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Osez le biopardon: pour votre mieux-être
Osez le biopardon: pour votre mieux-être
Osez le biopardon: pour votre mieux-être
Livre électronique463 pages5 heures

Osez le biopardon: pour votre mieux-être

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À propos de ce livre électronique

Pourquoi un livre sur le pardon et même le Biopardon md ?
Pourquoi réfléchir sur ce geste ardu, utopique, voire impopulaire, antithétique à
notre société d’aujourd’hui ? Pourquoi pardonner ? A-t-on besoin de pardon ? Y a-t-il un lien entre le pardon et la santé du sujet pardonné ou pardonnant ? Le pardon
peut-il vraiment guérir et de quoi ? Quelle différence le pardon peut-il amener dans
notre vie ? Quel en serait le modus operandi ? La nécessité d’une telle réflexion s’impose, vu l’importance du sujet et le manque de compréhension d’un tel don et de ses effets.
Avec un langage accessible et un esprit d’ouverture, l’auteur revisite, dans le
premier chapitre, les composantes du pardon; les différentes traditions spirituelles dans le deuxième; quelques pratiques psychothérapeutiques actuelles qui prônent ses avantages dans le troisième et six extraits bibliques qui élucident cette thématique dans le quatrième. La cure de pardon se révèle, à la lumière de ce parcours, un besoin ontologique, une aspiration qui émane de la nature humaine aux prises avec sa conscience et sa relation avec soi et ’autre. Le sujet y recourt, depuis la nuit des temps, afin de retrouver l’harmonie et la santé intégrale. Vécu sincèrement, ce geste acquiert un grand pouvoir. Et l’individu et la communauté en sortent transformés. Un livre à lire absolument pour comprendre et redécouvrir la dynamique du Biopardon md qui vise le mieux-être.
Au terme de cette réflexion, l’auteur aboutit au concept de Biopardon md, méthode humaniste et transpersonnelle d’approche en relation d’aide. Ce système
d’intervention est présenté en détail. Suivent en annexe des feuilles de route et
des exercices pratiques qui illustrent son mode opératoire.
LangueFrançais
Date de sortie14 sept. 2016
ISBN9782923860992
Osez le biopardon: pour votre mieux-être
Auteur

Bernard Anton

L’oeuvre de Bernard Anton est empreinte de sagesse et d’humanisme. Plusieurs critiques ont souligné la qualité de sa langue et l’acuité de sa réflexion qui traite de thèmes fondamentaux. On l’a qualifié, dès ses premiers poèmes, de « magicien des mots ». Il ajoute fraîcheur et lumière au langage, et transcrit l’indicible, voire l’absolu. Ses écrits, toujours en dialogue avec notre monde actuel, ne cessent de rappeler l’urgence universelle d’aimer et de survivre ensemble malgré les drames et la finitude.

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    Aperçu du livre

    Osez le biopardon - Bernard Anton

    Préface

    La lecture de ce brillant essai, Osez le BiopardonMD, est enrichissante. La démarche de l’auteur pour nous démontrer les bienfaits du pardon est rigoureuse. Que ce soit à travers les récits des différentes traditions, les propos de médecins ou les Écritures, il nous entraîne à reconnaître que l’acte de pardonner est salutaire pour l’être humain.

    Comme médecin, le fait de comprendre le rôle des émotions et de la psyché dans le développement de la maladie m’a permis de mieux accompagner mes patients, de leur démontrer que l’aspect physique n’est que la pointe de l’iceberg.

    L’auteur cite plusieurs sommités médicales dont les docteurs Carl Simonton et Hans Selye; tous deux m’ont inspirée et influencée. Comme eux, j’ai pu observer combien les conflits personnels ont un impact négatif sur la guérison.

