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Le secret des templiers: Roman
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Le secret des templiers: Roman
Livre électronique440 pages12 heures

Le secret des templiers: Roman

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À propos de ce livre électronique

Les templiers ont-ils pu survivre au cataclysme du vendredi 13 octobre 1307 qui vit leur arrestation dans tout le royaume de France ? Les chevaliers qui échappèrent à cet évènement léguèrent-ils un immense secret à ceux qu’ils choisirent pour héritiers ? L’ordre du Temple et la franc-maçonnerie sont-ils liés ? C’est à ces questions que Michel Raffaele se trouve confronté lorsque Glenn MacLeod, son ami et ancien professeur, vient à sa rencontre avec de nouveaux éléments qui pourraient répondre à ces interrogations. Ensemble, ils iront de découverte en découverte au sein de ce labyrinthe historico-religieux qui les amènera à penser que les templiers étaient, effectivement, les gardiens d’un savoir bien obscur. Dans leur quête, ils auront de précieux alliés, mais ils auront aussi à affronter une organisation occulte aux pouvoirs immenses qui fera tout pour que le secret des templiers ne soit pas dévoilé. Y aurait-il une histoire officielle et une histoire cachée ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Enzo Ferrara Balbiani est passionné par la littérature et l’écriture. Enfant, il créait des récits et des univers qu’il partageait avec son entourage. Il a toujours été attiré par les spiritualités, la philosophie, l’histoire et les mystères de notre monde qui, en changeant notre perception des choses, nous ouvre à une plus grande compréhension de ce qui est.
LangueFrançais
Date de sortie26 mai 2021
ISBN9791037725004
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    Aperçu du livre

    Le secret des templiers - Enzo Ferrara Balbiani

    Enzo Ferrara Balbiani

    Le secret des templiers

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Enzo Ferrara Balbiani

    ISBN : 979-10-377-2500-4

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    À toi, à vous

    Terre

    1

    La vie et le mystère

    Étang de Thau, France

    C’était un milieu d’après-midi, vers la fin du mois de juin, en cette période de l’année où se produit le solstice d’été. Cet événement astronomique connu depuis des temps immémoriaux, lourds de sens est de symbole aux quatre coins du globe et que chaque peuple a toujours accueilli par des rites et des fêtes.

    Les Égyptiens voyaient dans ce solstice le commencement de la nouvelle année marquée par le gonflement des eaux du Nil. Les Amérindiens pratiquaient, en cette période, la cérémonie de la danse « en regardant le soleil ». Syriens et Phéniciens révéraient la divinité mésopotamienne de l’abondance Tammuz et les Celtes célébraient la déesse Litha.

    Dans l’occident chrétien, ce mouvement des corps célestes était connu et l’est toujours comme la fête de la Saint-Jean. Celui-là même qui a baptisé le Christ dans les eaux du Jourdain et que l’histoire appelle Jean le Baptiste. Durant cette fête, la tradition européenne veut que soient érigés de grands feux de joie autour desquels tous dansent en cercle en chantant, tandis que les couples sont invités à sauter par-dessus les flammes main dans la main.

    Ces actes traduisaient le fait que les anciens voyaient dans les solstices des portes donnant accès aux mystères. Le solstice d’été étant associé à la Porte des hommes, qui est l’entrée des petits mystères.

    Mais, en notre époque profane, ces traditions et ces enseignements millénaires se perdent et sont oubliés. Syndrome de notre temps où le monde s’est désenchanté. Dans notre présent, ce qui élevait jadis l’être humain, en lui permettant de rencontrer le mystère, est supplanté par ce qui l’avilit et qui le transforme en un simple individu fait de pulsions. L’éternité, but ultime de la vie, s’est vue remplacée par le calcul économique et la technique froide du scientisme, tandis que l’argent est devenu l’idole, le dieu, des âges modernes. Notre époque se prend de passion pour les causes de son malheur, en chérissant, même inconsciemment, ces poisons.

