s'écrasaient derrière elle, l'océan mugissait.

    Le souffle vint à lui manquer. 

    Une main empoigna ses cheveux par derrière.

    Un bras puissant ceintura sa taille l'instant d'après. C'était le bras le plus costaud qu'elle ait jamais senti — plus costaud que celui de Rob, le footballeur.

    – Du calme, ma belle, grogna une voix à son oreille, calme-toi.

    Elle essaya de donner des coups de pied et de poing, mais l'autre homme fit le tour et se posta devant elle. Elle ne distinguait pas son visage hormis ses yeux derrière le masque. Il tendit une main tenant une petite serviette qu'il plaqua sur son visage. Elle sentit une odeur douceâtre. Elle essaya de se détourner, en vain. Des mains vigoureuses enfoncèrent son visage dans le morceau de tissu.

    Quelques secondes suffirent pour qu'elle éprouve un étourdissement. Les lumières de la villa, juste là devant, s'estompèrent peu à peu. Elle ne songea plus à crier, ni essayer de bouger sa tête.

    Lentement, très lentement, tout devint noir.

    CHAPITRE DEUX

    6 h 01 Heure de l'Est

    South Ward{2}

    Newark, New Jersey

    Luke Stone sentit le véhicule blindé accélérer, amorcer son dernier virage et entamer sa course vers la maison.

    – Une minute, annonça le chef d'équipe. Trois personnes étaient assises sur le banc à gauche de Luke.

    – Rock and roll, répondit quelqu'un de l'autre côté du blindé.

    – Magne-toi, dit le chef d'équipe. Il se leva et se tint au garde-fou situé au-dessus de sa tête. Ses traits étaient difficilement perceptibles derrière la visière baissée de son casque. Luke le connaissait comme un type grand à la barbe broussailleuse, lunettes en forme de bouteille de Coca vissées sur le nez, ancien capitaine des Forces Spéciales{3}. Ce mec semblait absolument intrépide. Il n'en était pas à son premier rodéo.

    – Vas-y franco. Pas d'hésitation. Y'a que des méchants là-dedans. Ne leur donne pas l'opportunité de se battre.

    Luke ne voyait pas la maison depuis sa place, mais il s'en souvenait dans les moindres détails. Il avait étudié les photos et les plans de la baraque.

    C'était un bungalow de plain-pied dans un quartier regorgeant de maisons similaires. Le jardin de devant et le terrain autour étaient envahis par la végétation et les mauvaises herbes. Deux petites bicyclettes reposaient sur le flanc près du mur.

    L'endroit se trouvait à cinq pâtés de maisons d'une énorme décharge — sans les camions-benne qui montaient constamment dessus et les nuées de mouettes qui s'abattaient en quête de déchets, la décharge recouverte d'herbe pourrait être confondue avec une petite montagne, un parc où les gens se promènent et font des balades.

    Il y avait trois chambres et une salle de bain, les chambres se situaient à l'extrémité d'un étroit couloir. La porte d'entrée donnait directement sur le salon. Une cuisine américaine avec salle à manger attenante. Dans la cuisine, une porte menait à un cellier au sous-sol. Et une arrière-cour clôturée aussi envahie par les mauvaises herbes que le jardin situé devant.

    Une équipe de démineurs de la Drug Enforcement Agency{4} était probablement en train de sauter par-dessus la clôture pour pénétrer dans la cour en ce moment. Un hélicoptère de la DEA{5} avec un sniper embusqué dans la porte suivait le fourgon blindé environ quatre-cents mètres derrière. Il arriverait quelques secondes après le fourgon.

    – Trente secondes, annonça le chef de la mission.

    Le moteur du gros fourgon blindé augmenta la cadence. Ils avançaient à fond de train maintenant.

    Luke jeta un coup d'œil à Ed Newsam. Ed était assis sur le banc en fibre de verre d'en face, casqué, visière relevée, gilet tactique noir avec DEA écrit en blanc devant. Son fusil à pompe posé sur les genoux. Ed et Luke étaient tous deux tassés entre d'autres hommes équipés de combinaisons noires, casques, gilets tactiques. Une brochette de mecs semblable à des stormtroopers{6} sans nom et sans visage. 

    Luke croisa le regard d'Ed, qui opina du chef, mais impossible pour Luke de déchiffrer son expression. Ils étaient tous deux détachés par l'agence. Ici en tant qu'invités, pour effectuer un rapport d'évaluation concernant le démantèlement d'une planque de drogue. Ils étaient arrivés de Washington DC voilà trente-six heures. De bons gars, mais Ed et Luke ne les connaissaient pour ainsi dire pas.

