Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le Livre: Les tabous entourant la connaissance de soi
Le Livre: Les tabous entourant la connaissance de soi
Le Livre: Les tabous entourant la connaissance de soi
Livre électronique178 pages2 heures

Le Livre: Les tabous entourant la connaissance de soi

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Ce petit ouvrage éloquent sur ce que cela signifie être humain se révèle
un manuel d’initiation qui ouvre l’esprit au mystère central de l’existence, par « probablement
le plus grand interprète des disciplines orientales pour l’Occident contemporain ».
(Los Angeles Times)

À la source des conflits humains se trouve notre méprise fondamentale de ce que nous sommes.
L’illusion que nous sommes des êtres isolés, sans lien avec le reste de l’univers, nous a conduits à considérer le monde « extérieur »
avec animosité et a alimenté notre mauvaise utilisation de la technologie et notre soumission violente et hostile du monde naturel.
Pour nous aider à comprendre que le moi s’avère en fait la source et le fondement de l’univers, Alan Watts nous apporte une réponse
indispensable à la question de l’identité personnelle, en distillant et en adaptant la philosophie hindoue du Vedanta.
LangueFrançais
Date de sortie15 févr. 2024
ISBN9782898083082
Le Livre: Les tabous entourant la connaissance de soi

Auteurs associés

Lié à Le Livre

Livres électroniques liés

Développement personnel pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le Livre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Livre - Alan Watts

    cover.jpg

    À mes enfants et mes petits-enfants

    Joan, David, Elizabeth, Christopher

    Tia, Mark, Richard, Lilia, Diane

    Ann, Myra, Michael

    Préface

    Ce livre explore un tabou méconnu, mais puissant, soit notre conspiration tacite pour ignorer qui, ou ce que nous sommes vraiment. En bref, la thèse est que la perception répandue du soi comme un ego séparé enfermé dans une enveloppe de peau s’avère une hallucination qui ne s’accorde ni avec la science occidentale ni avec les religions philosophiques expérimentales de l’Orient, en particulier la philosophie centrale et germinale vedanta de l’hindouisme. Cette hallucination se trouve à la base de l’utilisation abusive de la technologie pour soumettre violemment l’humain à son environnement naturel et, par conséquent, le détruire.

    Nous avons donc un besoin urgent d’un sentiment de notre propre existence qui soit en accord avec les faits physiques et qui surmonte notre sentiment d’aliénation de l’univers. Dans ce but, j’ai puisé dans les idées du vedanta, mais en les exposant dans un style tout à fait moderne et occidental. Ainsi ce volume ne prétend pas être un manuel ou une introduction au vedanta au sens ordinaire du terme. Il s’agit plutôt d’un enrichissement mutuel de la science occidentale avec une intuition orientale.

    Je tiens à remercier tout particulièrement mon épouse, Mary Jane, pour son travail éditorial minutieux et ses commentaires sur mon manuscrit. Ma gratitude va également à la Fondation Bollingen pour son soutien à un projet qui comprenait la rédaction de ce livre.

    Alan WATTS

    Sausalito, Californie

    Janvier 1966

    Chapitre un

    INFORMATIONS PRIVILÉGIÉES

    Que doit savoir un jeune homme ou une jeune femme pour être « au courant » ? Existe-t-il, en d’autres termes, une information privilégiée, un tabou particulier, un véritable secret de la vie et de l’existence que la plupart des parents et des enseignants ne connaissent pas ou ne veulent pas révéler ?

    Au Japon, il était autrefois d’usage de donner aux jeunes gens sur le point de se marier un « livre de chevet ». Il s’agissait d’un petit volume contenant des gravures sur bois, souvent colorées, montrant tous les détails des rapports sexuels. Ce n’était pas uniquement parce que, comme on le dit, « une image vaut mille mots », mais aussi parce que cela évitait aux parents l’embarras d’avoir à expliquer ces questions intimes personnellement. Mais aujourd’hui, en Occident, vous pouvez obtenir ces informations dans n’importe quel kiosque à journaux. Le sexe ne s’avère plus un tabou important. Les adolescents en savent parfois plus que les adultes.

