9heures tapantes un lundi matin d’octobre. La voix qui nous parle à l’autre bout du fil trahit un soupçon d’éraillement – l’anniversaire, peutêtre, son 47, qu’elle a fêté deux jours avant – mais rien de monocorde chez Marion Cotillard. Certes, le ton est posé, le débit adagio, avec le temps qu’il faut pour que vienne le mot juste quand il s’agit de défendre les engagements socio-environnementaux qu’elle porte depuis deux décennies. Mais le ton monte vite dès qu’une colère la traverse, dès qu’un non-sens lui saute à la figure, actrice atterrée par l’incurie de nos dirigeants à l’endroit de l’écologie et par la persistance des inégalités femmes-hommes. Sur tous les fronts, on l’a vue dans une vidéo virale, à laquelle Binoche, Adjani, Huppert et autres célébrités ont aussi participé, se couper une mèche de cheveux en soutien aux Iraniennes qui luttent pour leur liberté – avec, en corollaire, des critiques qui ont surgi sur les réseaux sociaux quant à la portée potentiellement vaine du geste des actrices… Sur l’écologie, Marion Cotillard dit souvent: Et elle en prend sa part: en juin dernier, elle a fondé, avec ses camarades Cyril Dion – le réalisateur planet-friendly à qui l’on doit, coréalisé avec Mélanie Laurent, le documentaire à succès – et Magali Payen – experte en mobilisations citoyennes –, la société de production Newtopia. Des films qui s’emparent d’un monde à changer, inclusifs, les plus vertueux possibles dans leurs conditions de réalisation… Voilà ce qui, de cette boîte de prod d’un nouveau genre, sortira : l’actrice y double Charlotte Salomon, jeune juive allemande martyrisée par le régime nazi, peintre prodige surtout, dont on redécouvre depuis peu les toiles foisonnantes, et c’est avec, dans la voix, des teintes automnales, angoissées, lumineuses, qu’elle lui donne chair. Ce lundi, c’est une actrice-icône, l’une des rares Françaises qui, à Hollywood, s’est fait un nom pérenne (James Gray, Christopher Nolan, Robert Zemeckis et d’autres l’ont enrôlée), qu’on interroge, rompue aux usages de l’interview, chez qui rien de trop privé ne filtre : sur sa séparation récente d’avec Guillaume Canet, elle nous fera comprendre en toute amabilité qu’elle restera coite. En fond sonore de notre discussion, il y a un moteur qui ronronne, des clignotants qui s’allument, un tunnel parfois. Elle est sur le chemin de l’école, celle de son fils, intimant à celui-ci, en aparté, d’enfiler son manteau pour ne pas aggraver sa crève, puis riant, une fois la portière claquée par le garçon de 11 ans, du fait que, bientôt, il refusera qu’elle le dépose devant le collège. Voix de superstar, voix de pasionaria, peut-être, mais dont les accents spontanés de Madame Tout-le-Monde nous charment par-dessus tout.
MARION COTILLARD Glam sœur
Nov 09, 2022
9 minutes
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