Les Salons de Paris des années 1850-1860 sont plus connus pour les tableaux qui y ont été refusés que pour ceux que l’on pouvait y voir. La toile Les Baigneuses de Gustave Courbet, figurant notamment une dame au fessier avantageux, capitonnée de toutes les fossettes de sa cellulite, avait pourtant été acceptée à celui de 1853. Elle n’en avait pas été moins éreintée par la critique. « Figurez-vous une sorte de Vénus hottentote sortant de l’eau, et tournant vers le spectateur une croupe monstrueuse », s’étrangle Théophile Gautier dans le journal La Presse. Vingt ans plus tard, Barbey d’Aurevilly ne s’est toujours pas remis de cette « immondice en peinture » et dénonce, dans Le Figaro, « ces fameuses Baigneuses dont notre nez se souvient autant que notre faisant sans doute référence au pied nu et sale d’une des deux naïades. Ces réactions outrées illustrent bien le désarroi du public face à la multiplication des tendances et des styles qui depuis quelques décennies ne cessent de battre en brèche des siècles de rassurantes pratiques académiques. Avec l’abolition des frontières entre des thèmes jusqu’alors étanches et le déclin de la grande peinture d’histoire dans les tréfonds de la scène de genre, il ne sait plus à quel pinceau se vouer.
ET LES PEINTRES SORTIRENT DU CADRE
Apr 03, 2024
7 minutes
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