    Le chef d'équipe oscillait au rythme du fourgon.

    – C'est... parti... !

    Luke jeta un œil à l'avant. Le fourgon grand ouvert permettait de regarder au travers du pare-brise, il voyait ce que le conducteur voyait.

    La baraque était droit devant. Peinture jaune pâle depuis longtemps défraîchie ; un toit de bardeaux brun avec un léger surplomb. Elle arrivait à toute allure.

    Le fourgon défonça la clôture et descendit la petite allée en pente menant à la bicoque. Il cahotait et bondissait sur le gravier inégal. L'allée s'achevait sur une baie vitrée aux stores baissés. Le fourgon se dirigeait droit dessus.

    – Impact ! cria le conducteur.

    Luke se prépara au choc sans réfléchir.

    BOOUM.

    Le fourgon s'encastra dans la fenêtre et le mur la maintenant. Luke aperçut la vitre et le mur — encadrement en aluminium, mur extérieur, Placoplâtre, tout — exploser vers l'intérieur.

    Il baissa sa visière.

    La porte arrière s'ouvrit, il se leva d'un bond et se magna le cul.

    – Go ! Go ! GO !

    Ed et l'homme à côté de lui franchirent la porte devant Luke, qui atterrit sur le tapis du salon à pieds joints.

    Quelqu'un cria À TERRE ! À TERRE !

    Deux silhouettes casquées de noir plaquèrent un type en jean et T-shirt au sol. Une table fut renversée, plusieurs armes, de l'argent et des sacs de poudre blanche valsèrent. Un homme costaud en noir plaqua le gars à plat ventre, mit ses bras derrière lui.

    Luke avança dans le couloir, quelques pas derrière Ed et l'autre type. Leur cible était la troisième chambre. Des agents firent irruption dans les chambres à droite et à gauche. Luke entendait leurs échanges grâce à l'oreillette dans son casque. Ed frappa à une porte sur sa droite et la franchit. L'agent suivant entra. Luke se trouvait trois pas derrière.

    – Lâche ça ! hurla une voix. C'était Ed.

    Luke tourna à l'angle. Ed était là dans la pièce, son corps massif penché en avant, son fusil dans sa main gauche, pointé vers le plafond. Sa main droite était tendue, doigts écartés.

    Un gamin se trouvait de l'autre côté de la pièce, devant un petit matelas une place posé à même le sol. Luke le détailla de la tête aux pieds en une fraction de seconde.

    Un gamin noir maigre avec un T-shirt blanc et un short bleu. Pieds nus. Un pique en plastique vert vif dépassait de ses épais cheveux en bataille, style afro. Il devait avoir une douzaine d'années mais aurait pu tout aussi bien être plus âgé. Quoi qu'il en soit, il semblait à peine assez costaud pour tenir le fusil qu'il pointait sur Ed.

    – Attends, attends, ne fais pas ça, dit Ed.

    L'agent de la DEA posté dans l'embrasure de la porte visait le gamin, les deux mains sur son Glock.

    – Lâche ça ! beugla l'agent.

    – Attends, répéta Ed.

    BANG !

    Le gamin tira. La balle toucha le gilet d'Ed qui fut projeté contre le mur.

    BANG ! BANG ! BANG !

    L'agent de la DEA tira trois coups d'affilée.

    Le gamin tressaillit et frémit lorsque les balles le transpercèrent. Il lâcha son arme, sa tête retomba brièvement sur sa poitrine. Ses yeux semblaient surpris, comme si la possibilité qu'on lui tire dessus, qu'il puisse mourir, ne lui avait jamais traversée l'esprit avant cet instant. Ses épaules s'affaissèrent et il s'effondra sur le matelas comme un pantin désarticulé. Le T-shirt blanc du gamin et le drap blanc miteux sur le matelas virèrent instantanément au rouge.

    – Homme à terre ! beugla Luke dans son microphone. Homme à terre !

    – Un médecin ! cria l'agent des stups dans son micro. Il nous faut un médecin !

    Luke alla voir Ed. C'est comme si les pieds de Luke flottaient à quelques centimètres du sol. Des souvenirs désagréables affluèrent dans son esprit.