    Au cours de ma pratique, je me suis intéressée au stress chronique. Je constate, jour après jour, comment le stress détruit. Les émotions lourdes, tels la jalousie, la rancune, le ressentiment, la colère et les frustrations, sont des sources importantes de stress chronique. Elles engendrent plusieurs conflits et leurs impacts se font ressentir sur tous nos systèmes nerveux, digestif, urinaire, gynécologique, immunitaire. En pacifiant leurs relations, les personnes diminuent leur stress et ainsi renforcent tous leurs systèmes. Je crois que le pardon fait partie de l’arsenal thérapeutique et permet de retrouver la paix intérieure et la santé.

    Ce livre veut vous faire découvrir une démarche concrète, nommée par l’auteur « BiopardonMD », pour vous aider à pardonner. Il contient des exercices, des fiches techniques, des feuilles de route qui la faciliteront. Vous pouvez entreprendre cette démarche avec ou sans accompagnement psychothérapeutique.

    Pas à pas, vous vous sentirez plus léger, plus libre, plus en santé.

    Bonne lecture !

    Docteure Sylvie Morin Médecine intégrative Clinique Santé Nouveau Monde

    « Le pardon devient le moyen de

    corriger nos a priori.

    Il permet de ne voir que l’amour

    chez les autres et en nous-mêmes. »

    Gérard Jampolsky

    « Le pardon, c’est laisser passer

    ce qui appartient au passé;

    laisser venir ce qui sera;

    et laisser vivre le présent. »

    David Augsburger

    « Ce qui est pardonnable est

    d’avance pardonné.

    D’où l’aporie : on n’a jamais à pardonner

    que l’impardonnable. »

    Jacques Derrida

    « Le pardon est plus un acte

    qui invente un avenir

    qu’un acte qui efface le passé. »

    Anonyme

    Avant-propos

    La société contemporaine ne semble pas comprendre la valeur intrinsèque du pardon, dénigre ses effets thérapeutiques, ne sait qu’en faire. Elle le considère comme une pratique superflue et se place même au-dessus.

    La mentalité rationnelle se trouve dépassée par l’irrationalité du pardon, le relègue à la sphère plutôt spirituelle. Cette pensée rigoriste, habituée au salaire gagné à la sueur de son front et au principe du donnant, donnant, dénigre la possibilité trop simplifiée et gratuite qui autorise le pardon et la réhabilitation. Elle résiste et s’y oppose souvent assez farouchement, comme nous le rapportent presque quotidiennement les médias, peut-être par manque de connaissance et d’informations véridiques sur le sujet.

    Heureusement, quelques personnes croient encore que le pardon est accessible et le pratiquent dans leur vie familiale et sociale, avec ou sans référence religieuse, pour éliminer le mal reçu ou provoqué. Sachant bien qu’elles ne peuvent changer les affres de l’histoire, elles choisissent de ne pas se venger et de pardonner afin de vivre en paix.

    Ambivalence du geste de pardon ! À qui pardonner ? À qui ne pas pardonner ? Pourquoi pardonner ? Que pardonner ? Peut-on discriminer le pardon ? Est-il conditionnel, inconditionnel ? Existe-t-il des actes irréparables ou impardonnables ? Quelles sont les motivations spirituelles, psychologiques ou humaines du pardon ? Quelles en sont les assises ? Quelle est l’importance du pardon ? Quelle est sa valeur psychosociale ? Qui suis-je pour pardonner ? Qui peut pardonner à part la personne lésée ? L’autre, mérite-t-il le pardon ? Et si l’on ne pardonnait pas ? Dieu, est-il le seul habilité à pardonner ? Quels sont les effets du pardon et comment les identifier ? Est-ce valable de parler de BiopardonMD ? Comment valider sa dimension curative ? Pourquoi utilise-t-on souvent un langage médicinal pour exprimer ses enjeux ? Qu’en disent les différentes traditions spirituelles, les milieux scientifiques ? Tant de questions profondes qui méritent un arrêt et qui relancent sur des pistes de réflexion très enrichissantes.