    Déchéance suprême, certains utilisent les ressemblances des immémoriales traditions pour les décrédibiliser elles et leurs messages. Ils affirment que ces rites et leurs similitudes, qui se rencontrent partout, ne sont que le produit de l’imagination fertile d’une humanité en quête de sens. La seule explication logique proviendrait de l’unité de la pensée humaine qui observe universellement des phénomènes naturels similaires. D’autres encore disent que ces coutumes ne sont que des outils de domination des institutions religieuses. La longévité de ces rites, accompagnés de leur changement apparent, prouverait qu’une classe sacerdotale se jouerait de nous, qui sommes crédules depuis des siècles.

    Ils ne voient pas que loin d’être des arguments en faveur de leurs théories, tous ces faits ne font que valider les traditions mystiques et leur donnent une légitimité certaine.

    Les similitudes observées sont des indices qui mettent en lumière l’intelligence des êtres humains d’autre fois. Nos ancêtres fixaient leurs regards vers les étoiles et l’infinité de l’univers, en remarquant que l’infiniment grand et l’infiniment petit sont liés et qu’un sens profond les sous-tend. Ce sens qui nous dépasse et qu’il n’est pas donné à tous de comprendre dans cette vie. Les apparentes différences des célébrations ne traduisent que les particularités des caractères des peuples humains. Une même essence demeure, se trouvant exprimée par le biais des symboles. Cette essence profonde, c’est la Vérité éternelle et universelle, seule capable de rassembler réellement les êtres.

    Ici, et nulle part ailleurs est contenu le remède aux maux de notre époque. C’est par le réenchantement du monde, le retour de la magie et du rêve dans nos vies, que les malheurs de notre temps s’évanouiront.

    Mais qui connaît encore ces traditions ? Qui les respecte encore ? Qui peut être le légataire de l’enseignement éternel qui s’y trouve ?

    Si cet être ou ces êtres sont présents, se préservant de la société moderne en s’en retirant, quel doit être leur conduite pour réenchanter l’existence ?

    Doivent-ils garder protégé l’enseignement originel afin qu’il ne se pervertisse pas en donnant les perles aux pourceaux ?

    Ou bien doivent-ils en illuminer le monde en sachant qu’une ville sur une montagne ne peut être cachée ?

    Cette réflexion occupait l’esprit de Michel Raffaele en cet après-midi ensoleillé. De ses yeux vert clair, il scrutait l’horizon qui s’offrait à lui depuis le toit de sa péniche, sa demeure mouvante au gré de ses aspirations. Un mode de vie qu’il avait adopté depuis de nombreuses années et qu’il aimait pour la liberté qu’il procurait.

    Cet homme, d’un début de trentaines d’années, se reposait après une mission accomplie il y avait déjà quelques jours de cela. Une expédition qui l’avait mené en Asie du Sud-Est pour protéger un bateau de transport de marchandises contre la piraterie moderne. Pour ce faire, il avait revêtu l’uniforme de mercenaire, qui peut sembler désuet, mais qui est toujours bien vivant au XXIe siècle.

    Si notre individu, après les réflexions que nous venons d’apercevoir dans son intelligence, pouvait être, si ce n’est un intellectuel, au moins une personne cultivée, il était aussi un être de terrain. Il maîtrisait à la fois la théorie et la pratique, la contemplation et l’action, le temps de la paix et celui de la guerre.

    Philosophie, religions, histoire, connaissance de plusieurs langues… Que n’avait-il pas étudié dans son souci perpétuel d’appréhender l’âme de ce qui est ?

    Techniques de combat, arts martiaux, tout en excellant dans le maniement des armes… Que n’avait-il pas fait, en exerçant ses mains, pour trouver dans la perfection du geste la plénitude de l’esprit ?

    C’était un original, un inclassable, un insaisissable, et sa vie ne peut que conforter ces qualificatifs, tant elle semble en être l’expression vivante.

    Écrivain voyageur, ayant exploré tous les continents, mais aussi tous les styles d’écritures, il s’adonnait parfois également à d’autres formes d’arts. Néanmoins, il ne signait jamais de son vrai nom, car une seule ambition l’animait et ce n’était pas la gloire et les honneurs. Cette ambition, c’était la quiétude et la tranquillité, une vie sereine était pour lui le plus grand des luxes.