    La planque de drogue disparut soudainement, Luke était là-bas. En Afghanistan, à la frontière orientale avec le Pakistan. Une longue et mauvaise nuit dans une tempête de sable. Une mission merdique, mal organisée et mal planifiée.

    Il se trouvait dans une maison en pierre, dans une enceinte fortifiée. Une vaste arrière-salle. L'équipe de Luke s'était frayée un chemin parmi la maison pour atteindre cette pièce. Les sols étaient recouverts d'épais tapis qui se chevauchaient. Les murs disparaissaient sous les tapis — des tapis magnifiques aux couleurs chatoyantes, représentant des paysages immenses — déserts, montagnes, jungles, cascades.

    Luke jeta un coup d'œil dans la pièce. Jonchée de cadavres.

    Luke se dirigea vers un homme en particulier, un homme immense. Hendricks Wayne.

    WAYNE.

    Il bougeait encore.

    Luke s'agenouilla près de lui et retira son casque.

    Wayne bougeait lentement ses bras et jambes, comme s'il faisait du sur-place.

    – Wayne ! T'es touché où ?

    Wayne tourna les yeux vers lui, croisa ceux de Luke. Il secoua la tête et se mit à pleurer. Il respirait difficilement, le souffle presque coupé.

    – Oh, mon pote... dit Wayne.

    – Wayne ! Parle-moi.

    Luke commença à détacher fébrilement le gilet pare-balles de Wayne en hurlant,

    – Un médecin ! Un médecin !

    Wayne avait été touché à la poitrine. Des éclats d'obus avaient pénétré sous son gilet. Les mains de Luke le palpaient. Il toucha aussi sa jambe. Pire que la poitrine, de loin. Son pantalon était imbibé de sang. Son artère fémorale avait dû être sectionnée. La main de Luke ressortit rouge et dégoulinante. Il y avait du sang partout, une mare de sang sous le corps de Wayne. Qu'il soit encore en vie tenait du miracle.

    – Préviens Katie, dit Wayne.

    – La ferme ! Tu lui diras toi-même, répondit Luke.

    La voix de Wayne était presque inaudible.

    – Dis-lui...

    Wayne semblait observer quelque chose au loin. Il observa puis tressaillit, comme intrigué par ce qu'il voyait. Un instant plus tard, ses yeux devinrent vitreux.

    Il fixait Luke. Sa bouche s'était relâchée. Il était mort.

    Wayne était mort, comme ça. Le frère de sang de Luke. Le parrain du futur fils de Luke. Luke poussa une longue respiration d'impuissance. 

    Luke secoua la tête pour se débarrasser de cette vision. Il se retrouva agenouillé devant Ed. Pendant un moment, Ed ne bougea pas d'un pouce. Les yeux fermés.

    – Remue-toi !

    Luke tâta le pouls dans le cou d'Ed. Il battait fort. Rapidement. Le cœur d'Ed battait la chamade, probablement l'adrénaline.

    Ed ouvrit les yeux. 

    – Comment tu te sens ? demanda Luke.

    Ed dévisagea Luke et garda le silence un moment. Sa respiration était saccadée. Il s'exprimait avec difficulté.

    – Le gosse ? demanda-t-il enfin.

    Luke regarda de l'autre côté de la pièce. Le gosse en question gisait telle une loque sanglante sur le matelas. L'agent des Stups lui faisait un massage cardiaque. Un autre agent déboula, sans casque, et s'agenouilla à côté du premier.

    Luke secoua la tête.

    – Mauvais plan.

    Ed poussa un semblant de gémissement.

    Luke marqua une pause puis reprit, Tu es blessé ?

    Ed toucha sa poitrine à l'endroit où la balle l'avait touché. Il retira la balle écrabouillée du maillage de son gilet. "Mon amour-propre, seulement.

    – Il est mort, dit l'un des agents à l'autre bout de la pièce.

    Ed ferma longuement les yeux, avant de les rouvrir et secouer la tête. Putain. C'était qu'un gamin.

    * * *

    – L'espace d'une seconde, j'ai cru t'avoir perdu, dit Luke.

    C'était plus tard ce jour-là, en début d'après-midi. Ils roulaient vers le sud sur l'autoroute du New Jersey dans une berline officielle banalisée, Luke était au volant. Chemises blanches -cravates. Leurs blousons étaient posés sur le siège arrière. Ils atteindraient le Delaware Memorial Bridge{7} dans quelques kilomètres. Ed regardait la forêt défiler.

    La circulation était plutôt fluide. Une journée ensoleillée de début du printemps.

