Renaissance, le temps des bûchers
Longtemps, les chasses aux sorcières ont été associées à l’obscurantisme des heures supposées les plus sombres du Moyen Âge, que la clairvoyance de la Renaissance, dominée par la raison, aurait fait disparaître. C’est pourtant bel et bien à cette période, celle que les penseurs des Lumières loueront au XVIIIe siècle pour son humanisme, que vont se déchaîner en Europe les passions autour de la sorcellerie. Deux siècles durant, entre la première moitié du XVe siècle et la fin du XVIIe siècle – avec deux pics de répression situés entre 1560-1570 et 1620-1630 –, on comptabilise des milliers de persécutions et un nombre de condamnés bien plus important qu’auparavant: environ 110 000 procès auront lieu dans toute l’Europe, tandis qu’on estime entre 60000 et 100000 le nombre de victimes – des chiffres qui restent toutefois sujets à caution, dans la mesure où de nombreuses archives ont disparu.
Superstition condamnée par l’Église à partir du IX siècle, la sorcellerie prend une forme nouvelle dès la fin du Moyen Âge. Elle reflète une croyance inédite qui émerge autour de la figure du diable et de la peur du mal, qui s’incarnent sur Terre dans les corps des sorcières susceptibles de corrompre les hommes, détaille l’historienne Martine Ostorero (université de Lausanne): « » La répression de la sorcellerie est institutionnalisée. Des clercs et des laïcs prennent part au débat en rédigeant des traités de démonologie. Dans le droit fil de l’un des premiers ouvrages européens, le , qui sera imprimé plus de trente fois jusqu’au milieu du XVII siècle, plus d’une ».
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