    Il était donc aussi par moment mercenaire. La novlangue aseptisée et politiquement correcte utiliserait plutôt le mot « contractor » pour qualifier cette activité, mais déformer la parole, expression de la pensée, c’est déformé la réflexion, il est alors important de dire clairement pour comprendre pleinement. S’il acceptait ce type de contrats, ces missions risquées qui mettent sa vie en danger, c’était avant tout pour son besoin d’aventure et une rémunération à la hauteur du danger. Un salaire qui lui permettait de vivre tel qu’il l’avait toujours voulu. Une existence libre tournée vers la recherche des mystères du monde et de l’univers, afin d’en lever le voile. Car les mystères encore non résolus de notre histoire, de notre passé, de notre présent et de notre futur, ne sont-ils pas les derniers continents inconnus où seuls certains élus sont admis à poser le pied ?

    Michel savait qu’il ne se sentirait jamais réellement un homme de cette époque, un individu appartenant à ces temps qu’il percevait comme mauvais.

    Pour lui, par exemple, le salariat n’est qu’une forme d’esclavage moderne, dont les chaînes sont la paye. « Gagner sa vie » est une expression qui lui était insupportable et vide de sens. Il ressentait la logique que véhicule cette maxime comme dangereuse, car elle asservit ceux qui y donnent du crédit.

    « Pourquoi donc ai-je besoin de gagner ma vie ? Ne m’appartient-elle pas déjà ? Car si j’ai besoin de la gagner, cela veut bien dire qu’elle est la propriété de quelqu’un ou quelque chose d’autre qui m’est extérieur. Pour être clair, je n’ai à racheter ou arracher ma vie des mains d’aucune personne ou d’aucun groupe d’individus. Mon existence est mienne depuis le jour de ma naissance, je suis le seul à la vivre et elle appartient à Dieu, parce que c’est lui qui me l’a donné et me la reprendra. » C’était de cette manière qu’il répondait à ceux qui utilisaient la sentence « gagner sa vie » devant lui.

    Le monde ainsi que l’univers entier au sein desquels nous nous mouvons, Michel ne les voyait que comme un rêve. Un songe qui s’anima d’une vie propre au commencement de tout et qui en s’éloignant de sa source avait fini par cristalliser la pensée première en matière. Pour lui, la vision moderne qui faisait de la pensée une maladie de la matière était fausse et devait être renversée. C’était la matière qui était une tare de la pensée et non l’inverse.

    Tout cela nous permet de comprendre énormément de choses quant à sa manière de réfléchir et de vivre.

    Cette forme d’amour de la liberté, il la chérissait plus que tout pour lui-même, mais également pour tous. Au point de dire que l’un des problèmes de notre temps est la volonté de certains de vouloir imposer leur vision de la perfection aux autres sans même y tendre eux-mêmes. Pourtant, cela n’en faisait pas un individualiste ou un hédoniste, loin de là. Car pour Michel, sa liberté, la liberté en général, ne peut vivre et s’épanouir qu’à l’aune de la Vérité, qu’il pense comme universelle, première et éternelle.

    Pour lui, cette Vérité n’est pas multiple, comme se la représente le mode de réflexion dominant actuellement, mais unique. Cette conviction, il l’avait acquise en étudiant les mystères du monde et des hommes, les religions, les civilisations, les philosophies dites secrètes et en s’aventurant sur les chemins de l’ésotérisme, labyrinthe aux sentiers innombrables.

    Si nous avons perdu aujourd’hui la connaissance de cette Vérité première, c’est que le temps a fait son œuvre en l’effaçant progressivement des esprits. Qui n’a pas en mémoire une personne qu’il a aimée plus que tout, mais dont les traits du visage ne sont plus vraiment distincts en sa conscience ? L’image s’estompe, mais le sentiment demeure. En ce qui concerne la Vérité, ce sentiment qui persiste par-delà l’oubli de la forme, c’est la tradition primordiale. Celle qui continue à se transmettre partout et qui est une réminiscence d’un âge lointain où notre humanité voyait sans intermédiaire.

    Michel avait tiré une conclusion de ces pérégrinations intellectuelle et philosophique, la Vérité se cache dans le cœur de toutes choses, il suffit de s’extirper de cet univers d’illusion pour la découvrir. C’est elle qui doit guider le comportement de chacun d’entre nous, en tant que personnes et en tant que communauté.

