L’attaque du Hamas, il y a maintenant plus d’un mois, a ravivé de manière brutale le conflit israélo-palestinien. Pour penser ce conflit, faut-il penser le sacré ?
Sonia Mabrouk : Faisons d’emblée la distinction entre sacré et religion. Bien qu’elles soient voraces, les religions n’ont pas le monopole de l’administration du sacré. Mais dans ce cas précis, la religion a phagocyté le sacré et le spirituel. Le religieux a tout écrasé, y compris les aspects géo-politico-stratégiques du conflit. La suppression pure et simple de l’État d’Israël est l’une des étapes du projet d’instauration d’un califat. La dominante religieuse occupe désormais la place du nationalisme arabe qui a échoué et de toute autre alternative politique qui a été malheureusement annihilée.
Pour autant, il ne faut pas totalement évacuer l’aspect territorial du conflit. Oui, le 7 octobre a constitué un pogrom. Et je dis aussi, la cause palestinienne ne peut pas être vue qu’à l’aune du religieux. La « daechisation » du Hamas ne doit pas empêcher de penser l’après, une fois éradiqué le groupe terroriste. Et l’après, c’est une solution à deux États.
Depuis des millénaires, en effet, la religion s’est emparée du sacré, pour le meilleur et pour le pire. Et le pire, on le voit ressurgir aujourd’hui avec ces conflits politiques qui instrumentalisent la religion. Les lois religieuses, comme les Dix Commandements, ont contribué à civiliser les cultures humaines, parce qu’elles ont apporté des règles morales qui ont permis de