Maman solo: Redéfinir sa famille

Par Nina Farr

Vous êtes une maman solo ? Malgré vos efforts, vous avez l’impression que votre famille est brisée? Difficile d’effacer l’idée préconçue que les foyers avec un seul parent sont insuffisants ou incomplets…

S’opposant à cette vision négative, ce guide s’adresse d’abord aux mères qui ont vécu une séparation conflictuelle, mais également à toutes celles qui veulent :
- apprivoiser leur monoparentalité ;
- assurer l’équilibre de leurs enfants ;
- redéfinir leur famille.

En vous accompagnant pas à pas, ce livre vous permettra de profiter d’une vie familiale heureuse et épanouie.

Vos enfants ont droit au bonheur, et vous aussi. Vous êtes une bonne mère et la différence de votre famille moderne a ses avantages!

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions de Mortagne
• Date de sortie: 14 avr. 2021
• ISBN: 9782897921941

Aperçu du livre

maître

Première partie

D’où partez-vous ?

Le seul véritable voyage, ce ne serait pas

d’aller vers de nouveaux paysages,

mais d’avoir d’autres yeux.

Marcel Proust

Le moment est venu d’aborder ensemble votre premier cycle de coaching. Nous devons d’abord prendre le temps de répondre à cette question importante : D’où partez-vous ? Lorsque je fais du coaching, c’est comme si je tenais une carte géographique sous les yeux de ma cliente afin qu’elle puisse l’examiner par elle-même. Elle doit y trouver deux points que je ne peux pas repérer à sa place. Le premier représente sa situation actuelle. Le second, la position qu’elle souhaite atteindre, l’endroit où elle veut se rendre.

Trop souvent, excités par la perspective du changement, nous nous empressons de choisir notre destination en premier, en négligeant de faire l’important travail qui consiste à identifier clairement où se situe notre point de départ. Si vous essayez de suivre un itinéraire qui n’a pas de point « A », vous vous égarerez tout autant que si vous suiviez un parcours sans point « B ».

Il est normal qu’il faille un certain temps pour localiser son point de départ. Il est aussi normal de ne pas savoir encore où l’on veut se rendre, ni quel chemin prendre pour y aller. Je n’avais aucune idée de ma destination, moi non plus, lorsque j’ai déplié ma première carte géographique… Avant de pouvoir apprendre quelque chose, il faut tout d’abord se comporter comme un étudiant enthousiaste et plein de bonne volonté, et reconnaître qu’on a du pain sur la planche.

Commencez par les choses que vous pouvez clairement identifier : qui vous êtes, ce que vous valorisez, ce que vous croyez possible pour vous et votre famille aujourd’hui. Ce sont de grandes questions. Ensemble, elles cernent le premier point que vous tracerez sur votre carte : votre point de départ.

Répondre à ces premières questions, c’est un travail d’introspection qui demande du temps. Vous n’avez peut-être jamais procédé à un bilan personnel aussi complet que celui que je vous proposerai dans les pages qui suivent. Je suis là, avec vous, tenant votre carte, vous offrant une boussole et vous épaulant dans vos premières tentatives de navigation. Vous n’avez pas à accomplir tout ce périple d’un seul coup. Il suffit de faire le premier pas.

Chapitre 1

L’art du kintsugi

– Savais-tu que la poterie peut être réparée avec de

l’or ? demanda Kami. C’est censé être plus solide, et

plus beau. Je trouve ça génial, même si ça doit être

assez cher.

– Ça me semble logique, répondit sa grand-mère en

hochant la tête. Pourquoi rester en miettes quand

on peut être en or ?

Sarah Rees Brennan, Unmade¹

En Occident, nous avons la fâcheuse habitude de qualifier de « brisées » les familles séparées. J’ai une réaction viscérale chaque fois que je lis ou entends l’expression « foyer brisé » ou « famille brisée », et je déteste profondément l’image qui lui est associée, souvent relayée par nos médias. L’idée que les familles qui ne comptent pas deux parents soient imparfaites, altérées ou incomplètes est blessante et fausse. Ce terme imprégné de culpabilité et de honte n’inspire vraiment rien de bon.

L’art japonais du kintsugi ne vous est peut-être pas familier. Il s’agit de la réparation minutieuse des porcelaines brisées, à l’aide de joints en or. Le résultat est à la fois ravissant et pratique, soulignant avec de nouvelles nervures brillantes et précieuses l’habileté que le travail de réparation a nécessitée.

Au cours du cheminement que nous ferons ensemble, je vous invite à imaginer que vous êtes l’artiste qui réparera votre famille avec de l’or. Une famille « kintsugi » : voilà une image vraiment inspirante. Si vous vous sentez brisée par les expériences que votre famille a vécues, prenez un moment pour imaginer à quel point il sera merveilleux d’en réparer chaque fêlure, une jointure à la fois, avec de l’or pur.