    La multitude d’interprétations des grands mystères n’est que le produit de visions opérées depuis différents points de vue. Loin du relativisme, pour Michel, le monde et la vie ont un sens et la quête de l’ultime doit se nourrir de chacun des regards ayant eu la chance de l’entrevoir.

    Un condottiere, un lansquenet, un chevalier du Graal, un de ces explorateurs nobles des siècles où la planète était encore énigmatique et faite de rêves à poursuivre, un libre-penseur qui s’instruit de livres oubliés… Michel était tout cela à la fois.

    Michel passa une main dans ces cheveux bruns mi-longs et dans sa barbe que caressait une légère brise de vent, tout en continuant de contempler le paysage devant lui.

    L’étang de Thau, qu’il observait, était le lieu qu’il occupait en cet instant. Sa péniche fixait, il restait quelques instants à un même endroit, puis il levait l’ancre quand son âme le lui demandait. De départ en départ, de voyage en voyage, il pourrait sembler qu’il cherchait à fuir l’existence moderne. C’est un peu le cas, mais pour mieux comprendre cette attitude, il faudrait, pour ceux qui le souhaitent, se référer au personnage du passeur de la mythologie égyptienne et grecque. Celui qui fait traverser aux âmes le fleuve qui est la frontière entre notre monde et l’autre. Michel pourrait en quelque sorte être assimilé à ce personnage, la seule différence réside simplement dans le fait qu’il recherche la rive opposée qu’il n’a qu’entrevue pour le moment.

    La proximité avec cette nature le rendait serein, tout en nourrissant ses rêveries et réflexions. L’étendue d’eau, que forme l’étang de Thau, n’était séparée de la mer Méditerranée que par un fin cordon littoral sur lequel s’élevait triomphalement vers les cieux le mont Saint-Clair. La forme de cette colline, pouvant faire penser à une baleine, est peut-être à l’origine d’une légende qui conte qu’en des temps lointains une ville trônait fièrement au sein d’un golfe. Cette cité était celle de Thau et son bassin était le futur étang que nous connaissons aujourd’hui. Neptune, jaloux et irrité de la grandeur ainsi que de la beauté de cette métropole antédiluvienne, planta son trident dans les fonds marins. Le dieu des flots en remonta un gigantesque cétacé, qu’il pétrifia et plaça à l’entrée de cette petite extension de la mer. Cette action de colère eut pour effet de créer l’étang de Thau actuel et d’y engloutir la cité enviée.

    Aujourd’hui encore, des histoires, qui disparaissent avec les derniers des anciens, racontent qu’en certaines circonstances météorologiques, il est possible d’entendre sonner au loin les cloches des bâtiments enfouis sous les eaux. Pour retrouver cette Atlantide locale, il suffirait de suivre certains poissons qui, en se regroupant, forment de leur front étincelant un escalier d’or qui y mène.

    Ces légendes donnaient au lieu une âme singulière, qui se laisse ressentir à ceux qui peuvent voir avec l’œil de l’esprit. Mais ce n’était pas particulièrement à cause de cela que l’endroit avait envoûté Michel, c’était avant tout pour sa beauté.

    En ce jour, il observait l’eau calme, mais vivante devant de lui. Le littoral se dessinait avec la couleur de la glaise et du sable et en portant le regard vers les terres, il semblait que la végétation fuyait au loin vers des horizons inconnus. Le tout était illuminé par les chauds rayons du soleil. Le chant des oiseaux, le bruit des vagues, les soubresauts de la nature dans sa sereine existence étaient la poésie de ce lieu. Les brises, charriant le parfum de la mer, en étaient le goût et l’odeur.

    Nous pouvons voir apparaître encore et toujours le mystère qui en ces multiples formes, gravite dans la vie de Michel. Cette étoile inatteignable qu’il cherche pourtant à suivre et à rejoindre. Mais ici, se trouve aussi l’ombre moderne qui éclipse les dernières traces d’une époque plus civilisée qui était fécondée par la tradition et une richesse qui ne se comptait pas avec des chiffres. La colline, qui repose sur les flots, était attaquée par une nuée d’insectes rampants qui creusait et édifiait des repaires en détruisant les lieux de mémoires et en violant la nature. En son sein, les personnes dont les ancêtres dormaient éternellement dans cette terre se voyaient alors remplacées par des individus sans liens avec quoi que ce soit et les souvenirs s’effaçaient au profit de l’intérêt.

