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Les 7 + 1 Péchés Infernaux
Les 7 + 1 Péchés Infernaux
Les 7 + 1 Péchés Infernaux
Livre électronique240 pages6 heures

Les 7 + 1 Péchés Infernaux

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À propos de ce livre électronique

On connaît tous les 7 péchés capitaux. Ce que l’on ne sait pas c’est qu’il existe un 8e péché capital et que derrière chaque péché capital se cache un démon qui nous pousse à l’extrême pour nous emporter dans la désolation. Ces huit nouvelles vous montrent comme un quidam banal peut basculer à tout moment dans la folie et se transformer en un meurtrier sanguinaire, le tout orchestré d’une main de maître par un démon. Des histoires prenantes, horribles, qui peuvent très bien arriver à chacun d’entre nous. Allez-vous succomber au péché après les avoir lues ?

LangueFrançais
Date de sortie18 janv. 2018
ISBN9782378460075
Les 7 + 1 Péchés Infernaux
Auteur

Marie d'Ange

Passionnée par l'écriture et la démonologie, Marie d’Ange se lance dans la publication d'un blog sur le même thème pour ensuite s’adonner à l’écriture de nouvelles et de romans. Son univers c'est le psychologique, le psychiatrique, les démons, les comportements déviants et détraqués. Elle est attirée par le surnaturel et le paranormal. Ses livres sont tirés d'histoires réelles et nous entraînent dans un univers glauque où la réalité se mélange à l'irréel et surtout à l'impensable. Marie d'Ange s'amuse à décortiquer des personnages psychotiques, à les humaniser pour mieux les comprendre. Elle décrit les mécanismes et les faits qui poussent un homme à sombrer dans la folie meurtrière. Ses histoires mêlent démons et phénomènes paranormaux pour mieux nous faire peur.

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    Les 7 + 1 Péchés Infernaux - Marie d'Ange

    LES 7 PÉCHÉS INFERNAUX +1

    By Marie d’Ange

    ****

    Published by:

    Les Éditions la Rose du Soir

    Copyright (c) 2016 by La Rose du Soir

    ISBN :  978-2-37846-007-5

    ****

    All rights reserved. Without limiting the rights under copyright reserved above, no part of this publication may be reproduced, stored in or introduced into a retrieval system, or transmitted, in any form, or by any means (electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise) without the prior written permission of both the copyright owner and the above publisher of this book.

    Editions la Rose du Soir Licence Notes

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    Les 7 + 1 Péchés Infernaux

    Marie d’Ange

    « La plus belle ruse du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »

    Charles Baudelaire dans Le Spleen de Paris.

    Connaissez-vous les 7 péchés capitaux, ceux qui vous conduisent directement en enfer ? Orgueil – Envie – Avarice — Luxure – Colère – Gourmandise – Paresse. En plus de ces 7 péchés, il existe un 8e péché capital oublié et certainement le plus grave. Savez-vous que derrière chacun de ces péchés se cache un terrible démon qui nous pousse à l’extrême et à la mort ? Vous ne me croyez pas ? Alors, lisez ceci…

    L’orgueil

    Estime excessive de soi-même. L’orgueilleux se sent au-dessus des autres et méprise son entourage. Il a le sentiment d’être le meilleur et le plus important de tous, de ne rien devoir à personne sauf à lui-même. Son démon est sans nul doute Satan, celui qui se révolta contre Dieu car voulait être son égal. Satan se croit supérieur à tous les autres démons et surtout, il méprise les hommes qu’il considère comme une race inférieure à lui.

    Assis derrière son bureau, les lunettes rivées sur son gros tarin, Rodolphe Traquin étudiait les comptes de son entreprise. Les chiffres qui s’étalaient devant lui le ravissaient. Ils témoignaient de la bonne santé de sa société. Rodolphe Traquin gérait avec poigne 60 salariés. Il avait monté son entreprise de bâtiment il y a 10 ans de cela avec pour seul diplôme un CAP. Avant de devenir un chef d’entreprise craint, il n’était qu’un ouvrier aux ordres d’un maçon, Fernando Alvès, aux ambitions au ras des pâquerettes et parlant le français avec un accent très prononcé. À ses côtés, il apprit les rudiments du métier du bâtiment avant de prendre les commandes de l’entreprise, évinçant ainsi son patron et coulant la boîte.