En se concentrant sur l’aspect positif, nous nous approprions le pouvoir de recoller toutes les parties de nous-mêmes que nous pensons brisées. L’œuvre d’art qui en résulte aura été réalisée avec une patience et une habileté immenses, et constituera un objet plus précieux et étincelant encore qu’auparavant.

On trouve ce que l’on cherche

Si l’on se focalise sur ses craintes, on trouvera toujours des raisons d’avoir peur. Si l’on se concentre sur l’abandon, la solitude et l’insécurité, on remarquera aussitôt les marques qu’ils ont laissées, et laissent encore, tout autour de nous.

Que ressentiriez-vous si vous tourniez plutôt l’objectif vers vous-même ? Soyez fière d’être le parent qui est présent pour ses enfants, et cessez de perdre votre énergie en pensant au parent absent. Appuyez-vous sur les relations que vous entretenez avec vos enfants, et retirez-vous une fois pour toutes de la relation que vous avez partagée avec votre ex-partenaire.

Lorsqu’on entame le processus permettant de devenir un artiste qui crée sa propre vie, on se positionne solidement au centre de son propre univers. Il n’est plus question d’être un satellite tournant autour du soleil d’un autre.

Tout comme l’artiste kintsugi, vous pouvez utiliser une jointure d’or pour recoller vos morceaux. Ainsi, vous créerez pour vous-même et pour votre famille une vie magnifique, remplie d’optimisme et de détermination. Il existe un moyen d’apaiser votre peur, votre ressentiment, votre frustration et votre colère, et vous pourriez y parvenir bien plus tôt que vous ne le pensez.

Voici comment ça fonctionne.

Le problème

Au fil des ans, en offrant aux monoparentaux mon programme unique de développement du leadership, j’ai acquis une meilleure compréhension des problèmes spécifiques rencontrés par les parents qui ont connu des conflits, des traumatismes ou de mauvais traitements.

Avant de pouvoir travailler sur votre restauration toute en dorures, vous devez rassembler les morceaux de votre propre famille et comprendre où sont vraiment les cassures. Il n’y a pas deux familles qui se séparent de la même manière. Mais il existe des lignes de fracture courantes, le long desquelles se produiront certainement des cassures.

Contrairement aux parents qui se séparent à l’amiable ou à ceux dont le conjoint ou la conjointe décède, celles d’entre nous qui sont obligées d’assumer seules leur rôle de parent au milieu de circonstances perturbantes, stressantes ou effrayantes trouveront au cours de cet autoexamen des fissures profondes. Celles-ci devront être recollées avec amour. Certaines cassures sont nettes, mais d’une profondeur dévastatrice. D’autres laissent de grands vides qui devront être comblés avec attention. D’autres encore laissent une mosaïque de petits morceaux que l’on restaurera avec beaucoup de patience. La durée de ce processus de restauration et la forme que prendra la guérison pour vous et votre famille sont des choses difficiles à établir. D’après mon expérience, on ne peut prédire ni le chemin qui mènera à l’équilibre, ni le rythme auquel nous le parcourrons. Au fur et à mesure qu’un artiste apprend son métier, il apporte sa propre touche à sa forme d’art. Vous exprimerez la guérison à votre manière, avec votre propre personnalité, de la façon dont votre famille a le plus besoin.

Si vous vous sentez concernée par les situations suivantes, ce livre est fait pour vous.

Certaines personnes que je rencontre souffrent de ne pouvoir se fier à l’autre parent de leurs enfants. Elles se retrouvent coincées dans une relation de coparentalité avec un coparent (leur ex-partenaire) avec qui il est impossible de communiquer.

D’autres sont des parents célibataires à plein temps qui connaissent soudainement des problèmes d’argent en raison de non-paiements de pension alimentaire, de mauvais arrangements financiers au moment du divorce ou de chaos financier entraîné par la séparation. D’autres encore croulent sous des dettes qu’elles n’ont pas contribué à créer, ou sont inondées de frais d’avocat. Il peut sembler écrasant d’être le principal, ou le seul, pourvoyeur de la famille.

Il y a celles qui sont contrariées par l’attitude négligente d’un ex qui ne garde pas contact de façon stable et positive avec les enfants. J’ai entendu trop d’histoires d’enfants qui attendent à la fenêtre un parent qui ne se présente pas. Il y a des mères qui sont manipulées, qui continuent d’être maltraitées ou contrôlées par leur ex par l’entremise des ententes conclues au tribunal de la famille, ou dans le cadre de leur procédure de divorce ou de séparation.

Et puis il y a les parents dont le cœur est brisé par le vide laissé, qui se demandent avec désespoir comment ils peuvent soutenir leurs enfants qui pleurent le départ de leur autre parent, celui qui a tout simplement choisi de quitter leur vie pour de bon.