    Michel était triste en pensant à ces ténèbres, ces nouvelles plaies d’Égypte, qui s’abattaient sur ce si beau lieu.

    Mais, son vague à l’âme s’estompa lorsqu’il se remémora qu’une vieille connaissance allait bientôt lui rendre visite. Un homme qui fut un de ses professeurs et qu’il avait tout le temps surnommé, comme beaucoup de monde, l’Écossais. C’était une personne qui avait toujours su le captiver, en lui parlant d’histoire et de spiritualité, de légende et de mythes. Michel avait beaucoup appris en le côtoyant et nombre de ses questionnements s’étaient forgés à son contact.

    Aujourd’hui, l’Écossais avait fait fortune avec des entreprises diverses et variées. Il était aussi devenu un expert international et reconnu des symboles, des sociétés secrètes et leurs philosophies.

    Lors de leur entretien téléphonique, l’Écossais avait dit à Michel qu’il souhaitait, qu’il voulait même, absolument le voir, car il avait à lui montrer quelque chose d’exceptionnel. Des documents qui pourraient amener à lever le voile sur les mystères entourant la naissance de l’une des hétéries la plus connue au monde. Il ajouta qu’il avait besoin de l’aide, de l’esprit et des réflexions de Michel, dans cette quête. Ce dernier, touché par ces paroles qu’il savait être sincère, mais désirant également en apprendre plus, lui proposa de se retrouver dès que possible et le moment de cette rencontre était arrivé.

    Michel l’attendait d’une minute à l’autre, une pointe d’impatience motivée par la curiosité se faisait alors jour et prenait de plus en plus de place dans son for intérieur. Tout d’abord parce que l’Écossais n’avait rien voulu lui dire de plus au sujet de ces documents.

    « Tu en découvriras plus quand nous serons ensemble, ceci est trop important pour en parler au téléphone », lui avait-il dit.

    Il fut surpris de cette façon d’agir. Ce n’était pas dans les habitudes de son vieil ami qui aimait à discuter, des heures durant, de ses trouvailles et théories, quel que soit le lieu ou bien le moyen de communication utilisé. Cela lui avait mis la puce à l’oreille sur la portée de ce qu’il avait à lui dire.

    Enfin, Michel savait son ancien professeur sérieux dans sa démarche de recherche lorsqu’il s’agissait de ces sujets, car la place qu’ils occupaient dans la vie de ce dernier était grande. Et pour cause, L’Écossais faisait partie de l’une de ces sociétés secrètes dont presque chacun avait un jour entendu parler.

    — À quoi penses-tu donc encore ? dit soudain une voix qui tira Michel de ses réflexions.

    2

    La lettre retrouvée

    Étang de Thau, France

    Cette voix, avec un accent bien particulier, n’était pas étrangère à Michel et lorsqu’il tourna son regard vers la berge il ne fut pas surpris de voir l’Écossais. Le surplombant depuis le toit, il put apercevoir les yeux amusés ainsi que le sourire, encadré d’une barbe rousse taillée en bouc, de son ancien professeur qui était ravi de son entrée en scène.

    — Il me semble que pour un homme de combat, tu n’as pas eu l’oreille bien affûtée, mon jeune ami.

    — C’est que vous n’êtes pas un ennemi, dit Michel, mais j’admets que j’étais absorbé par mes réflexions au sujet de votre visite.

    — C’est très bien, répondit l’Écossais, mais avant de parler de tout cela, commence par me tutoyer comme je te l’ai toujours demandé. Et accueille un homme des Highlands comme il se doit ! Une fois dans de bonnes dispositions, je promets de tout te dire.

    Michel, assis sur une chaise, ouvrit un petit frigidaire proche de lui et prit d’une main une bouteille dont la couleur ambrée du breuvage ne laissait aucun doute sur l’identité de la boisson.

