Laëtitia ne se reconnaît plus. Visage détendu, voix enthousiaste, maquillage, un plaisir inédit à aller vers les autres, la reprise prochaine d’un emploi. Une vie normale, enfin, pour cette infographiste de 45 ans, après des années d’une dépression profonde, marquées par plusieurs hospitalisations et une envie envahissante de « se pendre à l’arbre de son jardin ». Tout a changé grâce à deux petites bobines métalliques pilotées par informatique. Un appareil de stimulation magnétique transcrânienne que les psychiatres de l’hôpital Albert-Chenevier de Créteil (Val-de-Marne) testent avec un protocole innovant, intensif, cinq séances d’une dizaine de minutes par jour, quatre jours de suite. « C’est non invasif, indolore, sans effets secondaires. Je n’y croyais pas une seconde », se souvient- elle. Maintenant, elle fait les deux heures de route depuis son Loiret chaque mois, et n’a qu’une crainte : la fin de l’étude lui permettant de recevoir ce traitement.
Plus encore que le reste de la médecine, la psychiatrie est un champ de ruine. Manque de moyens, fuite des soignants, listes d’attente, locaux décrépis, crise des vocations. La descente aux enfers du secteur a été largement racontée, alors qu’en parallèle, les besoins explosent, plus encore depuis la crise sanitaire. Dans ce sombre tableau, le salut viendra-t-il de l’innovation ? Réalité ignorée du grand public, les connaissances sur les maladies mentales font des bonds de géant, et les progrès thérapeutiques arrivent. « C’est probablement la discipline qui va le plus évoluer ces prochaines années », assure la Pr Marion Leboyer, psychiatre aux hôpitaux Henri- Mondor (AP-HP, Créteil), directrice de la Fondation FondaMental créée en 2007 sous l’égide du ministère de la Recherche et