Et il y en a d’autres pour qui la présence de l’autre parent est synonyme de danger. Après avoir fui la violence, l’intimidation et le contrôle, elles espéraient faire disparaître l’agresseur de leur vie et protéger leur famille contre de nouveaux mauvais traitements. Pourtant, la violence conjugale entre parents ne signifie pas nécessairement que les tribunaux priveront l’agresseur de tout contact avec son enfant. Cela peut exposer la mère traumatisée à des moments pénibles lorsqu’elle laisse son enfant à l’autre parent, et l’enfant lui-même sera vulnérable à d’autres maltraitances.

Si vous vous reconnaissez dans l’une de ces situations – que votre ex soit irresponsable, insensible, absent ou cruel –, je suis certaine que vous vous identifierez aux histoires que mes clientes m’ont racontées au fil des ans. Tout au long de ce livre, je partagerai avec vous leurs propos et leurs pensées. Je vous ferai également part de ma propre histoire.

Cherchez ce que vous avez en commun avec chacune d’elles. Même si les détails peuvent être différents, dites-vous que la plupart des sentiments qui nous paralysent sont souvent les mêmes. Mieux vous comprendrez ce qui vous arrive, plus vous aurez le pouvoir de prendre des mesures pour changer votre situation.

   L’histoire d’Emma

Au moment de notre première rencontre, Emma est une nouvelle maman qui participe à un programme de groupe. Sa situation est celle d’un grand nombre d’autres parents que j’ai rencontrés, et qui ont un ex-partenaire et coparent maltraitant.

Lorsque Emma parle des contacts de sa fille avec le père, une vague de frustration et de détresse déferle en elle. De chaudes larmes roulent sur ses joues, tandis que sa rage, jusque-là contenue, commence à déborder.

« Il la voit le week-end, lui achète des cadeaux, l’emmène manger des friandises. Elle adore y aller, mais j’ai toujours peur. Peur qu’il lui fasse du mal. Peur de la façon dont il me traitera et peur qu’il ne la ramène pas. C’est un cauchemar qui recommence toutes les semaines… Comment vais-je survivre jusqu’à ce qu’elle soit grande ? »

L’ex-partenaire d’Emma l’a frappée. Sa violence envers Emma est ce qui a amené cette dernière à mettre fin à la relation, et il est évident qu’elle désire aussi protéger sa fille, âgée de 20 mois. Mais à la séparation, le tribunal de la famille a ordonné le maintien des contacts avec le père. Désormais, le problème pour Emma n’est plus de savoir comment le quitter (ce qu’elle a fait), mais d’arriver à composer avec le fait qu’il est toujours dans le décor.

Vivre sa vie avec la présence persistante de quelqu’un que l’on ne veut plus jamais revoir étouffe l’espoir, la joie, l’optimisme et l’enthousiasme. Être coparent avec ce genre de personne peut s’avérer une expérience éprouvante. Les craintes d’Emma soulèvent une montagne de questions et, derrière elles, des croyances négatives déchirantes :

« Comment puis-je assurer la sécurité de ma fille ? »

« Pourrai-je répondre à ses besoins ? »

« Et si quelque chose tournait terriblement mal ? Et si je la perdais ? »

« Je me sens piégée. »

« Ma fille me maintient ligotée à ce cauchemar absolu. »

« Je ne pourrai jamais remédier à cette situation. »

« Je n’ai même plus envie d’être mère. »

Je sais qu’exprimer de tels sentiments peut sembler brutal, mais en leur accordant la parole, nous pouvons les entendre, les prendre en considération et trouver un moyen de les surmonter. Lorsque vous énoncez à haute voix vos pensées les plus sombres, vous posez le premier pas pour répandre la lumière sur elles. Et seule la lumière peut chasser les ténèbres. Dans ce livre, nous allons donc verbaliser toutes sortes de choses que vous n’êtes sans doute pas habituée d’entendre.

L’histoire d’Emma peut sembler extrême si l’on n’a pas connu de ruptures familiales très conflictuelles. Cependant, des milliers de familles séparées sont malheureuses ou insatisfaites des dispositions de garde partagée ou de droits de visite auxquelles elles sont soumises.

Si vous vous sentez prise au piège, effrayée et seule aujourd’hui, dites-vous que cette situation n’est pas rare, et qu’il est possible de réparer les pires cassures et de guérir des blessures les plus profondes. Il vous faudra du courage, de la patience et la confiance pour surmonter ces sentiments. Je sais que vous êtes la meilleure personne pour faire ce travail, et je suis là pour vous guider, quel que soit votre point de départ.

Bien sûr, tous les parents qui traversent des conflits ne se séparent pas à cause de la violence conjugale. Votre histoire peut être celle d’une famille en proie à la toxicomanie, à des problèmes de santé mentale, à de terribles disputes ou à une perte totale de confiance mutuelle. Vous savez peut-être exactement pourquoi vous ne pouvez pas vivre heureuse avec votre ex ni être coparent avec lui, ou encore vous vous sentez complètement