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Agonies
Agonies
Agonies
Livre électronique198 pages3 heures

Agonies

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À propos de ce livre électronique

Nomination au prix Aurora/Boréal 2012, catégorie « Meilleur ouvrage relié ».

Avertissement : Réservé à un public adulte averti.

SAM, de Jonathan Reynolds
À 17 ans, Samantha découvre qu’elle partage son corps avec Bob, un tueur sanguinaire affamé de chair humaine. Son seul désir : en finir avant que Bob ne la force à dévorer sa famille et ses amis.

AMARANTE, d’Ariane Gélinas
Navire en perpétuel mouvement, l’Amarante accueille à son bord des êtres tourmentés. Vient le tour de Charles, qui a tout perdu après le suicide de son amoureuse. Sur ce bateau où se mêlent l’art, l’érotisme et la cruauté, il s’éprend de Lysane, une artiste qui lui rappellera sa compagne défunte. Mais, sur l’Amarante, ceux qui ont le malheur de s’attacher à quelqu’un sont sévèrement punis.

BAPTÊME DE SANG, de Pierre-Luc Lafrance
L’inspecteur Boisclair abat un suspect en plein interrogatoire. Questionné après le meurtre, il raconte son histoire sans demander qu’on le croie, puisque lui-même n’ose pas y croire. Comment peut-on démembrer un homme à mains nues, parler dans la tête des gens et, surtout, manger vivante sa victime sans qu’elle ne se débatte?

Critiques :

« Cette première parution de La Maison des viscères donne le ton en nous offrant trois récits sans censure qu’on dévore avec un curieux mélange de dégoût et d’intérêt. Si vous aimez les intrigues surnaturelles et la littérature qui ne s’adresse pas aux cœurs sensibles, Agonies est le livre parfait pour vous. » – Sinistre Magazine

« “Proposer des histoires sanglantes où l’horreur crue est poussée à son maximum”. Pari tenu dans ce petit recueil. » – L’écran fantastique

« La Maison des viscères nous a fait un joli cadeau. Un petit livre, éclectique dans son essence, qui prouve que le gore est moins un genre littéraire qu’un regard posé sur l’horreur qui habite le monde. Trois textes différents qui illustrent un petit éventail de ses possibilités. » – Richard Tremblay, blogueur

LangueFrançais
Date de sortie26 avr. 2014
ISBN9782981286918
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    Aperçu du livre

    Agonies - Ariane Gelinas

    Jonathan Reynolds

    Ariane Gélinas

    Pierre-Luc Lafrance

    La Maison des viscères vous remercie d’avoir acheté cet exemplaire numérique de Agonies. Pour rendre votre expérience de lecture plus agréable, nous vous proposons un fichier exempt de système de gestion des droits numériques (en anglais, Digital right management, ou DRM). Merci de respecter les auteurs de ce livre en le conservant pour votre usage strictement personnel.

    Les personnages et les situations de ces récits étant purement fictifs, toutes ressemblances avec des personnes ou des situations existantes ne sauraient être que fortuites.

    La Maison des viscères

    3236, rue de Rouen, app. 6

    Montréal (Québec) H1W 1L1

    Canada

    Édition : Alamo St-Jean et Frédéric Raymond

    Révision linguistique : Caroline Vézina

    Mise en page : Frédéric Raymond

    Conseillère en communications : Isabelle Vézina

    Illustration de couverture : Gabrielle Leblanc et David Therrien

    Site Internet : www.visceres.com

    Courriel : info@visceres.com

    ISBN

    978-2-9812869-0-1 : Agonies (version imprimée)

    978-2-9812869-1-8 : Agonies (EPUB)

    978-2-9812869-2-5 : Agonies (MOBI)

    978-2-9812869-3-2 : Agonies (PDF)

    Dépôt légal : 4e trimestre 2011

    Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011

    Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2011

    Tous droits révervés.

    Copyright © 2011 La Maison des viscères et les auteurs

    Tables des matières

    Introduction

    Alamo St-Jean et Frédéric Raymond

    Sam

    Jonathan Reynolds

    Amarante

    Ariane Gélinas

    Baptême de sang

    Pierre-Luc Lafrance

    Introduction

    Alamo St-Jean

    et

    Frédéric Raymond

    Agonie.

    Un mot volontiers associé à la souffrance, celle d’un corps au seuil de la mort.

    L’utiliser comme titre du premier livre de La Maison des viscères ne semble pas incongru, puisque, dans un recueil d’histoires sanglantes, un lecteur s’attend à découvrir des personnages agonisants, dont les meurtrissures du corps engendrent les pires souffrances.