    Ed hocha la tête. "Idem.

    – Je pense qu'il y a un point important dont il faut avoir conscience, dit Luke.

    Ed haussa ses épaules développées. Il semblait ne pas vouloir se prononcer.

    – Explique.

    – On ne peut pas contrôler ce que font les gens, dit Luke. On ne peut pas contrôler si un gamin va se retrouver mêlé à un trafic de stupéfiants dans sa jeunesse. On ne peut pas contrôler si un gosse va se retrouver avec une arme à la main. Mais vu tes compétences, tu peux savoir dans une large mesure si ce gamin a une probabilité de te tirer dessus ou pas.

    – Ce gosse aurait dû être à l'école, dit Ed. Dans un monde juste, il aurait été scolarisé.

    Luke haussa les épaules. "Dans un monde parfait alors.

    – Pas besoin d'un monde parfait pour scolariser des gamins de seize ans, dit Ed.

    – Je me suis engagé dans l'armée à dix-sept ans, poursuivit Luke.

    Ed secoua la tête. Dans tous les cas, que le gamin soit à l'école ou armé dans un repaire de stupéfiants, je ne veux pas être celui qui appuiera sur la gâchette. J'envie pas ce mec de la DEA. Il va se traîner ça pendant des années.

    Le gamin en question s'appelait Shavod Michael Holmes. Connu sous le nom de Ice Cold dans le milieu. Il venait d'avoir seize ans voilà deux mois. Il avait grandi en famille d'accueil, cumulait une liste d'arrestations longue comme le bras, y compris des crimes qui passeraient pour des délits chez un adulte, effectuait des allers-retours en centres de détention pour mineurs depuis ses treize ans. Mort sur les lieux.

    La maison recelait environ 151 000 dollars en liquide, de la cocaïne pour une valeur marchande de près de 2 millions de dollars et une douzaine d'armes à feu de différents calibres. Tout ça sous la garde de trois individus, dont le plus âgé devait avoir dans les vingt ans, pas encore l'âge légal pour s'acheter une bière.

    Ed s'en était bien tiré. Il serait contusionné pendant plusieurs jours. Il aura probablement une drôle de bosse sur la poitrine demain.

    – Ouais, dit Luke, il aura de quoi cogiter grave.

    On pouvait penser tout ce qu'on voulait. Le gamin était armé. Il fallait l'éliminer. Mais la nuit, allongé dans son lit, à fixer le plafond les yeux grands ouverts, ce type risquait fort de se repasser la scène dix mille fois en boucle dans sa tête. Et il devait peser le pour et le contre, se remémorer les faits et se dire c'était qu'un gamin.

    Un gamin a toute la vie devant lui. Un gamin n'est pas figé. Un gosse peut changer, peu importe ce qu'il a vécu. Un gosse, même un gamin dans une planque de stups avec un flingue entre les mains, est innocent dans une certaine mesure. 

    Ed n'avait pas voulu tuer ce gamin, mais le gamin était partant pour buter Ed. Aujourd'hui, Ed s'estimait heureux d'être en vie. Et le gosse était mort.

    Luke conduisait sur le pont immense. Il se dressait devant eux, apparemment tout droit, suspendu dans les airs au-dessus du fleuve Delaware. Ed regardait par la fenêtre, manifestement fasciné par les réservoirs d'hydrocarbure sur les rives.

    – A quoi tu penses ? dit Luke.

    – Cassandra est enceinte, répondit Ed.

    Luke sourit. Oui. Je sais.

    Cassandra était PLUS qu'enceinte. Le bébé pouvait naître d'une minute à l'autre. Ed et Cassandra ne connaissaient pas le sexe. Ils avaient choisi de suivre la vieille école, faire des échographies pour s'assurer de la bonne santé du bébé, mais refusaient de savoir si c'était une fille ou un garçon. Ils le découvriraient le jour de la naissance.

    Vu la taille du ventre de Cassandra et la vitalité d'Ed, Luke était prêt à parier que ce serait un garçon, un très gros garçon.

    – Je pense à mon enfant, dit Ed, je pense au monde dans lequel mon enfant va naître.

    CHAPITRE TROIS

    Heure Inconnue

    Lieu Inconnu

    Charlotte était fatiguée. Extrêmement fatiguée.

    Elle ouvrit les yeux à grand peine. Au début, elle ne comprit pas pourquoi elle se réveillait. Tout s'éclaira au bout d'un moment. Un bruit l'avait réveillée. Et le bruit était toujours là.

