Au-delà des mots... Processus d'apaisement pour surmonter tous les deuils de sa vie!

Par Martine Lafontaine

Au-delà des mots…

En 1998, subitement, Martine Lafontaine perd son fils Justin, âgé d'à peine un an. Tout au long d'un cauchemar dont elle n'émergera que beaucoup plus tard, elle expérimentera toutes les douleurs qu'engendre cette perte.

Qu'est-ce qui fait qu'une personne demeure prisonnière d'une souffrance qui l'envahit et détruit tout sur son passage ? C'est la question que s'est posée Martine après avoir entamé, finalement, un processus d'apaisement à l'issue duquel elle s'est réconciliée avec son deuil et, par le fait même, avec elle-même.

La vie est parsemée de deuils de toutes sortes : le décès de personnes qui nous sont chères, la perte de biens matériels, les accidents, les liens familiaux ou les amitiés brisés, le congédiement, la peine d'amour, le divorce, la maladie… Nous sommes tous affectés par ces événements inattendus de la vie. Chacun doit vivre ses peines et apprendre à les surmonter, seul ou avec l'aide d'un thérapeute, afin de vivre aussi sereinement que possible.

Au-delà des mots appliquera un baume salvateur sur le coeur de quiconque vit un deuil, quel qu'il soit, et accélérera son processus de guérison jusqu'à l'apaisement.

• Langue: Français
• Éditeur: Performance
• Date de sortie: 31 oct. 2018
• ISBN: 9782924941027

Aperçu du livre

Chapitre 1

LE CAUCHEMAR

1999

Peut-on à la fois mourir et devoir continuer à vivre?

Je regarde l’horloge une nouvelle fois. Le temps file rapidement, et je n’ai toujours pas de nouvelles de Patrick, mon amoureux. « Amoureux » n’est plus le terme que j’utiliserais pour définir cette relation qui ne repose que sur l’habitude. En dix ans de vie commune, nous avons réussi à devenir davantage des adversaires que des alliés. Peut-être nous sommes-nous rencontrés trop jeunes? Notre histoire a commencé à la fin du secondaire. Je me souviens encore d’avoir été follement amoureuse de ce jeune homme intense et passionné. Intense, il l’est toujours, dans ses emportements et ses excès. Ce que j’ai d’abord pris pour de la passion s’est avéré au fil du temps une avidité qui le pousse à ne jamais s’arrêter, comme s’il était à la recherche d’une impossible réponse. Il travaille sans arrêt, multipliant les heures supplémentaires, si bien qu’il ne passe pratiquement aucune soirée à la maison. Quand le week-end arrive, il a bien souvent déjà prévu des activités avec ses amis. Pour ne rien arranger, son joint de marijuana s’est tranquillement emparé du reste d’espace disponible dans sa vie.

Depuis quelques mois, la tension entre nous deux n’a fait que s’accentuer. Depuis bientôt six mois, en fait, à la naissance de Justin. J’ai alors décidé d’avoir une bonne discussion avec lui. Maintenant que nous avions deux enfants, je ne voyais plus comment je pourrais continuer à être la seule à tout faire. Mais mes tentatives répétées n’aboutissaient jamais à rien et toutes nos discussions tournaient à l’engueulade.

Je chasse ces idées et je me concentre sur la préparation de l’anniversaire de Marilyne, ma grande fille. Une fête est prévue aujourd’hui pour célébrer ses trois ans. Je profite de la sieste de mes deux enfants pour m’affairer aux derniers préparatifs. Ce samedi de mai est splendide et la fête se déroulera à l’extérieur sous le thème de Winnie l’ourson. Les décorations dans la cour produisent un effet très réussi. J'ai hâte de montrer le résultat à Marilyne. Je l’imagine déjà s’extasier, elle est si expressive!

Je suis toujours sans nouvelles de Patrick qui est parti depuis plusieurs heures pour aller « donner un coup de main à son patron ». Il a promis de revenir rapidement, mais il n’est toujours pas de retour et je n’arrive pas à le joindre. Les invités arriveront dans à peine une heure. Je dois réveiller les enfants et je me reproche d’avoir, une fois de plus, compté sur Patrick. Résultat : je devrai me taper les détails de dernière minute toute seule. Je sens l’irritation me gagner, mais je respire un bon coup en m’efforçant de faire taire cette émotion qui ne me sera d’aucun secours.

J’entre doucement dans la pénombre de la chambre des enfants, et j’ouvre les rideaux. Il n’en faut pas davantage pour faire bondir une Marilyne surexcitée. Elle gigote et piétine tandis que j’essaie tant bien que mal de lui enfiler son maillot de bain. Sa bonne humeur est contagieuse et me redonne le sourire. Après tout, j’ai planifié cette journée pour elle, et je compte bien lui faire vivre un bel anniversaire.

— Montre-moi à quel point tu es belle. Wow! Tu es magnifique! Tu as vu comme tu ressembles à Tigrou avec tes cheveux roux?

— Maman! s’exclame-t-elle, découragée. Tigrou est un tigre!

— Mais tu as trop raison! Fais des bonds comme lui jusqu’au salon, je suis certaine que tu es meilleure que lui!

Marilyne s’éloigne en sautillant, ce qui fait danser les boucles de sa tignasse rousse. Je me sens remplie d’amour à la vue de ce bout de femme qui incarne la joie de vivre. Je ne peux m’empêcher d’imaginer à quel point ma vie serait douce et sereine sans Patrick. Il faudra bien que je me décide à prendre une décision. Je suis bien consciente que mon temps à la maison avec mes amours est compté. Je vais devoir retourner sur le marché du travail sous peu si je veux me séparer de mon conjoint et repartir sur de nouvelles bases.

J’aurai bien le temps d’y repenser. Pour l’instant, je dois réveiller Justin. Je caresse son bedon, je lui parle doucement pour le tirer de son sommeil. Je m’en veux un peu de le réveiller alors qu’il semble si bien dormir, mais il a déjà fait une assez longue sieste. Je préfère le réveiller alors que nous sommes seulement tous les trois. Il s’étire, ouvre les yeux et, me voyant, me fait un sourire ravi. Cet enfant se réveille toujours de bonne humeur; c’est un moment magique chaque fois. Je le prends, paquet tout chaud contre mon cœur, et je l’inonde de bisous, ce qui déclenche ce rire en cascade que j’adore. Vu la chaleur, je l’avais simplement mis au lit avec un cache-couche. Ses jambes gigotent alors que je chatouille ses cuisses potelées, c’est du bonheur, purement et simplement!

— Allons, Bigdou, on change la couche et on