    Il se souvint des pleurs d’Alvès lorsqu’il lui piqua tous ses contrats et lui fit déposer le bilan. Mais oui, monsieur Fernando, la prochaine fois faites preuve de plus d’intelligence ! Rodolphe avait négocié tous les contrats à son avantage, baissant les prix au plus bas et les salaires aussi, débattant avec les fournisseurs, traficotant les conventions, remportant des marchés… pour enfin ouvrir sa propre entreprise et rafler tous les clients du pauvre bougre portugais qui n’eut plus que ses yeux pour pleurer et ferma boutique.

    Depuis, Rodolphe n’avait jamais cessé de faire prospérer son « bébé » comme il aimait à l’appeler. Lui qui avait démarré sa carrière comme un simple peintre en bâtiment clamait sa fierté d’avoir réussi à construire son affaire seul. Certes, cela n’avait pas été de tout repos. Rodolphe avait dû étudier la finance, la gestion d’entreprise, la comptabilité à l’aide de livres et avait appris seul, le soir, au coin d’une minuscule table de cuisine, comment gérer une affaire et surtout, comment bricoler les lois pour qu’elles soient toujours à son avantage.

    Pour faire prospérer son « bébé », il avait dû piétiner et enterrer certains de ses concurrents et amis. Cela ne l’avait pas gêné, vu que de toute manière, ses concurrents et ceux qui avaient osé se mettre en travers de sa route ne valaient pas tripette à côté de lui.

    Rodolphe Traquin s’était toujours considéré comme le meilleur dans son domaine et dans tous les domaines d’ailleurs. Lors de son apprentissage, ce comportement orgueilleux lui avait valu un renvoi pour avoir traité de « pauvre’con qui ne connaît rien » son superviseur qui avait eu l’audace de critiquer son travail. Il avait dû chercher un autre établissement et un autre patron pour continuer ses études. Et il avait trouvé Alvès Fernando qu’il avait ruiné. Cet épisode n’avait fait que gonfler son orgueil : puisque son premier patron l’avait viré, c’est qu’il lui avait fait peur, car il travaillait mieux que lui.

    Son ego démesuré ne concernait pas que le domaine du travail, car Rodolphe se vantait aussi d’être le meilleur amant, le meilleur mari, le meilleur parti… que notre belle planète bleue ait porté depuis sa création. On devait le remercier d’être né et d’éclairer la vie des autres par sa simple présence. Sa femme devait le remercier de l’avoir choisie en tant qu’épouse. Ses maîtresses devaient le remercier qu’il s’intéresse à elles. Ses employés devaient le remercier de leur avoir donné du travail. C’était grâce à lui qu’ils pouvaient manger tous les jours et payer leur loyer. Le monde entier devait le remercier d’exister. Même son banquier devait le remercier, car grâce à lui, la banque gagnait de l’argent et arrivait à lui payer son salaire !

    Rodolphe Traquin s’aimait démesurément et détestait les autres de la même manière. Il se considérait comme un dieu et voyait en ses semblables des esclaves, des êtres inférieurs condamnés à lui obéir et à lui vouer un culte d’adoration louant sa perfection. Il réussissait tout mieux que les autres. Même le besoin physiologique de déféquer, il le réussissait mieux que les autres ! Chez Rodolphe, ses défauts se transformaient en qualité : sa grosse bedaine affichait sa richesse, son gros pif lui donnait un air atypique, sa voix nasillarde permettait de mieux se faire entendre… Au moins, personne ne pouvait oublier sa tronche. Il était celui qui s’était construit seul sans personne.

    À l’image de Satan, le premier ange déchu qui se révolta contre Dieu parce qu’il se considérait l’égal de son Créateur, Rodolphe était imbu de sa personne. D’ailleurs, en parlant de Satan, il attendait tapi dans la pièce, guettant le meilleur moment pour agir. Il observait Rodolphe avec un vif intérêt. Il se délectait de ce personnage si imbu de sa personne. Récupérer son âme pervertie par l’orgueil allait être un jeu d’enfant ! Trop facile ! Même un sous-fifre aurait réussi cette besogne ! Mais Satan voulait montrer à cet homme trop fier de lui combien il était supérieur à lui, qu’il était le seul maître. Rodolphe se prenait pour un dieu et Satan se faisait un défi personnel de l’abaisser de son état de fausse divinité. Il voulait le faire souffrir, lui faire connaître l’enfer, le véritable enfer.