    Cette étude, qui ne souscrit à aucune institution et qui ne constitue aucunement une promotion pour aucune dénomination, n’est pas idéaliste. Elle est réaliste et pragmatique. Plusieurs outils ont permis de « décrypter » et de redécouvrir la richesse humaine et universelle du pardon tel que manifesté par les pratiques des intervenants de différentes époques jusqu’aux plus récentes.

    Quatre chapitres nous guident à travers ce voyage palpitant au pays du pardon. Nous définirons, dans le premier, ses principales composantes. Nous scruterons, dans le deuxième, le discours très éclairant de différentes traditions spirituelles sur ses fondements universels. Nous décrirons, dans le troisième, ses effets et pratiques thérapeutiques actuelles. Nous analyserons, dans le quatrième, le message spirituel de six passages de la littérature biblique, en lien avec cette thématique, trois du Premier testament et trois du Deuxième. Riches de cette longue réflexion, une synthèse récapitulera la démarche plusieurs fois millénaire du pardon qui aboutit, en l’occurrence, au concept de BiopardonMD. Suivront en annexes des feuilles de route et des exercices pratiques illustrant son mode opératoire.

    Le lecteur peut, à sa guise, suivre cet ordre proposé ou choisir de lire, en premier, les parties qui l’intéressent davantage.

    Notre souhait est de réfléchir sur les dédales du pardon et de grandir humainement, en vue d’une meilleure intelligence de la dynamique d’une telle expérience qui conduit à un meilleur bien-être et à un mieux-vivre ensemble.

    Puisse cette analyse anthropologique, fruit de plus de vingt ans de réflexion, de recherche et de pratique en relation d’aide, éclairer les consciences sur l’importance du patrimoine universel du pardon qui ouvre un avenir nouveau à la fois au sujet offensé, au sujet offenseur, aux communautés locales ainsi qu’aux relations interreligieuses et internationales.

    Chapitre 1 Les composantes du pardon

    « Le pardon ne peut et ne doit pardonner

    que l’impardonnable.

    Pardonner le pardonnable,

    ce n’est pas pardonner. »

    Jacques Derrida

    « Le pardon est comme un antibiotique

    qui préserve la communauté

    de la contamination. »

    Odon Vallet

    « Si le pardon est difficile

    à donner et à recevoir,

    il l’est tout autant à concevoir. »

    Paul Ricœur

    L’expérience quotidienne démontre que l’aventure humaine est jalonnée de maladresses et de chutes. La perfection n’étant pas le lot des êtres humains, ils sont tous faillibles, donc sujets à des erreurs, parfois graves et sérieuses. Le pardon arrive alors comme un événement d’amour dans le tourbillon incontournable des fautes qui engendrent désirs de vengeance, haine et blessures. Il fait partie du patrimoine de presque toutes les traditions (du latin traditio, c’est-à-dire transmettre) culturelles et autorise la création d’un nouvel ordre harmonieux après le désordre.

    Faibles et vulnérables, les êtres humains ont besoin de pardon à un moment donné de leur histoire personnelle ou collective pour se relever et continuer dignement la route. Motivé ou non par des valeurs spirituelles, le pardon donné et/ou reçu de soi-même, des autres ou du transcendant, répond au besoin fondamental de survivre au délit et de retrouver le bien-être intégral d’avant l’erreur.

    Intrinsèquement reliée à la condition de l’être humain, l’expérience du pardon peut revêtir une dimension psychologique, physiologique, affective, spirituelle, sociale, voire politique. Les autres membres de la communauté y sont souvent engagés.

    Avant d’entamer cette longue et passionnante réflexion, clarifions la portée des principaux termes que nous utilisons. Définissons brièvement les concepts de base qui constituent la structure et le mécanisme du pardon.

    La faute

    La faute est une erreur de parcours commise dans un contexte particulier et précis. C’est un détournement, une opposition à un code. Ce peut être une révolte, un abus de liberté, une infidélité, une offense, un ratage, « manquer l’autre » (J.-C. Sagne), une transgression d’une loi extérieure (positive) ou intérieure (morale).