    Mais si le sexe ne semble plus le grand tabou, qu’est-ce qui l’est ? Car il y a toujours quelque chose de tabou, de refoulé, d’inavoué, ou simplement d’entrevu rapidement du coin de l’œil parce qu’un regard direct se révèle trop perturbant. Les tabous se trouvent à l’intérieur des tabous, comme les pelures d’un oignon. Quel serait donc Le Livre que les pères pourraient glisser à leurs fils et les mères à leurs filles, sans jamais l’avouer ouvertement ?

    Dans certains milieux, un fort tabou entoure la religion, même dans les milieux où les gens vont à l’église ou lisent la Bible. Ici, la religion s’avère une affaire privée. Il est mal vu ou ringard d’en parler ou d’en débattre, et très mal vu de faire un grand étalage de piété. Pourtant, lorsqu’on pénètre n’importe quelle religion standard, on se demande bien pourquoi tant de secrets.

    Le livre auquel je pense n’est certainement pas la Bible, « le bon livre », cette fascinante anthologie de sagesse, d’histoire et de fables anciennes qui a été si longtemps considérée comme une vache sacrée qu’elle pourrait être confinée pendant un siècle ou deux pour que les humains puissent la réentendre avec de nouvelles oreilles. Il y a assurément des secrets dans la Bible, et certains se révèlent très subversifs, mais ils sont tous tellement enrobés dans des complications, dans des symboles et des modes de pensée archaïques, que le christianisme est devenu incroyablement difficile à expliquer à une personne moderne. À moins que vous ne vous contentiez d’être bon et d’essayer d’imiter Jésus, mais personne n’a jamais expliqué comment faire cela. Pour y parvenir, vous devez bénéficier d’un pouvoir particulier de Dieu appelé « grâce », mais tout ce que nous savons vraiment de la grâce, c’est que certains l’obtiennent et d’autres pas.

    Les religions standard, qu’elles soient juives, chrétiennes, musulmanes, hindoues ou bouddhistes, apparaissent, telles que pratiquées actuellement, comme des mines épuisées, c’est-à-dire très difficiles à creuser. À quelques exceptions près, leurs idées sur l’humain et le monde, leur imagerie, leurs rites et leurs notions d’une bonne vie ne semblent pas correspondre à l’univers tel que nous le connaissons aujourd’hui, ni à un monde humain qui évolue si rapidement que la plupart de ce que l’on apprend à l’école s’avèrent déjà obsolète le jour de la remise des diplômes.

    Le livre auquel je pense ne serait pas religieux au sens habituel du terme, mais il devrait traiter de nombreuses choses dont les religions se sont préoccupées, comme l’univers et la place de l’humain en son sein, le centre mystérieux de l’expérience que nous appelons « moi-même », les problèmes de la vie et de l’amour, de la douleur et de la mort, ainsi que la grande question entourant la signification de l’existence, à savoir si elle a une et ce dans tous les sens du terme. En effet, il semble y avoir une perception de plus en plus grande que l’existence serait une course de rats dans un piège : les organismes vivants, y compris les êtres humains, ne s’avèrent que des tubes qui introduisent des choses à une extrémité et les rejettent à l’autre, ce qui les oblige à continuer et les épuise à la longue. Pour que la farce continue, les tubes trouvent le moyen de fabriquer de nouveaux tubes qui, eux aussi, introduisent des choses à une extrémité et les rejettent à l’autre. À une extrémité, ils développent même des ganglions de nerfs appelés cerveaux, avec des yeux et des oreilles, afin de pouvoir plus facilement chercher des objets à avaler. Lorsqu’ils ont suffisamment mangé, ils utilisent leur surplus d’énergie en se tortillant selon des schémas compliqués, en faisant toutes sortes de bruits en soufflant de l’air dans et hors de l’orifice d’entrée, et en se rassemblant en groupes pour se battre avec d’autres groupes. Avec le temps, les tubes développent une telle abondance de dispositifs attachés qu’ils sont à peine reconnaissables comme de simples tubes, et ils y parviennent sous une variété stupéfiante de formes. Il existe une vague règle interdisant de manger des tubes de sa propre forme, mais en général, il y a une sérieuse compétition pour savoir qui sera le meilleur type de tube. Tout cela semble merveilleusement futile, et pourtant, quand on commence à y réfléchir, cela apparaît plus merveilleux que futile. En effet, cela s’avère extrêmement étrange.