    — Il n’attend que toi, lui répondit-il, en montrant le respectable flacon dont le contenu n’avait pas été entamé.

    — Je vois que je suis chez une personne qui sait recevoir.

    L’Écossais, un homme d’une soixantaine d’années, s’appelait Glenn MacLeod. Un nom qui marquait son appartenance à un ancien clan originaire de l’île de Skye, à l’ouest de l’Écosse. L’histoire de cette famille remonterait au roi de Mann Olaf II, c’est dire si les racines de cette famille sont profondément ancrées dans les terres du pays du chardon.

    D’une apparence encore jeune, Glenn était d’un caractère toujours enjoué et farceur. Dans ces passions nombreuses, le whisky et la bonne nourriture occupaient une place de choix. Michel, connaissant son invité, savait parfaitement comment le recevoir. Très vite, le visiteur fut installé bien confortablement dans un fauteuil et pourvu d’un fort agréable verre de sa boisson favorite.

    Les dents blanches de Glenn étaient mises en exergue par le roux de sa barbe, ainsi que la couleur claire de sa peau. Deux yeux bleus perçants venaient compléter le tableau d’un visage aimable et sympathique au crâne chauve.

    L’endroit qui servait de salon, où se trouvaient maintenant les deux amis, permettait d’avoir vu sur l’étang et laissé passer une douce lumière naturelle qui traversait une grande baie vitrée.

    — Tu n’imagines pas ce que tu rates, dit Glenn en mordant dans une tranche de jambon fumé qu’il avait amené avec lui.

    — Ne t’inquiète pas pour moi, lui répondit Michel en prenant une chaise pour s’asseoir en face de lui. Il savait que Glenn était toujours content de pouvoir le taquiner au sujet de son régime alimentaire végétarien. Néanmoins, le bon vivant qu’était l’Écossais en respectait la motivation et la philosophie importante pour son ami.

    — Heureusement que la distillation du whisky n’a pas besoin de la participation des animaux. Sinon, tu passerais à côté de quelque chose qu’aucun Celte ne pourrait te pardonner.

    — Ainsi soit-il, répondit Michel en levant son verre.

    — Comment s’est déroulée ta dernière excursion dans les mers d’Asie ? demanda Glenn.

    — Comme d’habitude, un long et ennuyeux périple jusqu’au détroit de Malacca.

    — Aucun échange de compliments avec les pirates de la région ?

    — Quelques courtoisies, pourrions-nous dire, expliqua Michel qui, s’il ne pouvait pas rentrer dans les détails, savait que Glenn aimait beaucoup entendre ses « récits de mercenaire » comme il les appelait.

    — J’espère que vous leur avez fait boire la tasse comme il se doit !

    — Nous avons réussi à les repousser assez longtemps. À l’approche de Singapour, c’est l’armée régulière qui a pris le relais, avec une efficacité… Comment dire ? Inégalable.

    — Ah ! En voilà une bonne histoire de pirate et de corsaire, avec la cavalerie qui arrive en renfort dans les derniers moments du combat ! Tout un récit épique !

    — Je promets d’écrire cette histoire seulement pour toi, mon ami. Mais avant, je n’ai pas oublié que tu avais quelque chose à me montrer. Quelque chose de tellement important, pour que tu fasses le déplacement jusqu’ici.

    — Mon cher Michel, tu ne perds jamais le nord. Tu n’as pas changé, tu gardes toujours dans un coin de ta tête les questions qui te taraudent.

    — Il me semble que tu es maintenant dans de bonnes dispositions, répondit Michel en jetant un regard sur le verre que Glenn tenait à la main et les victuailles posées sur la table.

    — En effet, en effet, mais d’abord ceci, s’exprima Glenn en prenant dans la poche de sa veste en tweed deux cigares. Va attraper de quoi les allumer et je te montre ce qui nous importe.

    Michel se munit d’allumettes ainsi que d’un cendrier. Du coin de l’œil, il aperçut l’Écossais sortir, d’une sacoche, un classeur rempli, quasiment jusqu’à l’explosion, de feuilles et documents en tout genre.