    Satan, le plus puissant des démons, le chef suprême des démons, le détenteur de la connaissance, désirait son âme pour grossir son armée. Avant cela, il voulait le faire souffrir et lui donner un avant-goût de l’enfer. Et Rodolphe était à point. Il pouvait passer à l’action.

    Rodolphe vérifiait un à un tous les bulletins de salaire de ses employés, au cas où le comptable aurait fait une erreur en sa défaveur. Tout à coup, il sentit une odeur nauséabonde envahir son bureau. Il leva la tête de ses dossiers, huma l’air, ne remarqua rien de suspect et se replongea dans les chiffres. Mais au fur et à mesure que le temps passait, l’odeur devint plus présente, plus proche, plus insistante au point de le déconcentrer et de l’empêcher de travailler.

    Rodolphe ouvrit la fenêtre, il suffoquait. De l’air frais s’engouffra dans la pièce, sans réussir à chasser cette puanteur ambiante qui envahissait les lieux. Il chercha d’où pouvait provenir cet horrible effluve. Il prit sa poubelle de bureau et l’examina. Que du papier ! Il inspecta le sol autour de son bureau, à la recherche d’un éventuel déchet de nourriture en putréfaction. Il n’était pas rare que le chef d’entreprise prenne son déjeuner dans son bureau et peut-être avait-il laissé tomber un morceau de viande de son plateau et qu’il était en train de pourrir. Déjà, il pensait congédier la femme de ménage. Mais, il ne trouva rien. Le tapis sous le bureau était propre. De même que le carrelage.

    Rodolphe fouilla chaque recoin de la pièce, en vain, sans trouver d’où provenait la cause de cette puanteur. Elle semblait émaner des murs. Il les sentit. Dieu qu’ils sentaient mauvais.

    Satan suivait le chef d’entreprise en ricanant. Avec lui, il tourna autour du bureau, s’attarda près de la fenêtre le temps que le pauvre bougre prenne de l’air frais, se baissa pour inspecter la poubelle… Et il riait. Il riait du mauvais tour qu’il était en train de jouer à ce pécheur. Il savait que ce que sentait Rodolphe était l’odeur de la désolation et de la mort. Mais ça, sa proie ne le savait pas encore…

    Rodolphe, après avoir fouillé frénétiquement toute la pièce, se dit que l’odeur nauséabonde devait forcément provenir de l’extérieur. Il décida de mener son enquête et sortit de son bureau en colère. Cette histoire l’empêchait de bosser et il n’aimait pas ça. Satan le suivit.

    Dans le couloir, l’odeur était toujours présente. Non pas atténuée, mais toujours aussi puissante et tenace. C’était comme si elle lui collait à la peau, si elle le suivait, si elle le traçait. Il pénétra en trombe dans le bureau de sa secrétaire qui grimaça lorsqu’elle sentit l’odeur infecte qui accompagnait son patron. Rodolphe remarqua sa grimace.

    ― Rachel, appelez la boniche et le gardien et dites-leur de rappliquer sur-le-champ ! Il doit y avoir un rat mort coincé quelque part dans la tuyauterie du bâtiment.

    ― Tout de suite monsieur Traquin.

    En prenant l’appareil téléphonique, la secrétaire esquissa un mouvement de recul involontaire pour fuir la puanteur qui émanait du corps de son patron. Elle fut même à deux doigts de se pincer le nez tant l’odeur lui irritait les narines. Elle se retint in extremis, car un tel geste pouvait signer son renvoi immédiat.

    Cela faisait deux ans qu’elle travaillait pour Rodolphe. Un record ! Avant elle, les autres secrétaires n’avaient pas tenu plus de six mois. Le salaire était minable, mais Rachel tenait le coup dans l’attente d’un meilleur emploi. Elle avait d’ailleurs postulé à plusieurs autres postes et devait se présenter à un entretien dans la soirée. En attendant, elle serrait les dents, car elle avait besoin de cet emploi pour nourrir ses deux enfants qu’elle élevait seule.