    C’est une illumination bien particulière de ressentir que ce qui est habituel, que la façon dont les choses se passent normalement, se révèle étrangement curieuse et hautement improbable. G. K. Chesterton a dit un jour que c’est une chose de s’étonner d’une gorgone ou d’un griffon, des créatures qui n’existent pas, mais que c’est une chose bien différente et bien supérieure de s’étonner d’un rhinocéros ou d’une girafe, des créatures qui existent et pourtant ont une allure improbable. Ce sentiment de singularité universelle comprend une interrogation fondamentale et intense sur le sens des choses. Pourquoi, de tous les mondes possibles, cette multitude colossale et apparemment inutile de galaxies dans un continuum espace-temps mystérieusement incurvé, ces myriades d’espèces tubulaires différentes jouant des jeux frénétiques de surenchères, ces innombrables façons de « le faire » allant de l’architecture élégante du cristal de neige ou de la diatomée à la magnificence saisissante du ménure ou du paon ?

    Ludwig Wittgenstein ainsi que d’autres philosophes « logiques » modernes ont tenté de supprimer cette question en disant qu’elle n’avait pas de sens et qu’il ne fallait pas la poser. La plupart des problèmes philosophiques doivent être résolus en s’en débarrassant, en arrivant au point où l’on voit que des questions telles que « Pourquoi cet univers ? » se révèlent une sorte de névrose intellectuelle, un abus de mots dans la mesure où la question semble sensée, mais s’avère en fait aussi dénuée de sens que de demander « Où est cet univers ? » alors que les seules choses qui sont quelque part doivent se trouver quelque part à l’intérieur de l’univers. La tâche de la philosophie est de guérir les gens de telles absurdités. Wittgenstein, comme nous le verrons, n’avait pas tort. Néanmoins, l’émerveillement n’est pas une maladie. L’émerveillement, et son expression dans la poésie et les arts se révèlent parmi les choses les plus importantes qui semblent distinguer les humains des autres animaux, et les personnes intelligentes et sensibles des imbéciles.

    Existe-t-il alors une sorte de révélation sur cet étonnant ordre des choses, quelque chose qui ne passe jamais par les canaux habituels de la réponse, soit les religions et les philosophies historiques ? C’est le cas. Cela a été dit encore et encore, mais d’une manière telle que nous, aujourd’hui, dans cette civilisation particulière, ne l’entendons pas. Nous ne nous rendons pas compte qu’elle s’avère totalement subversive, non pas tant au sens politique et moral du terme, mais en ce qu’elle bouleverse notre vision ordinaire des choses, notre sens commun. Elle peut bien sûr avoir des conséquences politiques et morales, mais nous n’avons pas d’idée précise de ce qu’elles peuvent être. Jusqu’à présent, cette révolte intérieure de l’esprit a été confinée à des individus plutôt isolés ; elle n’a jamais, à ma connaissance, été largement caractéristique des communautés ou des sociétés. On l’a souvent jugée trop dangereuse pour cela. D’où le tabou.

