Est-ce parce qu'il a été longtemps « clivé » – comme il le dit – qu'il est aujourd'hui si lumineux? Boris Cyrulnikfait partie de ces visages familiers, dont nous connaissons l'histoire. Et elles sont rares, les personnalités qui font corps avec ce qu'elles veulent transmettre et l'incarnent autant. Il fait partie de celles-là. Boris Cyrulnik promeut la résilience, il EST la résilience. C'est dans Un merveilleux malheur qu'il développe cette théorie sur la capacité humaine à se remettre, à se tenir debout malgré traumatismes et violences psychiques, à vivre avec. Le développement s'arrête, mais il peut reprendre. Rien d'humain n'est jamais perdu: une leçon d'optimisme mais aussi de volonté. Enfant, pourchassé par les nazis, il a réussi à survivre. Il n'avait pas le choix, il devait savoir. L'éthologie, la neuropsychiatrie se sont imposées à lui pour comprendre comment certains deviennent des bourreaux et d'autres des justes. Une vie, donc, à répondre à la question du Boris enfant. Neurologue, psychiatre, éthologue et psychanalyste: la psyché humaine est le terrain de jeu de l'enfant de 6 ans qui s'échappe d'une rafle en janvier 1944 en se cachant sous le corps sanguinolent d'une femme mourante. Longtemps, il tait son histoire. On lui impose ce silence qui le «coupe en deux» pendant quarante ans: l'homme souriant, à la vie « normale », et l'autre, qui se raconte son histoire intérieurement, sans cesse, comme pour la garder intacte. Arrivent le procès Papon et l'émission de télévision où des témoins et descendants de témoins de son évasion lui permettent de se réapproprier son propre récit. La question brûle les lèvres: comment concevoir restrospectivement ce silence? Comment peut-on accepter d'avoir dû se taire pendant si longtemps? Impensable, mais il faut sauver les bébés, les enfants et les adultes… L'auteur de best-sellers explique sans relâche l'impact du bien-être maternel sur l'enfant à naître, l'importance des récits pour les enfants.
Son dernier livre, est à la croisée de tous ses chemins: l'enfant, le médecin et le citoyen. Il alerte sur la nécessité de lutter toujours pour préserver sa liberté intérieure et met en garde contre les écrit-il. C'est une des leçons de l'éthologie – l'observation des êtres vivants dans le milieu naturel: Toutes les espèces ont donc besoin d$une force supplémentaire pour être libres. Mais paradoxalement: Nous avons un besoin vital des autres, mais nous ne devons pas céder à la pression des groupes et nous laisser « griser » par les fanatismes, simplificateurs par définition, qui transforment en Tentons d'être comme Hannah Arendt, et Il faut de la force. Boris Cyrulnik en donne.