    Parfois délibéré, parfois involontaire ou inconscient, ce mal-agir nuisible, préjudiciable, porteur de souffrance et de division pour les parties impliquées, résulte souvent d’un mal-être et ne correspond pas au bien commun.

    Aliénation, « subjugation », fermeture à l’amour, trahison d’amour, « désertion du meilleur » (Augustin), la faute bénigne ou considérable, accidentelle ou intentionnelle, s’impose comme un mauvais choix personnel, un positionnement négatif par rapport aux préceptes d’amour.

    Acte ravageur, déni du Bien, il dégrade, selon sa gravité, celui qui le commet, et nuit à sa relation à lui-même, à son prochain et à l’univers. La quête d’une issue, comme le pardon, se fait par conséquent urgente.

    La faute, « trait commun » à tous les êtres humains, car tous sont capables de manquer la cible, est la matière même du pardon, puisqu’il ne peut y avoir de pardon sans elle. D’ordre personnel ou interpersonnel (offense psychologique ou physique commise contre soi ou l’autre), d’ordre moral ou social (offense éthique commise contre une valeur), elle appelle généralement une sanction ou une réparation.

    Cette négation de l’amour, ce non-respect d’une règle, ce bris d’ordre et d’harmonie sont parfois entourés de circonstances atténuantes. Sans l’excuser, le sujet est reconnu plus ou moins responsable, des fois, en dépit de sa culpabilité.

    Malgré son aspect destructeur, la faute est réversible dès que regrettée. Elle n’a pas le dernier mot, peut même devenir un événement de transformation créatrice, un motif pour s’ouvrir et grandir, car au dispositif précaire et morbide de l’erreur correspond un dispositif généreux et indéfectible de pardon qui l’efface et redonne, en principe, de nouvelles conditions de vie.

    Le pardon

    Selon l’étymologie du terme, le vocable pardon contient le « préfixe intensif par, complètement, du latin per, et de donner »¹. En grec, "aphienai" veut dire « laisser aller, relâcher ». Pardonner signifierait donc : donner complètement, parfaitement, remettre gratuitement une dette, laisser aller le sujet fautif, le libérer, le délivrer de sa peine, et cela, au-delà de toute équité ou ordre de droit et de justice.

    Le pardon est un don d’amour gratuit, par-delà tout don, un geste de compassion totale qui ne tient plus rigueur au sujet fautif ni ne lui garde du ressentiment. Il lui est octroyé parce qu’il demeure une personne digne, récupérable, malgré son erreur qui ne peut souiller irréversiblement son être profond.

    Acte de miséricorde dépassant toute logique, tout système juridique ou volonté de vengeance, le pardon rétablit l’autre dans sa dignité d’avant l’offense, et ce, sans excuser la faute ou sa gravité, certes objectivement reconnue, même transcendée.

    Le pardon annule tout châtiment, renonce inconditionnellement à toute revanche. Il sort de l’« économie restreinte » (Derrida) du calcul et de la morale punitive qui ne connaît que riposte et représailles.

    Démarche souvent ardue, le pardon vise à gracier, à innocenter, à délivrer et à rendre possible une vie nouvelle. Rarement facile, le vrai pardon, vécu avec le cœur et la raison, décidé volontairement ou en lâchant prise, outrepasse le cadre de la blessure, ouvre de nouvelles possibilités et recrée l’avenir qui a été détruit. Le cycle fatal de la violence se trouve alors brisé. Et le sujet offensé et le sujet offenseur sont libérés, désaliénés. Un espace habitable est institué pour tous.

    En ce sens, le pardon, ne pouvant être ni forcé ni comptabilisé, est le meilleur dénouement pour toutes les parties impliquées dans un conflit. Cet événement créateur affranchit des sentiments autodestructeurs qui font constamment ruminer la rancœur et engendrent plus de malheurs.