    CLAP ! CLAP !

    Elle leva les yeux. Une femme se tenait à quelques mètres de l'autre côté de la pièce. Une jolie femme brune. Elle était plus âgée qu'elle, d'âge moyen sans doute. Elle portait un col roulé vert et un pantalon vert. Ses beaux vêtements lui allaient magnifiquement bien. Ils semblaient l'air chers, comme dessinés par un créateur. La femme dévisageait Charlotte et frappait dans ses mains.

    CLAP ! CLAP !

    – Réveille-toi, ma petite. Tu es réveillée ?

    Charlotte acquiesça. Elle ne voyait pas l'intérêt de prétendre le contraire. La femme et elle avaient établi un premier contact visuel.

    – Puisque tu es réveillée, assieds-toi.

    Charlotte se redressa lentement et s'assit en tailleur. Cela lui demanda de gros efforts, elle faillit perdre l'équilibre. Elle peinait à garder la tête droite. Elle regarda l'endroit où elle était recroquevillée. Il y avait des oreillers. Elle se regarda, regarda l'endroit où elle était assise.

    Elle était sur un grand coussin moelleux, identique à celui où dormirait un chien, mais plus grand. Elle portait un pull bleu clair et un jean bleu foncé. Le pull avait une inscription qu'elle ne parvenait pas à déchiffrer. Elle la contemplait fixement. Elle voyait le mot à l'envers. Un mot long. Elle s'en souvenait mais dans un contexte différent. Il avait une certaine signification.

    Nantucket.

    Ce n'était pas son pull. Elle n'était jamais allée à Nantucket.

    Elle portait également des chaussettes roses et douces très agréables, chaudes et confortables. Quelqu'un lui avait enfilé ces vêtements. La dernière chose dont elle se souvenait, c'est qu'elle portait un bikini sur la plage. Il faisait froid. Elle était sur la plage avec...

    – Rob ? demanda-t-elle à haute voix.

     La femme secoua la tête et s'approcha.

    – Ne t'inquiète pas pour lui. Tout va bien.

    La femme se tenait au-dessus d'elle, et Charlotte réalisa pour la première fois que des barreaux les séparaient. Les barreaux n'étaient pas épais mais fins, semblables aux barreaux d'une cage destinée à un gros chien. Elle regarda à nouveau autour d'elle.

    Elle se trouvait exactement dans une cage similaire. Le haut de la cage arrivait juste au-dessus de sa tête. Elle ne pouvait pas se lever, même si elle n'avait pas été groggy. Elle tendit le bras et toucha un des barreaux du bout des doigts.

    – Oui, confirma la femme, tu es en cage, pour l'instant. Pour ta propre sécurité.

    – Où suis-je ?

    La femme s'accroupit et se retrouva au même niveau que Charlotte. Elles se contemplaient à travers les barreaux.

    – En route vers ton nouveau foyer.

    La femme avait des yeux verts. Très verts. Des yeux couleur émeraude. Des yeux dénués de la moindre trace de gentillesse. Un regard dur. 

    – Nous sommes dans un avion, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

    Charlotte ne s'était aperçue de rien. Elle examina de nouveau la pièce. Elle était petite, une pièce de stockage sans doute. Sans fenêtres. Rien ne laissait supposer qu'il s'agissait d'un avion.

    Mais elle s'aperçut maintenant que la pièce vibrait. Une légère vibration, comme un avion en plein vol. Une secousse ébranlait de temps à autre la carlingue lors des turbulences. Le bruit provenait du bourdonnement sourd des moteurs.

    – Tu as déjà pris l'avion ?

    Charlotte hocha la tête. Oui.

    Evidemment. Elle avait pris l'avion pour aller à New York et Boston avec sa mère. Elle s'était rendue une fois en Californie avec son père. Ils étaient allés à San Francisco et avaient vu des séquoias géants. Elle avait pris l'avion pour Disney World trois fois quand elle était petite. Elle avait souvent pris l'avion. 

    – Et tu ne t'es pas rendue compte que tu étais en avion ?

    Charlotte ressentit quelque chose qu'elle ne se souvenait pas avoir déjà éprouvé. Elle mit un moment pour trouver le terme exact. Impuissance. Elle était en cage. Il fallait tout lui mettre sous le nez. Elle ne remarquait pas des choses pourtant évidentes. Elle ne se rappelait ... de rien.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1