    Et pourtant…

    Les personnages mis en scène dans ce triptyque n’ont plus rien à faire de la souffrance physique. Ils sont passés bien au-delà de ces considérations charnelles. Leurs maux sont plus forts, plus intrinsèques. Ils agonisent dans l’âme. Bien sûr, la douleur physique, les mutilations et les horreurs en tout genre ne sont pas absentes de ces pages, bien au contraire. Mais les personnages ne les ressentent pas comme le ferait un être qui n’a pas visité les pires abîmes du mal de vivre.

    Ce qui se voulait être une collection de trois histoires gores s’est avéré beaucoup plus qu’un simple splatterfest. Merci aux trois auteurs qui n’ont pas oublié que la force d’une histoire d’horreur n’est pas seulement le sang et les tripes, mais les personnages humains qui sont confrontés à des situations inhumaines.

    Reste que vous trouverez dans Agonies des horreurs rarement lues ailleurs en littérature québécoise. Même si plusieurs auteurs de chez nous ont déjà dépassé des limites terrifiantes, l’anthologie que vous tenez entre vos mains représente probablement le livre québécois à la plus forte densité de gore. À un tel point qu’il a mérité qu’on inscrive un avertissement sur la page couverture.

    La ligne éditoriale derrière Agonies est simple : proposer des histoires sanglantes où l’horreur crue est poussée à son maximum. La direction littéraire de Agonies a été faite avec, en tête, la volonté de maximiser la terreur et l’angoisse sans dénaturer les histoires. Le but n’est pas de réinventer cette littérature, mais de proposer un livre gore bien de chez nous.

    Ainsi, La maison des viscères a le plaisir de vous proposer ces trois agonies qui ont pour point commun l’horreur et la souffrance, mais qui l’abordent sous des angles différents, selon la vision de chacun des auteurs y ayant participé.

    Bonne lecture !

    Alamo St-Jean et Frédéric Raymond

    novembre 2011

    Sam

    Jonathan Reynolds

    What have I got that makes you want to love me

    is it my body or someone I might be or somethin’ inside me

    — Alice Cooper, « Is it my body »

    La haute colline de Beauvoir.

    Ce sanctuaire silencieux est situé en campagne entre la ville de Sherbrooke et la petite municipalité de Bromptonville. Il accueille souvent des visiteurs, croyants ou non. Mais, en cette aube où le ciel est déchiré entre une triste grisaille et un rouge violent, il n’y a personne à part moi. Moi, Samantha, qui fais partie de la deuxième catégorie : les non-croyants.

    Ai-je déjà cru à un sauveur venu des cieux pour nous pardonner tous nos péchés ? Je ne pense pas. Peut-être quand j’étais toute jeune, peut-être. Mais, à présent, malgré mon corps d’adolescente, je me sens vieille.

    Une athée sur la montagne des pèlerins.

    Trois raisons bien précises m’amènent ici tous les matins.

    La première est un cadeau que je fais à mes yeux : la vue est majestueuse quand on se tient au-dessus de la falaise qui surplombe la forêt de conifères centenaires. À travers cette nature verdoyante, on devine, au loin, le village de Windsor et, plus près, celui de Bromptonville. Si je me tourne vers la gauche, Sherbrooke m’offre ses maisons, son mont Bellevue et son lac des Nations.

    La deuxième raison est un baume que j’applique sur mes oreilles. Ici, on n’entend que le silence. Et aussi, le doux souffle du vent qui sort de mon esprit les plaintes et les hurlements de souffrance qui s’y imprègnent quotidiennement.

    La dernière est une promesse que j’adresse à mon âme : celle d’en finir avec cette existence. Ma vie est un enfer. Pour éteindre les flammes qui m’habitent, je n’ai qu’à avancer de quelques pas. Sauter dans le gouffre qui s’ouvre devant moi. Mon corps s’écrasera, se fracassera sur ce rocher, là, tout en bas, ou encore il s’empalera sur la branche fourchue de cet arbre mort, juste en dessous.

    Mais au lieu de sauter, je rebrousse chemin vers la voiture de mes parents. Je ne sais pas où ils se trouvent. Peut-être sont-ils partis en voyage ? Parce que l’autre possibilité, beaucoup plus probable, est trop terrible.

    Ne plus y penser.

    Penser à autre chose.