    Le pardon n’est, certes, pas un geste naturel ni instinctif. Il est laborieux, un cadeau très précieux que l’on s’offre avant tout à soi-même, puis à l’autre. À soi-même, car il délie le sujet lésé de son esprit de vengeance et de son éternel ressassement. À l’autre, car il se sent libéré de son mal et se voit octroyer une deuxième chance. Les deux parties ne s’enlisent plus dans la souffrance et la rancune qui minent leur santé. Elles instaurent une ère nouvelle, un ordre nouveau.

    L’expérience du pardon constitue un moment crucial, très fécond parce qu’elle ne bloque plus l’évolution des deux parties en litige. C’est un repassage à la vie, un remède à plusieurs maux chroniques, une ouverture ou réouverture à l’autre qui se traduit par un geste ou une parole positive.

    Chemin de changement et de recréation, le pardon se présente comme une réponse à l’appel de détresse et au désir de se relever du sujet agressé et du sujet agresseur.

    Cette attitude morale, ou extra morale, non exigible légalement, nécessite une générosité d’âme pour libérer le coupable de son mal, si irréparable et désastreux soit-il, dépassant même tout châtiment. Excédant le droit juridique et le désir de vengeance, le pardon établit un lieu de fraternité et de fête d’où les protagonistes sortent transfigurés, ressuscités, avec un cœur nouveau, un esprit nouveau.

    La logique du pardon va à contre-courant de la loi atavique du talion (du latin talis qui veut dire tel, pareil). Cette dernière exigeait une compensation identique aux préjudices subis. Le Code de Hammurabi, daté de 1750 avant notre ère, en fait foi. C’est la mesure prise par l’appareil judiciaire ou le gouverneur pour éviter les représailles entre les antagonistes qui, des fois, réclamaient plus que ce qui correspondait au délit. Ce code, longtemps appliqué dans plusieurs civilisations, ne connaît malheureusement pas le pardon, plutôt des sanctions égales à la faute. Le coupable demeurait coupable jusqu’à l’expiation de son mal. Il n’était quitte ou libre qu’après avoir rendu l’équivalent de « la monnaie de sa pièce ». Ce châtiment imposé n’opérait un éventuel « revirement rédempteur intérieur » que lorsque le sujet coupable avait tout payé.

    Vladimir Jankélévitch décrit avec justesse et lucidité comment la force du pardon transforme le sujet coupable  : « C’est l’acte même du pardon qui détermine l’amendement du coupable ou qui hâte la conversion de ce coupable. Au moment où le pardon allait pardonner, le coupable était en effet coupable : mais l’action rédemptrice, purifiante et absolvante de la générosité transfigure le coupable-coupable en coupable-innocent, puis en innocent […]. Pardonner, ici, ce n’est plus reconnaître par anticipation une innocence inévidente, et pourtant déjà donnée; pardonner, c’est consacrer l’accession du pécheur à une vie nouvelle […]. Le pardon rédempteur implique une volonté transformatrice et prétend influer lui-même le coupable par la seule force de son rayonnement. »

    La fonction propre du pardon est précisément d’offrir le don d’une vie à nouveau possible après l’aliénation de la faute. Ce don appelle généralement un contre-don, un accueil favorable, une cessation de l’agression, un retour au bien, un agir conforme.

    Si Kant qualifie le pardon « d’idéal normatif », c’est-à-dire en lien à une règle édictée et à un haut niveau d’implication exigé des parties concernées, il serait juste aussi de défendre l’idéal d’un pardon pur, désintéressé, non intentionné, sans spéculation ni complaisance ni condition, sans espérer être payé de retour, de quelque façon que ce soit. Un pardon qui renonce, généreusement, à toute justice ou peine, qui innocente sans laisser aucune trace et dilue totalement le délit dans un océan d’amour... Un tel pardon si pur peut-il vraiment exister ?

