LONGS CHEVEUX BLONDS pour l’une, même blondeur, en format court, pour l’autre, deux belles femmes qu’une génération sépare. Margaux Cassan, 25 ans, et Sophie Goettmann, la cinquantaine, ont chacune déjà écrit un livre dans leur domaine: une biographie critique Paul Ricœur. Le courage du compromis (Ampelos Editions, 2021) pour la jeune philosophe, et un ouvrage de vulgarisation médicale, Vos ongles, tout un monde… (Actes Sud, 2020) pour la dermatologue et chirurgienne, spécialisée dans les pathologies unguéales. Si elles sont réunies aujourd’hui, ce n’est pas pour philosopher sur les ongles de Ricœur, mais pour évoquer la place de la nudité dans notre société, et ses multiples manifestations et dévoiements: naturisme, nudisme, libertinage… Leur approche est diamétralement opposée. Le paradis pour l’une, l’enfer pour l’autre. Avec Vivre nu, Margaux Cassan fait en effet l’éloge du naturisme qu’elle a pratiqué, dès ses 2 ans, avec oncle et tante, dans le Vaucluse. Des moments bénis et une pratique dont elle nous rappelle, dans cet ouvrage oscillant entre livre intime et documentaire, les origines anarchistes du début du XXe siècle.
Pour le Dr Sophie Goettmann, pas de village libératoire, mais « le diktat de la nudité » dans un appartement familial saturé de sexe et au bord de la piscine « honnie » du grand-père, haut lieu du libertinage français des années 1970. Une atmosphère « incestuelle » étouffante pour et , donc, deux faces opposées d’une nudité – souvent perçue comme une transgression –, et deux témoignages épatants qu’il était tentant de confronter. En toute harmonie.