    Rodolphe remarqua le manège de sa secrétaire, son geste avorté de se boucher le nez. Cela le mit dans une colère noire. Il réprima une violente envie de lui mettre une claque en plein visage à cette petite prétentieuse. Comment avait-elle osé le regarder avec dégoût, lui, l’homme qui lui versait son salaire tous les mois, lui qui l’avait embauchée alors qu’elle avait le QI d’une moule ? « Ouais t’as raison, c’est bien grâce à toi qu’elle a du boulot cette sale pute ! De quel droit te traite-t-elle de cette manière ? T’as vu comme elle te regarde avec son air hautain ? Cette salope mérite une raclée ! » Cette voix passait en boucle dans sa tête, lui ordonnait de frapper la jeune femme. « Elle ne mérite que ça, cette pétasse. Regarde comme elle te nargue, comme elle te prend de haut. Montre-lui qui est le maître. » Par un effort surhumain, Rodolphe arriva à se retenir de ne pas sauter sur sa secrétaire. Il sortit du bureau vexé et en colère, au grand soulagement de Rachel qui put respirer. Et il remarqua que l’odeur le suivait. Il sentit le besoin irrépressible de sortir prendre l’air.

    Dans le couloir, il croisa son comptable qui lui rapportait des documents. Ce dernier s’arrêta, esquissa le geste de vouloir lui serrer la main, mais au dernier moment, recula. Il remarqua que Rodolphe avait les cheveux en bataille, les joues rouges de colère et, chose encore plus bizarre, qu’une odeur pestilentielle émanait de son corps. Instinctivement, il se boucha le nez avec la manche de son veston.

    ─ C’est quoi cette odeur ?

    Rodolphe se sentit diminué. Jamais on ne lui avait refusé de lui serrer la main et surtout pas un employé !

    ─ Quoi ? Ça te plaît pas ? Tu peux rentrer chez toi espèce de minable ! Et définitivement !

    ─ Excusez-moi monsieur Traquin, ce n’est pas ce que je voulais dire.

    Rodolphe s’approcha de son employé, la démarche ferme, le dos penché en avant, tel un taureau dominant chargeant un congénère mâle. Dans sa tête, toujours la même voix qui tambourinait : « Vas-y mon vieux, pète-lui sa tronche à ce sale con. T’as vu comme il t’a traité ce minable ? »

    Et sans plus de sommation, le chef d’entreprise assena un direct du poing droit en plein dans la mâchoire du comptable qui s’écroula à terre, porta la main à sa figure et regarda son patron sans comprendre ce qui lui arrivait. Surpris et assommé par le coup, il ne sut comment réagir face à cette agression aussi violente que subite. À presque soixante ans, c’était la première fois que quelqu’un le frappait ! Déjà, il songea à rompre le contrat qui le liait à cet homme qu’il considérait maintenant comme fou furieux et à porter plainte. Du boulot, il en avait plein la tête, des clients aussi. Et cela faisait maintenant deux ans qu’il travaillait pour la société de Rodolphe. Deux longues années à se rabaisser, à supporter cet homme hautain qui pensaient tout savoir, mais qui dissimulaient ses nombreuses lacunes sous un masque d’agressivité. Et aujourd’hui, c’était le coup de grâce, il en avait assez. Le vieil homme essaya de se relever en s’appuyant sur le mur. Sa mâchoire était douloureuse, sa lèvre saignait. Il réussit à émettre quelques mots malgré la douleur.

    ─ Vous allez me payer cet affront Traquin ! Je vous ferai jeter en prison.

    Cette dernière phrase décupla la rage de Rodolphe qui sauta sur son ex-comptable et le roua de coups. Le pauvre homme essaya de se protéger la tête, mais il ne put empêcher les coups de pleuvoir sur son ventre et ses cuisses. Il hurla, somma Rodolphe d’arrêter.

    Alertée par les cris du comptable, Rachel sortit de son bureau et assista, impuissante, à cette scène surréaliste. Son employeur s’acharnait avec une rage indescriptible sur le comptable qui pleurait et gémissait de douleurs. Elle se précipita sur Rodolphe, lui cria d’arrêter, se jeta sur son dos et tenta de retenir ses coups. Dans l’affolement général, elle remarqua que son patron non seulement sentait mauvais, mais que son visage s’était transformé en un masque de haine et de fureur.

    Rodolphe vociféra et envoya valdinguer Rachel contre le mur d’un mouvement d’épaule. La jeune femme voltigea et s’écrasa lourdement au sol. Pendant ce laps de temps très court, le comptable en profita pour essayer de fuir. Il rampa péniblement vers la porte d’entrée du bâtiment et implorait de l’aide.