    Jacques Derrida affirme que oui et rejette toute motivation ou désir « d’influer ». Le pardon devrait, quant à cet auteur, demeurer « pur et inconditionnel ». Il ajoute que pour conserver « son sens propre », le pardon « doit n’avoir aucune finalité, aucune intelligibilité même. C’est une folie de l’impossible. » La résilience totale et le lâcher-prise constituent les présupposés de cette démarche.

    Hannah Ardent résume bien la nécessité, la complexité et la grandeur du pardon libérateur  : « Le pardon est certainement l’une des plus grandes facultés humaines, peut-être la plus audacieuse, dans la mesure où elle tente l’impossible – à savoir défaire ce qui a été fait – et réussit à inaugurer un nouveau commencement là où tout semblait avoir pris fin. »

    Edgar Morin mise aussi, comme tant d’autres, sur le pardon, porteur d’un dynamisme transformateur : « Le pardon c’est un pari éthique, c’est un pari sur la régénération de celui qui a failli, c’est un pari sur la possibilité de transformation et de conversion au bien de celui qui a commis le mal. Car l’être humain n’est pas immuable : il peut évoluer vers le meilleur ou vers le pire. »

    Cet auteur souligne la différence entre le pardon, acte personnel, miséricordieux, recréateur, et la clémence, acte plutôt institutionnel : « Pardonner est un acte limite très difficile, qui n’est pas seulement le renoncement à la punition, il nécessite générosité et bonté et comporte une dissymétrie essentielle : au lieu du mal pour le mal, je rends le bien pour le mal, alors que la clémence consiste seulement à arrêter le mal et à s’abstenir de châtier. (Le pardon) est un acte individuel alors que la clémence est un acte politique. »

    L’examen de conscience

    L’examen de conscience constitue une autre composante importante de la démarche de pardon. C’est un retour sur soi, un travail d’introspection, une mise en ordre intérieure, une révision de ses erreurs, à la lumière de l’amour. La voix du Bien parle dans le sanctuaire du cœur, reproche doucement les manquements par rapport principalement au précepte de l’amour inscrit au fond de tout être.

    Le sujet réévalue ses gestes, valeurs, désordres, écarts, chutes, priorités, en les confrontant à l’amour. Il cherche à devenir meilleur. C’est l’heure du changement et de la rectification de l’agir.

    Cette relecture de soi est le début du chemin du retour à la « rectitude », à la vérité et à l’amour. Elle est une étape indispensable qui prépare à un redressement sérieux et à un amendement honorable. Elle anticipe la joie du pardon.

    Une triple question résume la biopsie cartographique de la conscience à laquelle nulle personne n’échappe : en quoi, comment et envers qui j’ai manqué à l’amour ?

    Pour être pardonné, il est primordial de prendre conscience, d’une façon responsable, de sa faute, de l’objectiver, de l’assumer, de la regretter, puis de s’en écarter.

    Le regret

    Le regret (le repentir ou la repentance) est une amère reconnaissance d’un acte manqué, un constat de sa pitoyable infirmité morale ou spirituelle. Ce sentiment est accompagné de la douleur d’être tombé et du vif désir de se purifier, tout en gardant la certitude d’être aimé, peu importe sa « laideur » intérieure qui ne peut être définitive.

    Le regret de la faute s’inscrit comme un appel au secours, motivé par le désir de devenir meilleur. Le sujet se distancie et se désolidarise de ses écarts de conduite (après les avoir reconnus). Il admet sa faiblesse et ses imperfections, sans culpabilité exagérée ou maladive.

    Un proverbe chinois appelle, à juste titre, le repentir « le printemps des vertus » parce qu’il autorise le retour et l’éclosion de nouvelles dispositions positives qui annoncent un nouveau printemps du cœur.

    Le regret est la première compétence intérieure requise² menant à un mieux-être et au pardon. Sa force prodigue le pardon, est par elle-même pardon. La transformation s’opère quand le sujet reconnaît sincèrement son tort, s’amende et définit son vrai moi qu’il entreprend de recréer selon de nouvelles valeurs. Il ne laisse plus le mal dévastateur le ronger ni le faire souffrir. Il se réévalue et réévalue ses actes, à la lumière de sa conscience maintenant éveillée.