    Je démarre la voiture et quitte le sanctuaire de Beauvoir. Comme tous les autres matins depuis quelques jours. Pourquoi ne suis-je pas capable de passer à l’acte ? Ce ne doit pas être si compliqué de faire comme toi, tante Kate, et de mettre un terme à mes jours, à cette souffrance.

    Le moteur rugissant de la Toyota chasse ce mince espoir. Alors que je roule vers Bromptonville sur l’étroite route asphaltée, je n’y pense plus.

    Mes pensées m’appartiennent de moins en moins. Il y a quelqu’un d’autre qui m’habite. Un tueur du nom de Bob. Selon ce qu’il me raconte dans ma tête, il aurait été tué au moment où je suis née.

    Quand j’étais petite, des cauchemars hantaient mes nuits. Les plus marquants concernaient trois silhouettes anonymes qui assassinaient un jeune homme : Bob. Elles répétaient son nom en le frappant à coups de pelle. J’étais terrifiée, mais j’essayais de me convaincre que ce n’était que des rêves. Je ne pouvais pas savoir qu’à sa manière, Bob a partagé sa mort avec moi.

    Il y a quelques années, il est revenu dans mes cauchemars pour me montrer comment il aimerait se venger de ses meurtriers. Selon ce que j’ai compris, il revenait de sa tombe armé de la pelle avec laquelle il avait été tué et il retrouvait ses trois assassins. Le premier succombait d’un coup à la tête, le deuxième était décapité et le troisième, éventré. Encore une fois, je voulais croire qu’il ne s’agissait que de simples rêves sanglants, un symptôme de mes menstruations.

    Pourquoi m’a-t-il choisie ? Je n’en sais rien. Je doute qu’il le sache vraiment lui-même. Ou si c’est le cas, il n’a jamais voulu me l’expliquer.

    Avant, j’étais anorexique. Mais maintenant, je mange. Je mange à sa faim. Parce que, quand Bob a faim, je n’ai pas d’autres choix que de manger.

    Et il aime sa viande bien saignante.

    Juste d’y penser, j’ai mal au cœur.

    La semaine passée, je me croyais possédée. Je perdais connaissance et, quand je me réveillais, j’avais l’impression que quelqu’un avait agi à ma place. C’était bien vrai, parce que moi, je n’aurais jamais commis des actes aussi horribles… En une semaine, Bob m’a fait tuer mon petit ami Steve, mon frère Michael et son ami Jason. Et après, il m’a obligée à les dévorer. Au moins, il prenait le contrôle et je ne me rendais compte de rien, je n’assistais pas à ses meurtres dégoûtants… ni à ce qui suivait. Je ne constatais que les dégâts, les restes, et je pouvais aisément deviner ce qu’il avait fait faire à mon corps. La tête tranchée de Jason reposait dans le réfrigérateur de leur appartement, à Michael et à lui. Avec mes mains, Bob avait écartelé mon frère et c’est en petits morceaux que j’avais retrouvé Steve. J’avais cru devenir folle. Tout ça, je ne voulais pas y croire. Et pourtant, c’est sur mon visage que séchait leur sang.

    Mais maintenant, je suis de plus en plus consciente. Je ressens tout. Je ne peux plus douter que ça se passe pour vrai.

    Je goûte à l’horreur.

    Notre dernier repas s’appelait Benoît, un élève de ma classe qui se moquait souvent de moi. Même s’il me tapait sur les nerfs depuis longtemps, il ne méritait pas ce sort. Être dévoré vivant. Personne ne mérite ça. Je n’ai pas eu conscience de la manière dont Bob s’y est pris pour l’attraper, le transporter jusque chez mes parents et l’enfermer dans la chambre, en haut. C’était ma chambre, avant. Avec mes peluches, avec mes murs roses, mon petit univers kitsch. Maintenant, c’est le garde-manger de Bob. Plus kitsch du tout.

    Je me suis réveillée à la première bouchée. Au premier hurlement étouffé par un bâillon improvisé. Une de mes paires de bas. Celle avec les étoiles souriantes. Celle que je portais la première fois que j’ai dormi avec Steve. Là, enfoncés dans la gorge de cette victime suppliante, les bas ne ressemblaient plus qu’à un fouillis de tissus imbibés de sang. Des étoiles rouges. Je ne voyais plus leurs sourires.