    — Ici se trouvent des années de recherche, dit Glenn en tapotant le classeur qui prenait maintenant place sur la table.

    — Tu voudrais que je lise ces centaines de pages pour te dire mon avis ? s’enquit Michel.

    Ils allumèrent tous les deux leurs cigares. Les volutes de fumée qui s’en dégagèrent se mariaient avec la lumière du soleil couchant, donnant un air à la fois grave et onirique à la situation.

    — Non, je souhaite que tu consultes d’abord ceci et je t’expliquerai le reste, répondit Glenn en lui tendant quelques photocopies.

    Michel les prit et commença à lire avec attention, avec une considération qui tournait à la surprise plus il avançait.

    — Le chevalier de Ramsay ? dit-il avec étonnement.

    — En effet, l’un de mes illustres compatriotes.

    Le chevalier de Ramsay, de son nom complet, Andrew Michael Ramsay, né le 9 juin 1693 à Abbotshall en Écosse et mort le 6 mai 1743 à Saint-Germain-en-Laye en France, était un écrivain et philosophe écossais. Ce personnage historique était un jacobite convaincu. Ce nom est celui donné aux royalistes britanniques partisans de Jacques II Stuart ainsi que ses descendants après la Glorieuse Révolution d’Angleterre de 1688-1689. Cet événement qui vit l’accession au trône de Marie II et Guillaume III, prince d’Orange. Le chevalier de Ramsay combattit durant la bataille de Preston en 1715, dans une tentative de reconquête du pouvoir par la maison des Stuarts. Il fut, par la suite, fait prisonnier et s’échappa pour la France afin de rejoindre la cour jacobite de Saint-Germain-en-Laye. Cette guerre de succession, entre la maison des Stuarts et celle d’Orange-Nassau et ensuite celle de Hanovre, entremêlait des considérations ethniques et religieuses. Les Stuarts étaient d’origine écossaise, celte, et catholique, tandis que les maisons d’Orange-Nassau et celle de Hanovre étaient d’extraction germanique et protestante. Cette lutte pour le trône marqua durablement la Grande-Bretagne. Mais derrière l’histoire officielle, certaines théories affirment que des implications plus ésotériques nourrissaient l’antagonisme entre ces différentes maisons royales.

    Andrew Michael Ramsay eut une vie intellectuelle bien remplie. Il fut jeune disciple de Fénelon, écrivain et théologien français, au contact de qui il se convertit au catholicisme. Il fut ensuite le tuteur de Charles Edouard Stuart fils de Jacques III d’Écosse. Enfin, il fut nommé membre de la Royal Society et élevé au grade de docteur en droit de l’université d’Oxford, faisant de lui le premier catholique distingué de ce titre depuis la Réforme protestante. Il écrivit un ouvrage appelé Les Voyages de Cyrus ou la Nouvelle Cyropédie, succès de librairie du XVIIIe siècle et roman mystérieux dans lequel il attaquait la philosophie rationaliste de Spinoza.

    Mais le chevalier de Ramsay passa avant tout à la postérité pour le rôle qu’il joua dans la franc-maçonnerie. Il fut initié à la Horn Tavern Lodge de Westminster en 1730. Cette loge était l’une de celle qui sera à l’origine de la première Grande Loge d’Angleterre. Célèbre pour son discours, dit le Discours de Ramsay, qu’il prononça en décembre 1736 au sein de la loge de Saint-Jean à Paris. Il affirme, dans cette allocution, que la franc-maçonnerie puise ses symboles et mystères dans l’Égypte et la Grèce antique tout en étant l’héritière des ordres chevaleresques des croisades. Ce discours influença durablement les hauts gradés de la confrérie ainsi que cette société initiatique dans son ensemble. En effet, il donna une autre piste de réflexion sur les origines de cette organisation, qui ne serait plus seulement à chercher du côté des maçons opératifs des siècles passés.

    Cette prise de position continue, cela va sans dire, d’être sujet de nombreux débat chez les historiens et les spécialistes de cette fraternité, tout en nourrissant l’imaginaire et la culture populaire.