    Toutefois, le regret n’est pas synonyme de culpabilité. Cette dernière est un sentiment oppressant qui fait souffrir d’une façon obsessionnelle. Apparentée à l’anxiété, la culpabilité n’est point saine comme le regret. Elle est une attitude compulsive et maladive. Pathologique, elle renferme sur soi d’une façon exagérée et pousse à broyer du noir. Passer son temps à regretter le passé, c’est courir après le vent, stipule un proverbe russe.

    Dans certains cas épineux, le sujet offensé peut choisir d’accorder, malgré tout, son pardon même si l’autre ne semble pas regretter ni manifester un certain désir de réparer son tort. Une telle démarche est entreprise juste par hygiène mentale, pour sa propre santé du corps et de l’âme. Il appartiendrait ensuite au sujet offenseur de gérer son mal et de porter l’odieux de sa faute s’il ne la regrette pas.

    La catharsis

    La catharsis est un processus qui sert à libérer ou à se libérer des traumatismes refoulés. Du grec katharsis qui veut dire « action d’épurer, de nettoyer ». Il est utilisé, depuis l’Antiquité, en vue d’un soulagement, et ce, dans le domaine artistique (théâtre, musique), religieux (rites de purification), psychologique (Freud en psychanalyse) et médical (sens hippocratique de purgation en provoquant diarrhée, saignées ou vomissements).

    Dans l’approche proactive de pardon, le sujet est invité à se remémorer son erreur et à l’expurger soit au moyen de la parole de regret ou de toute autre manière appropriée (dessin, écriture, cri…). Le ressentiment exprimé, verbalisé, mis à distance, se trouve alors objectivé, allégé. Un état de libération holistique et de bien-être s’ensuit.

    La blessure ouverte, ou ré-ouverte, provoque parfois une décharge émotionnelle plus ou moins exigeante. Cette étape cathartique nécessaire doit être vécue sincèrement, sans aucune gêne. Par ce procédé libérateur, le pus sort, la douleur disparaît. Une saine cicatrisation commence. La tradition a longuement préconisé l’aveu pour ouvrir l’abcès tuméfié ou vomir le poison des fautes qui consument³ le sujet.

    La catharsis est une partie intégrante du processus de pardon, un acte crucial, un remède en soi. Une fois le mal réprimé, extériorisé, délogé, une nouvelle ère peut être inaugurée. La parole est, par excellence, l’exutoire privilégié de la blessure. Elle autorise l’échange, la clarification, la justification, la demande de pardon. Sans cette porte de sortie de l’affect, le dialogue et la discussion autour de la faute peuvent difficilement avoir lieu.

    James Pennebaker⁴, psychologue américain, analyse depuis 1972 les enjeux psychosomatiques de la parole cathartique. Il affirme que l’inhibition volontaire d’un mal commis ou d’un sentiment intense peut modifier négativement le fonctionnement biochimique et s’avérer extrêmement néfaste et menaçante pour la santé mentale et physique, à court et à long termes. Par contre, le fait d’affronter ses problèmes, de reconnaître ses erreurs et de les avouer permet de les dépasser. Cette catharsis délivre le sujet de sa tension destructrice qui, par le truchement du système psycho-neuro-immunologique⁵, peut altérer la fonction de plusieurs organes vitaux.

    L’ouverture de soi, par et dans la parole, est par conséquent un moyen bénéfique d’extériorisation et de libération de la tension intérieure.

    Difficile d’oublier

    Comme il est difficile de pardonner, il est aussi difficile d’oublier la faute, que ce soit de la part de l’offenseur ou de l’offensé. L’oubli est souhaitable, cependant pas souvent facile à appliquer. Parfois le sujet décide délibérément d’oublier, parfois l’oubli prend l’aspect d’une fuite sans procéder à un travail de deuil et sans avoir brisé au préalable la « dette ». Ce qui n’est pas souhaitable.