    Benoît qui pleurait, les yeux exorbités. Moi qui avais mal au cœur, impuissante. La chair humaine dans ma bouche avait la texture du porc, du porc trop cuit et dur, baigné de fer rouillé. Ce devait être les filaments des muscles raidis par la peur. Ça me rappelait quand mon père revenait de la chasse les mains vides, nous expliquant que le cerf qu’il avait tué avait été trop effrayé et que la viande n’était plus bonne à cause de ça.

    Je voulais arrêter de mâcher, mais Bob, lui, continuait aussi lentement qu’il pouvait, comme pour me faire subir chaque subtilité au maximum avant d’avaler. Un goût qui ne ressemble à rien de ce que j’ai pu manger avant, du moins consciemment.

    J’ai toujours trouvé que l’haleine de Benoît empestait l’ail. Pendant que Bob m’obligeait à dévorer ma victime, je percevais, croquée après croquée, cet arrière-goût d’ail.

    Je n’étais pas capable de vomir, de recracher ce poison. Bob est en moi depuis si longtemps que mon corps s’est habitué à ingérer tout ce qu’il lui inflige. Quand j’étais petite, il me faisait manger de petits animaux. Je me suis longtemps demandé où mon hamster s’était enfui… Et il y a eu une vague de disparitions parmi les chats et les chiens du voisinage… Dans le temps, je ne pouvais pas comprendre, mais maintenant, je sais ce qu’ils sont devenus.

    Les humains sont venus après.

    De la chair, des muscles, de la graisse, des estomacs, des viscères… de la viande humaine qu’il me fait téter jusqu’à la moelle de chaque os.

    La bouche vide. Ma tête qui se penchait de nouveau vers le bras du prisonnier attaché sur une chaise. Mes lèvres qui se posaient juste à côté de la première plaie saillante. La chaleur du sang sur mes joues. Mes dents qui s’enfonçaient dans la chair, faisant exploser les veines sur leur chemin avant de rejoindre la surface de l’os. Puis, je relevais la tête, laissant le goût ferreux se répandre dans ma bouche, la chaleur visqueuse glisser sur ma langue jusque dans ma gorge.

    J’essayais de ne pas avaler. Mais le sang coulait dans mon œsophage avec une telle facilité. L’odeur de l’hémoglobine remontait dans mes narines.

    Combien de temps a mis Benoît avant de perdre connaissance ? Bien plus que moi. Parfois, Bob me laissait partir dans cet état bienheureux de l’inconscience pour me ramener à la vie quelques bouchées plus tard. Le bras droit ressemblant désormais à un charnier sanglant, Bob avait entamé le gauche. Et le supplicié agonisait toujours. Je pleurais autant que lui chaque fois que ma tête se penchait pour une nouvelle croquée.

    C’est pendant ce repas que j’ai songé au suicide pour la première fois. J’ai pensé à toi, ma tante. Tu t’étais jetée en bas de la falaise de Beauvoir et je me suis dit que j’allais t’imiter, mettre fin à cet enfer. Ma vie ne valait plus la peine d’être vécue ; c’était devenu une boucherie incontrôlable.

    Penser à ma mort, et du même coup à celle de Bob, ne m’a pas aidée à digérer ce festin macabre. À un moment, alors qu’on dévorait la cuisse droite, j’ai réussi à faire remonter de la chair en purée, à peine entrée dans l’estomac, et à la vomir sur le visage de Benoît. Son regard vacillait entre la terreur pure et la folie.

    Comme si une main invisible poussait ma tête, ma figure s’est immédiatement collée à cette bouillie rosâtre, et son odeur à la fois aigre et sucrée a assailli mes narines. J’ai fermé les yeux quand Bob s’est emparé de ma langue pour lécher la mixture à peine digérée, des lambeaux qui auraient pu provenir de n’importe quel animal. Hoquetant de dégoût, j’ai réalisé qu’il était en train de me faire manger mon propre vomi.

    Serrant les poings, je me suis concentrée pour l’empêcher de continuer. J’ai réussi à me dégager et à reculer de quelques centimètres, mais une main invisible a appuyé sur l’arrière de ma tête. Et ma langue s’est activée avec plus de vigueur, comme vivante, indépendante de mon cerveau, ignorant mon désir de tout arrêter. Ma bouche se promenait sur la peau de Benoît, happant tout le vomi qu’elle pouvait trouver. J’ai tout avalé, mais j’ai immédiatement revomi.

    Et Bob a voulu me faire à nouveau ingurgiter cette purée.

    Pendant ce temps, Benoît avait cessé de me fixer. Ses yeux étaient révulsés, ce qui restait de son corps tremblait. Sa respiration devenait de plus en

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