    Mais le monde se trouve dans une situation extrêmement dangereuse, et les maladies graves nécessitent souvent le risque d’un traitement dangereux, comme le sérum de Pasteur pour la rage. Ce n’est pas seulement que nous pouvons faire exploser la planète avec des bombes nucléaires, suffoquer sous la surpopulation, détruire nos ressources naturelles par une mauvaise conservation, ou ruiner le sol et ses richesses avec des produits chimiques et des pesticides mal compris. Au-delà de tout cela, il semble possible que la civilisation soit un immense succès technologique, mais par le biais de méthodes que la plupart des gens trouveront déroutantes, effrayantes et désorientantes, parce que, pour une seule raison, les méthodes ne cesseront de changer. Cela ressemble un peu à jouer à un jeu dont les règles sont constamment modifiées sans jamais être précisées, un jeu dont on ne peut se retirer sans se suicider et dans lequel on ne peut jamais revenir à une forme plus ancienne du jeu.

    Mais le problème de l’humain et de la technique est presque toujours posé de la mauvaise façon. On dit que l’humanité a évolué à sens unique, en augmentant sa puissance technique sans croissance comparable de son intégrité morale, ou, comme certains préfèrent le dire, sans progrès comparable de l’éducation et de la pensée rationnelle. Pourtant, le problème s’avère plus fondamental. La question fondamentale se révèle la manière dont nous nous sentons et nous concevons en tant qu’êtres humains, notre sensation d’être en vie, d’existence et d’identité individuelle. Nous souffrons d’hallucination, de sensation fausse et déformée de notre propre existence en tant qu’organismes vivants. La plupart d’entre nous avons l’impression que le « je », est un centre distinct de sensation et d’action, vivant à l’intérieur du corps physique et délimité par celui-ci, un centre qui « affronte » un monde « extérieur » de personnes et de choses, entrant en contact par les sens avec un univers à la fois étranger et étrange. Des figures de style quotidiennes reflètent cette illusion. « Je suis venu en ce monde. » « Tu dois faire face à la réalité. » « La conquête de la nature. »

    Ce sentiment d’être un visiteur solitaire et très temporaire dans l’univers est en contradiction flagrante avec tout ce que les sciences connaissent de l’humain (et de tous les autres organismes vivants). Nous ne « venons » pas en ce monde, nous en sortons, comme les feuilles d’un arbre. De la même manière que l’océan « ondule », l’univers « peuple ». Chaque individu s’avère une expression du royaume entier de la nature, une action unique de l’univers total. Ce fait est rarement, voire jamais, expérimenté par la plupart des individus. Même ceux qui savent que c’est vrai en théorie ne le ressentent pas, mais continuent d’avoir conscience d’être des « egos » isolés dans des enveloppes de peau.

    Le premier résultat de cette illusion se révèle que notre attitude à l’égard du monde « extérieur » est largement hostile. Nous ne cessons de « conquérir » la nature, l’espace, les montagnes, les déserts, les bactéries et les insectes au lieu d’apprendre à coopérer avec eux dans un ordre harmonieux. En Amérique, les grands symboles de cette conquête sont le bulldozer et la fusée, l’instrument qui réduit les collines en parcelles plates pour y poser des petites boîtes de pacotilles et le grand projectile phallique qui fait exploser le ciel. (Néanmoins, il existe de bons architectes qui savent comment intégrer des maisons dans des collines sans gâcher le paysage et des astronomes qui savent que la terre se trouve déjà loin dans l’espace et que notre premier besoin pour explorer d’autres mondes est de disposer d’instruments électroniques sensibles qui, comme nos yeux, feront entrer les objets les plus lointains dans notre cerveau.¹) Cette attitude hostile de conquête de la nature ignore l’interdépendance fondamentale de toutes les choses et de tous les événements, que le monde au-delà de notre peau est en fait une extension de notre propre corps, et aboutira à la destruction de l’environnement même d’où nous émergeons et dont dépend toute notre vie.

    Le deuxième résultat du sentiment que nous sommes des esprits séparés dans un univers étranger, et le plus souvent stupide, est que nous n’avons aucun sens commun, aucun moyen de donner un sens au monde sur lequel nous sommes tous d’accord. Ce n’est que mon opinion contre la vôtre, et c’est donc le propagandiste le plus agressif et violent (et donc insensible) qui prend

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1