Un père pour quoi faire ?: Regard d'une psychanalyste sur la fonction paternelle
Par Diane Drory
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À propos de ce livre électronique
Être un « bon père », rien de plus simple ni de plus compliqué. Aujourd'hui, les idées reçues et autres mythes sont mis au placard et les hommes ont tout le loisir d'improviser leur paternité. Dans ce deuxième tome de la collection “Des choses de la vie”, Diane Drory nous raconte l'histoire de 30 papas qui veulent le meilleur pour leur progéniture tout en se demandant comment remplir leur rôle. Judicieusement, elle rappelle la place essentielle qu'occupe le père pour introduire les enfants à la différence, aux règles et au monde en général.
Mais comment être un « bon père » ? Réponse dans cet ouvrage de Diane Drory.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Diane Drory est une psychanalyste belge spécialisée dans l’écoute de l’enfance. Réputée depuis 30 ans pour son approche concrète avec les enfants et leurs parents, elle est également reconnue au-delà des frontières pour son travail théorique au travers de nombreux ouvrages, revues spécialisées et conférences. Elle est aussi chroniqueuse pour le magazine Psychologies et psychanalyste, spécialisée dans la petite enfance.
A PROPOS DE L’ÉDITEUR
Soliflor est une maison d’édition à l’ambiance familiale où germent des idées à foison, rassemblées en de petits livres carrés et colorés, balayant des thématiques variées centrées sur l’art de vivre, de la cuisine au jardin, en passant par toutes les autres pièces de la maison. Oui, les thèmes sont ceux de la vie quotidienne, que nous aimons appréhender de la façon la plus naturelle et respectueuse possible.
En savoir plus sur Diane Drory
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Avis sur Un père pour quoi faire ?
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Aperçu du livre
Un père pour quoi faire ? - Diane Drory
l’amour-loi.
Un papa de rêve
N’a-t-on pas tendance à notre époque, à minimiser le rôle, pourtant essentiel, du père ? Certains oublient que, déjà dans sa relation avec l’enfant à naître, cet « autre que la mère » vient poser les indispensables jalons de la différenciation mère-enfant.
Comme le raconte Anne, maman de Noémie et de Félicie, la relation entre son mari et l’enfant à naître a été très différente d’une grossesse à l’autre. Pour l’aînée, son mari est resté plus distant. Anne a, avec cette enfant-là, une relation beaucoup plus fusionnelle qu’avec sa seconde fille.
« Quand je fus enceinte pour la première fois, mon ventre resta pour mon mari un mystère, un lieu où se passaient d’étranges choses qui lui faisaient un peu peur. Il regardait ce ventre sans comprendre, effrayé de voir des masses s’y déplacer. Sans doute se sentait-il un peu horsjeu. La naissance de Noémie, mon aînée, me désarçonna. Entre le bébé dans mes bras et celui que j’avais senti bouger dans mon ventre, il y avait un énorme hiatus. L’un n’avait rien à voir avec l’autre ! Cet enfant déposé sur mon ventre était si différent de celui que j’avais imaginé dans ma tête. Cette différence, je n’ai pas voulu la voir, et très longtemps, dans ma tête et mon cœur, j’ai considéré Noémie comme une part de chair à moi, comme une prolongation de moi. Encore aujourd’hui, notre relation a des relents fusionnels. »
« Pour ma deuxième grossesse, dès le quatrième mois, mon mari a cherché à entrer en contact avec Félicie. Observer mon mari s’entretenir avec l’enfant grandissant en moi m’a aidée à considérer d’emblée Félicie comme un bébé, comme une personne extérieure à moi. Elle est issue de ma chair mais pas chair mélangée à ma chair. Ma relation avec elle est moins houleuse, nous sommes respectueuses de nos différences. »
En assumant leur rôle, les pères permettent
aux enfants de grandir et de réaliser leurs rêves.
Le lapin d’Angélique
Le père est celui qui ouvre les chemins de l’autonomisation. S’autonomiser, c’est découvrir que l’on peut désirer pour soi, que l’on peut élaborer des projets différents de ceux qui sont escomptés par le désir maternel. La petite Angélique, du haut de ses six ans, nous résume en une courte et superbe histoire ce que de nombreux psys célèbres ont expliqué en des textes laborieusement réfléchis.