    Traquin voulut se précipiter sur sa secrétaire, mais stoppa net son élan. Il regarda avec horreur Rachel qui tentait de se relever en criant à pleins poumons, se tourna vers le comptable qui rampait toujours en direction de la sortie en laissant des traces de sang sur son passage. C’était lui le responsable de tout ce carnage ! Jamais il n’avait été violent ! Sarcastique oui. Insensible aussi. Mauvais certainement. Diabolique par moment. Mais jamais violent ! Lui qui considérait la violence comme la défense des pauvres d’esprit, voilà qu’il venait de se comporter comme un pauvre d’esprit, un moins que rien. Pour la première fois de sa vie, il ressentit un profond dégoût pour lui-même et se mit à pleurer.

    Et toutes les conséquences de son acte terrible lui sautèrent en plein visage. Il risquait la prison pour un tel acte. On parlerait en mal de lui dans les journaux, il ferait peut-être même la Une dans le journal local. Les gens riront de lui sur son passage, le traiteront de fou. Ça, il ne pourrait pas le supporter.

    En courant, il sortit de bâtiment et respira une grande bouffée d’air pur. Puis revint sur ses pas. Rachel aidait le comptable à se relever, un téléphone portable coincé dans sa main, et comprit que la jeune femme venait d’appeler les secours. Bientôt, les policiers allaient investir le bâtiment et le mettre en garde à vue. Il devait trouver une solution rapidement. Et là, la petite voix lui souffla le mot argent.

    ─ Écoutez vous deux. J’ai pété un plomb, mais vous l’avez cherchés. Ce que je vous propose c’est un petit chèque en échange de votre silence. On oublie tout et on recommence.

    Rachel le regarda avec étonnement. De l’argent, elle en avait besoin. Elle hocha de la tête. Le comptable en fit autant, mais ajouta :

    ─ Et je ne veux plus rien à faire avec vous !

    ─ Il en va de soi, mon cher ami !

    Puis, il ressortit soulagé et envisagea de marcher un peu en ville afin de réfléchir. Pourquoi avait-il agi ainsi ? Pourquoi avait-il perdu son sang-froid ? Pourquoi n’avait-il pas réussi à contrôler sa rage ? Certes, le comptable l’avait cherché et Rachel aussi d’ailleurs. Quelle idée avaient-ils eu de le défier ?

    Pendant plus d’une heure, le chef d’entreprise déambula dans les rues, essayant de remettre de l’ordre dans ses idées. Jamais il n’avait frappé un homme avant aujourd’hui. Ce n’était pas l’envie qui lui en avait manqué certaines fois, surtout lorsqu’il se retrouvait en face de personnes qui le prenaient de haut, mais jamais il n’était passé à l’acte. Comment avait-il pu se laisser ainsi emporter par la colère et par son orgueil ? Cela ne lui ressemblait pas. D’habitude, il aimait prendre les gens de haut et ne pas répondre aux incultes en s’abaissant de la sorte, car frapper un crétin c’était s’abaisser à son niveau. Et Rodolphe était trop imbu de sa personne pour réagir aussi bassement.

    À un moment, il croisa une vieille dame qui promenait son bichon frisé. La dame s’écarta de lui et se boucha le nez. Rodolphe ne fit pas attention à ce geste, comme il ne remarqua pas Satan qui marchait toujours à côté de lui et qui s’amusait à le torturer en lui envoyant des pensées cruelles et macabres.

    Sans même s’en apercevoir, Rodolphe marcha jusqu’à l’église Sainte-Bernadette, située au centre-ville. Il regarda le bâtiment et ressentit un profond dégoût. Une lumière jaillissait de la croix placée sur le toit. C’était un magnifique spectacle, mais Rodolphe s’en détourna en frissonnant. Il ressentit de la peur face à cet objet saint. De la peur, de la colère et une grande désolation.

    Il fit demi-tour et s’engagea dans le parc attenant à l’église où il s’assit sur un banc pour souffler un peu. Ses pieds, coincés dans des chaussures de villes en croco hors de prix, cognaient douloureusement. Lui qui n’avait pas l’habitude de pratiquer de sport, était épuisé.

    Sans réfléchir, il s’assit à côté d’un homme vêtu d’une longue veste noire élimée. Il desserra ses Richelieu afin de leur donner de l’espace, mais cela ne réduisit pas sa douleur. Cela le soulagea à peine.

    Il regarda son compagnon de banc. Rodolphe détestait par-dessus tout ce genre de personne : un pauvre.

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