    Il est impossible d’évaluer ce que l’un et l’autre ont enduré à cause d’un geste délictueux. Les dommages provoqués de part et d’autre peuvent être irréparables, inouïs. Comment effacer les blessures lancinantes et les préjudices profonds d’un coup d’éponge ? L’imprescriptible peut-il être mis de côté, oublié ou pardonné ?

    Les erreurs du passé appartiennent au passé. Les ressasser indéfiniment empêche le sujet de vivre le présent et de bâtir un avenir meilleur. Le pardon, accordé et reçu, diminue l’acuité morbide de l’événement traumatisant et apaise la mémoire. Ne plus ressasser le délit, c’est choisir de renaître, de passer outre, d’entamer une nouvelle page et de suivre la voie de l’inclusion, c’est-à-dire l’intégration et l’assimilation harmonieuses de la blessure.

    Un vrai pardon est validé lorsque la reviviscence de l’agression ne trouble plus la mémoire du sujet offensé ou offenseur, lorsque la mémoire est « libérée de la hantise » (Paul Ricœur). On estime à ce moment-là que la plaie est cicatrisée, le pardon concédé.

    Le pardon n’exige en fait ni l’oubli ni même la réconciliation. L’un et l’autre seraient assurément les bienvenus. Ils ne sont pas obligatoires. « Amnistie, non amnésie » disait Adam Michnik. Cette démarche peut conduire aussi bien à une harmonisation des rapports ou à une coupure de relation avec le sujet offenseur si telle est la meilleure alternative après le pardon.

    L’exemple de l’Afrique du Sud, dont l’histoire fut longtemps tachée de sang, est très éloquent. Nelson Mandela voulait y ramener, malgré tout, la bonne entente et la cohésion sociale en « évitant à la fois le déni du passé et le désir de vengeance ». Il a trouvé la solution à ce dilemme dans le pardon. Le but de la commission Vérité et Réconciliation n’était pas de « déblayer les souvenirs du passé, mais de créer une forme de mémoire expurgée de souffrance, d’amertume, de revanche, de crainte et de culpabilité ».

    Il ne serait donc pas sain de volontairement oublier, d’enterrer à tout prix sous le tapis ou de refouler la blessure pour en finir, car une blessure mal soignée peut rejaillir sous une forme pathologique. Les cellules en gardent mémoire et continuent leur travail inconscient de ressassement mortifère. La mémoire n’est purifiée qu’une fois la lumière faite sur le passé, les horreurs démasquées et les détails des événements fâcheux révélés. La vérité libère alors et permet de construire un avenir nouveau qui a du sens.

    Un autre extrait du rapport de la commission Vérité et Réconciliation résume la dynamique de la mémoire ainsi que les exigences et l’objectif du pardon  : « Ayant regardé la bête du passé dans les yeux, ayant demandé et reçu le pardon et nous étant amendés, fermons maintenant la porte du passé, non pas afin d’oublier, mais afin de ne pas lui permettre de nous emprisonner. »

    Le philosophe George Steiner recommande aussi de tourner la page. Il affirme que dans certaines circonstances pénibles, « oublier est un devoir, sinon on devient fou ». La méprise est de tomber dans le culte infernal de la blessure et dans la nuit des obsessions qui ne voient plus le jour. François de La Rochefoucauld confirme : « Il faut, pour vivre en paix avec les hommes, revenir rarement sur le passé. »

    Le vrai pardon ne regarde pas seulement en arrière, ne s’attarde pas sur hier. Il regarde en avant, car la vie est ici et devant.

    La résistance au pardon

    La nature humaine résiste souvent au pardon, le considère même comme un acte absurde, dérisoire, naïf, injuste, trop généreux. Les facultés cognitives et affectives exigent de prime abord que justice

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