« Il était une fois un petit lapin bien en sécurité dans son lit, mais il ne s’endormait pas. Pourtant il n’avait pas peur, il n’avait pas froid, il n’était pas triste car il savait que sa maman était là et viendrait au premier appel. Mais le papa du petit lapin n’arrêtait pas de lire ses journaux, d’écrire ses lettres et, à la fin, le bébé s’ennuyait tout seul dans son lit, sans rêves. »
N’est-ce pas le père, et tout ce qu’il représente, tout ce qu’il symbolise, de par son évidente différence physiologique et psychique du monde maternel, du projet maternel, qui permet à l’enfant de rêver ? Rêver s’entend ici dans le sens de penser pour soi, dans la singularité de notre propre existence.
Les pères se rendent-ils suffisamment compte qu’en prenant leur place, ils aident les enfants à grandir ? À savoir à tenter de réaliser leurs rêves, rêves différents de ceux que l’on a imaginés pour eux.
Au nom du père
Nous portons notre nom au nom de ceux qui nous l’ont donné et aussi en notre propre nom. Ce nom pose les fondements de notre identification et constitue un réel signe d’appartenance. Dans notre société occidentale, c’est par le don de son nom qu’un homme reconnaît un enfant comme étant le sien et lui permet ainsi de se situer dans une lignée.
Isaure, célibataire, vit seule et se retrouve enceinte. Frôlant la trentaine, l’idée d’être mère lui fait plaisir et celle d’avorter, horreur. Donc, cet enfant, en tout cas, elle le garde. Celui qui l’a conçu avec elle est un amant de passage, un bon ami, sans plus. Pas un cheveu d’Isaure ne songe à vivre avec cet homme et d’ailleurs, lui ne souhaite pas perdre sa liberté.
Isaure est consciente de l’importance pour une enfant de ne pas être uniquement référée à la mère. Par conséquent, la question de la référence à la paternité la travaille. La vie humaine ne provient-elle pas de deux gamètes, dont le rôle est relayé par celle qui donne la vie et par celui qui donne son nom ? En donnant son nom, le père réfère l’enfant à une double origine. Celle de sa mère, origine incontournable, on ne peut naître de mère inconnue ! Et celle d’un homme qui accepte d’inscrire l’enfant dans son arbre généalogique, donc dans l’histoire de sa famille. Le patronyme paternel a pour fonction de nous inscrire à la fois dans une culture, mais surtout dans une différence radicale par rapport à notre mère, notre lieu d’origine. Signant ainsi que l’enfant n’a pas à être assujetti à sa mère, qu’il n’est pas sa chose. Un enfant n’a pas à être tout à sa mère.
Mais Madame !
Le temps passe, le ventre d’Isaure s’arrondit. Il est temps de songer à nommer l’enfant. Pour le prénom, c’est aisé, la mère connaît son choix. Ce sera Perrette. Mais quel nom de famille inscrira cet enfant dans le circuit culturel et social ? Difficile de choisir ce signifiant essentiel qui véhicule les mythes familiaux, l’histoire d’une lignée et une inscription dans l’histoire de l’humanité. Après moult discussions, les parents décident de donner, à l’enfant, le nom de son géniteur.
Pour le père, donner son nom, c’est poser un geste
qui signifie qu’il accepte d’assumer la responsabilité de son acte.
Mais est-il judicieux de donner à un enfant le patronyme d’un homme qui ne compte pas prendre en charge le quotidien de cet enfant ? Les réactions des uns et des autres sont aussi inattendues que surprenantes.
Comme il est de coutume dans notre pays, quelque temps après la naissance, une infirmière vient rendre visite à la jeune mère et à son enfant. En échangeant diverses informations, cette personne apprend qu’Isaure vit seule. Étonnée par le patronyme de l’enfant, elle lui dit : « Mais Madame, pourquoi avoir accepté que le père reconnaisse l’enfant et lui donne son nom ? C’est vous qui avez porté l’enfant, c’est vous qui allez l’élever seule et avoir tous les soucis ! Aujourd’hui il s’intéresse peut-être un peu à cette enfant, mais demain il peut se marier et avoir d’autres enfants ; votre petite ne sera alors que quantité négligeable ! Tandis que vous, vous assumerez cette enfant toute votre vie. Quelle idée de lui avoir donné le nom du