Les Cahiers de Science & Vie

Trois procès en sorcellerie

Aux XVIe et XVIIe siècles, les tribunaux civils d’Europe condamnèrent des dizaines de milliers de sorcières présumées au nom d’un soi-disant crime de lèse-majesté divine. La plongée dans les archives judiciaires montre que la plupart des victimes étaient des femmes ordinaires, en bas de l’échelle sociale, vieilles, étrangères, veuves, célibataires, guérisseuses, accoucheuses ou encore avorteuses… Les actes des procès et les quelques témoignages directs disponibles livrent des récits édifiants de femmes brisées par des procédures expéditives menées par des juges tendancieux. Des récits de femmes sans défense, victimes de la misogynie, de la suspicion populaire, des calomnies et des rumeurs, transformées soudainement en êtres maléfiques et lubriques au service du diable. Les trois cas présentés dans les pages qui suivent sont basés sur les actes judiciaires, écrits par des greffiers placés sous la houlette de juges qui considèrent souvent les accusées comme coupables par avance. Les interrogatoires successifs qui y sont rapportés sont toujours basés sur le même modèle, une répétition de questions fermées qui ne laisse aucune place aux arguments de la défense. Françoise Secrétain, Suzanne Gaudry, Péronne Goguillon: voici trois exemples emblématiques de cette folie meurtrière, voici l’engrenage qui mène aux flammes.

COYRIÈRES, FRANCHE-COMTÉ, 1598

Françoise Secrétain, pour une croûte de pain

e 5 juin 1598, Louise Maillat, une fillette de 8 ans habitant à Coyrières, un village proche de Saint-Claude, en Franche-Comté, devient soudain impotente de tous ses membres. Elle se met ». Les intrus disparaissent aussitôt « ». Et Louise retrouve la santé. L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais, questionnée sur la personne qui lui a « baillé » le mal, la fillette désigne sans hésiter la coupable: « ». Âgée d’environ 58 ans, la malheureuse est immédiatement arrêtée et jetée au cachot sur ordre du grand juge de Saint-Claude, le terrible Henry Boguet.

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