    — Cela doit te faire plaisir d’exhumer ce genre de texte, toi qui es l’un des irréductibles derniers jacobites de notre temps ! dit alors Michel sachant que Glenn portait dans son cœur la maison des Stuarts et faisait partie de cette petite minorité de jacobites modernes. Ceux favorables au retour de cette dynastie sur le trône du Royaume-Uni, voire sur celui d’une Écosse indépendante.

    — Ne me dis pas que c’est la seule chose que tu retiens de la lecture de ces documents ? lui répondit Glenn qui avait compris la boutade, mais était avant tout intéressé par les révélations contenues dans ces écrits.

    — Je connais ton sérieux, mais ces textes sont-ils authentiques ?

    — Je savais qu’il me faudrait fournir des preuves de leurs véracités. Je peux te garantir que les experts que j’ai consultés abondent tous dans le même sens. Ils sont tout ce qu’il y a de plus vrai.

    — Comment es-tu parvenu à te les procurer ?

    — La réponse à cette question est également un indice de leur crédibilité, dit calmement Glenn. Tu as, j’en suis certain, déjà entendu parler des archives maçonniques françaises que les nazis ont saisies durant la Seconde Guerre mondiale ?

    — Oui, les fameux documents que la Wehrmacht a confisqués et volés au Grand Orient et de la Grande Loge de France en 1940. Qui ont ensuite était récupéré par l’Armée rouge sur le front oriental avant d’être transféré à Moscou. Leurs restitutions aux obédiences maçonniques françaises n’eurent lieu que ces dernières années.

    — Vingt sur vingt pour toi ! Mais je rajouterai simplement une chose, c’est que ce sont les fonds historiques anciens qui furent acheminés en Allemagne et que les Russes ont retrouvés. C’est-à-dire tout ce qui a trait à l’histoire, aux légendes et à la mythologie de l’ordre.

    — Mais quel rapport avec ce que je tiens entre les mains ? Le Grand Orient ou la Grande Loge de France t’ont-ils donné l’opportunité d’étudier les archives ?

    — Non. Pour tout te dire, très peu de personnes savent comment l’Armée rouge a catalogué les documents. Les Soviétiques trouvèrent ces archives dans un état de désordre terrible, et c’est sans remettre de l’ordre qu’ils les ont étiquetées. Je te laisse imaginer la confusion que cela a entraînée. Mais plus intéressants et secrets encore, une infime partie des fichiers ont été perdus, si nous pouvons le dire ainsi, dans le chaos du début des années 1990 en Russie après la chute de l’Union soviétique. Et maintenant, regarde ceci.

    Michel se saisit de la photocopie que Glenn lui tendait. Le texte était en écriture cyrillique, l’alphabet propre à certaines langues slaves d’Europe de l’Est. C’était du russe, un langage qu’il maîtrisait. Tout en traduisant au fil de sa lecture, il comprit à quelles conclusions voulait l’amener l’Écossais.

    — Tu as récupéré une partie des documents perdus en Russie ? demanda-t-il, surpris.

    — Tout juste ! Grâce à mes amis et connaissance dans le pays des tsars. La quête a été difficile, mais tu imagines mon étonnement lorsque j’ai découvert de quoi il s’agissait. Ce sont des correspondances inédites du chevalier de Ramsay, avec certains frères, au sujet de son fameux discours de 1736. Il donne dans ces lettres de plus amples informations sur l’origine templière et chevaleresques de la franc-maçonnerie.

    — Cela pourrait relancer les débats autour de l’histoire de la confrérie ! Mais plus encore, sur la survivance, même philosophique, des chevaliers du temple ! dit Michel toujours étonné et pensif des répercussions que cela pourrait entraîner.

    — Regarde ici, dit Glenn en pointant du doigt un passage des documents. Andrew Michael Ramsay dit clairement que ce sont les derniers templiers qui ont organisé une forme d’ébauche, pourrions-nous dire, de la franc-maçonnerie. Cela, en amalgamant les maçons opératifs et spéculatifs et en leur transmettant une fraction de leur savoir afin de le préserver. Et là, reprit-il en montrant une autre partie du texte, il est précisé que le lien entre l’ordre du Temple et la franc-maçonnerie est l’Écosse.

    Michel réfléchissait à ce que son ami était en train de lui exposer et de lui expliquer. Le

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