PETITS
Il referma la porte derrière elle.
Il resta un long moment ainsi, sans bouger. La main sur la porte, la tête inclinée vers le sol, les lèvres entrouvertes. La femme au tailleur noir était repartie. Il tourna le verrou tout doucement. Tout était donc fini ? Il fallait peut-être qu’il s’aère un peu. Il s’approcha de la fenêtre et souleva du bout des doigts les stores en plastique puis ouvrit en grand la vitre coulissante. Mais il resta caché derrière les stores. Un vent froid passa sur son visage, enveloppa son immense silhouette longiligne et son crâne pourvu de nombreux cheveux blancs.
Et s’il fermait les yeux, là, suffisamment de temps, est-ce que tout rentrerait dans l’ordre ? Le monde retournerait-il à son état antérieur ?
Il s’était bien dit ce matin-là que la journée avait mal commencé quand, au bar du café en bas de chez lui, le boucher du coin s’était approché pour lui demander : « Et toi, c’est quoi ton boulot ? Tu fais quoi au juste dans la vie ? » Pareille situation n’aurait jamais dû arriver.
LE « DÉFINISSEZ-VOUS » DE LA FEMME AU TAILLEUR NOIR FRAPPAIT DÉSORMAIS DANS SA TÊTE
Il s’était dit en sortant que son attention s’était relâchée. Dans la panique, il avait bredouillé quelque chose, placé un mot en anglais au milieu d’une phrase alambiquée, fini d’une traite son café et était parti sans demander son reste. Cela ne serait jamais arrivé si seulement il était resté sur ses gardes, s’il n’avait pas sympathisé bêtement avec un inconnu. Il s’en était voulu terriblement. Il avait rejoint son bureau en se disant que cela n’augurait rien de bon.
Une heure et demie après son arrivée au bureau, un numéro qu’il ne connaissait
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