Comment se porte la mort en France? Le philosophe Régis Debray, né en 1940 et auteur du Plan vermeil en 2004, et le docteur Claude Grange, chef de service d’une unité de soins palliatifs à Houdan (Yvelines) durant vingt-cinq ans, livrent expériences et réflexions sur la fin de vie dans un récit d’une grande humanité. Dans Le Dernier Souffle, l’écrivain et le médecin vont à rebours de nombre d’idées reçues sur la vieillesse et la mort. Au moment où la convention citoyenne vient de se prononcer pour une « aide active à mourir » sous « conditions », la voix de Régis Debray est à entendre.
Comment est née l’idée de ce livre ?
Elle est née de la rencontre d’un homme et de l’exploration d’un lieu. L’homme est le docteur Grange. Il a dirigé le centre de soins palliatifs d’Houdan, dans les Yvelines. Il m’a quelquefois prêté une blouse blanche pour que je l’accompagne et écoute, à ses côtés, les mourants. D’où ce témoignage, qui n’a rien d’une dissertation. Le docteur Grange a beaucoup à raconter, depuis vingt-cinq ans qu’il accouche des hommes et des femmes de leur mort. On reste avec lui dans l’ au plus près des gens. Il m’a fait toucher du doigt tout ce que l’on peut apprendre quand on est, comme lui, un vieux compagnon des fins de partie, sans morosité aucune. C’est on ne peut plus tonique. Il m’a appris
